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- Des résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) à pire sont attendus entre octobre 2024 et mai 2025 dans les localités difficiles d’accès et de forte présence de PDI. Dans le Soum, bien qu’en amélioration par rapport à l’année passée, les faibles productions ne suffiront pour éviter les résultats de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) entre octobre 2024 et janvier 2025, car l’assistance alimentaire demeure la source principale de nourriture. Les tentatives d’attaques terroristes à Djibo continuent de limiter les mouvements de population et leur accès aux sources marginales de nourriture et de revenu. A cela s’ajoute les difficultés dans l’approvisionnement du marché confronté par moment à des pénuries prolongées. Entre février et mai 2025, les productions maraîchères et les revenus marginaux ne suffiront pas pour combler les déficits alimentaires, nécessitant la poursuite de l’assistance pour empêcher les résultats d’Urgence (Phase 4 de l’IPC).
- Les besoins commenceront à augmenter de manière saisonnière au début de l'année 2025 jusqu'à la fin de la période de projection, ou 1.50 à 1.99 millions de personnes auront besoin d’une assistance alimentaire entre février et mai 2025, principalement dans les zones difficiles d’accès et de forte présence de PDI dans les régions du Nord, du Sahel, de l’Est, et du Centre-Nord. Alors que la production maraîchère pourrait atténuer une détérioration sévère de la situation alimentaire dans les zones où les retenues d’eau sont accessibles, il ne sera pas le cas pour les zones où cette source est marginale ou inexistante. Les ménages pauvres seront exposés à l’Urgence (Phase 4 de l'IPC) ou pire.
- Bien que la production agricole nationale sera probablement au-dessus de la moyenne quinquennale, les prix des céréales risquent d'être supérieurs aux moyennes saisonnières d'octobre 2024 à mai 2025 en raison de la reconstitution des stocks publics et privés, la baisse des importations et les flux plus que habituels vers le Niger.
L’analyse présentée ici est basée sur les informations disponibles au 15 octobre 2024.
Malgré les perspectives de récoltes meilleures, l’assistance restera nécessaire surtout dans les zones à fort défi sécuritaire
Bien que les incidents sécuritaires aient modérément diminué dans le pays depuis le début de l’année par rapport à l’année précédente, les groupes armés terroristes continuent de maintenir une pression autour de certaines localités dans les régions du Nord, du Sahel, du Centre-Nord et de l’Est. L’approvisionnement de ces localités reste conditionné par des convois sous escorte militaire avec des délais parfois longs, entraînant des pénuries d’aliments de base, notamment sur les marchés de Titao, Djibo et Diapaga (Figure 1). Compte tenu des défis logistiques et sécuritaires, les planifications d’assistance pour la période de soudure ont débuté tardivement et se poursuivent, contribuant à maintenir des résultats de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC), en particulier dans la commune de Djibo où cette assistance demeure la source principale de nourriture.
Le début de la saison a été difficile dans le pays, mais les pluies ont été régulières à partir de mi-août et se sont poursuivies tardivement en octobre, permettant aux cultures de boucler leur cycle. En dépit des perturbations localisées et de l’accès limité par endroit des ménages à leurs champs, les productions agricoles attendues pourraient se situer au-dessus de leurs niveaux de la saison écoulée et de la moyenne quinquennale. Ceci est dû aux efforts de soutien en aménagement de superficies et des importantes dotations en intrants consentis par le Gouvernement. Le bon niveau de remplissage des retenues d’eau va favoriser la production de légumes dans les localités où cette source est accessible pour les ménages. Les productions additionnelles (principalement de légumes) qui seront disponibles entre janvier et avril ne seront pas suffisantes pour compenser l’absence de la nourriture de base. Alors que les zones relativement calmes du pays où les nouvelles récoltes contribueront à l’amélioration de la situation alimentaire des ménages, les zones à fort défi sécuritaire auront des stocks insuffisants et pourraient s’épuiser précocement d’ici à février.
Malgré les perspectives meilleures de production, la pression de la demande pour la reconstitution des stocks publics et privés qui sont à leur plus bas niveau est forte. De plus, les restrictions à l’exportation en vigueur dans certains pays voisins diminuent la disponibilité de vivres importés, alors que les flux sortants de maïs vers le Niger sont plus importants que d’habitude. Tous ces facteurs qui vont maintenir les prix des céréales au-dessus de leurs moyennes saisonnières entre octobre et mai. De fortes variations à la hausse par rapport à la moyenne quinquennale pourraient persister dans les zones approvisionnées par escorte militaire, limitant ainsi l’accès pour les ménages pauvres. Avec la prolongation des blocus de différentes communes, les ménages ont perdu les avoirs relatifs aux moyens d’existence, autrefois axés principalement sur l’élevage. Les sources de revenus diverses—les revenus marginaux issus de la production maraîchère en particulier dans les communes de Diapaga, Titao, Djibo, Arbinda et Gorom-Gorom ; de l’orpaillage (Arbinda, Markoye, Sebba) ; de la vente de l’eau et du fourrage ; des transferts des proches de l’extérieurs—ne seront pas assez pour réaliser des achats à prix élevé sur les marchés.
L’assistance alimentaire devrait se poursuivre en particulier dans les zones à fort défi sécuritaire pour éviter une détérioration de la situation alimentaire au-delà de la Crise (Phase 3 de l’IPC), en particulier au Soum ou les résultats d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) sont anticipes entre février et mai. Dans l’ensemble du pays, une baisse saisonnière du nombre de personnes exposées à la Crise (Phase 3 de l’IPC) sera observée entre octobre et janvier en raison de l’accès des ménages aux nouvelles récoltes. Toutefois, les besoins en assistance alimentaire devraient rester élevé et croitre entre février et mai lorsque la propre production de base ne sera plus disponible.
En savoir plus
Les liens suivants donnent des informations supplémentaires :
- Dernier Rapport sur les Perspectives sur la Sécurité Alimentaire, Juin 2024
- Aperçu de la méthodologie de développement de scénarios de FEWS NET
- L’approche de FEWS NET pour estimer la population dans le besoin
- Aperçu des analyses IPC et IPC-compatible
- L'approche de FEWS NET en matière d'analyse de l'assistance alimentaire humanitaire
Depuis 2015, le pays fait face à des attaques de groupes armés terroristes (GAT). A partir de 2020, les incidents et les fatalités qui y sont associées ont significativement augmenté, avec des exactions et des répressions sur les populations civiles. Ceci a entraîné le déplacement de plus de 2,06 millions de personnes à la date du 31 mars 2023. Depuis 2022, les GAT imposent des blocus autour d’une trentaine de communes, notamment dans les régions du Sahel, du Nord, du Centre-Nord et de l’Est. Ces blocus restreignent la circulation des personnes et des biens, perturbant gravement l'accès à la nourriture, aux soins de santé et à d'autres services essentiels. La distribution de l'aide humanitaire et le ravitaillement des marchés de ces localités ne sont possibles que par escorte militaire ou par voie aérienne. Depuis 2023, le gouvernement a interdit les opérations de transferts monétaires par les organisations humanitaires dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ceci limite ainsi la capacité d’intervention de la plupart des ONG, compte tenu des entraves logistiques et sécuritaires pour la délivrance de l’assistance en nature. Le contexte sociopolitique du Burkina Faso est marqué par de fréquentes manifestations en lien avec les coups d'État survenus en janvier et septembre 2022. Depuis septembre 2022, plusieurs tentatives de déstabilisation du pouvoir en place ont été rapportées. En janvier 2024, le Burkina Faso, à l’instar du Mali et du Niger, a annoncé son retrait avec effet immédiat de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ces pays avaient formé l’Alliance des Etats du Sahel en septembre 2023, devenue Confédération une année plus tard, en vue de créer plus de synergies dans la lutte commune contre le terrorisme ainsi que les menaces de rébellion armée ou d’agressions extérieures.
L’insécurité prolongée a eu un impact négatif sur les moyens d’existence, notamment au nord du pays. L'agriculture et le pastoralisme sont les principaux moyens d’existence de la majorité de la population burkinabè. Les principales régions agricoles se trouvent au centre, à l'ouest et au sud-ouest du pays, où le climat est plus favorable à l'agriculture. Dans les zones agricoles et agropastorales également touchées par le conflit, l’abandon de champs, les déplacements de populations et la perturbation des opérations agricoles ont négativement affecté les productions agricoles au cours des années précédentes. Le pastoralisme est particulièrement important dans les régions situées au nord, où l'élevage constitue une activité essentielle. Les communautés pastorales dépendent du mouvement saisonnier du bétail à la recherche d'eaux et de pâturages. Cependant, depuis le début du conflit, les moyens d’existence des pasteurs ont été gravement perturbés par les restrictions de mouvement, l'accès limité aux pâturages et aux points d'eau habituels et le pillage, sous les effets des blocus et de l’insécurité.
L’insécurité a sévèrement érodé les variations saisonnières typiques de revenu et de nourriture dans le nord et l'est du pays. La baisse de la productivité agricole pendant la saison pluviale diminue la capacité des communautés à s'appuyer sur les schémas saisonniers traditionnels pour leurs moyens d’existence. En outre, les activités socioéconomiques notamment, l’accès à la main d’œuvre agricole et non agricole, l’auto-emploi, le petit commerce et les transferts monétaires sont grandement perturbées du fait de l’insécurité qui prévaut dans la plupart des zones du pays. Le mois d’octobre, période actuelle de ce rapport, marque typiquement la période de récolte à travers le pays favorisant la disponibilité alimentaire et la reconstitution des stocks. Néanmoins, du fait des contraintes de production, de la perturbation continue des flux commerciaux et des prix des denrées alimentaires de base supérieurs à la moyenne, les besoins d’assistance humanitaire se maintiendront élevés dans le nord et l’est, surtout dans les localités où les rayons d’accès des ménages à leurs champs et aux revenus sont réduits.
L’alerte précoce en cas d’insécurité alimentaire aiguë nécessite de prévoir les résultats futurs des mois à l’avance afin de donner aux décideurs suffisamment de temps pour budgétiser, planifier et répondre aux crises humanitaires attendues. Toutefois, en raison des facteurs complexes et variables qui influencent l’insécurité alimentaire aiguë, des prévisions définitives sont impossibles. Le développement de scénarios est la méthodologie qui permet à FEWS NET de répondre aux besoins des décideurs en développant un scénario « le plus probable » du futur. Le point de départ de l’élaboration de scénarios est une analyse solide des conditions actuelles de sécurité alimentaire, qui constitue l’objet de cette section.
Les principes clés du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET incluent l’application du cadre de réduction des risques de catastrophe et une optique basée sur les moyens d’existence pour évaluer les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Le risque d'insécurité alimentaire aiguë d'un ménage dépend non seulement des dangers (comme une sécheresse), mais aussi de la vulnérabilité du ménage à ces dangers (par exemple, le niveau de dépendance du ménage à l'égard de la production de cultures pluviales pour sa nourriture et ses revenus) et de sa capacité d'adaptation (qui prend en compte à la fois la capacité des ménages à faire face à un danger donné et le recours à des stratégies d’adaptation négatives qui nuisent à la résilience future). Pour évaluer ces facteurs, FEWS NET fonde cette analyse sur une solide compréhension fondamentale des moyens d’existence locaux, qui sont les moyens par lesquels un ménage répond à ses besoins fondamentaux. Le processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET prend également en compte le Cadre des moyens d’existence durables ; les Quatre dimensions de la sécurité alimentaire ; et le Cadre conceptuel de la nutrition de l’UNICEF, et est étroitement aligné sur le cadre analytique de la Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC).
Principaux dangers
Insécurité :
La situation sécuritaire demeure préoccupante en dépit de la multiplication des opérations des Forces de Défenses et de Sécurité (FDS) et des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) dans le cadre de la reconquête du territoire. Certes, les incidents enregistrés entre janvier et septembre 2024 ont baissé d’environ 23 pour cent comparativement à la même période d’il y a un an (Figure 3). Les morts associés ont aussi légèrement baissé pendant la période, mais restent toujours élevés. Dans l’ensemble, les flux internes et les activités agropastorales demeurent perturbés. Dans une trentaine de localités, en particulier dans les régions du Nord, du Centre-Nord, du Sahel et de l’Est, les mouvements des populations sont restreints à de faible rayons de sécurité, limitant ainsi leurs accès aux sources habituelles de revenu et de nourriture. Tout comme l’année dernière, ces localités continuent d’être dépendants des ravitaillements par convois militaires irréguliers avec des délais souvent longs dépassant trois mois.
Figure 3
Source: FEWS NET, avec données de ACLED
Déplacements de populations :
Bien que la mise à jour sur le nombre de personnes déplacées interne (PDI) date de mars 2023 quand l’effectif dépassait deux millions, les déplacements de populations continuent, notamment au nord du pays. Dans les localités sous blocus, à chaque occasion de retour de convois sous escorte militaire, les populations profitent fuir vers les centres urbains, les zones du sud relativement plus calmes, ou les pays voisins à la recherche d’opportunité de travail. Toutefois, la baisse des incidents sécuritaires et les efforts de sécurisation entamés par les FDS et VDP ont contribué à réduire les nouveaux cas de déplacement de population par rapport aux années précédentes. Les acteurs humanitaires ont alerté sur 296,917 nouveaux PDI entre janvier et août 2024 (Cluster SECAL, Septembre 2024). En plus, le Gouvernement a annoncé en date de fin septembre, un effectif cumulé de 931,652 personnes retournées dans leurs localités d’origine.
Inondations :
À la suite de l’intensification du régime de la mousson à partir de fin juillet, des inondations ont été enregistrées dans plusieurs localités du pays. Bien que les évaluations exhaustives sur les dommages ne soient pas disponibles, les habitations et les infrastructures routières ont été les plus touchées. Les évaluations provisoires faites par les services techniques du Ministère en charge de l’agriculture indiquent 3,433 têtes d’animaux déclarées perdues et plus de 4,450 ha de cultures affectés, dont les pertes totales représentent 12 pour cent à la date du 10 septembre. Les principales les régions affectées sont celles des Cascades, des Hauts Bassins et de la Boucle du Mouhoun.
Production agricole :
La production agricole, principale source habituelle de nourriture et de revenu pour les ménages, demeure confrontée à une réduction de l’accessibilité aux champs du fait de l’insécurité. En cette période de début de récoltes, les ménages agricoles tirent leur nourriture de l’autoproduction, en l’occurrence du niébé, de l’arachide, du mil hâtif, du fonio et du maïs. En dépit des résultats du PREGEC qui prévoient une baisse annuelle de la production d’environ quatre pour cent comme la supposition la plus probable en raison du démarrage tardive de la campagne agricole, la poursuite des pluies jusqu’en octobre laisse présager des résultats plus optimistes. Outre le soutien de l'État aux producteurs en 2024 notamment dans le nord et l'ouest (la fourniture importante en temps opportun d’intrants, des labours gratuits, et des aménagements de périmètres et l’amélioration relative du rayon de sécurité), la hausse du nombre de ménages retournées ayant pu mener des activités agricoles a réduit leur dépendance au marché.
La vente du niébé offre des revenus meilleurs en raison des productions plus favorables et de son prix en hausse de 122 pour cent et 83 pour cent respectivement par rapport à l’année passée et à la moyenne quinquennale en septembre. Une mévente est observée pour les légumes de saison pluviale en raison de l’offre plus importe que la demande, de sorte qu'il y a une absence des acheteurs potentiels habituellement en provenance du Ghana et une réduction des flux vers la Côte d’Ivoire. Les revenus issus de la vente des produits de cueillette tels que les feuilles de Baobab, les amandes de Karité et de néré connaissent une légère hausse cette année par rapport à l’année passée grâce à la hausse de leur prix, en dépit des difficultés liées à la collecte.
Production animale :
La production animale est aussi sévèrement impactée par des menaces sécuritaires. En cette période habituelle de disponibilité saisonnière de lait et d’autres produits laitiers, l’accès à ces produits est faible par les ménages patorales, en particulier dans le nord et l’est du pays qui peinent à reconstituer leurs cheptels, précédemment pillées, volés ou déstocké. Par ailleurs, dans ces zones, la plupart des marchés à betail sont fermés ou fonctionnent à minima, ce qui ne permet pas aux ménages de tirer profit du niveau de prix elevé du bétail et des produits animaux. Parcontre, dans les zones relativement calmes au sud et à l’ouest, où se rédirigent les acheteurs potentiels, les ménages continuent de tirer des revenus moyens à supérieur à la moyenne de la vente des animaux et leurs produits du fait des prix plus élevés.
Revenus en dehors de la propre production agricole:
Dans l’ensemble, les revenus issus de la main-d’œuvre agricole connaissent une hausse cette année par rapport à 2023 mais demeurent en dessous de la moyenne. Les revenus disponibles sont principalement issus de la main d’œuvre pour les récoltes, du maraîchage et de la vente des produits agricoles telle que le niébé, l’arachide et les légumes.
Avec la limitation dans l’accès aux principales sources de revenus issues des activités agropastorales, les ménages font recours à d’autres activités d’où ils tirent des revenus marginaux compte tenu des faibles opportunités de travail, surtout dans les zones de forte présence de PDI. Comparativement à l’année écoulée, ces sources de revenu non agricole n’ont pas connu de changement significatif. Il s’agit principalement :
- Dans la pratique de l’orpaillage, les revenus enregistrent une baisse importante par rapport à la moyenne avant la crise suite à la fermeture et l’interdiction de l’accès à plusieurs sites d’orpaillage, notamment dans le nord et l’est. Les sites d’orpaillage fonctionnels dans le sud du pays constituent des pôles d’attractions pour les jeunes à la recherche d’opportunité. L’offre de main-d’œuvre y est forte par rapport à la demande, ce qui réduit les gains individuels.
- Dans les zones à forts défis sécuritaire, les ménages ont recours aux transferts monétaires, devenus plus importants cette année grâce au rétablissement des services de transferts monétaires. En outre l’augmentation du nombre de migrants quittant les zones d’insécurité à la recherche d’opportunité d’emploi dans les centres urbains (construction, mains d’œuvre domestiques, entre autres), sur les périmètres irrigués des zones de productions plus calmes, et aussi en dehors du pays ont contribué à la hausse de la fréquence et des volumes des transferts monétaires. A cela il faut ajouter les envois d’argent de parents vivants hors de ces zones.
- Le petit commerce et l’auto-emploi constitués principalement de la vente de l’eau, de l’herbe, de bois et charbon de chauffe, de vente de beignets et de condiments, emploient plus de personnes en particulier dans les zones d’accès difficile. Cependant, les gains générés de ces activités sont faibles en raison de peu de clientèles ou parfois à cause du manque de matières premières dépendant des ravitaillements sous escorte militaire. Les longs délai des convois et aussi de la faible disponibilité du charbon et des bois de chauffe (dont la collecte nécessite de parcourir de longues distances au-delà des rayons de sécurité) ont encore réduit ces sources de revenu.
Figure 4
Source: FEWS NET
Approvisionnement des marchés :
En mi-octobre, les marchés agricoles sont faiblement approvisionnés à travers le pays. L’offre est globalement faible et en dessous de son niveau de 2023 et de la moyenne saisonnière en raison, d’une part, de la baisse de la production et des stocks de report issus de la campagne précédente et, d’autre part, de la baisse des flux entrants de pays voisins comme la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Mali. Les sorties plus que habituelles de céréales vers le Niger et les achats réalisés par les organisations humanitaires, dont certains ont poursuivi les achats jusqu’à la soudure (juillet-août), ont également contribué à la baisse de l’offre sur les marchés. Dans les zones de production, bien que des prémices de récoltes soient disponibles, l’installation tardive de la campagne et les fortes pluies de ces dernières semaines ont ralenti le processus de mise en marché des nouvelles récoltes.
L’approvisionnement des zones difficiles d’accès demeure un défi et une trentaine de communes demeurent tributaires des convois sous escorte militaire. Avec la saison des pluies, l’organisation des convois sous escorte devient difficile et les routes se sont dégradées, ce qui rallonge les délais d’approvisionnement et entraîne des pénuries en céréales sur certains marchés (Diapaga, Djibo). Tout comme en 2023, les délais d’approvisionnement restent longs, généralement plus de trois mois et atteignent par endroit cinq à six mois (Djibo, Sebba, Kompienga et Diapaga) (Figure 4).
Capacité d’achat des ménages :
Les tendances des prix des céréales de base sont restées globalement stables ou inférieures aux niveaux de l’année passée jusqu’au mois de juin, mais sont devenues volatiles depuis le mois de juillet. Outre la faiblesse des disponibilités sur les marchés par rapport à la demande, les pratiques spéculatives se sont amplifiées suite aux difficultés d’installation de la saison pluvieuse. Dans l’ensemble, des hausses significatives (entre 40 et 60 pour cent) comparées à la moyenne quinquennale continuent d’être observées au mois de septembre pour le maïs, le sorgho blanc et le mil. Dans les zones d’insécurité dont l’approvisionnement dépend des escortes militaires, des fortes variations entre 50 et 100 pour cent sont observées par rapport à la moyenne en raison des coûts élevés du transport et des approvisionnements irréguliers.
Le pouvoir d’achat des ménages est négativement affecté en raison de la limitation des revenus et du niveau élevés des prix des denrées de base. Alors que les ménages dans les zones de production n'ont pas eu besoin d'acheter beaucoup des aliments au marché du fait de la disponibilité des prémices de récoltes, dans les centres urbains, le pouvoir d’achat des ménages hôtes et PDI pauvres est éprouvé par le niveau très élevés des denrées de base. Ces ménages préfèrent recourir aux céréales vendues à prix subventionnée mais dont la quantité est largement inférieure aux besoins. Dans la majorité des points de ventes, notamment dans les centres urbains, les files d’attente se font souvent plusieurs heures avant le début de la vente pour espérer avoir un sac de 50 kg de céréale. Dans les zones à forts défit sécuritaire, tributaires des approvisionnements par convois, des concertations entre les autorités locales et les commerçants permettent de limiter les pratiquent spéculatives et d’éviter les fortes variations observées en 2022 et 2023. Toutefois, sur certains marchés en ruptures d’approvisionnement comme Diapaga et Djibo, les pratiques informelles de vente donnent lieu à des prix exorbitants. A Diapaga par exemple, le kilogramme de maïs se vendait au mois de septembre à plus de 1000 XOF contre 220 XOF l’année passée à la même période.
L’assistance alimentaire humanitaire – définie comme une assistance alimentaire d’urgence (en nature, en espèces ou en vouchers) – peut jouer un rôle clé dans l’atténuation de la sévérité des conséquences de l’insécurité alimentaire aiguë. Les analystes de FEWS NET intègrent toujours les informations disponibles sur l’assistance alimentaire, sous réserve que les informations sur l’assistance alimentaire sont très variables selon les zones géographiques et dans le temps. Conformément aux protocoles IPC, FEWS NET utilise les meilleures informations disponibles pour évaluer où l'assistance alimentaire est « significative » (définie par au moins 25 pour cent des ménages dans une zone donnée recevant au moins 25 pour cent de leurs besoins caloriques grâce à l'assistance alimentaire) ; voir l’annexe du rapport. En outre, FEWS NET mène une analyse plus approfondie des impacts probables de l’assistance alimentaire sur la sévérité des résultats, comme détaillé dans les orientations de FEWS NET sur L’intégration de l’assistance alimentaire humanitaire dans l’élaboration de scénarios. D’autres types d’assistance (par exemple, l’assistance aux moyens d’existence ou à la nutrition ; les programmes de filet de sécurité sociale) sont incorporés ailleurs dans l’analyse plus large de FEWS NET, le cas échéant.
Outre le sous financement, l’assistance alimentaire reste confrontée au défi sécuritaire pour sa livraison. En fin septembre, le plan de réponse humanitaire était financé à 36,9 pour cent contre 39,4 pour cent de l’année dernière et 48,7 pour cent en moyenne sur la période de 2019 à 2023. Les planifications d’assistance de soudure prévues de juillet à septembre ont commencé tardivement dans plusieurs localités, notamment dans le Loroum et le Yagha, et se poursuivent en octobre. Les réalisations au cours des trois derniers mois ont touché en moyenne au moins 25 pour cent de la population et au moins 75 pour cent de leurs besoins dans les communes à fort défi sécuritaire : Djibo, Arbinda, Kelbo, Gorom-Gorom, Markoye, Sebba (dans la région du Sahel), Diapaga, Kantchari et Gayéri (dans la région de l’Est), Ouahigouya dans la région du Nord, Barsalogho dans la région du Centre-Nord. Les assistances du mois de septembres et celles en cours devraient demeurer similaires. Dans les provinces du Loroum et du Séno, la couverture a été faible.
Sur la base de l'analyse des conditions de sécurité alimentaire, FEWS NET évalue ensuite dans quelle mesure les ménages sont susceptibles de satisfaire leurs besoins caloriques minimaux. Cette analyse fait converger les preuves des conditions de sécurité alimentaire avec les preuves directes disponibles de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l'évolution des moyens d’existence ; FEWS NET prend également en compte les preuves disponibles au niveau régional sur l'état nutritionnel et la mortalité, en se concentrant sur si celles-ci reflètent les impacts physiologiques de l'insécurité alimentaire aiguë plutôt que d'autres facteurs non alimentaires. En fin de compte, FEWS NET utilise l’échelle de Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) en cinq phases mondialement reconnue pour classer les résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë. De plus, FEWS NET applique le symbole de « ! » pour désigner les zones où la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d'au moins une Phase de l’IPC sans les effets de l'assistance alimentaire humanitaire en cours.
Communes à fort défi sécuritaire :
En raison du blocus imposé et de la détérioration avancée des moyens d’existence, la situation alimentaire des ménages reste volatile, en particulier dans la commune de Djibo. Elle se dégrade rapidement au rythme de la suspension de l’assistance ou de l’absence d’approvisionnement du marché. Bien que les ménages aient commencé à avoir les nouvelles récoltes de légumineuses et les légumes produits autour des concessions, les céréales de base manquent sur le marché et les revenus marginaux issue des envois d’argent des proches vivant hors de la zone ne sont pas suffisants pour faire des achats informels. L’essentiel de la nourriture de base est fourni par l’assistance alimentaire qui depuis le mois d’août couvre au moins 75 pour cent des besoins de la majorité des ménages. Malgré cette présence de l’assistance, les ménages continuent de limiter à la fois les quantités au repas et le nombre de repas quotidien et sont exposés à l’insécurité alimentaire aiguë Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC).
Autres communes difficiles d’accès et de forte présence de PDI :
Dans les communes de forte présence de PDI dont l’approvisionnement dépend des convois sous escorte militaire mais où le rayon de sécurité est plus large (Titao, Arbinda, Kelbo, Gorom-Gorom, Markoye, Sebba, Barsalogho, Gayéri), la majorité des ménages ont pu produire et ont maintenant accès aux nouvelles récoltes de légumineuse principalement, mais aussi aux céréales (riz, maïs, mil). Cependant, compte tenu de l’accès limité aux marchés pour l’achat des autres besoins de base et de l’assistance parfois irrégulière, les ménages pauvres hôtes et les PDI continuent de réduire à la fois les quantités et le nombre de repas et sont exposés à l’insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC). Dans les régions auxquelles appartiennent ces communes, les données disponibles sur les admissions d’enfants souffrant de malnutrition aigüe dans les centres de santé indiquent une augmentation des cas de malnutrition aigüe sévère (MAS) et de décès au cours de 2024 comparativement à 2023. Les cumuls des cas de MAS entre janvier et septembre dans les régions du Sahel et de l’Est en particulier ont accru respectivement de 54 pour cent et 62 pour cent et les cas de décès respectivement de 134 pour cent et 200 pour cent par rapport à la même période de l’année passée. Outre la dégradation de la consommation alimentaire, les ruptures fréquentes en intrants nutritionnels dans les centres de santé limitent la prise en charge adéquate de la malnutrition. De plus, la dégradation du contexte sécuritaire limite fortement la mise en œuvre des interventions de prévention et de dépistage de la malnutrition à base communautaire, ainsi certaines activités essentielles de santé telles que la vaccination et la supplémentation en micronutriments, entre autres.
Les communes de Diapaga et Kantchari, dans la région de l’Est vivent aussi les conséquences sévères du blocus imposé en début d’année 2024. Cependant, la dégradation des moyens d’existence est moindre que dans la commune de Djibo où le blocus dure maintenant plus de deux ans. Une large partie de la population y a aussi accès aux nouvelles récoltes de maïs et de légumineuses en plus de l’assistance qui touche au moins 75 pour cent des besoins pour la majorité des ménages. Les ménages hôtes pauvres et les PDI dans ces communes vivent une insécurité alimentaire aiguë de Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC).
Centres urbains :
Le niveau élevé des prix des denrées de base et les revenus insuffisants issues des activités informelles au ralenti ou de main-d’œuvre dégradent l’accès alimentaire des ménages pauvres dans les grands centres urbains. Ces ménages sont contraints de réduire la quantité et/ou la qualité des repas en recourant aux aliments moins chers. Les ménages pauvres, y compris les PDI sont exposés à l’insécurité alimentaire aiguë de Stress (Phase 2 de l’IPC).
Zones de production relativement calmes au sud et à l’ouest :
Dans ces zones, les nouvelles récoltes, notamment le niébé, le fonio, le maïs constituent la principale source de nourriture des ménages pauvres. Malgré quelques menaces sécuritaires caractérisées par le pillage du bétail par les GAT, la plupart des ménages pauvres arrivent à préserver leur moyen d’existence en vendant les récoltes d’arachide, de niébé et de légumes ou par le déstockage typique de volailles ou de petits ruminants. La majorité des ménages pauvres sont en une insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l’IPC).
La prochaine étape du processus d'élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à développer des suppositions fondées sur des preuves sur les facteurs qui affectent les conditions de sécurité alimentaire. Cela inclut les dangers et les anomalies dans les conditions de sécurité alimentaire qui affecteront l'évolution de l'alimentation et des revenus des ménages au cours de la période de projection, ainsi que les facteurs qui pourraient affecter l’état nutritionnel. FEWS NET développe également des suppositions sur les facteurs censés se comporter normalement. Ensemble, ces suppositions sous-tendent le scénario « le plus probable ». La séquence de formulation des suppositions est importante ; les suppositions primaires (par exemple, les attentes relatives aux conditions météorologiques) doivent être élaborées avant les suppositions secondaires (par exemple, les attentes relatives à la production agricole ou animale), les suppositions qui sous-tendent cette analyse et les principales sources de preuves utilisées pour élaborer les suppositions sont énumérées ci-dessous : ces listes ne sont pas exhaustives.
Suppositions nationales
Situation sécuritaire :
Les exactions et menaces des GAT pourraient se poursuivre et continuer de limiter l’accès des populations aux sources habituelles de nourriture et de revenu. Aussi, les flux internes en général, et la régularité des convois d’approvisionnement vers les localités des régions du Sahel, du Nord, du Centre-Nord et de l’Est en particulier pourraient être perturbés.
La production agricole :
Nonobstant les pertes localisées de cultures suite aux inondations, les productions agricoles devrait être globalement au-dessus de la saison passée et de la moyenne quinquennale grâce au renforcement du soutien du Gouvernement aux producteurs et aussi à la fin tardive de la saison des pluies ayant permis de rattraper le retard dans l’installation de la campagne. Cependant, dans la région du Sud-Ouest, le plus touchée par les séquences sèches en début de saison, et dans les régions où l’accès aux champs reste limité du fait de l’insécurité (Sahel, Est et Centre-Nord), les productions attendues pourraient être inférieures à la moyenne des cinq dernières saisons.
La production de contre-saison :
L’insécurité va continuer de limiter l’accès à des sites de productions, principalement dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du Nord, du Centre-Nord, du Sahel et de l’Est, en dépit des dispositions de sécurisation mise en place. Les productions attendues devraient être supérieures à celles de l’année précédente, mais inférieures à la moyenne.
La macroéconomie:
L'économie burkinabè devrait enregistrer une croissance significative de son inflation en 2024 et 2025, se terminant à 5,3 et 5,5 pour cent respectivement (après 3,6 pour cent en 2023 et 1,8 pour cent en 2022) soutenue par des prix des matières premières favorables, en particulier l'or (BIDC). L’inflation devrait rester importante en premier lieu en raison du maintien des prix des produits de première nécessité à des niveaux élevés et de l’impact négatif des cours mondiaux sur les prix domestiques. Une hausse supplémentaire de prix des produits importés pourrait intervenir en raison de l'augmentation éventuelle de frais illicites et des taxes douanières payés aux frontières à partir du mois de janvier, période d’entrée en vigueur du retrait du pays de la CEDEAO.
Fonctionnement des marchés :
En dépit d’une hausse prévue de la production céréalière par rapport à l’année précédente, l’offre sur les marchés sera moyenne a en-dessous de la moyenne. En plus de la quasi-inexistence de stocks reports des commerçants, la baisse anticipée de la production au niveau des pays voisins et des restrictions commerciales à travers la région vont négativement impacter sur l’offre céréalière au niveau national.
Les flux internes resteront marqués par les difficultés d’accès aux zones déficitaires dans le Nord, le Sahel, le Centre-Nord et l’Est. Les flux sortants, en particulier du maïs vers le Niger, pourraient demeurer plus importantes que d’habitude en raison du maintien de la fermeture de la frontière Niger-Bénin et aussi des mesures de restrictions des exportations prises par le Bénin et le Nigéria, les deux principaux corridors pour l’approvisionnement du Niger en situation normale.
La demande globale sera supérieure à la moyenne et dominée par celles des institutions et des commerçants pour la reconstitution des stocks dont les niveaux sont au plus bas et cela pourrait susciter des besoins d’achat plus élevés que d’habitude entre novembre et mai. La demande des ménages restera typique sur toute la période, en particulier dans les zones du sud et de l’ouest relativement calmes où la principale source de nourriture restera la propre production, toutefois les prix resteront au-dessus de la moyenne (Figure 5).
Figure 5
Source: Estimations de FEWS NET à partir des données de SIM/SONAGESS, Burkina Faso
Offre et demande de bétail sur les marchés :
Dans les zones à vocation pastorale au nord, plus impactées par le dysfonctionnement général lié à la situation sécuritaire, plusieurs marchés resteront fermés et d’autres continueront de fonctionner à minima. Dans ces zones, l’offre d’animaux demeurera en dessous de la moyenne sur la majorité des marchés du Sahel et de l’Est. Pour les marchés relativement plus accessibles et qui sont désormais des pôles de redirection des acheteurs situés dans le centre et le sud du pays (Pouytenga, Kaya, Ouagadougou, Fada, Guelwongo), l’offre sera au-dessus de la moyenne. La demande en bétail restera similaire à la moyenne. Des flux sortants de petits ruminants en direction du Ghana et de gros ruminants vers la Côte d’Ivoire continueront d’être négativement affectés par l’insécurité, mais aussi par les frais non formels aux frontières. Cependant, la demande d’animaux, notamment en zones urbaines, pourrait croitre pendant les fêtes de fin d’année et les fêtes religieuses et favorisera des prix supérieurs à leurs moyennes saisonnières entre octobre et mai.
Revenus agricoles :
Les revenus agricoles seront globalement au-dessus de leur niveau de l’année précédente et de la moyenne dans les zones de production entre octobre et janvier. En revanche, dans les zones plus touchées par l’insécurité, les revenus agricoles seront en-dessous de la moyenne entre octobre et mai du fait de la baisse des productions et de l’absence d’acheteurs potentiels.
Revenus non agricoles :
L’inaccessibilité des sites d’or et le maintien des mesures d’interdiction de l’orpaillage liées à la situation sécuritaire continueront d’affecter négativement les revenus tirés de cette activité. Dans les régions du sud et de l’ouest relativement calmes, les activités d’orpaillage, de petit commerce et de construction seront les principales sources de revenus des ménages hôtes et de PDI ou migrants, ayant fui les zones d’insécurité, mais à des volumes réduits par rapport à la moyenne en raison de la baisse de la demande. Les revenus issus de transferts de migrants et de la diaspora connaîtront une hausse du fait du recours de plus en plus important à cette source par les ménages. L’ensemble de ces revenus seront en-dessous de la moyenne avant la crise.
Suppositions pour la commune de Djibo dans la province du Soum
Insécurité :
Les GAT tenteront de maintenir une pression autour de la ville de Djibo, caractérisée par des attaques sporadiques et une limitation sévère du mouvement de biens et de personnes. Il est probable que les menaces sécuritaires continuent d’empêcher l’approvisionnement régulier du marché par escorte militaire et d’entraver aussi la livraison adéquate de l’assistance pour la commune.
Production agropastoral :
La production agricole, notamment celle des légumineuses, devrait être supérieure à celle des deux campagnes agricoles précédentes en raison de l’intensification des productions de case et de l’exploitation du périmètre du barrage et de la bonne pluviométrie enregistrée. En raison du maintien de l’interdiction des cultures hautes, la production du mil devrait rester marginale. A partir du mois de novembre, les ménages (au moins 40 pour cent selon les informateurs clés) pourront comme la saison écoulée, s’engager dans les activités de production maraîchère autour du barrage. Sur le plan pastoral, la production sera très faible en raison de la quasi inexistence du cheptel précédemment pillé et déstocké du fait de l’insécurité. En outre, l’accès aux activités pastorales demeurent très limité.
Fonctionnement des marchés :
Les principaux marchés agricoles de la province resteront tributaires des approvisionnements par convois sous escortes militaire. Avec la fin de la saison, le marché de Djibo en rupture de céréales depuis le mois de juillet 2024, pourrait être approvisionné d’ici le mois de décembre 2024. Les prix des denrées pourraient alors être légèrement en dessous de la moyenne des deux dernières années entre octobre 2024 et mai 2025 mais rester substantiellement supérieurs à leur niveau normal d’avant blocus. Outre la faiblesse de l’offre, le coût élevé du transport contribuera à maintenir les prix à un niveau élevé.
Suppositions dans les autres zones d’accès difficiles
Insécurité :
En dépit des actions offensives et de sécurisation menées par les FDS et VDP, les GAT tenteront de maintenir une pression, notamment autour des communes de Gorom-Gorom, Markoye, Sebba, Arbinda (dans la région du Sahel), Titao (dans le Nord), Kompienga et Gayéri (dans la région de l’Est). Les mouvements des populations resteront limités dans ces communes et leur approvisionnement nécessiteront des convois sous escortes.
Production agropastoral :
Les mesures prises pour augmenter les superficies emblavées cette année devraient accroître la production agricole dans ces zones par rapport à la saison précédente, mais malgré les hausses attendues, les récoltes demeureront insuffisantes. Le bon niveau de remplissage des retenues d’eau favorisera les activités de productions maraîchères entre novembre 2024 et mai 2025 autour des sites accessibles, notamment dans les communes de Titao, Gorom-Gorom, Arbinda, Kompienga.
Fonctionnement des marchés :
L’approvisionnement des marchés restera tributaire des convois sous escortes militaire. Avec la fin de la saison, les marchés en rupture de céréales pourraient être approvisionnés d’ici le mois de décembre 2024. L’utilisation de voies de contournement favoriserait comme l’année passée, l’approvisionnement de certains marchés, tels les marchés de Dori, Gorom-Gorom, Markoye et Seytenga, sans convois militaire. En outre, la baisse de la demande en vivres grâce à la disponibilité des récoltes permettra un recul de la pression sur l’offre du marché. Toutefois, les prix des denrées de base resteront plus élevés que les moyennes nationales et au-dessus de leurs moyennes saisonnières entre octobre 2024 et mai 2025 en raison des coûts de transports très élevés.
Suppositions pour la commune de Diapaga dans la province de la Tapoa
Insécurité :
La situation sécuritaire pourrait demeurer préoccupante dans cette zone transfrontalière où les GAT cherchent à avoir le contrôle des routes de contrebande. La pression des GAT autour des villes de Diapaga et de Kantchari va persister, limitant ainsi les mouvements de populations et les échanges avec les autres communes de la province.
Production agropastorales :
L’accroissement de l'insécurité entraînera des baisses significatives des récoltes attendues dans les communes de Diapaga et Kantchari par rapport à la campagne précédente et à la moyenne, malgré les contre-mesures.
Fonctionnement des marchés :
Le dysfonctionnement des principaux marchés de Kantchari et de Diapaga persistera en raison de leurs dépendances aux convois sous escortes militaire dont les délais peuvent atteindre six mois. La fin de la saison des pluies en octobre pourrait favoriser l’approvisionnement du marché de Diapaga. Avec la baisse de la production et les difficultés liées à l’approvisionnement du marché, les prix des produits de base seront au-dessus de la moyenne jusqu’en mai 2025.
L’absence d’acheteurs potentiels limitera les ventes d’animaux, ce qui impactera négativement sur les revenus des pasteurs, pendant toute la période du scénario.
Suppositions dans les zones urbaines et de concentrations de PDI
Flux migratoire vers les villes :
Malgré le nombre important de retours de populations dans leurs localités d’origine enregistré entre janvier et septembre 2024, les centres urbains vont continuer d’accueillir de nouveaux déplacés et des migrants fuyant les blocus qui durent dans les zones à fort défi sécuritaire. Ces mouvements de populations vers les villes pourraient se poursuivre au cours des prochains mois et continuer à accroitre le nombre de personnes à la recherche d’opportunités de travail.
Prix des produits de base :
En dépit de la hausse attendue de la production nationale, la concurrence pour la reconstitution des stocks institutionnels et privés dans un contexte de ralentissement des flux entrants en provenance des pays côtiers et de coûts élevés de transport, va maintenir les prix des denrées de base au-dessus de leurs moyennes saisonnières.
Assistance alimentaire humanitaire
Supposition nationale
Malgré une baisse saisonnière de l'aide humanitaire entre octobre et décembre, les partenaires humanitaires continueront à fournir une assistance aux zones les plus touchées du nord du Burkina Faso, où l'aide humanitaire est la principale source de nourriture pour la plupart des ménages pauvres. Dans les zones à proie à l’insécurité et dont l’approvisionnement des marchés est conditionné par les convois escortés, la voie aérienne demeurera le moyen privilégié pour l’acheminement de l’aide alimentaire. Depuis la suspension par les autorité des programmes de transfert monétaire direct aux populations, de nombreux acteurs humainitaires se heurtent à des contraintes logistiques en plus des contraintes financières et sécuritaires. L’assistance pourrait rester en-dessous de son niveaux moyen au cours des cinq dernières années.
Les planifications de l’assistance humanitaire pour 2025 ne sont pas encore finales, par conséquent, l'aide humanitaire n'est pas prise en compte dans l'analyse pour la période janvier-mai 2025.
| Principales sources de données | ||
|---|---|---|
| BAD, l’Agence de la Météorologie Nationale (ANAM), septembre 2024 | Analyse des conflits et prévisions produites par ACLED, septembre 2024 | Base de données sur les prix des céréales par le SIM SONAGESS, septembre 2024 |
| Rapport des informateurs clé de septembre 2024 | Base de données de la Direction de la nutrition du ministère de la Santé (DN, septembre 2024) | Base de données sur les Prix du bétail (SIMB/DGESS MARAH, septembre 2024) |
| Compte rendu de la réunion mensuel du Cluster sécurité alimentaire (CLUSTER SECAL, septembre 2024) | Prix des denrées de grande consommations (Ministère du Commerce, juin 2024) | Rapports conjoints de suivi de la campagne agricole et de la situation alimentaire (SAP, juillet et septembre 2024) |
En utilisant les suppositions clés qui sous-tendent le scénario « le plus probable », FEWS NET est alors en mesure de projeter les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë avec un niveau de confiance raisonnable en évaluant l’évolution de la capacité des ménages à satisfaire leurs besoins caloriques minimaux tout au long de la période de projection. Semblable à l’analyse des résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë, FEWS NET fait converger les attentes concernant la trajectoire probable de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l’évolution des moyens d’existence avec l’état nutritionnel et de la mortalité au niveau de la zone. FEWS NET classe alors les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Enfin, FEWS NET utilise le symbole de « ! » pour désigner les zones dans lesquelles la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d’au moins une Phase IPC sans les effets de l’assistance alimentaire planifiée – et susceptible d’être financée et fournie.
Communes à fort défi sécuritaire :
Dans la commune de Djibo, l’accès des ménages aux sources de revenus habituelles et aux services sociaux de base demeura limité en raison de la persistance des menaces des GAT. Malgré une baisse saisonnière probable des rations d'aide humanitaire, les partenaires continueront probablement à donner la priorité à Djibo, étant donné que l'aide humanitaire a été la principale source de nourriture pour la plupart des ménages. Les informateurs clés indiquent que la baisse probable de la population de Djibo suite à l’utilisation des convois de retour pour quitter la ville, a eu pour conséquence qu'une plus grande partie de la population a reçu une ration probablement plus importante que prévu. Cela aurait permis à certains ménages d’être en mesure de conserver des stocks marginaux d'aide alimentaire en cas de rupture potentielle, comme ce fut le cas les années précédentes.
L'accès aux champs s'est amélioré cette année, avec un rayon de sécurité plus large autour de Djibo, ce qui s'est traduit par une meilleure production pour la saison 2024/25 que les deux années précédentes. Cependant, la production reste limitée à la production de légumes ou à la production de céréales à petite échelle autour des cases et le long du barrage. Les stocks marginaux issus des nouvelles récoltes ne devraient suffire que pour un à trois mois de consommation. Les achats sur le marché resteront limité compte tenu des pénuries actuellement observées et des prix des produits de base qui resteront hors de portée des ménages en dépit des concertations entre les autorités locales et les commerçants pour réduire les mesures spéculatives.
La disponibilité des aliments produits par les ménages eux-mêmes est susceptible d’améliorer les résultats de la sécurité alimentaire entre octobre 2024 et janvier 2025. Cependant, étant donné les niveaux importants et soutenus de l’assistance alimentaire et l'absence d'un marché fonctionnel — ainsi que des contraintes d'accès humanitaire qui entravent les évaluations de terrain permettant habituellement de clarifier la contribution relative de chaque source de nourriture — il est difficile de déterminer dans quelle mesure l’amélioration des pires résultats jusqu’à la Crise (Phase 3 de l’IPC), est attribuable à la production ou à l’assistance humanitaire.
Entre février et mai 2025, les stocks de la propre production ne seront plus disponibles. Toutefois, les ménages pauvres pourront s’engager dans la production maraîchère. Bien que cette production serait principalement autoconsommée, elle ne suffira pas pour compenser les écarts dus à l’absence de la nourriture de base. Les revenus marginaux générés du petit commerce et de l’auto-emploi (condiments, vente de bois ou charbon, vente de l’eau) et des transferts monétaires des proches ne suffiront pas non plus pour réaliser des achats suffisants à prix élevé sur le marché. En l’absence d’assistance alimentaire suffisante, la situation alimentaire des ménages pauvres va se dégrader. Des écarts sévères de consommation exposeront les pauvres de la commune de Djibo à l’Urgence (Phase 4 de l’IPC).
Autres communes difficiles d’accès et de forte présence de PDI :
Dans les communes de Titao, Arbinda, Kelbo, Gorom-Gorom, Markoye, Sebba, Barsalogho, Gayéri, l’accès des ménages aux champs ainsi qu’aux autres sources marginales de revenu et de nourriture est meilleur comparé à la commune de Djibo. Ainsi, avec des productions meilleures que l’année passée, la propre production devrait être la principale source de nourriture des ménages pauvres entre octobre 2024 et janvier 2025. Cependant, les ménages pauvres et les PDI, dont les avoirs liés aux moyens d’existence sont faibles, vont employer des mesures de prudence pour prolonger au mieux la durée de leurs stocks. La limitation des quantités et du nombre de repas continuera d’exposer les ménages à l’insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC).
Entre février et mai 2025, la propre production va s’épuiser. La production maraîchère pourrait constituer une source complémentaire mais pas suffisante, en particulier dans les communes de Titao, Arbinda et Gorom-Gorom. Les revenus issus de l’orpaillage (Arbinda, Markoye, Sebba), de la vente de l’eau et du fourrage et les transferts des proches de l’extérieurs ne seront pas assez pour faire des achats à prix élevé sur les marchés. L’insécurité alimentaire aiguë de Crise (Phase 3 de l’IPC) pourrait toucher la majorité des ménages dans ces communes.
Dans la région de l’Est, Diapaga et Kantchari restent sous menace de blocus. Aussi, bien que l'insécurité ait limité l'approvisionnement des convois à Diapaga, qui a maintenant passé six mois sans céréales sur le marché, le rayon de sécurité autour des communes et les possibilités d'activités agricoles sont relativement meilleurs que dans les autres communes situées plus au nord du pays. Avec les récoltes en cours et l'assistance humanitaire qui se poursuivra probablement jusqu'en décembre, les ménages pauvres de la commune de Diapaga vivront une insécurité alimentaire aigue de Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC). Comme les stocks des ménages commenceront à s'épuiser au début de 2025, la production de contre-saison ne suffira pas à combler les déficits de consommation alimentaire. En l'absence d'aide humanitaire, la situation alimentaire va se dégrader et mes ménages pauvres seront exposés à Crise (Phase 3 de l’IPC) entre février et mai.
Le fonctionnement à minima et la fermeture de formations sanitaires continueront de limiter l’accès des populations aux services de soins. En outre, les difficultés d’approvisionnement en intrants nutritionnels limitera les actions de prévention et de prise en charge adéquate des cas de malnutrition. Avec la dégradation de la situation alimentaire, il est probable que les niveaux d’admission de MAS et de décès atypiquement élevés observés depuis le début de l’année se maintiennent dans ces zones entre octobre 2024 et mai 2025.
Centres urbains :
Il n’est pas attendu un changement significatif dans les revenus des ménages pauvres en milieu urbain entre octobre 2024 et mai 2025. Les revenus, principalement issu du petit commerce et de la main-d’œuvre et négativement impactés par la conjoncture nationale, resteront en-dessous de la normale. Le niveau des prix des denrées de base au-dessus de leurs moyennes saisonnières continuera de limiter les pouvoir d’achat et l’accès typique des ménages pauvres à l’alimentation. Sur toute la période, les ménages pauvres resteront exposés à l’insécurité alimentaire aiguë de Stress (Phase 2 de l’IPC).
Zones de production relativement calmes au sud et à l’ouest :
Avec des perspectives de récoltes supérieures à la moyenne, excepté dans quelques localités de la région du Sud-Ouest, les ménages pauvres devraient avoir une alimentation typique basée principalement sur leur propre production entre octobre 2024 et mai 2025. Les revenus supérieurs à la moyenne principalement de la vente des récoltes entre octobre et janvier et de la vente des productions maraîchères et des PFNL entre février et mai contribueront à préserver ou à la reconstitution progressive des moyens d’existence, en particulier au profit des ménages retournés dans leur localités d’origine avant l’installation de la saison. Dans l’ensemble, les ménages pauvres demeureront en insécurité alimentaire aiguë de Minimale (Phase 1 de l’IPC) pendant toute la période.
Même si les projections de FEWS NET se concentrent sur le scénario « le plus probable », ce scénario repose sur une série de suppositions. Le niveau de confiance dans ces suppositions varie et il existe toujours un certain degré d’incertitude dans les prévisions à long terme, ce qui signifie que les conditions de la sécurité alimentaire et leurs impacts sur les résultats aigus de la sécurité alimentaire peuvent évoluer différemment de ce qui était initialement prévu. FEWS NET publie des mises à jour mensuelles de ses projections, mais les décideurs ont besoin d'informations préalables sur cette incertitude et d'une explication des raisons pour lesquelles les choses peuvent se dérouler différemment de ce qui était prévu. En tant que tel, la dernière étape du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à identifier brièvement les événements clés qui aboutiraient à un scénario alternatif crédible et modifieraient considérablement les résultats projetés. FEWS NET considère uniquement les scénarios qui ont une chance raisonnable de se produire.
National
Dégradation de la situation sécuritaire
Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : Une détérioration de la situation sécuritaire pourrait davantage réduire les mouvements de populations à leurs accès aux sources de revenu et de nourriture disponibles. Cette situation pourrait également conduire à une augmentation du nombre de PDI. En outre, les longs délais de ravitaillement des marchés par escorte limiteraient davantage la livraison de l’assistance et entraînera une pression de la demande sur les marchés qui engendrerait des niveaux atypiques de prix et des ruptures de denrées. Dans ce cas, les ménages pauvres surtout dans les zones où le blocus perdure et dont les avoirs sont déjà érodés feront face à des déficits extrêmes de consommation et seront en Urgence (Phase 4 de l’IPC) voire pire.
Zones à fort défi sécuritaire
Amélioration de la situation sécuritaire
Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : Une amélioration de la situation sécuritaire pourrait permettre plus d’accès des ménages à certaines sources de revenu (orpaillage, collecte et vente de bois et de charbon) et de nourriture (produits de cueillette et maraîchère). Cela favorisera aussi l’approvisionnement des marchés, la livraison de l’assistance alimentaire et une diminution des prix des denrées de base. Une baisse de la population qui fait face aux résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) et d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) sont probables avec l’amélioration de l’accès alimentaire, toutefois, la reconstitution des moyens d’existence demanderait plus de temps.
Une accentuation du blocus
Impact probable sur les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë : Une détérioration de la situation sécuritaire pourrait accentuer le blocus et entraîner l’arrêt de la livraison de l’assistance alimentaire de même que l’approvisionnement des marchés. Les réserves marginales de vivres issues de la production maraîchère et des distributions gratuites précédentes ne seront pas suffisantes pour empêcher des écarts importants de consommation chez les ménages et ils seront exposés à une insécurité alimentaire d’Urgence (Phase 4 de l’IPC).
Province de Soum de la Région du Sahel, Zone de moyens d’existence BF07 : Nord et Est Bétail et Céréales (Figure 6)
Figure 6
Source: FEWS NET
La raison du choix de cette zone : La province a été la première à être touchée par les attaques des GAT au début de la crise sécuritaire en 2015. Depuis ce temps, elle est sous menace terroriste avec plusieurs incidents engendrant des fatalités. La dégradation de la situation dans la province en 2022 a occasionné le déplacement des populations des communes rurales vers les principales villes que sont Djibo, Arbinda et Kelbo. La ville de Djibo, sous blocus depuis février 2022 comptait environ 270 000 PDI selon les chiffres du Gouvernement au 31 mars 2023. Les avoirs en bétail, principale source de revenu des ménages se sont érodés, tandis que le marché à bétail est fermé faute d’animaux et d’acheteurs et l’approvisionnement de la ville est conditionné par des convois militaires qui ne sont pas réguliers. Après l’attaque d’envergure perpétré par les GAT le 26 novembre 2023, des opérations de ratissage et de sécurisation par les FDS et VDP ont permis de baisse la pression autour de la ville de Djibo, mais les menaces persistent et les mouvements restent limités. Avec la persistance du blocus, des départs de populations se produisent à chaque occasion de retour des convois. Depuis le début du blocus, la situation alimentaire est volatile et se dégrade lorsque l’approvisionnement du marché dépasse quatre mois et lorsque l’assistance alimentaire connaît une rupture prolongée.
| Période d’analyse : | Octobre 2024 à Janvier 2025 | Février à Mai 2025 |
|---|---|---|
| Classification la plus élevée au niveau de la zone | Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) | Urgence (Phase 4 de l’IPC) |
| Classification la plus élevé au niveau du ménage | Catastrophe (Phase 5 de l’IPC) | Catastrophe (Phase 5 de l’IPC) |
Les tentatives d’incursion des GAT se poursuivent dans la province, principalement autour de la ville de Djibo, ce qui limite les mouvements des populations restées sur place. L’approvisionnement des marchés est toujours conditionné par les convois militaires, dont le dernier a eu lieu en mi-avril 2024. Toutefois, depuis le mois de juillet, le marché de Djibo était en rupture de céréales. La vente à prix subventionné de plus de 400 tonnes de vivres débuté en avril 2024 a laissé place aux distributions gratuites de vivres par le Gouvernement et les partenaires, en occurrence le PAM. Malgré la faiblesse de l’offre jusqu’à sa rupture, les prix sont demeurés en dessous de leurs niveaux de 2022 et de 2023 en juin (Figure 7). Cette baisse des prix est principalement liée aux mesures prises par le Gouvernement afin de limiter les pratiques spéculatives. Toutefois, avec la rupture en approvisionnement du marché, des ménages sont parfois contraints de recourir à des commerçants ou particuliers disposant de réserve vendu à prix exorbitants.
L'aide humanitaire reste essentiellement acheminée par hélicoptère, ce qui demeure coûteux et difficile sur le plan logistique. Le retard dans la mise en œuvre des programmes de soudure cumulée à leurs larges couvertures permettra aux ménages de disposer de vivres issus de l’aide alimentaire jusqu’en décembre. En plus de l’assistance alimentaire, l’accès des ménages à leur propre production, bien qu’insuffisante pour satisfaire au-delà de trois mois de besoin, contribuera à réduire les écarts importants de consommation sur toute la période.
Les ménages continueront de recourir aux transferts d’argent de parents migrants ou de proches vivant hors de Djibo comme principale source de revenus. Ces revenus seront complétés par ceux issus de la vente de l’eau et de l’herbe. Les revenus issus du petit commerce resteront très faibles jusqu’à l’arrivée du prochain convoi. Les difficultés liées à la collecte du bois justifient l’indisponibilité de cette source. En effet, lorsque les marchés sont approvisionnés, les ménages arrivent à relancer le petit commerce et à satisfaire d’autres besoins de base non couvert par l’assistance (sucre, thé et savon, entre autres). A Arbinda, où le transfert d’argent sont moins importants, les ménages auront recours à l’orpaillage en compléments aux transferts reçu pour prendre en charge les besoins non couverts par l’assistance.
L’approvisionnement des marchés restera tributaire des convois militaires. Le niveau de l’offre restera faible et en dessous de la moyenne en raison d’une part, de l’irrégularité des convois, et d’autre part, du fait des coûts élevés de transport qui limitent l’approvisionnement par les commerçants locaux. La disponibilité des produits de maraîchage à partir de janvier 2025 contribuera à réduire les écarts extrêmes de consommation chez les ménages.
La disponibilité des aliments produits par les ménages eux-mêmes est susceptible d’améliorer les résultats de la sécurité alimentaire entre octobre 2024 et janvier 2025. Cependant, étant donné les niveaux importants et soutenus de l’assistance alimentaire et l'absence d'un marché fonctionnel — ainsi que des contraintes d'accès humanitaire qui entravent les évaluations de terrain permettant habituellement de clarifier la contribution relative de chaque source de nourriture — il est difficile de déterminer dans quelle mesure l’amélioration des pires résultats jusqu’à la Crise (Phase 3 de l’IPC), est attribuable à la production ou à l’assistance humanitaire. Cependant, à mesure que les stocks s’épuisent vers le début de l’année 2025, en l'absence d'un marché fonctionnel, l'aide humanitaire sera nécessaire pour atténuer l'émergence de l’Urgence (Phase 4 de l’IPC) à partir de février. Entre février et mai, les stocks de la production pluviale ne seront plus disponibles et les légumes produits autour du barrage ne seront pas suffisants pour combler l’absence de la nourriture de base. En l’absence d’assistance, les écarts importants de consommation pourraient alors exposer les ménages pauvres à l’Urgence (Phase 4 de l’IPC). Une faible proportion de ménages restera exposé à la Catastrophe (Phase 5 de l’IPC).
Citation recommandée: FEWS NET. Burkina Faso Perspectives sur la sécurité alimentaire Octobre 2024 - Mai 2025: Persistance des résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) à pire dans les zones à fort défi sécuritaire, 2024.
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.