Crise (Phase 3 de l’IPC) persiste dans les zones en conflit au centre du Mali, malgré la récolte en cours
IPC v3.1 Phase d'Insécurité Alimentaire Aiguë
IPC v3.1 Phase d'Insécurité Alimentaire Aiguë
IPC v3.1 Phase d'Insécurité Alimentaire Aiguë
l'assistance humanitaire en cours ou programmée
IPC v3.1 Phase d'Insécurité Alimentaire Aiguë
l'assistance humanitaire en cours ou programmée
CONTEXTE NATIONAL
Situation sécuritaire : La situation sécuritaire reste volatile dans les régions du nord, du centre du pays et le nord de celles de Ségou (le nord de la zone office du Niger) et de Koulikoro (Nara). Une recrudescence des attaques contre les civiles particulièrement dans les régions de Ménaka et de Gao est observée. De janvier au 10 octobre 2022, on a dénombré selon Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED) 1409 incidents sécuritaires, soit une hausse de 29,6 pour cent par rapport à la même période de 2021. Les attaques armées, les affrontements entre groupes armés, les braquages et aussi les assassinats ciblés continuent d’engendrer des perturbations sur les activités socio-économiques dans les zones concernées à travers les dysfonctionnements des marchés, les pillages et la perturbation des travaux agricoles. Les difficultés d’accès humanitaire en lien avec la persistance voire la recrudescence des incidents sécuritaires particulièrement dans la bande frontalière avec le Niger et le Burkina Faso, réduisent les capacités d’assistance aux ménages en dehors des zones plus sécures ; ce qui expose davantage les ménages à l’insécurité alimentaire dans ces zones. Cependant, la concentration des forces armées à Gao facilite l’accès humanitaire plus qu’à Ansongo et Ménaka.
Mouvement de population : Selon le rapport DTM (RAPPORT CMP SEPTEMBRE 2022.pdf (iom.int)) de septembre 2022, le nombre de personnes déplacées est en augmentation de 4,2 pour cent, soit à 440 443 personnes contre 422 620 personnes en août à travers le pays à cause de la persistance des incidents sécuritaires dans les régions du Nord, du Centre et dans les région de Ségou et de Koulikoro. Suivant le rapport de situation N°9-12 octobre 2022 de OCHA, une intensification de ces déplacements est à signaler dans la région de Ménaka où 29 500 déplacés ont été enregistrés. Un retour timide des réfugiés et quelques personnes déplacées serait en cours sur la base des négociations et des accords entre communautés, et se poursuit avec l’appui du Gouvernement et des agences humanitaires. Les principales causes des déplacements de populations sont liées aux conflits armés pour 61 pour cent des déplacés et au conflit communautaire pour 37 pour cent (DTM, rapport août 2022). Les besoins urgents pour ces déplacés selon le même rapport portent sur la nourriture au niveau de 97 pour cent des sites de déplacés suivi des besoins d’abris (58 pour cent), d’eau potable (39 pour cent) et les services sanitaires (24 pour cent).
Productions agricoles : Les récoltes de céréales en cours dans le pays sont globalement moyennes grâce à la bonne pluviométrie et à l’accalmie des ennemis des cultures observés au cours de la campagne agricole. Selon la Cellule de Planification et des Statistiques/Service du Développement Rural (CPS/SDR), les prévisions de production de céréales sont en légère hausse de 16,7 pour cent par rapport à l’année dernière et de 4,8 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale. Ces récoltes améliorent les disponibilités alimentaires et l’accès des ménages aux vivres. Cependant, la baisse des superficies cultivées en lien avec l’insécurité dans la zone du Liptako Gourma et aussi les inondations dans la vallée du fleuve de Mopti et de Ségou, réduira les productions agricoles dans les zones concernées. En plus, les difficultés d’accès aux engrais pour 60,8 pour cent des ménages du pays (FAO, Septembre 2022), les dégâts moyens à importants des piqueurs suceurs (Jacobiella facialis) sur le coton dans les régions de Sikasso, Koulikoro, Kita et de Ségou affecteront négativement les productions dans les localités touchées. Les rémunérations en nature et en espèce issues des activités de récolte constituent des opportunités moyennes de nourriture et de revenus pour les ménages pauvres excepté dans les zones localisées de baisse de production où elles seront inférieures à la moyenne. La campagne de contre-saison de maraichage et de céréales qui démarre en octobre augure des perspectives moyennes à bonnes grâce à la bonne disponibilité des eaux au niveau des cours d’eau, des barrages et mares de retenue d’eau.
Situation pastorale: Grâce à une bonne pluviométrie, les conditions des pâturages sont dans l’ensemble similaires à supérieures à la moyenne particulièrement dans les zones pastorales des régions du Nord et du Centre du pays. Les conditions d’abreuvement sont aussi moyennes dans l’ensemble grâce au remplissage moyen à supérieur à la moyenne des retenues d’eau. Toutes ces conditions réunies, concourent à un bon état d’embonpoint des animaux qui favorise la production des produits animaliers, et en conséquence, améliore l’alimentation et le revenu des ménages éleveurs. Un début de retour des troupeaux transhumants est observé pour les résidus de récoltes dans les zones agricoles et vers les points d’eau permanents dans les zones du nord du pays et dans la bande du fleuve pour les pâturages aquatiques au long du fleuve. La situation zoo-sanitaire est relativement calme dans l’ensemble. La campagne de vaccination annuelle se poursuit à travers le pays même si des perturbations sont à signaler dans les zones d’insécurité du centre et du nord du pays.
Production de la pêche : La baisse habituelle des captures de poisson est observée en cette période de hautes eaux sur les cours d’eau. Les captures sont faibles par rapport à la moyenne à cause du niveau très élevé des eaux et des perturbations sécuritaires dans les principales zones de pêche du delta intérieur du fleuve Niger à Mopti et des régions de Tombouctou et de Gao.
Fonctionnement des marchés et prix : La disponibilité en denrées alimentaires reste suffisante sur tous les marchés et connaît son amélioration habituelle pour les céréales grâce aux nouvelles récoltes en cours. La hausse habituelle de l’offre est moins marquée qu’en année moyenne à cause de la faiblesse des stocks de report, des besoins de reconstitution des stocks commerçants et de la prudence des producteurs qui limitent le déstockage en espérant sur de bons prix. Dans les zones d’insécurité du centre et du nord de Ségou, les perturbations dans l’accès à certains marchés réduisent le niveau d’approvisionnement dans ces zones.
La baisse saisonnière du prix des céréales est de plus en plus observée sur les marchés de production grâce aux perspectives moyennes de production de céréales. Néanmoins, le prix de la céréale de base (mil, sorgho, maïs) sur les marchés des capitales régionales est en hausse de 111 pour cent à Ségou (mil), 110 pour cent à Ménaka (mil), 91 pour cent à Koulikoro (mil), 85 pour cent à Sikasso (maïs), 81 pour cent à Mopti (mil), 64 pour cent à Kayes(sorgho), 70 pour cent à Gao (mil) et 47 pour cent à Tombouctou (mil) par rapport à la moyenne quinquennale en fin septembre. Ces niveaux limitent l’accès des ménages pauvres à la céréale de base. Il en est de même pour les denrées importées pour lesquelles une hausse de 10 à 30 pour cent est observée notamment pour l’huile (15 à 30 pour cent) et la farine de blé (10 à 25 pour cent). La poursuite du programme d’exonération à l’importation des denrées de première nécessité (riz, huile, sucre et la farine de blé) du Gouvernement se poursuit et permet de limiter la hausse des prix de ces denrées.
L’offre de bétail est stable ou en légère hausse par rapport au mois passé dans l’ensemble. Les besoins de reconstitution des éleveurs en céréales engendrent une hausse des offres sur les marchés de production surtout que les troupeaux transhumants sont de retour. Dans les zones d’insécurité, la baisse de la demande à cause des difficultés d’accès ont réduit le dynamisme de certains marchés importants de Mopti (Fatoma, Douentza), Gao (Wabaria, Ansongo, Djebock, Ménaka) et de Tombouctou (Bambara Maoudé, Gossi). Les éleveurs ont recours à d’autres marchés plus sécures des régions de Ségou et de Mopti voire des pays voisins du Burkina et du Niger. Les prix du bétail sont supérieurs à la moyenne du fait du bon embonpoint de bétail, de la réduction de l’offre à cause de l’insécurité et de la volonté des éleveurs de maintenir leur pouvoir d’achat. Le prix de la chèvre, qui est l’animal le plus vendu par les ménages pauvres pour accéder à la nourriture, est en hausse de 57 pour cent à Ménaka, 22 pour cent à Nara et Rharous, 19 pour cent à Gao, 18 pour cent à Tombouctou, similaire à Mopti et en baisse de 5 pour cent à Bourem rapport à la moyenne quinquennale. La hausse des prix de la chèvre bien que favorable à l’amélioration des revenus ne profite pas aux ménages pauvres qui sont limités en capital animalier à la suite des ventes excessives et des vols/pillages. Les termes de l’échange chèvre/céréales sont dans l’ensemble stables ou en amélioration par rapport au mois passé sur les marchés pastoraux suivis par FEWS NET (Figure 1). Par rapport à la moyenne quinquennale, ils sont en baisse sur tous les marchés à cause du prix élevé des céréales. La baisse est de 45 pour cent à Mopti, Bourem, 38 pour cent à Rharous, 34 pour cent à Nara, 30 pour cent à Gao et 20 pour cent à Tombouctou et Ménaka, ce qui réduit l’accès des ménages éleveurs aux marchés.
Accès à la nourriture : La disponibilité de la propre production en cette période de récolte, les dons/zakat et les produits issus de la rémunération en nature durant les travaux de récoltes permettent à la majorité des ménages d’accéder à la nourriture sans grandes difficultés dans les zones agricoles. Cependant, dans les zones d’insécurité de Gao, Ménaka et du Liptako Gourma, l’accès des ménages aux vivres est limité en raison des difficultés d’accès aux zones de production, de cueillette, de la détérioration des termes de l’échange chèvre/céréales et des déplacements de population. Les prix des principales denrées de base qui sont supérieurs à la moyenne continuent d’affecter négativement l’accès des ménages pauvres aux denrées alimentaires, notamment dans les centres urbains à cause de la baisse des revenus en lien avec la conjoncture globale difficile et la dégradation des moyens d’existence dans les zones d’insécurité. Pour les ménages déplacés, ils sont dépendants des parents/amis, et de l’aide humanitaire à travers les distributions de vivres et de non-vivres couvrant leur besoin minimum de 2100 kilocalories dans le cadre du Mécanisme de Réponse Rapide.
Assistance humanitaire : En octobre, la livraison de l'aide alimentaire a commencé à diminuer, suivant la tendance typique observée après le début de la récolte. Cependant, elle a atteint au moins 25 pour cent de la population dans de nombreux cercles du centre et du nord du Mali au cours des trois mois précédents (voir annexe à la page 14). Selon le Cluster Sécurité alimentaire, de janvier à septembre 2022, dans le cadre de l’assistance humanitaire en vivres couvrant les 2 100 Kilocalories aux personnes en insécurité alimentaire à travers le pays, 2 337 603 personnes dont 308 243 personnes déplacées, ont reçu des assistances mensuelles alimentaires principalement sous forme de cash/coupon. L'assistance en vivres et en non-vivres se poursuit pour les ménages déplacés dans le cadre du Mécanisme de réponse rapide (RRM) à travers le pays. Pour la même période, 848 203 personnes ont aussi reçu des appuis aux moyens d’existence principalement dans le domaine pastoral (vaccination du cheptel) et l'appui à la production agricole (intrants agricoles et équipements) de la part du Gouvernement et des partenaires humanitaires.
Dans l'ensemble l'aide alimentaire a probablement atténué les écarts de consommation alimentaire parmi les bénéficiaires mais elle n'est pas suffisante pour prévenir les résultats de la crise (Phase 3 de l'IPC) dans les zones touchées par le conflit. Les contraintes sécuritaires limitent l’accès humanitaire aux populations en besoin dans certaines localités situées dans la bande frontalière avec le Niger et le Burkina Faso dans les régions de Mopti, Gao et de Ménaka.
Résultats actuels de la sécurité alimentaire
La disponibilité moyenne des nouvelles récoltes, des produits animaliers, l’amélioration des termes de l’échange bétail/céréales grâce à la baisse saisonnière du prix des céréales de même que les rémunérations en nature pour les travaux de récoltes contribuent à améliorer la consommation alimentaire et le revenu des ménages de façon globale. Selon les données collectées en ligne dans le cadre de l’enquête conjointe avec le PAM (mVAM) à travers tout le pays en septembre 2022, 9,9 pour cent des ménages ont un score de consommation alimentaire pauvre, ce qui est en légère hausse par rapport à celui de 2021 (7,7 pour cent) et proche de la moyenne de la période des récoltes qui est de 8 pour cent. Avec plus de 80 pour cent des ménages interrogés déclarant une consommation alimentaire acceptable, cela indique des résultats Minimaux Phase 1 de l’IPC. Une réduction du recours aux stratégies d’adaptation atypiques est observée grâce à la disponibilité des nouvelles récoltes, à la poursuite des assistances humanitaires dans les zones d’insécurité et à la baisse saisonnière des prix des céréales qui ont atténué les difficultés d’accès aux vivres. Par conséquent, la majorité des ménages se retrouvent en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC). Cependant, dans les zones d’insécurité du Liptako Gourma, les ménages pauvres et les personnes déplacées sont incapables de satisfaire leurs besoins alimentaires sans recourir à des stratégies d’adaptation atypiques telles que la réduction de dépenses non alimentaires, l’emprunt en nature ou en espèce, l’intensification inhabituelle de la main d’œuvre et la dépendance des migrants ; ils seront en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC). Quant aux populations pauvres dans les zones frontalières avec le Niger (Ménaka, Sud d’Ansongo) où la recrudescence des incidents sécuritaires a engendré des déplacements importants de populations voire des abandons des villages entraînant une perturbation intense des activités économiques avec déficit de survie ; ils sont en Crise (Phase 3 de l’IPC). Quant aux ménages pauvres des centres urbains qui continuent de subir l’effet des prix chers des denrées alimentaires, et les victimes des inondations qui rencontrent des difficultés à reconstituer les biens de production perdus et les besoins alimentaires, ils sont en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) à pire.
L’enquête SMART de juillet 2022 donne une prévalence de la malnutrition aiguë globale (MAG) selon le poids/taille de 10,8 pour cent des enfants âgés de 6 à 59 mois dont 2,1 pour cent en forme sévère. Cette prévalence est révélatrice de niveaux « Graves » (10-14.9 pour cent MAG) de malnutrition aiguë selon l’OMS. L’amélioration saisonnière de l’accès des ménages aux aliments et de façon diversifiée grâce à la disponibilité des récoltes, des produits animaliers (lait, beurre, fromage) et la baisse attendue des prix, contribuera à la réduction de la prévalence de la MAG de juillet qui correspond à la soudure. En fin septembre 2022, le nombre des admissions au niveau des structures de prise en charge de la malnutrition est globalement en hausse d’environ 10,9 pour cent par rapport à celui de 2021 pour la même période, soit 206 718 enfants en 2022 contre 186 255. Le dépistage et la prise en charge des cas de malnutrition se poursuivent au niveau des structures de santé opérationnelles. Les difficultés d’accès aux services sociaux sanitaires limitent les prises en charges dans les zones d’insécurité.
Suppositions
Le scenario le plus probable de la sécurité alimentaire d’octobre 2022 à mai 2023 se base sur des suppositions fondamentales, par rapport à l’évolution du contexte national, qui sont :
- Productions agricoles de la saison : Grâce à la bonne pluviométrie de la campagne agricole et à l’accalmie des ennemies des cultures, on s’attend à une production céréalière globalement moyenne dans le pays. Cependant, l’accès limité aux engrais minéraux, la baisse des superficies cultivées en lien avec l’insécurité dans le Centre et le Nord du pays et les pertes de superficies à la suite des inondations, engendreront des baisses de production par rapport à la moyenne dans les zones de conflits (régions de Mopti, Gao et par endroits à Ségou et Koulikoro).
- Cultures de contre-saison : Le remplissage moyen à supérieur à la moyenne des retenues d’eau (mares et lacs de décrue) et le niveau de la crue globalement supérieur à la moyenne sur tous les cours d’eau, augurent des perspectives de productions moyennes à supérieures. Les récoltes des cultures maraichères de contre-saison commenceront à être disponibles à partir d’octobre et amélioreront l’alimentation et le revenu des ménages. Il en sera de même pour les cultures de riz au niveau des périmètres irrigués de janvier à mai et les cultures de décrue de janvier à mars dans les régions de Tombouctou, Kayes, Mopti et de Gao.
- Productions animales/mouvement du bétail : La production normale à excédentaire des pâturages en plus des résidus de récolte et la reconstitution moyenne des points d’eau sont favorables à une bonne alimentation du bétail et une production animale (lait, beurre, viande) moyenne d’octobre à mai 2023. Le retour des transhumants qui démarre en octobre/novembre se poursuivra normalement décembre à mai vers les zones de concentration de saison sèche. Dans les zones d’insécurité du Nord et du Liptako-Gourma, les perturbations liées à l’insécurité limiteront l’accès des troupeaux à certains pâturages avec des difficultés d’alimentation du bétail. Par conséquent, la baisse de production qui en résulte et la baisse des prix par la dégradation de l’embonpoint du bétail réduiront le revenu pastoral.
- Pêche : La bonne crue sur les cours d’eau est favorable à une bonne reproduction des poissons. Les perspectives de production pour la campagne de pêche de novembre à mai 2023 sont moyennes à supérieures à la moyenne et moyennes à inférieures à la moyenne dans les zones de conflit du delta intérieur du Niger et par endroits à Tombouctou et Gao.
- Main d’œuvre agricole : Les récoltes principales à partir d’octobre, le transport et le battage de récoltes fourniront des opportunités de revenus moyennes mais inférieures à la moyenne dans la zone du Liptako Gourma et le delta du Niger ayant connu des baisses de production. Les activités maraichères de contre-saison, la culture du riz de contre-saison d’octobre à mars et de préparations des terres pour la nouvelle campagne agricole d’avril à mai, procureront des opportunités globalement moyennes de main d’œuvre pour les ménages pauvres.
- Main d’œuvre non agricole : Les activités habituelles de main d’œuvre non-agricoles et de petits métiers de novembre à mai se poursuivront normalement dans le pays. Toutefois, l’insécurité dans les zones du Liptako-Gourma, des régions du nord, et la conjoncture économique difficile particulièrement dans les centres urbains du pays, limiteront les opportunités d’emplois ce qui ne procurera que des revenus inférieurs à la moyenne.
- Migration : Les départs habituels de bras valides à la recherche de ressources se poursuivront jusqu’en février vers les zones de grandes productions agricoles du pays et les pays voisins pour les travaux de récoltes. Les sites d’orpaillage officiellement ouverts à partir d’octobre seront les destinations privilégiées de beaucoup de migrants dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Gao. A cause de la baisse des opportunités d’emplois et la forte demande d’emplois dans les zones d’accueil, les ressources en nature ou en espèce envoyées par les migrants seront globalement en dessous de la moyenne.
- Prix des céréales : La baisse saisonnière des prix des aliments de base, notamment les céréales, qui sera observée d’octobre/novembre jusqu’en janvier2023 sera moins marquée qu’en année normale. La tendance des prix des céréales supérieure à la moyenne quinquennale se maintiendra d’octobre à mai 2023 à cause d’une part des faibles stocks de report et des prévisions d’importantes demandes des commerçants et des stocks institutionnels (OPAM, PAM, ONG). En plus, la hausse du coût des intrants agricoles et aussi de la conjoncture difficile qui incite les producteurs à maintenir leur pouvoir d’achat contribueront à maintenir la tendance élevée des prix.
- Prix du bétail : La tendance de prix supérieure à la moyenne devrait se maintenir jusqu’en avril/mai grâce à la hausse habituelle de la demande de viande pour les fêtes de fin d’année mais également pendant le Ramadan qui interviendra en avril. La dégradation habituelle des conditions d’élevage à partir d’avril, avec perte d’embonpoint pour le bétail engendrera la baisse saisonnière des prix qui resteront tout de même similaires à supérieurs à la moyenne, mais en dessous de la moyenne dans les zones d’insécurité où des dysfonctionnements de marchés persistent.
- Reconstitution des stocks institutionnels : Les achats pour la reconstitution du Stock National de Sécurité qui est pratiquement vide à cause de sa mobilisation à la soudure passée, se feront de janvier à mars ; ce qui contribuera à rehausser la demande sur les marchés ; ce qui maintiendra la tendance haussière des prix des céréales.
- Situation sécuritaire : Les incidents sécuritaires se poursuivront en dépit de l’intensification des offensives militaires et les négociations en cours entre les différentes communautés en conflit, particulièrement dans les zones du centre, du nord et aussi dans la partie occidentale du pays (ACLED). La pose d’engins explosifs, les affrontements entre l’armée gouvernementale et les rebelles, et les affrontements entre groupes armés rivaux devraient se poursuivre à un niveau similaire à supérieur à celui de 2021-2022 dans la zone du Liptako-Gourma, y compris les régions de Gao et de Ménaka en particulier où une exacerbation des attaques est observée ces derniers temps.
- La situation politique : Les divergences de point de vue sur la conduite de la transition en cours dans le pays entre certains partis politiques et le gouvernement se poursuivront d’octobre à mai 2023. Les critiques et les protestations s’intensifieront dans les prochains mois qui seront la période des réformes à commencer par la révision constitutionnelle attendue en mars 2023 dont l’avant-projet fait l’objet de critique de la part de certains politiques et de certaines corporations. Les actions d’inclusivité de toutes les parties prenantes aux différentes réformes prônées par le gouvernement permettront d’atténuer les protestations sans les empêcher. Les manifestations de mécontentement qui seront observées perturberont la quiétude dans le pays.
- Mouvement des populations : La tendance de hausse du nombre de personnes déplacées estimé en fin août 2022 à 422 620 personnes (Mali, Rapport DTM d’août 2022) devrait se maintenir à cause de la poursuite des attaques de groupes armés et aussi de l’intensification des opérations des FAMA (Force Armée Malienne), notamment dans la bande des trois frontières. Au même moment, les retours timides de populations de réfugiés de la Mauritanie, du Niger et du Burkina Faso continueront à être enregistrés.
- Impact de la crise Russo/Ukrainienne : La hausse du prix des hydrocarbures sur le marché mondial en lien avec la crise, Russo/Ukrainienne continuera d’affecter négativement les activités économiques. L’inflation générale qu’elle engendre réduira le pouvoir d’achat des ménages particulièrement les pauvres qui rencontreront plus des difficultés à satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires. La réduction de la capacité du Gouvernement à soutenir les subventions sur les produits de première nécessité et à répondre aux demandes sociales rehaussera davantage l’exposition des ménages à l’insécurité alimentaire.
- Assistances humanitaires : Sur la base de l'analyse de FEWS NET des rapports de distribution historiques, la baisse habituelle du niveau de l’assistance humanitaire en vivres par le Gouvernement et ses partenaires sera observée à partir d’octobre à janvier, qui coïncide à la période des récoltes. Seulement des assistances ponctuelles seront réalisées à l’endroit des ménages en besoin. Les livraisons d’aide alimentaire devraient augmenter lentement pendant la période post-récolte de février à mai, atteignant au moins 25 pour cent de la population dans plusieurs cercles du centre et du nord du Mali. En outre, les personnes déplacées recevront l’assistance en vivres et en non-vivres dans le cadre du mécanisme rapide de réponse (RRM) durant toute la période du scenario d’octobre à mai, particulièrement dans les zones d’insécurité. Cependant, dans les zones d’insécurité du Liptako Gourma, les difficultés d’accès humanitaire liées à la recrudescence des incidents sécuritaires affecteront négativement la mise en œuvre des assistances. Les contraintes d'accès empêcheront probablement la fourniture régulière de l'assistance et, par conséquent, il est peu probable que l’assistance atteigne la population touchée par le conflit.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
D’octobre à janvier, l’amélioration de l’accès des ménages aux denrées alimentaires grâce aux récoltes bien que faibles par endroits, aux produits de la rémunération en nature et en espèce pour les travaux de récolte, à l’amélioration des termes de l’échange pour les éleveurs et à la baisse saisonnière du prix des denrées alimentaires, mettra fin à la soudure pour la majorité des ménages du pays. La diversité des aliments et la réduction des stratégies de réduction des volumes et de la qualité de la ration alimentaire ont amélioré la consommation alimentaire qui serait proche de celle d’une année moyenne dans les zones agropastorales. Les revenus tirés de la vente des produits agricoles, du bétail, des activités habituelles de mains d’œuvre de commerce et de petits métiers permettent aux ménages de disposer des revenus pour accéder aux vivres sans grandes difficultés. Par conséquent, la majorité des ménages du pays sera en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) d’octobre 2022 à janvier 2023. Dans les zones d’insécurité du Liptako Gourma et par endroits dans le nord du pays, l’insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) de septembre s’atténuera en Stress (Phase 2 de l’IPC) grâce à l’amélioration de l’accès aux vivres à partir des récoltes, des produits de cueillette et de la baisse saisonnière des prix des céréales. Cependant, dans la zone de Ménaka, la poursuite de la dégradation des moyens d’existence avec un déficit important de moyens d’existence voire de survie, des difficultés d’accès humanitaire et des déplacements continus de population maintiendra cette population en Crise (Phase 3 de l’IPC) d’octobre à janvier 2023.
De février à mai 2023, l’épuisement précoce des stocks lié à une production inférieure à la moyenne dans la zone du Liptako Gourma engendrera une dépendance plus longue d’un à deux mois que d’habitude des ménages pauvres aux marchés. La baisse globale de revenus à cause de la situation sécuritaire et de la conjoncture nationale difficile ne leur permettra pas de satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires à cause des prix des céréales qui seront supérieurs à la moyenne quinquennale de plus de 50 pour cent selon la projection du FEWS NET. Comme conséquence, la consommation alimentaire des ménages pauvres va se dégrader précocement dès mars au lieu de juin. Par conséquent, les ménages pauvres en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) dans la zone du Liptako Gourma, notamment dans les cercles de Bankass, Koro, Douentza, Gourma Rharous qui connaissent une soudure précoce dans une situation économique difficile et une forte dégradation des moyens d’existence liée à l’insécurité connaitront une dégradation en Crise (Phase 3 de l’IPC) à partir d’avril jusqu’en mai 2023. Quant aux ménages pauvres de la région de Ménaka, en plus des difficultés évoquées plus haut et les perturbations dans l’assistance humanitaire, l’insécurité alimentaire de Crise en cours se maintiendra jusqu’en mai 2023.
La dégradation du pouvoir d’achat à cause de l’inflation générale des prix de 29,3 pour cent pour les produits alimentaires et 20 pour cent pour l’ensemble des produits et services en septembre 2022 selon l’INSTAT et la baisse des revenus continueront à réduire les capacités d’accès des ménages aux marchés particulièrement dans les centres urbains. Il en sera de même pour les ménages victimes des inondations à travers le pays en raison des pertes de biens et ou de production agricole. Par conséquent, ces ménages incapables de satisfaire leurs besoins alimentaires sans recourir de façon inhabituelle à la main d’œuvre, à la migration et à la réduction des dépenses alimentaires seront en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) d’octobre 2022 à mai 2023.
Évènements qui pourraient changer les scenarios
Tableau 1. Événements possibles au cours des huit mois à venir qui pourraient changer le scénario le plus probable.
Zone |
Evénements |
Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire |
---|---|---|
National |
Hausse excessive des coûts des transports des marchandises en lien avec l’augmentation continue du cours mondial du baril de pétrole. |
La hausse plus marquée du prix des hydrocarbures maintiendra la tendance haussière de l’inflation en particulier le coût de transport et des produits de consommation. Cela impactera négativement le pouvoir d’achat des ménages/leur capacité à satisfaire convenablement leurs besoins alimentaires et non alimentaires. Ainsi, le nombre de ménages pauvres en Stress (Phase 2 de l’IPC) et en Crise (Phase 3 de l’IPC) connaitra une hausse en termes de population sans atteindre les 20 pour cent de la population de la zone. |
Nord et centre du Mali |
Recrudescence des épizooties de décembre à mai |
L’insécurité perturbe la campagne de vaccination dans les zones du Centre et du Nord en limitant l’accès des vétérinaires à certaines zones de concentration. Cela favoriserait une recrudescence des épizooties comme la fièvre aphteuse, la péripneumonie contagieuse bovine et les charbons (bactéridien et symptomatique) dans les zones de concentration de bétail. Les pertes de ressource dues à la mortalité et à la baisse des productions animales affecteront négativement le capital animalier des éleveurs et leurs revenus. Par conséquent, le nombre de ménages pauvres en Stress (Phase 2 de l’IPC) et – en cas d'épidémie prolongée avec une forte mortalité du bétail – Crise (Phase 3 de l’IPC) connaitra une hausse. |
Nord et centre du Mali |
Intensification des perturbations des marchés par l’insécurité résiduelle d’octobre à mai |
Une intensification des actes d’insécurité affecterait davantage l’environnement économique dans les zones Nord et centre du Mali avec un impact négatif sur les revenus, l’approvisionnement et les moyens d’existence des ménages. L'augmentation des conflits pourrait conduire à des résultats de Stress (Phase 2 de l'IPC) et de Crise (Phase 3 de l'IPC) plus répandus. |
Zones pastorales du nord du Mali (ZONE 2, 3, 4), le Delta du Niger (ZONE 6) et la bande du sahel (ZONE 13) |
Dégâts importants de feux de brousse sur les pâturages de mars à mai |
Bien qu'elles soient difficiles à prévoir, les tendances historiques montrent que les feux de brousse causent habituellement d’énormes dégâts sur les pâturages de décembre à mai, ce qui engendrera une dégradation inhabituelle des pâturages et induira des difficultés d’alimentation du bétail. La baisse de l’embonpoint et des productions animales voire la mortalité qui en découlera, affectera négativement les moyens d’existence (productions animales et revenus d’élevage) des ménages agropasteurs. Cela aura un impact négatif sur la consommation alimentaire et les revenus, débouchant ainsi sur une hausse du nombre des ménages pauvres en Stress (Phase 2 de l’IPC) et Crise (Phase 3 de l’IPC) dans les zones touchées, mais compte tenu des impacts localisés ces résultats ne changeront pas la phase de classification de la zone. |
Les zones d’insécurité du centre et du nord du pays |
Diminution du conflit ou négociation fructueuse menant à un meilleur accès humanitaire |
Une amélioration de l'accès humanitaire serait nécessaire pour prévenir les conséquences de la Crise (Phase 3 de l'IPC) dans les régions frontalières touchées par le conflit, où le conflit empêche actuellement l'acheminement régulier de l'aide alimentaire aux populations qui en ont le plus besoin. Si cela se produit, et si les livraisons d'aide alimentaire s'intensifient par conséquent pour atteindre au moins 25 pour cent de la population avec au moins 50 pour cent de leurs besoins mensuels en kilocalories, alors l'amélioration de Crise (Phase 3 de l'IPC) à Stress ! (Phase 2 de l'IPC !) serait probable. |
For more information on the outlook for specific areas of concern, please click the download button at the top of the page for the full report.
A Propos de l’Élaboration de Scenarios
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Region Contact Information
Email: mali@fews.net