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Les perspectives de productions agricoles au-dessus de la moyenne dans l’Extrême-Nord favoriseront une consommation alimentaire typique pour les ménages hôtes pauvres et les déplacés. Toutefois, la précarité de la situation sécuritaire continue de peser négativement sur les moyens d’existence des ménages plaçant la zone en insécurité alimentaire aiguë Stress (Phase 2 de l’IPC) d’octobre 2018 à janvier 2019.
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Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la détérioration continue de la situation sécuritaire suite à la mutation des mouvements sécessionnistes en mouvements armés, affecte négativement la production agricole et les fondamentaux de l’économie. L’insécurité alimentaire aiguë Stress (Phase 2 de l’IPC) qui frappent les ménages pauvres et les déplacés pourrait évoluer en Crise (Phase 3 de l’IPC) à partir de février 2019.
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L’insécurité constitue le principal facteur qui agit négativement sur les moyens d’existence des ménages dans le pays qui abrite des refugiés nigérians et centrafricains. Si la réduction des incursions de Boko Haram favorise le retour des déplacés dans l’Extrême-Nord, dans les zones anglophones par contre, les actes de violence se multiplient à l’approches des consultations électorales.
ZONE | ANOMALIES ACTUELLES | ANOMALIES PROJETÉES |
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National |
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Extrême Nord |
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Nord-Ouest et Sud-Ouest |
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Perspectives projetées à janvier 2019
Dans la région de l’Extrême Nord, la saison des pluies s’est installée de façon précoce à normale avec de cumuls saisonniers modérément au-dessus de la moyenne. Ainsi, depuis la fin d’aout, les prémices de récoltes (arachide, maïs) sont disponibles sur la place des marchés et contribuent à atténuer les difficultés alimentaires des ménages. Les récoltes qui vont se généraliser à partir du mois d’octobre devraient être supérieurs à la moyenne quinquennale dans la région. De même, le bon niveau de remplissage des points d’eau et l’humidité continue, devrait favoriser d’une part, une production de sorgho de saison sèche autour de la moyenne. D’autre part, l’activité de pêche devrait se dérouler normalement, nonobstant, une restriction de cette activité dans le Logone et autour du Lac Tchad et du Lac artificiel de Maga en raison de l’insécurité.
La bonne physionomie de la saison a favorisé le déstockage chez les commerçants craignant une mévente de leurs produits. Par ailleurs, la région bénéficie des flux entrant de maïs de la région voisine du Nord et du Nigeria par les corridors Bourha et Mogodé. En conséquence, on assiste à une baisse des prix des céréales de base par rapport à l’année passée en moyenne de
14% et 30% respectivement pour le sorgho et le maïs. En comparaison à la moyenne quinquennale, le prix du sorgho enregistre une hausse de 13%, par contre celui du maïs (dominant sur les marchés) est en baisse de 9%. Le commerce du bétail demeure en particulier, négativement affecter par la baisse des flux en direction du Nigeria. La réorientation des flux vers les régions méridionales (Douala et Yaoundé) n’est pas suffisante pour répondre à l’offre sur les marchés d’où des prix inférieurs à la normale.
Aussi, malgré des perspectives de production de rente (niébé, arachide) au-dessus de la moyenne, le disfonctionnement des marchés et les prix bas aux producteurs, ne favoriseront pas des revenus moyens aux ménages. Dans l’ensemble, la consommation des ménages pauvres hôtes et des déplacés internes restera typique entre octobre 2018. L’assistance qui s’étend à ce mois de septembre (distribution de rations complètes de vivres et distribution de cash par le PAM et CICR) touche 41% des populations (réfugiés, PDI, et hôtes). L’appui en cash aux ménages et les programmes de filet sociaux (distributions de petits ruminants par la FAO et soutient à la production), contribue au relèvement des ménages, en particulier les déplacés. Par ailleurs, la réduction des exactions de Boko Haram et le redéploiement des forces de défenses et de sécurité favorise le retour de déplacés. Selon les données du mois d’avril de l’OIM, l’effectif des retournés au mois d’avril était de 83141 personnes, soit une augmentation de 40%. L’alimentation des ménages se normalise avec les prémices de récoltes et l’assistance alimentaire qui leur permettent d’avoir deux repas en moyenne par jour. Dans l’ensemble, les ménages pauvres vivent une insécurité alimentaire aiguë Stress (Phase 2 ! de l’IPC) avec l’assistance alimentaire.
Dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où plus de 70% de la population dépend de l’agriculture, le soutien à la production en termes d’intrants et d’encadrement enregistre une baisse depuis la dernière campagne agricole. La détérioration de la situation sécuritaire pousse les producteurs à abandonner leurs champs ou à manquer le respect du calendrier agricole de plantation et de traitement phytosanitaire. En conséquence, les productions baissent et l’accès aux marchés devient difficile en raison de la hausse des prix des denrées de base comme le maïs et le haricot. Dans les divisions de Boyo et Momo, plus touchés par le déplacement de populations, la hausse de prix a atteint en moyenne 30% au mois de juillet par rapport à la même période de l’année passée.
Outre la perturbation des activités agricoles, les filières café et cacao, pourvoyeuses de revenus et d’emplois, sont en souffrance en raison des difficultés d’écoulement et d’achat par les coopératives agricoles. Face à la mévente du café et du cacao, beaucoup de producteurs se tournent vers les acheteurs nigérians qui offrent des prix plus rémunérateurs. Par ailleurs, l’accès des grands fermiers à la main-d’œuvre, généralement en provenance du Nigeria, devient difficile, car pour crainte pour leur sécurité. L’arrêt ou le fonctionnement au ralenti des agro-industries et la destruction des entrepôts entrainent des pertes d’emplois pour les travailleurs.
En résumé, la baisse de pouvoir d’achat dû à la baisse des productions et des revenus et la hausse des prix des denrées de base, affectent négativement l’accès alimentaire des ménages dans l’ensemble et des déplacés en particuliers. Déjà au mois de juillet, les résultats de l’enquête FSMS conduite par le PAM et les services du gouvernement, ont indiqué que l’adoption de stratégies de stress et de crise liées aux moyens d’existence a concerné respectives 22% et 16% des ménages dans le Nord-Ouest et respectivement 21% et 22% dans le Sud-Ouest. L’escalade des exactions des groupes armés sécessionnistes en cette veille d’élections pourrait d’avantage entrainer des déplacements de populations et dégrader les moyens d’existence des ménages. L’Access de les zones anglophones est encore limité avec le conflit. Ainsi, jusqu’en janvier 2019, les récoltes en moins pourraient encore favoriser une insécurité alimentaire aiguë Stress (Phase 2 de IPC).
Perspectives projetées en Septembre 2019
Dans l’Extreme-Nord, les perspectives de récoltes supérieures à la moyenne permettront aux ménages de vivre de leurs stocks jusqu’à la période habituelle de soudure en juillet. De plus les bonnes perspectives de déroulement des productions de saison sèche et de pèche, aideront au relèvement des ménages. Sur le marché de Maroua, les prix projetés pour la période de 2019 suivront globalement la tendance habituelle de baisse à la récolte et de hausse progressive à partir d’avril jusqu’au pic en août. Toutefois, la situation sécuritaire reste précaire avec souvent des incursions de Boko Haram et les vols de bétail, plus fréquents dans le département de Mayo Danay. Cela constitue un frein pour le développement de l’élevage et de commerce. L’insécurité alimentaire aiguë Stress (Phase 2 de l’IPC) sera probablement vécue dans l’Extrême-Nord jusqu’en Septembre 2019.
Dans les zones anglophones, l’escalade de la violence constatée en cette veille d’élections pourrait s’intensifier pendant et après les élections et entrainer une augmentation du nombre de déplacés. Selon ACAPS (septembre, 2018), le nombre de déplacés internes entre le second et le troisième trimestre de l’année dans la région du Sud-Ouest pourrait atteindre 246 000 et un effectif similaire devrait être enregistré dans la région du Nord-Ouest. FEWS NET estime que la prochaine période de soudure qui intervient dans ces zones habituellement de mars à avril pourrait être plus longue et difficile de février à mai, en raison de la baisse des stocks et des capacités d’achat limitées sur les marchés. Pendant la période de soudure et jusqu’en septembre, l’épuisement des stocks et la détérioration du pouvoir d’achat des ménages les exposeront à l’insécurité alimentaire aiguë Crise (Phase 3 de IPC).
Source : FEWS NET
Source : ACLEDDATA
Source : FEWS NET
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