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Malgré la disponibilité de stocks pour les ménages hôtes, l’insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 de l’IPC) persiste dans l’Extrême-Nord en raison de la faible couverture des PDIs et réfugiés hors camp par l’assistance et des moyens d’existence des ménages sous pression avec la baisse des revenus affectés négativement par une situation sécuritaire encore précaire.
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Avec l’accès limité aux champs et la baisse des productions vivrières et des revenus des produits d’exportation, les ménages pauvres hôtes et les PDIs dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et environnant feront face à une soudure plus longue de février à mai, période pendant laquelle ils resteront exposés à l’insécurité alimentaire aiguë Crise (Phase 3 de l’IPC).
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L’insécurité liée aux incursions et exactions de Boko Haram dans l’Extrême-Nord et aux affrontements entre mouvements sécessionnistes armés et les forces de sécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest continuera à agir négativement sur l’économie et sur les moyens d’existence des ménages de ces régions.
ZONE | ANOMALIES ACTUELLES | ANOMALIES PROJETÉES |
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National |
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Extrême Nord |
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Nord-Ouest et Sud-Ouest |
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Région de l’Extrême Nord
La campagne agricole 2018/2019 s’est installée à temps dans la région et la répartition spatio-temporelle des pluies a été bonne avec des cumuls saisonniers supérieurs à similaires à la moyenne des 10 dernières années. La fin de la saison a été tardive ce qui a favorisé la mise en place des cultures de sorgho de saison sèche. Par ailleurs, le calme relatif observé au plan sécuritaire en 2018 a permis un retour de PDIs pour des travaux champêtres dans leurs localités d’origine. En conséquence, les superficies emblavées en pluviale ont été accru d’environ 10 percent par rapport à l’année écoulée, selon DRADER, Extrême-Nord. De même, les récoltes sont bonnes dans la région et devraient se situer au-dessus de la moyenne quinquennale. Les conditions d’humidité favorisent le développement des cultures de sorgho de saison sèche qui sont actuellement au stade de montaison/floraison. Toutefois, ces cultures sont exposées aux dégâts des pachydermes et aux attaques en cours de chenilles légionnaires pouvant réduire les rendements. La disponibilité fourragère est moyenne et les points d’eau sont à des niveau de remplissage satisfaisant pour permettre aux animaux de traverser la période de soudure normale entre avril et juin.
L’activité de pêche a repris au niveau du lac de Maga, mais les captures sont encore faibles du fait du niveau d’eau élevé. Jusqu’en mai, cette activité offrira des revenus moyens aux ménages. De même, sur la période, les ménages devraient compter sur le commerce de produits agricoles et de bétail pour générer des revenus. Mais ces revenus agricoles resteront en-dessous de la moyenne en raison des prix de vente en baisse (6 percent pour le niébé et 11 percent pour l’arachide) et des échanges encore timides avec le Nigeria, principale débouché pour la région. Les prix du bétail ont certes connu une hausse par rapport de septembre dernier (en moyenne 11 percent pour les taureaux, 27 percent pour les béliers et 18 percent pour les boucs) car les ménages ne sont plus contraints de brader leurs animaux, mais la vente d’un bouc ne leur permet d’avoir 100 kg de céréales. Avec des niveaux de prix des céréales similaires à la moyenne jusqu’en mai, les termes de l’échange bétail/céréale devraient légèrement se dégrader pendant la période, mais un peu plus au cours de la prochaine soudure pastorale lorsque les prix des denrées vont amorcer leur hausse saisonnière.
Des tendances au retour sont aussi enregistrées dans le rang des réfugiés nigérians (24 505 entre janvier et novembre 2018, UNHCR/Nigeria refugie retournées Dashboard) et centrafricains (21 520, OIM/DTM, septembre 2018). Les réfugiés hors camp et les PDIs resteront très tôt plus dépendants des marchés dès le mois d’avril car disposent de moins de stocks par rapport aux ménages hôtes. En effet, l’assistance alimentaire qui a pris fin en octobre n’est pas encore planifiée pour 2019 et les
ressources disponibles ne couvrent qu’environ 20 percent des PDIs et ne permettront pas aussi une couverture entière de leurs besoins au cours des prochains mois. Ce qui va les contraindre à réduire les quantités d’aliments consommés. Avec des moyens d’existence encore sous pression, les ménages pauvres hôtes, les PDIs et refugiés hors camps resteront exposés à l’insécurité alimentaire aiguë Stress (Phase 2 de IPC) juste à Mai 2019.
Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest
Dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la poursuite des affrontements violents entre les sécessionnistes armés et les forces de sécurité, continue de détériorer la situation sécuritaire et de provoquer des déplacements internes de populations dont le nombre est actuellement de 437 513, soit un peu plus de 10 percent de la population. Le conflit qui a débuté en 2016 s’est intensifiée entre avril et octobre 2018 coïncidant avec le démarrage de la saison agricole principale. Ainsi, les populations déplacées et la restriction des mouvements ont limité la participation des ménages aux activités agricoles. Par ailleurs, la réduction des appuis en intrants de l’état et des coopératives a limité la fertilisation des champs. En conséquence, les productions agricoles vivrières et d’exportation connaitront des baisses par rapport à leur niveau de 2016. Cette chute de la production impacte négativement sur les exportations de bananes qui sont restées au mois d’aout, largement en-dessus des chiffres de 2015 (279.493 tonnes) selon les statistiques de l’Association bananière du Cameroun. Déjà au premier semestre de l’année, les recettes d’exportation ont baissé de 16,8 percent en valeur et 24,7 percent en quantité par rapport au premier semestre de 2017 due à un repli des ventes des principaux produits agro-industriels (Cacao et dérivé, café, caoutchouc) dont plus de la moitié provient des régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest (INS, rapport sur le commerce extérieur).
Le fonctionnement au ralenti de l’économie avec les blocages routiers, les couvre-feux, la destruction de marchés (cas de Bamenda) et la fermeture des unités agro-industrielles continueront à agir négativement sur les opportunités d’emploi et de génération de revenu. Avec l’accès limités aux champs et la baisse des productions agricoles, la soudure qui a lieu habituellement de mars à avril sera plus longue de février à mai. L’accès alimentaire des ménages hôtes et des PDIs restera difficile pendant cette période et au-delà en raison des niveaux de prix des denrées de base élevés dans les centres urbains et les zones de forte présence de PDIs et des revenus limités d’autre part. L’assistance alimentaire a commencé au profit des PDIs dans la région du Littoral, mais elle n’est pas encore pleinement déployée dans les autres régions plus touchées par le conflit. Ainsi, entre février et mai, l’accès difficile aux champs, l’épuisement des stocks et la détérioration du pouvoir d’achat exposeront les ménages hôtes pauvres et les PDIs pauvres à l’insécurité alimentaire aiguë Crise (Phase 3 de IPC).
Source : FEWS NET/ DRADER, Extrême-Nord
Source : FEWS NET/ACLEDDATA
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