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Nonobstant un début difficile de la campagne agricole, le renforcement de l’activité pluviométrique à partir de mi-juillet et la fin normale ou même tardive des pluies ont permis à la plupart des cultures de boucler convenablement leurs cycles et d’espérer des productions similaires à la moyenne quinquennale dans le pays.
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L’accès des ménages aux nouvelles récoltes leur permet d’avoir une consommation alimentaire normale, ce qui réduit la demande sur les marchés, avec comme résultante, des niveaux de prix des denrées de base globalement similaires à la moyenne quinquennale.
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L’amélioration de la consommation avec les récoltes, les opportunités de main d’œuvre agricole, et les prix normaux attendus vont conduire à des résultats d’insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l’IPC) entre octobre 2015 et mars 2016 à travers le pays.
Situation actuelle
Apres des semis retardés, la reprise de l’activité pluviométrique et sa répartition spatio-temporelle satisfaisante, ont permis à la plupart des cultures de boucler leurs cycles. Les cumuls pluviométriques saisonniers du premier avril au 10 octobre, varient entre 298 mm en 22 jours à Oursi dans la région du Sahel et 1308 mm en 64 jours à Loumana dans la région des Cascades. Ces cumuls sont dans l’ensemble similaires à tendance excédentaires comparés à la normale (1981-2010). Ces pluies ont conduit à des niveaux de végétation supérieurs à la moyenne dans la plupart du pays (fig. 1).
La fin normale à tardive des pluies a aussi permis un bon niveau de remplissage des principales retenues d’eau et un niveau moyen ou au-dessus de la moyenne de la régénération des pâturages surtout dans la zone agropastorale nord du pays (carte de l’anomalie NDVI). Ce qui permet au bétail de disposer d’une bonne alimentation et d’avoir un bon état d’embonpoint.
La présente campagne a aussi été caractérisée par des inondations qui ont entrainé des dégâts matériels et affecté 15771 personnes dont plus de la moitié (9129) à Ouagadougou dans la région du Centre, 4150 personnes à Dallo dans la région du Centre-Ouest, 2196 personnes à Bama dans la région des Hauts-Bassins et 296 personnes à Diapaga dans la région de l’Est. En matière de perte de production, ces inondations ont surtout affecté les parcelles le long des cours d’eau notamment ceux du fleuve Mouhoun où environ 30 000 ha ont été inondés dont 70% dans la seule province du Nayala. Cependant, ces inondations vont également favoriser la production fourragère.
Dans l’extrême nord du pays, les dégâts causés sur les cultures par les ravageurs, en particulier les acridiens (Kraussaria angulifera), et les oiseaux granivores, apparus depuis fin septembre, va impacter sur les rendements du mil, surtout dans les communes rurales de Déou et Oursi et leurs environs, dans la province de l’Oudalan. Des oiseaux granivores (Quéléa) sont également signalés dans la province du Sourou particulièrement dans les communes de Di et Lanfiéra. Pour l’instant les dégâts sont circonscrits au mil et au sorgho au stade laiteux, mais pourraient rapidement s’étendre aux parcelles de riz dans les périmètres rizicoles. Ces communes avaient déjà subi d’importantes pertes de production la saison dernière du fait de ces attaques.
Sur le plan alimentaire, la consommation des ménages se normalise avec leur accès aux nouvelles récoltes et les revenus qu’ils pourraient tirer de la vente de ces produits, principalement le niébé et le maïs. La vente des amendes de karité ainsi que l’offre de main-d’œuvre agricole pour les récoltes vont également des opportunités de revenus pour ces ménages. Compte tenu du niveau général des prix des produits qui restent similaires à la moyenne des cinq dernières années et le coût de la main-d’œuvre journalière pour les récoltes (entre 750 et 1500 F CFA) qui ne connait pas de changement substantiel, l’on peut estimer que le revenu global des ménages est à un niveau moyen pour la période.
Sur les marchés, les prix des céréales sont dans l’ensemble similaires à la moyenne quinquennale. Ils ont demeuré stables depuis le mois de juillet (début de la soudure habituelle) du fait entre autres, de la faiblesse par rapport à la demande, de l’opération de vente de céréales à prix subventionné initiée par le gouvernement et des interventions humanitaires réalisées dans les zones précédemment en insécurité alimentaire Stress (Phase 2 de l’IPC) (communes de la province de l’Oudalan et environnant).
Au plan nutritionnel, le gouvernement et les partenaires conduisent des actions de prévention et de prise en charge de la malnutrition aigüe dans les formations sanitaires au profit des enfants de moins de cinq ans et des femmes enceintes ou allaitantes.
Près de 33 000 réfugiés maliens sont encore présents dans le pays, dont plus de 90% dans la région du Sahel. Ces réfugiés bénéficient de l’assistance du Haut-Commissariat aux réfugiés et de ses partenaires.
Suppositions
Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire décrit d’octobre 2015 à mars 2016, se fonde sur les hypothèses générales suivantes:
- Des productions céréalières moyennes: En dépit de l’installation difficile de la campagne agricole et des pertes de productions localisées, la fin normale à tardive des pluies a favorisé ou favorise la maturation de la plupart des cultures avec une physionomie satisfaisante. De ce fait, les productions céréalières devraient se situer autour de la moyenne quinquennale dans le pays.
- Des productions de coton et de niébé inferieures à la moyenne : L’objectif de 800 000 tonnes de production de coton graine ne sera vraisemblablement pas atteint. Le démarrage tardif de la saison, n’a pas permis des semis à bonne date du cotonnier. Aussi, certains producteurs ont été contraints de réduire leurs superficies de coton au profit d’autres spéculations. Toutefois, le pouvoir d’achat des cotonculteurs pourra se maintenir grâce à l’augmentation des prix au producteur du coton graine qui passent de 225 à 235 Francs le kilogramme. Par ailleurs, les poches de sécheresse survenues au moment de la floraison du niébé et l’excès d’eau enregistré par endroit ont impacté négativement les rendements du niébé.
- Un déroulement normal des activités de saison sèche : Le bon niveau de remplissage des principales retenues d’eau permettra la conduite normale du maraichage et des cultures irriguées, sauf dans les localités où les ruptures des digues des barrages consécutives à la grande pluviométrie ont été constatées.
- Des niveaux de prix des céréales moyens: Les stocks nationaux de sécurité alimentaire étant à leur niveau conventionnel, les achats institutionnels ne seront pas de nature à entrainer un disfonctionnement des marchés. De ce fait, avec des productions moyennes, les prix des principales céréales évolueront de manières similaires à la tendance saisonnière moyenne.
- Des revenus moyens: Durant la période du scenario, les revenus des ménages pauvres proviendront comme d’habitude de la vente des produits de rente (niébé, arachide, sésame), de la vente des produits forestiers non ligneux (amendes de karité, graines de néré) et de la pratique de l’orpaillage et du maraichage. En supposant que la demande extérieure pour ces produits se maintienne comme la saison écoulée, avec des niveaux de prix moyens, les ménages pourraient alors générer des revenus normaux pendant la période.
Résultat le plus probable de la sécurité alimentaire
Pendant la période du scénario (période post-récolte), la majorité des ménages pauvres auront un accès adéquat à la nourriture à partir des stocks reconstitués. Avec des revenus normaux et des prix des céréales de base stables par rapport à la moyenne quinquennale, l’accès aux marchés se fera sans destruction des moyens d’existence. De ce fait, pendant toute la période du scenario les ménages pauvres vivront une insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l’IPC).
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Source : FEWS NET
Source : FEWS NET
Source : USGS/FEWS NET
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.