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L’épuisement précoce des stocks vivriers contraint les ménages pauvres à recourir au marché pour leur alimentation, plus tôt que d’habitude. Cependant, la hausse atypique du niveau des prix des denrées de base atteignant 50 pour cent comparé à la moyenne pour le sorgho, malgré l’interdiction de sortie de céréales, va considérablement dégrader leur accès aux denrées alimentaires.
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L’élevage qui constitue la seconde source de revenu pour les ménages reste confronté à la chute des prix des animaux observée depuis le mois dernier. Les termes de l’échange qui s’en trouvent ainsi détériorer en défaveur des éleveurs, exposent les ménages à des ventes plus importantes. Sur les marchés de Moulvoudaye, Yagoua et Mokolo, il faudrait désormais vendre deux petits ruminants pour acquérir un sac de 100 kg de sorgho.
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L’assistance alimentaire en cours reste faible et celle planifiée n’est pas entièrement financée. Par conséquent, les difficultés des ménages pauvres déplacés et hôtes à satisfaire leur besoin sur les marchés vont conduire à une dégradation de leur consommation ainsi que de leurs moyens d’existence. Ce qui va les exposer à une insécurité alimentaire aigue Crise (Phase 3 de l’IPC) pendant toute la soudure de mai à septembre.
ZONE | ANOMALIES ACTUELLES | ANOMALIES PROJETÉES |
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National |
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Extreme Nord |
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Bien qu’il ait été observé une réduction des incursions et des attentats suicides de Boko Haram ces derniers mois, la situation sécuritaire reste précaire dans la région de l’Extrême Nord. Le renforcement de la présence de l’armé et des forces de sécurité favorise quelques retours de déplacés dans leurs localités d’origine et permet aussi la reprise des activités économiques dans les centres urbains plus sécurisés.
L’approvisionnement des marchés est satisfaisant en denrées alimentaires de base. Depuis fevrier dernier, l’ouverture de certains corridors favorise l’entrée de céréales du Nigeria (particulièrement le maïs à partir de Bouhra) et du Tchad à partir de la zone de bec de canard (Gobo, Gueré). Les légumineuses (notamment le niébé) sont exportées vers le Nigeria, cela a favorisé une hausse du prix moyen de 24 pour cent comparé à la moyenne quinquennale. Par ailleurs, les autorités locales ont pris des mesures pour interdire les exportations de céréales.
Toutefois, en raison de l’épuisement précoce des stocks, la demande des ménages, surtout les pauvres, se fait de plus en plus forte sur les marchés. Déjà, au mois de mars, il a été observé une hausse atypique du niveau des prix des céréales en comparaison à la moyenne quinquennale pour la même période : 50 pour cent pour le sorgho pluvial, 48 pour cent pour le sorgho de saison sèche et 21 pour cent pour le maïs. Les hausses de prix depassant 50 pour cent sont observées pour le sorgho sur les marchés de Maroua, de Yagoua et de Mora. Par contre, dans les zones qui bénéficient de l’assistance alimentaire, les hausses de prix sont moderées (30 pourcent au plus) sur les marchés (Koussiri dans le Logone-Et-chari et Mokolo dans le Mayo-Tsanaga).
Outre la production agricole, les ménages hôtes et les déplacés tirent leurs revenus principalement de la vente de leurs animaux, de la main-d’œuvre agricole, de la vente du bois et du petit commerce. Malgré de la baisse de la production de l’oignon, son prix enregistre une baisse de 51 pour cent par rapport à la moyenne. Les prix des animaux sont aussi en-dessous de la moyenne, car sur les principaux marchés (Maroua, Moulvoudaye, Yagoua et Mokolo), les offres sont supérieures à la demande.
En conséquence, excepté le marché de regroupement de Maroua où les prix des petits ruminants (35000 F CFA le bélier de 3 ans et 30000 le bouc d’un an) permettent aux ménages d’acquérir au moins un sac de 100 kg de céréales, sur les autres marchés à bétail de la région, l’éleveur doit vendre plus d’un bélier ou au moins deux boucs pour avoir un sac de céréales. Par rapport à l’année dernière à la même période, les termes de l’échange bétail/céréale se sont dégradés en moyenne de 24 pour cent du fait du niveau élevé des prix des céréales.
Jusqu’à la fin de la soudure en septembre, les deplacés et les menages pauvres hôtes (environ 30 pour cent de la population) seront fortement dependant des marchés pour leur alimentation. Les prix projetés pour le sorgho sur le marché de Maroua, pourraient demeurer 60 à 75 pour cent au-dessus de la moyenne saisonnière de mai à septembre. Les distributions de vivres sont concentrées dans les département de Logone-Et-Chari (au profit d’environ 67800 déplacés et réfugiés) et de Mayo-Sava (au profit de 3000 ménages déplacés).
Au regard de l’épuisement des stocks, du niveau élevé des prix des denrées de base, de la baisse des revenus et de la faible couverture en bénéficiaires de l’assistance, la consommation alimentaire des ménages pauvres, actuellement en stress va davantage se détériorer à travers la réduction des quantités, de la qualité et du nombre de repas. Ces derniers seront alors obligés d’accroitre l’offre de main-d’œuvre agricole, la vente du bétail et du bois et le recours à l’endettement, toute chose qui affectera negativement leurs moyens d’exitence déjà sous le joux de l’insécurité. Une insécurité alimentaire aigue Crise (Phase 3 de l’IPC) pourrait alors toucher les ménages pauvres (deplacés et hôtes) car l’assistance planifiée n’est pas encore totalement financée et reste insuffisante.
A partir de fin septembre, l’accès au nouvelles récoltes va contribuer à améliorer la consommation des ménages pauvres majoritairement agricoles. Toutefois, les moyens d’existence resteront encore sous tension.
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET
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