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- L’insécurité demeure le principal facteur de l’insécurité alimentaire au Mali. À la fin de 2024, FEWS NET a projeté que l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l'IPC) à Urgence (Phase 4 de l’IPC) touchera les zones d’insécurité du centre et du nord du pays à partir de mars 2025. La zone de plus haute préoccupation demeurait celle de Ménaka où la prévalence de la malnutrition aiguë globale était déjà très élevée (MAG>15 pour cent) et où des zones inaccessibles restent signalées. L’insécurité au centre et au nord du pays a engendré une forte dégradation de la consommation alimentaire à cause de l’accès réduit aux aliments, des difficultés d’accès humanitaires et d’accès aux services sociaux de base, et du recours plus prononcé aux stratégies d’adaptation extrêmes comme la réduction du nombre et du volume de repas, la vente de biens productifs, la dépendance à la solidarité et à la mendicité. FEWS NET avait estimé qu'entre 500 000 et 749 999 personnes auront besoin d’assistance alimentaire en avril-mai 2025 et que ce nombre continuera d’augmenter au cours de la période de soudure 2025 de juin à août.
- La crise sécuritaire dans le centre et le nord du pays et qui s’est étendue dans les régions de Kayes, Ségou, Koulikoro et Sikasso, continue d’impacter négativement l’économie nationale en engendrant les mouvements inhabituels des personnes, l’abandon de villages, les perturbations sur certains axes routiers, le dysfonctionnement des marchés, et les restrictions aux assistances humanitaires. De janvier à juin 2025, les tendances sécuritaires étaient relativement stables en comparaison à l’année précédente. En mi-juillet 2025, ACLED a rapporté 810 incidents sécuritaires ayant causé 2 306 décès, soit une baisse de 8 pour cent du nombre d’incidents et 2 pour cent du nombre de décès par rapport à la même période en 2024. Le nombre de personnes déplacées internes a atteint 402 167 en décembre 2024. Toutefois, à partir de juin 2025, l'intensification des attaques, des offensives militaires et l’extension géographique des violences des groupes armés vers de nouveaux couloirs dans le sud du pays, de même que les inondations en cette saison de pluies, il est probable que cette dynamique de hausse du nombre de déplacés se maintienne au cours de 2025.
- La campagne agricole se poursuit normalement dans les zones agricoles avec toutefois des perturbations majeures dans les zones d’insécurité du centre et du nord du pays voire dans le Sahel Occidental où les difficultés d’accès aux champs sont observées. Le cumul de pluies d’avril au 20 juillet est normal à déficitaire dans les régions de Sikasso, Koulikoro et Ségou et normal à excédentaire ailleurs dans le pays et a permis la poursuite des installations des cultures. Les prévisions de pluies sont normales à supérieures à la moyenne de juin à octobre 2025. Selon le Plan de Campagne 2024/25 de la Direction Nationale de l’Agriculture, la production céréalière devrait augmenter de 17,7 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années, en raison de l’aménagement de nouveaux périmètres agricoles, des appuis en intrants, et des prévisions pluviométriques favorables. Toutefois, FEWS NET anticipe que les impacts positifs de ces facteurs seront affectés par la réduction des superficies dans les zones d’insécurité du centre et du nord, les pertes attendues de superficies liées aux inondations, et les difficultés d’accès aux intrants dues au retard de mise en place et à leurs prix supérieurs de plus de 20 pour cent par rapport à la normale. Ces facteurs devraient conduire probablement à une production proche de la moyenne.
- Les pâturages et les points d’eau se reconstituent de façon saisonnière grâce aux pluies enregistrées, favorisant la reprise de la production laitière, de beurre et de fromage, ce qui améliore la consommation alimentaire et les revenus des ménages éleveurs. Cependant, dans les zones d’insécurité du centre et du nord, la production animale reste en dessous de la moyenne à cause de la réduction de la taille des troupeaux liée à des enlèvements et des ventes excessives de bétail. Bien que les troupeaux soient dans les pâturages d’hivernage habituels au sud du pays, les mouvements de transhumance restent fortement perturbés dans les zones d’insécurité du centre et du nord où des concentrations inhabituelles de troupeaux sont signalées dans les zones plus sécures.
- L’approvisionnement des marchés en denrées alimentaires reste suffisant dans l’ensemble, sauf dans les zones d’insécurité où les perturbations des flux commerciaux en lien avec l’insécurité et la forte dégradation des routes liée aux fortes pluies ont significativement réduit l’offre par rapport à la moyenne sur les marchés. Les prix des principales céréales de base restent de 25 à plus de 50 pour cent supérieurs à la moyenne quinquennale, avec des hausses notables à Ménaka (59 pour cent), Kidal (40 pour cent) et Gao (27 pour cent). La tendance des prix supérieurs à la moyenne se poursuivra même pendant la période de récolte en octobre 2025. Bien que l’arrivée des nouvelles récoltes entraîne une baisse saisonnière des prix jusqu’en décembre, ceux-ci resteront néanmoins au-dessus de la moyenne quinquennale en raison des coûts élevés de production agricole.
- La faible mobilisation des finances limite les capacités des acteurs humanitaires à répondre de façon adéquate aux besoins des ménages et est donc favorable à une hausse du nombre des populations en insécurité alimentaire. En juillet, pas plus de 6 pour cent de financement pour la réponse en sécurité alimentaire a été financé. Selon un rapport de OCHA, cette baisse de financement a contraint le PAM à réduire son assistance alimentaire et nutritionnelle d’urgence de 35 pour cent, ne pouvant atteindre que 650 000 personnes sur les 1,8 millions initialement ciblés pour 2025. En raison du manque de ressources financières, leurs opérations ont dû être suspendues dans des régions de Ségou, Koulikoro et Kayes, sauf en cas de nouveaux chocs.
- La soudure agropastorale se déroule normalement dans le pays excepté dans les zones d’insécurité du centre et du nord du pays où elle a été précoce d’un à deux mois par rapport à la normale à cause de l’épuisement précoce des stocks, du prix élevé des denrées alimentaires de base, de la dégradation des termes de l’échange bétail/céréales et des difficultés d’accès humanitaires. Dans ces zones, les moyens d’existence fortement dégradés à cause de l’arrêt des activités économiques, les déplacements de population, les ventes de biens, la dégradation de biens, particulièrement dans les zones d’insécurité, continuent de réduire la capacité des ménages à satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires. Entre juillet et septembre, la consommation alimentaire restera fortement dégradée en raison des difficultés d’accès aux aliments. Ces difficultés amènent les ménages à intensifier les stratégies d’adaptation inhabituelles de réduction des dépenses non alimentaires et alimentaires. Dans les zones d’insécurité du centre et du nord du pays, la persistance de l’insécurité continue de limiter l’accès des ménages aux sources habituelles de revenus et de nourritures, les amenant à adopter des stratégies d’adaptation extrêmes telles que la réduction des dépenses alimentaires, le recours aux aliments les moins chers et aux produits de cueillette voire une réduction du volume et du nombre de repas. La situation restera plus critique dans les régions de Ménaka et Kidal à cause des perturbations sécuritaires plus marquées liées à la multiplication des attaques des groupes armés et à l’intensification des offensives militaires.
- A partir de septembre, la disponibilité des récoltes en vert issues des premiers semis de céréales et des légumineuses (niébé, arachide) favoriseront une amélioration saisonnière de la consommation alimentaire des ménages, notamment dans les zones agricoles. Bien que le nombre de personnes en besoin diminue après septembre avec la fin de la soudure agropastorale, les besoins resteront élevés dans le nord du pays, notamment pour les populations déplacées, les réfugiés burkinabè et les ménages hôtes pauvres.
Citation recommandée: FEWS NET. Mali Mise à jour des messages clés Juillet 2025: Insécurité et hausse des prix limitent l’accès des pauvres à la nourriture, 2025.
Cette mise à jour des des messages clés présente une analyse succincte des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.