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Le conflit continue de provoquer une grave insécurité alimentaire dans le nord du Burkina Faso. Dans les zones sous blocus, notamment les provinces du Soum, du Yagha et de l’Oudalan, les récoltes en cours ne sont pas suffisantes pour empêcher les écarts extrêmes sur la consommation. L’approvisionnement des marchés n’est pas régulier et la délivrance de l’assistance n’est pas adéquate. Du fait de l’érosion des avoirs, les ménages hôtes pauvres et de PDIs font face à l’Urgence (Phase 4 de l’IPC). Dans les communes inaccessibles de Djibo, Kelbo, Arbinda, Tin-Akoff, Déou, et Sebba, FEWS NET prévoit qu’un pourcentage minimal de ménages très pauvres et pauvres ont de déficits alimentaires extrêmes et une destruction de leurs avoirs relatifs aux moyens d’existence en raison de dysfonctionnement des marchés, la mobilité limitée et la capacité limitée ou inexistante à s'engager dans des activités de subsistance typiques et sont en Catastrophe (Phase 5 de l'IPC). Entre février et mai, il est probable que les migrations forcées par manque de nourriture s’intensifient et que les cas de malnutrition aigüe sévère s’aggravent, augmentant la proportion de populations en en Catastrophe (Phase 5 de l’IPC).
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Les exactions des groupes armés militants n’ont pas connu de répit comme c’est généralement le cas pendant les mois les plus pluvieux. Au contraire, ces groupes continuent de démontrer leur capacité à faire face à l’armée nationale en isolant plus de zones, en attaquant les convois de marchandises et en cherchant à consolider le contrôle des itinéraires de contrebande dans le sud. La répétition de crises socio-politiques, marquée par deux coups d’états dans huit mois, n’est pas de nature à permettre une amélioration de la situation. La fréquence et l'intensité des attaques perpétrées par les groupes militants devraient continuer à augmenter après la fin de la saison des pluies pour atteindre à nouveau des niveaux similaires ou supérieurs à l’année précèdent.
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Malgré la bonne pluviométrie enregistrée dans le pays, les récoltes en cours vont être en-dessous de la moyenne du fait de la réduction des superficies emblavées dans les zones en conflit et des baisses de rendements liées à la sous-utilisation des fertilisants minéraux. La baisse de production entrainera une baisse de l’offre de produits alimentaires par rapport à la moyenne, en particulier pour les céréales. La demande des ménages sur les marchés, en particulier les PDIs sera plus accrue au cours de la période de projection. De plus, les stocks institutionnels et privés sont présentement à leur plus bas niveau comparé à la moyenne. Il est probable que leurs besoins d’achat soit plus élevé que d’habitude, soit pour reconstituer les stocks, ou pour satisfaire les besoins humanitaires au profit des PDIs. Avec la persistance des effets induits de la crise en Ukraine, les prix des denrées de base, y compris les produits importés, vont rester au-dessus de leurs moyennes saisonnières quinquennales jusqu’en mai 2023.
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Dans l’ensemble et particulièrement dans les zones plus touchées par l’insécurité, les revenus seront en dessous de la moyenne entre octobre et mai. L’insécurité continuera de limiter la pratique des activités de production de contre-saison et l’orpaillage. Les baisses attendues de production ne permettront pas aux ménages de tirer d’avantage des prix au-dessus de la moyenne ou de tirer des marges bénéficiaires du fait des coûts de production élevés. De même, l’augmentation du prix d’achats aux producteurs de coton ne suffira pas pour compenser la baisse de production négativement impacté par la maladie des cultures.
Situation actuelle
Situation sécuritaire : Dans les régions du Nord, du Sahel, de la Boucle du Mouhoun et de l'Est, les groupes militants ont intensifié leurs efforts pour couper et isoler les communautés locales en multipliant les attaques le long des routes Ouahigouya-Titao, Kongoussi-Djibo, Kaya-Dori, Dori-Arbinda, Dori-Sebba et Fada-Kompienga (Figure 1). Alors que la saison des pluies et les inondations qui l'accompagnent ont généralement rendu plus difficile la mobilité des groupes militants, cela n’a pas été le cas pour la présente saison. En effet, la période de juillet à septembre a enregistré une recrudescence des incidents et fatalités contre les forces armées nationales et les civiles (Figure 2). Suite à un appurement et à une mise à jour de la base de données d’enregistrement, le nombre de personnes déplacées internes (PDIs) s’établit en fin septembre 2022 à environ 1,72 millions (SP/CONSUR), soit une augmentation de 22 pour cent il y a 12 mois, qui est directement lié au conflit.
Le conflit affecte de nombreux secteurs, notamment le fonctionnement du marché, les infrastructures de base et les services de santé. L’approvisionnement des marchés locaux par les commerçants est perturbé dans la plupart du nord. Les convois de marchandises et de civiles par les militaires ne sont pas aussi épargnés. Ce qui entraîne des ruptures dans l’approvisionnement et des augmentations record des prix des denrées de base. Les militants ont également intensifié leurs efforts pour saboter les infrastructures de télécommunication et les ponts. En début aout, le nombre de formations sanitaires fermées étaient de 195 contre 83 à la même période de l’année passée. Dans la région du Sahel en particulier, la fermeture concerne 65 pour cent des formations sanitaires.
Situation agropastorale : La saison des pluies s’est installée précocement ou à temps dans le pays en mai-juin 2022. La distribution des pluies a aussi été bonne entre juillet et octobre avec des cumuls saisonniers au 10 octobre globalement excédentaires comparativement à la moyenne sur la période 1991-2020 (Figure 3). Ce qui favorise la maturité des cultures, le bon développement des pâturages et le bon niveau de remplissage des retenues d’eau pour l’abreuvement du bétail et aussi la conduite des cultures de contre-saison.
Cependant, les perspectives de production pour la récolte en cours - qui a commencé en septembre - sont inférieures à la normale. La hausse du prix d’engrais de 50 à 75 pour cent comparés à la moyenne quinquennale, et la dotation tardive des subventions de l’état ont limité leur utilisation, et a négativement affecté les rendements, en particulier pour le maïs qui représente plus du tier de la production céréalière nationale. La détérioration de la situation sécuritaire a aussi entrainé une baisse des superficies emblavées en raison de l’accès difficile aux champs et de l’accroissement du nombre de déplacés internes. Par ailleurs, les attaques d’insecte de la famille des jassides entrainent une baisse importante des rendements du coton, principale culture de rente dans l’ouest du pays. Presque tous les producteurs de la zone sont affectés et la baisse de rendements pourrait atteindre 50 pour cent. Ces attaques touchent aussi les cultures de legumes feuille (gombo, aubergine, oseille), source de nourriture et surtout de revenu pour les ménages pauvres. En outre les inondations localisées le long des cours d’eau (fleuve mouhoun, Bougouriba, Bambassou) ont causé des pertes de récoltes surtout dans les régions de la Boucle du Mouhoun et du Sud-Ouest.
Situation des marchés : Depuis les récoltes de la saison dernière de 2021/2022, l’offre de produits alimentaires de base est restée en-dessous de la moyenne. La demande par les ménages et les institutions, quant à elle, a demeuré plus forte en raisons des besoins d’assistance au profit des PDI, des achats plus importants de denrées par les ménages pendant la période de soudure due à l'insuffisance des stocks d'autoproduction, des appels d’offre en cours du gouvernement (15 000 tonnes). A cela s’ajoutent des achats croissant réalisés par les brasseries et les unités d’aliments pour volaille contraints d’acheter localement compte tenu des restrictions d’importation au niveau régional (Mali, Côte d’Ivoire) ou des coûts élevés de fret au niveau international. Les nouvelles récoltes, en particulier le niébé et le maïs, sont présentes sur les marchés mais à des quantités faibles par rapport à la normale. Ainsi, des variations atypiques à la hausse des prix ont été observées au long de l’année 2022. En septembre, les niveaux de prix demeurent élevés et les variations au niveau national par rapport à la moyenne quinquennale atteingnent 66 pour cent pour le maïs, 85 pour cent pour le mil et 86 pour cent pour le sorgho. Dans les zones sous-blocus, notamment les marchés de Titao, de Djibo et de Sebba, des hausses entre 120 et 170 pour cent sont observées. Le niveau élevé des cours mondiaux de denrées alimentaires (riz, blé, huile) et non alimentaires (engrais, produits pétroliers, matériaux de construction) a aussi influé négativement sur les prix domestiques et créé une inflation record qui se situait à 18,1 pour cent au mois d’aout.
La perte des avoirs en bétail et le blocus entainent la fermeture ou le fonctionnement au ralenti des marchés à bétail dans les zones d’élevage au nord du pays. Cependant, dans les zones plus calmes, les déstockges d’animaux ont été supérieurs à la moyenne pendant la période de soudure pour faire face au prix plus que élevés des denrées et des intrants agricoles. Par exemple, sur le marché de Kaya dans la région du Centre-Nord qui reste accessible, les offres des différentes espèces ont augmenté au mois d’aout de plus de 30 pour cent par rapport à la moyenne. Malgré les hausses de l’offre, les prix sont restés 15 à 25 pour cent au-dessus la moyenne car la demande est plus soutenue en raison de l’inacessibilité des acheteurs aux marchés du nord. Sur le marché de Dori, dont le fonctionnnement est perturbé par l’insécurité, on constate une baisse des offres et des prix autour de 10 pour cent. Sur la plupart des marchés à bétail suivis dans le pays, les termes de l’échange céréales/bétail ont enregistré des baisses modérées par rapport à la moyenne quinquennale.
Situation de l’assistance alimentaire: L’assistance réalisée en aout (66 pour cent de cash) a touché 27 pour cent de la population dans chacune des provinces du Séno et du Sanmatenga et 24 pour cent de la population dans chacune des provinces du Soum et du Yagha. Ailleurs la couverture est inférieure à 20 pour cent de la population provinciale. Toutefois, compte tenu des difficultés dans l’approvisionnement des marchés et les pénuries de denrées observées sur les marchés principaux des provinces sous blocus, en particulier le Soum, le Yagha et le Loroum, la valeur de l’assistance en cash est dépassée par l'augmentation des prix des aliments de base, ce qui dilue l'impact sur la sécurité alimentaire. Du reste, cette assistance fait objet de partage volontaire, soit directement ou indirectement, pour solidarité avec les non bénéficiaires. Il est donc également difficile d’apprécier la couverture des besoins calorifiques. Par ailleurs, FEWS NET ne dispose pas d’information sur les réalisations de septembre et d’octobre qu’on anticipe faibles compte tenu de la détérioration continue de la situation sécuritaire.
Résultats actuels de la sécurité alimentaire
Dans la région du Sahel, en particulier dans les zones sous blocus, les moyens d’existence des ménages hôtes pauvres et des PDIs se sont fortement érodés après quelques années de déstockage, de pillage et d’empêchement pour l’accès aux sources habituelles de nourriture et de revenu. Les ruptures dans l’approvisionnement des marchés et dans la délivrance de l’assistance poussent les ménages à augmenter la pratique de stratégies extrêmes en se nourrissant principalement de produits de cueillette ou en augmentant la fréquence de jours sans nourriture. L’insécurité alimentaire aigue d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) persiste pour au moins 20 pour cent des ménages dans la province du Soum, dans les communes au nord de l’Oudalan (Markoye, Tin-Akoff, Déou) et dans les communes de Sebba et Solhan (province du Yagha). Dans ces zones, les informateurs clés évoquent aussi des signes visibles de malnutrition aussi bien chez les PDIs que chez les ménages hôtes pauvres, avec une augmentation de formes sévères surtout chez les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes. Selon les informateurs clés locaux issus des services techniques de l’agriculture et de la santé, ainsi que d’ONGs, les cas de décès et d’avortements sont aussi relevés plus fréquents, bien que le lien direct avec la faim ne soit pas établi. FEWS NET prévoit alors que les provinces du Soum, de l’Oudalan et du Yagha, classées en Urgence (Phase 4 de l'IPC), ont un sous-ensemble de ménages qui connaitront des écarts de consommation alimentaires extrêmes indiquant la Catastrophe (Phase 5 de l'IPC), en particulier dans les communes où l'accès à la nourriture et aux revenus et la capacité d'adaptation sont extrêmement faibles telles que Djibo, Kelbo, Arbinda, Tin-Akoff, Déou, Sebba, Solhan.
Dans les régions de l’Est, du Centre-Nord, du Nord et de la Boucle du Mouhoun, les impacts du conflit sont moins graves, mais les menaces et exactions des groupes militants continuent de limiter l’accès aux sources habituelles de revenu et d’entrainer une pression sur les moyens d’existence. La plupart de ces zones sont en Stress (Phase 2 de l’IPC), mais dans les zones de forte présence de PDIs représentant au moins 20 pour cent de la population, en particulier les provinces du Loroum et du Sanmatenga, les résultats de la Crise (Phase 3 de l’IPC) existent. Les ménages pauvres hôtes et les PDIs recourir à des stratégies néfastes en réduisant les quantités et le nombre de repas pris par jour et en limitant la consommation des adultes au profit des enfants, et ces stratégies ne permettent pas aux ménages de combler le gap dans leur consommation. Les enquêtes SMART réalisées en juillet dans les communes de Kaya et de Pissila (province du Sanmatenga), montre des niveaux de MAG au-dessus du seuil d’alerte (Direction de la Nutrition).
Dans les régions plus calmes au sud du pays, Les récoltes en cours contribuent à renforcer l’accès alimentaire et à favoriser une consommation alimentaire typique en particulier, et la plupart des régions sont dans qui restent en Minimale (Phase 1 de l’IPC). Néanmoins, dans la capitale, la dégradation du pouvoir d’achat contraint les ménages pauvres à réduire la diversité et la quantité des aliments consommés. Ces derniers sont exposés à l’insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 de l’IPC).
Suppositions
Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire d’octobre 2022 à mai 2023 se base sur des suppositions fondamentales suivantes, par rapport à l’évolution du contexte national :
- Evolution de la situation sécuritaire : La fréquence et l'intensité des attaques perpétrées par les groupes militants devraient continuer à augmenter après la fin de la saison des pluies pour atteindre à nouveau des niveaux similaires ou supérieurs à l’année passée jusqu’en mai 2023. Les violences contre les populations civiles devraient continuer à engendrer des déplacements internes surtout dans les régions du Nord, du Sahel, du Centre-Nord et de l’Est. Par ailleurs, les efforts des groupes militants visant à consolider le contrôle des itinéraires de contrebande dans le sud (frontières burkinabé-ivoiriennes et burkinabé-togolaises) sont susceptibles d'alimenter les attaques au moins jusqu’en mai. La répétition de crises socio-politiques n’est pas de nature à permettre une amélioration de la situation. La première moitié de l'année 2023 devrait en outre voire une augmentation continue de l'activité militante et une nouvelle expansion dans les régions du sud-ouest du pays, menaçant de plus en plus les centres urbains, notamment Dédougou et Solenzo (région de la Boucle du Mouhoun), Koundougou (région des Hauts-Bassins) et Banfora (région des Cascades).
- Perspectives de récoltes : En dépit d’une bonne pluviométrie, la réduction des superficies emblavées du fait des contraintes physiques d’accès à la terre et l’augmentation du nombre de PDI du fait de l’insécurité, la réduction et/ou la substitution des superficies de maïs (occupant ces 5 dernières années plus du tiers de la production céréalière) par les légumineuses en raison des difficultés d’accès aux engrais, les dotations tardives des producteurs en engrais n’ayant pas permis le respect du calendrier de leur utilisation et pouvant affecter négativement les rendements, sont les principaux facteurs limitants qui pourront entrainer une baisse de la production agricole en générale et de la production céréalière en particulier comparativement à la moyenne quinquennale.
- Perspectives de production cotonnière : Les pertes de rendement de coton pourraient atteindre au moins 50 pour cent. La baisse de production va entrainer une baisse significative des revenus issus de la vente, malgré l’augmentation cette saison de 10 pour cent du prix d’achat aux producteurs par rapport à l’année. Les producteurs de coton sont également les grands producteurs de maïs, car bénéficiant généralement des engrais subventionnés pour les deux cultures. Au regard des revenus qui seront insuffisants pour rembourser les crédits contractés pour les intrants, il est probable que ces producteurs, augmentent les prix de vente de leurs maïs. Ils pourraient aussi réduire la demande de main-d’oeuvre agricole pour la préparation des champs entre février et mai.
- Perspectives de production de contre-saison: Le bon niveau de remplissage des retenues d’eau devrait permettre aux producteurs de mener à bien les activités de contre-saison entre novembre et avril. Cependant, l’insécurité continuera de limiter l’accès à certains sites de production notamment dans les régions du Nord, du Centre-Nord, du Sahel et de l’Est. Par ailleurs, le coût élevé des intrants (engrais et produits de traitement) pourrait contraindre les producteurs à réduire les surfaces. Dans l’ensemble, les productions maraichères habituellement plus importantes entre janvier et mars seront en-dessous de la moyenne.
- Fonctionnement des marchés et offre de produits de base : La baisse attendue de la production céréalière nationale affectera négativement l’offre sur les marchés dans l’ensemble. Dans la moitié nord du pays, les baisses plus importantes des productions locales, le blocus sur certains marchés (Titao, Djibo, Markoye, Sebba) et les perturbations dans le transfert des produits depuis les zones de production, sont des facteurs qui continueront à entrainer une offre faible ou des ruptures dans l’offre sur les marchés sur toute la période.
- Demande et prix des produits de base: Dans l’ensemble, la demande restera forte en raison de la demande plus importante pour la reconstitution des stocks institutionnels et privés. Dans le sud du pays, la demande des ménages restera typique sur toute la période. Mais dans les zones à accès limité dans le nord et de forte présence de PDI, l’absence de production ou de l’épuisement précoce des récoltes dès le mois de février entrainera une dépendance des ménages plus forte du marché et surtout de l’assistance humainitaire car leur pouvoir d’achat restera faible. Ainsi entre octobre et février, la tendance saisonnière à la baisse des prix pourrait s’observée, mais les prix resteront significativement au-dessus de la moyenne. A partir de mars, les prix vont entamer une hausse saisonnière et demeurer au-dessus de la moyenne avec des variations atypiques dans les zones sous blocus.
- Demande et prix du bétail: Les prix à l’exportation du bétail principalement vers la Côte-d’Ivoire, le Ghana et le Nigéria, déterminent généralement les niveaux de prix observés sur les marchés locaux. Les baisses en cours des valeurs d’échange (CEDI/ F CFA et NAIRA/F CFA) pourraient contraindre les acheteurs étrangers à réduire leur demande ou les décourager à offrir des prix meilleurs sur les marchés locaux. De ce fait, les prix du bétail pourrait rester stables ou en légère baisse comparativement à leurs moyennes saisonnières entre octobre 2022 et mai 2022. Cela contribuerait à dégrader davantage les termes de l’échange bétail/céréales dans les zones plus touchées par l’insécurité où la demande est faible.
- Conjoncture économique internationale : Le niveau élevé des cours mondiaux de denrées alimentaires (riz, blé, huile) et non alimentaires (engrais, produits pétroliers, matériaux de construction) continuera à maintenir élevés les coûts de transaction et les coûts de production au niveau national et à maintenir les prix à des niveaux supérieurs à leurs moyennes saisonnières entre octobre et mai. Il est probable que l’inflation se maintienne à un niveau élevé et continuera d’affecter négativement le pouvoir d’achat des ménages en général et particulièrement dans les centres urbains.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
Malgré le début typique des récoltes en octobre, les ménages dans les zones sous blocus auront très probablement des stocks alimentaires minimes, et ils manquent de ressources et de revenus pour acheter suffisamment de nourriture compte tenu de l'érosion des biens productifs et des prix record. Des écarts extrêmes sur la consommation persisteront même pendant cette période. D'ici la période de février à mai, lorsque leurs maigres stocks seront épuisés. La majorité des ménages pauvres devraient dépendre essentiellement de l’assistance qui pourrait ne pas être régulière et suffisante en raison des difficultés logistiques et des contraintes sécuritaires entravant sa mise en œuvre. Il est probable que les migrations forcées pour rejoindre les zones accessibles par l’assistance soient observées et que les cas de malnutrition aigüe sévère augmentent dans la période. L’insécurité alimentaire aigué Urgence (Phase 4 de l’IPC) pourrait persister entre octobre et mai avec une augmentation des populations en Catastrophe (Phase 5 de l’IPC) entre février et mai.
Dans les régions de l’Est, du Centre-Nord, du Nord et de la Boucle du Mouhoun et en particulier dans les zones où la pratique des activités agricoles a été limité, les ménages pauvres n’auront plus suffisamment de stocks à partir de février et devront faire face à des niveaux plus élevés de prix des denrées sur le marché. Avec l’accès limité aux sources habituelles de revenu, on assistera à une détérioration de la sécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC) en Crise (Phase 3 de l’IPC) à partir de février. Les écarts de consommation pourraient être plus importants parmi les PDIs dans les zones de forte présence.
L’autoproduction pourrait constituer la principale source de nourriture pour les ménages pauvres dans les zones au sud plus calmes et ce jusqu’en mai. Entre octobre et janvier, la vente de produits agricoles à des niveaux de prix plus élevés permettra de compenser les pertes légères de production. Entre février et mai, ils pourront également générer des revenus similaires ou à la baisse à travers principalement les activités de maraichage, d’orpaillage et de construction. Ces ménages demeurent en insécurité alimentaire aigue Minimale (Phase 1 de l’IPC). Toutefois, dans la capitale, la hausse saisonnières des prix des denrées continuera de limiter l’accès alimentaire des ménages pauvres qui resteront exposés à l’insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 de l’IPC).
Évènements qui pourraient changer les scenarios
Zone | Evénements | Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire |
---|---|---|
National | Amélioration de la situation sécuritaire | Une réduction sensible des incidents sécuritaires favorisera le transfert de denrées alimentaires des zones de production vers les zones déficitaires au nord, améliorera le fonctionnement des marchés et la délivrance de l’assistance. Cela favorisera aussi le retour progressif des déplacés et les opportunités d’accès aux sources de revenu. Cela réduira le recours aux stratégies extrêmes dans les zones sous blocus et le recours aux stratégies de crise dans les autres régions du pays. |
Province du Soum et du Yagha (BF07), province de l’Oudalan (BFO8) | Augmentation des prix des hydrocarbures | Une augmentation des prix du baril de pétrole au niveau international pourrait se répercuter sur une hausse des prix des hydrocarbures au niveau national. Cela pourrait entrainer une hausse des coûts de transport (personnes et marchandises), qui se répercuteront à leur tour sur les prix des denrées alimentaires et non alimentaire et sur le niveau de l’inflation dans son ensemble. Le pouvoir d’achat et l’accès alimentaire des ménages pourraient se détériorer davantage et la proportion de populations exposées à l’insécurité alimentaire aigue va croitre. |
Expansions des zones sous blocus | L’expansion des zones sous blocus, voire l’inaccessibilité totale des zones sous blocus, pourrait priver les populations de l’assistance augmenter les pénuries en denrées sur les marchés. Cela augmenterait la population avec une faim extrême indiquant Catastrophe (Phase 5 de l’IPC) surtout entre février et mai, et la fréquence accrue de la faim extrême entraînant probablement une augmentation des cas de malnutrition aigüe sévères et les cas de décès liés à la faim. | |
Amélioration de la situation sécuritaire | Cela favorisera un meilleur approvisionnement des marchés locaux en denrée de base, toute chose qui pourrait atténuer la hausse des prix. L’accès des acheteurs au marché à bétail améliorera aussi les prix de vente et les revenus des éleveurs. Outre les conditions du marché, la reprise normale des transactions monétaires et les activités d’orpaillage contribueront à l’amélioration des revenus et du pouvoir d’achat des ménages. L’amélioration de la situation sécuritaire, facilitera aussi la mise en œuvre de l’assistance au profit des ménages, toute chose qui renforcera leur accès alimentaire et contribuera à réduire les écarts extrêmes de consommation. Toutefois, sur la période l’accès aux revenus ne sera pas suffisant pour permettre la reconstitution de leurs moyens d’existence. | |
Renforcement de l’assistance humanitaire | Une délivrance adéquate de l’assistance contribuera à réduire les écarts de consommation alimentaire et le recours des populations à des stratégies d’urgence. |

Figure 1
CALENDRIER SAISONNIER POUR UNE ANNÉE TYPIQUE
Source: FEWS NET

Figure 2
Figure 1.
Source: Burkina Faso Cluster Securite Alimentaire

Figure 3
Figure 2.
Source: FEWS NET avec données de ACLED

Figure 4
Figure 3.
Source: FEWS NET
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.