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- Les militants islamistes ont intensifié leurs attaques dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, avec une recrudescence des attaques ciblant les civils et des enlèvements contre rançon, en particulier dans les départements du Mayo-Sava, Mayo-Tsanaga et Logone-et-Chari. Selon l’ACLED, cette escalade est liée à l’intensification des opérations militaires nigérianes, qui ont forcé les insurgés à se replier sur le territoire camerounais. Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la violence contre les civils s’est aggravée en septembre, alors que les groupes séparatistes imposent un confinement de six semaines visant à boycotter l’élection présidentielle prévue le 12 octobre. L’insécurité croissante a encore davantage limité les moyens de subsistance agro-pastoraux, entravé l’accès aux marchés et aux voies commerciales, et déclenché de nouveaux déplacements, bien que de moindre ampleur, s’ajoutant au plus d’un million de personnes déjà déplacées à l’intérieur du pays. À l’échelle nationale, les tensions politiques et ethniques restent élevées à l’approche du scrutin du 12 octobre. International Crisis Group avertit que ces tensions pourraient alimenter une escalade des conflits de longue date et déclencher des troubles généralisés après les élections.
- Le confinement imposé entre le 8 septembre et la mi-octobre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a encore exacerbé l’insécurité dans ces zones, entraînant une recrudescence des attaques contre les civils et perturbant gravement les moyens de subsistance quotidiens, les activités commerciales et les flux commerciaux. Ces perturbations ont considérablement réduit l’accès des ménages à la nourriture durant cette période. La fermeture des marchés et des commerces en semaine a fortement limité l’accès physique aux denrées alimentaires essentielles et perturbé les flux de trésorerie de nombreux ménages. En conséquence, les marchés du week-end sont devenus surpeuplés et surchargés, ce qui a contribué à une hausse légère à modérée des prix alimentaires dans les centres urbains. Les opérations humanitaires ont également été affectées, les distributions alimentaires devant faire face à des retards et interruptions continus tout au long des mois de septembre et octobre.
- D’octobre 2025 à janvier 2026, l’insécurité alimentaire aiguë devrait s’aggraver dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. En janvier, un nombre croissant de ménages auront épuisé leurs propres stocks alimentaires issus des récoltes de 2025, les rendant entièrement dépendants du marché pour l’achat de denrées de base. En plus des baisses de production liées aux conflits et des récoltes inférieures à la moyenne, la vente précoce des cultures récoltées à des prix bas — motivée par la crainte de perturbations des marchés liées au confinement prolongé — a accéléré l’épuisement des stocks alimentaires des ménages. Avec des prix élevés persistants pour les denrées de base et des revenus faibles, de nombreux ménages devraient adopter des stratégies d’adaptation sévères et non durables pour combler leurs besoins alimentaires, comme acheter à crédit, réduire la taille des portions, ou sauter des repas. Les ménages vivant dans des zones très peu sûres et reculées (notamment dans les départements de Donga-Mantung, Momo, Bui, Lebialem et Menchum), qui n’ont pas récolté et ont un accès limité ou nul à l’aide humanitaire, continueront de faire face à une capacité d’adaptation fortement érodée et à d’importants déficits de consommation alimentaire.
- Dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord, les ménages connaissent des améliorations notables en matière de disponibilité alimentaire, d’accessibilité et de génération de revenus grâce au travail agricole et à la vente de cultures pendant la saison des récoltes de septembre à novembre. D’ici octobre et novembre, les prix des denrées de base devraient se stabiliser, sous l’effet d’une augmentation de l’offre et d’une baisse de la demande des ménages, ceux-ci consommant leur propre production issue des récoltes. Néanmoins, les prix devraient rester supérieurs à la moyenne en raison de l’offre limitée en provenance des zones touchées par les conflits, d’une forte demande d’exportation vers les pays voisins et de coûts de transport élevés. Ces prix durablement élevés continueront de réduire le pouvoir d’achat, en particulier pour les personnes déplacées internes (PDI) urbaines et rurales et les réfugiés vivant dans des zones non touchées par les conflits.
- D’octobre à janvier 2026, de modestes améliorations de la sécurité alimentaire sont prévues dans les zones touchées par les conflits dans l’Extrême-Nord, notamment dans les départements du Mayo-Sava, Mayo-Tsanaga et Logone-et-Chari. Toutefois, la plupart des ménages continueront à avoir une consommation alimentaire à peine suffisante, en raison des perturbations liées au conflit sur la production agricole et pastorale. Les revenus des ménages restant inférieurs à la moyenne, l’accès aux biens essentiels non alimentaires devrait rester limité, poussant les ménages à poursuivre l’adoption de stratégies d’adaptation de stress. Dans les zones fortement touchées par l’insécurité, les ménages, en particulier ceux ayant subi des déplacements répétés et qui n’ont pas pu cultiver, resteront probablement fortement dépendants du marché pour satisfaire leurs besoins alimentaires. L’escalade des attaques d’insurgés et l’insécurité persistante devraient continuer à perturber le travail agricole et la vente des récoltes, limitant les opportunités de génération de revenus et affaiblissant le pouvoir d’achat des ménages. La capacité d’adaptation des ménages les plus vulnérables est probablement presque épuisée, et ces ménages devraient continuer à connaître une insécurité alimentaire aiguë sévère au moins jusqu’en janvier 2026.
- Les réfugiés de la République centrafricaine et les communautés hôtes dans le Mberé (Adamaoua), la Kadey (Est) et le Lom-et-Djerem (Est) devraient continuer à connaître une consommation alimentaire à peine suffisante jusqu’en février 2026, en raison de la cherté des denrées alimentaires et des revenus durablement faibles. La présence de réfugiés a accru la demande de biens essentiels, entraînant une hausse des prix pendant la période post-récolte, alors que les denrées sont normalement plus accessibles. La concurrence accrue pour les ressources limitées et les opportunités d’emploi a encore fait baisser les revenus des ménages. L’accès à l’eau potable chez les réfugiés est très limité, aggravé par de mauvaises conditions d’hygiène et d’assainissement. L’aide humanitaire a diminué en raison d’un manque de financement. Le PAM a réduit de moitié les rations alimentaires destinées aux réfugiés, obligeant les familles à adopter des stratégies d’adaptation négatives, telles que la réduction de la fréquence des repas et le retrait des enfants de l’école.
Citation recommandée: FEWS NET. Cameroun Mise à jour des messages clés Septembre 2025: L’intensification du conflit compromet davantage l’accès à la nourriture dans les zones d’insécurité, 2025.
Cette mise à jour des des messages clés présente une analyse succincte des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.