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En l’absence de l’assistance alimentaire, la Famine (Phase 5 de l’IPC) se produirait probablement à Djibo entre juin et septembre

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  • Messages clé
  • L'aide alimentaire est impérative pour sauver des vies à Djibo, face à un risque de Famine
  • Contexte national
  • Zone de préoccupation: Province de Soum de la Région du Sahel, Zone de Moyens d’Existence BF07 : Nord et Est Bétail et Céréales (Figure 7)
  • Résultats les plus probables en matière de sécurité alimentaire et zones bénéficiant de niveaux significatifs d’aide humanitaire
  • Messages clé
    • Le blocus de la commune de Djibo de la province Soum - qui abrite environ 300 000 personnes - dure depuis 18 mois et les sources de nourriture et de revenus typiques sont devenues de plus en plus rares. Les livraisons continues d'aide alimentaire, qui ont augmenté pour atteindre plus de 30 pour cent de la population de Djibo en moyenne depuis le mois de mars, sont essentielles à la survie de la population. Pourtant, selon les rapports des informateurs clés, les niveaux de faim, de malnutrition aiguë et de mortalité restent alarmants. Pendant la soudure, de juin à septembre, FEWS NET estime qu'Urgence ! (Phase 4 ! de l’IPC) est le résultat le plus probable à Djibo, une classification qui indique que l'assistance alimentaire est le principal facteur empêchant la Famine (Phase 5 de l’IPC). Alors que la période de soudure est celle où les besoins sont les plus importants, la gravité de la faim ne diminuera que marginalement au cours de la période post-récolte, et des résultats d'Urgence (Phase 4 de l'IPC) sont attendus entre octobre et janvier.

    • Le nombre de communes sous blocus ailleurs dans le nord continue de croître. Les pénuries récurrentes de denrées de base, la persistance du niveau records des prix et l’érosion des avoirs continuent d’exposer les PDIs et les ménages hôtes pauvres à des gaps importants de consommation et la pratique de stratégies extrêmes de survie, compte tenu recours plus qu’anormal aux produits sauvages et les cas de mendicité. L’insécurité alimentaire d'Urgence (Phase 4 de l’IPC), avec certains ménages en situation de Catastrophe (Phase 5 de l'IPC) sont attendus dans le Soum, dans l’Oudalan et dans les communes de Sebba, Solhan et Mansila dans la province du Yagha. 

    • Bien que les prévisions saisonnières soient dans l’ensemble favorables pour la conduite des activités agricoles, l’accès des ménages à leurs champs sera réduit comparé à la normale dans l’ensemble du pays, en raison du nombre croissant de PDIs, du nombre plus élevé de communes sous blocus et des représailles exercées sur les populations civiles y compris dans les zones de production dans les régions de l’Est, du Centre-Est et de la Boucle du Mouhoun qui seront en Crise (Phase 3 de l’IPC) et Stress (Phase 2 de l’IPC).

    • Bien qu'il ne s'agisse pas du scénario le plus probable, FEWS NET estime qu'un risque de Famine (Phase 5 de l'IPC) persistera à Djibo au moins jusqu'en janvier. Ce risque est le plus élevé entre juin et septembre, lorsque la prévention de la Famine (Phase 5 de l'IPC) dépend de la livraison d'aide alimentaire par voie aérienne à la population de Djibo, et que le maintien des livraisons dépend des conditions de sécurité et de logistique. Si les livraisons d'aide sont fortement perturbées - que ce soit en raison de l'interférence de groupes armés, de la réduction de la capacité des hélicoptères ou de retards dans l'autorisation des vols - la Famine (Phase 5 de l'IPC) pourrait survenir. Compte tenu de l'importance de la population en situation d'Urgence (phase 4 de l'IPC) pendant la période post-récolte d'octobre à janvier, il subsistera un risque que toute intensification du conflit restreignant davantage les cultures, l'approvisionnement des marchés et l'aide entraîne une Famine (Phase 5 de l'IPC). Les livraisons d'aide alimentaire doivent non seulement être maintenues, mais aussi augmentées pour limiter les pertes en vies humaines et mettre fin au risque de Famine (Phase 5 de l'IPC) à Djibo. 

    L'aide alimentaire est impérative pour sauver des vies à Djibo, face à un risque de Famine

    En février et avril 2023, FEWS NET a averti que la commune de Djibo, soumise à un blocus, était confrontée à de graves pénuries alimentaires et a évalué que la commune était exposée à un risque de Famine (Phase 5 de l'IPC) si les groupes armés intensifiaient leurs attaques et restreignaient davantage l'accès de la population à la nourriture. Les données disponibles indiquaient que la population dépendait principalement de la culture maraîchère autour du barrage de Djibo, de la cueillette de nourriture sauvage, de quantités limitées d'aide alimentaire humanitaire et d'approvisionnements irréguliers du marché pour survivre, alors que l'on constatait d'importants déficits de consommation alimentaire, des signes visibles d'émaciation et des niveaux atypiques de décès liés à la faim. 

    Depuis lors, la disponibilité des aliments et des sources de revenus habituelles est de plus en plus précaire. En juin, la population a enduré le blocus depuis 18 mois, et les groupes armés terroristes continuent de restreindre l'accès des ménages aux terres cultivables et d'entraver le commerce, le fonctionnement des marchés et les services financiers. Selon les informateurs clés, la récolte de 2022 n'a permis de constituer que 1 à 2 mois de stocks et de nombreux ménages sont sans ressources, car ayant vendu ou perdu leur bétail bien plus tôt pendant le blocus. Les pratiques de maraichage le long du barrage et la récolte des aliments sauvages ne sont plus possibles, en raison du déficit saisonnier d’eau d'avril à juin. Trois mois se sont écoulés entre les livraisons d'approvisionnement du marché du 21 mars et celles du 20 juin - rendues possibles uniquement par une escorte armée - entraînant des pénuries prolongées de produits de base tels que les céréales, l'huile et le sucre et faisant grimper les prix de revente du mil, du maïs et du sorgho jusqu'à 125-260 pour cent au-dessus de la moyenne en mai. Même après ces livraisons, les prix sont restés inabordables pour de nombreux ménages pauvres, et le prochain convoi n'est pas attendu avant 3 à 4 mois. L'interdiction par le gouvernement de pratiquer l’orpaillage et des transferts monétaires constitue un obstacle supplémentaire à l'accès des ménages à l'argent liquide, à l'exception d'une minorité de ménages qui reçoivent des transferts monétaires de la part de proches vivants hors de la province de Soum via des réseaux informels. La mendicité est une pratique courante et les informateurs clés suggèrent que certains individus risquent leur vie - étant donné les menaces d’exaction, d’enlèvement et de tuerie de la part des groupes armés terroristes- pour quitter la zone sous blocus afin de collecter du bois de chauffe pour obtenir des revenus et rapporter de la nourriture et de l'eau à leurs familles.

    Figure 1

    Evolution de la population atteint par l’assistance alimentaire à Djibo, Octobre 2022-Septembre 2023

    Source: FEWS NET avec données du PAM, Cluster Sécurité Alimentaire

    Dans ce contexte, les livraisons d'aide alimentaire humanitaire par voie aérienne (Figure 1) sont désormais considérées comme la principale source de nourriture disponible pour la population de Djibo, notamment pendant la période de soudure qui va de juin à septembre. FEWS NET estime que l’Urgence ! (Phase 4 ! de l’IPC) est le résultat le plus probable jusqu’en septembre, et la Famine (Phase 5 de l’IPC) se produirait probablement en l'absence d'assistance alimentaire. Bien que de nouvelles données d'enquête sur les ménages ne soient pas disponibles, une analyse de FEWS NET utilisant l'Approche de l'Économie des Ménages suggère que les populations très pauvres et pauvres confrontées à des déficits en kilocalories dépassant 50 pour cent dans l’absence de l’assistance alimentaire, indicatifs d’une faim extrême. Par ailleurs, les informateurs clés signalent une persistance des signes visibles de malnutrition.  Pour atténuer les déficits caloriques, le PAM a doublé les livraisons aériennes d'aide alimentaire pour atteindre entre 30 et 40 pour cent de la population de Djibo en moyenne entre mars et septembre, contre environ 20 pour cent en moyenne entre octobre 2022 et février 2023, avec une ration qui couvre 50 pour cent des besoins mensuels. Les informateurs clés suggèrent que les bénéficiaires directs partagent leurs rations avec d’autres membres de la communauté qui sont dans le besoin. Toutefois, compte tenu le peu d'avions pour les livraisons et des contraintes logistiques et financières associées, le risque de Famine (Phase 5 de l'IPC) persiste, et la Famine (Phase 5 de l’IPC) sera probable si les livraisons d'aide diminuent de manière significative, deviennent irrégulières en fréquence, ou cessent.

    Il est impératif que les donateurs, le gouvernement et les partenaires humanitaires ne donnent pas seulement la priorité à la fourniture d'une aide alimentaire vitale à Djibo pour prévenir la Famine (Phase 5 de l’IPC), mais qu'ils augmentent les livraisons d'aide pour atténuer les pertes en vies humaines qui sont associées aux résultats d'Urgence ! (Phase 4 ! de l’IPC). Bien que la période de juin à septembre soit celle où les besoins sont les plus importants, les livraisons d'aide alimentaire doivent également être maintenues pour mettre fin au risque de décès liés à la faim au moins jusqu'au début de l'année prochaine. L’aide nutritionnelle et sanitaire sont également nécessaire de toute urgence, toutefois, les contraintes d'accès humanitaire peuvent empêcher une réponse multisectorielle ; la priorité absolue est donc d'assurer la poursuite des livraisons adéquates d'aide alimentaire. Comme le blocus ne montre aucun signe de fin, l’insécurité alimentaire aiguë restera sévère même pendant la période de récolte et post récolte typique d'octobre à janvier, lorsque les résultats d'Urgence (Phase 4 de l'IPC) sont attendus. Des planifications sont en place pour maintenir des niveaux d'assistance alimentaire similaires au cours de cette période, mais les financements de cette aide ne sont pas encore garantis. Les stocks provenant de la production de céréales pluviales et de légumes près du barrage de Djibo ne compenseront que partiellement et temporairement toute baisse de cette source d'alimentation d'urgence. En outre, si les attaques des groupes armés s'intensifient et empêchent les ménages de participer aux activités agricoles pendant la saison des pluies et perturbent le marché et les livraisons humanitaires encore plus que prévu, la Famine (Phase 5 de l'IPC) pourrait encore survenir pendant la période des récoltes.

    Contexte national

    Situation actuelle

    Situation sécuritaire : Cela fait maintenant huit ans que les groupes armés terroristes (GAT) affiliés à la Jama'a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM) et à l'État Islamique dans le Grand Sahara (EISG) tentent d’imposer et d’étendre leurs contrôles sur des territoires du pays en multipliant les pillages, les exactions, les tueries et la destruction d’infrastructures routières et de télécommunication. Au cours des huit derniers mois, le niveau de conflit est resté très élevé, l'armée burkinabé ayant intensifié ses tactiques de contre-offensive. Depuis novembre 2022, les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) du pays ont procédé à une réorganisation interne en créant six régions militaires supplémentaires, six régions de gendarmerie, deux zones aériennes supplémentaires, et ont mis en place de nouvelles interventions rapides et soutenu le recrutement de 50 000 nouveaux volontaires de défense de la patrie (VDP). Au début de l'année 2023, les FDS ont mené une série d'opérations réussies contre le JNIM, détruisant un certain nombre de ses bastions. Depuis la mi-mars 2023, les opérations terrestres des FDS se sont multipliées et les frappes aériennes et de drones contre les positions fixes des GAT sont de plus en plus fréquentes. Pour atténuer le risque d’insécurité, le gouvernement a aussi interdit l’orpaillage, en particulier dans la région du Sahel, et les transferts monétaires réalisés par les acteurs humanitaires au profit des populations sont également suspendus depuis le début de l’année dans les régions du Sahel, du Centre-Nord et de l’Est.

    Figure 2

    Evolution des incidents sécuritaires et des fatalités de janvier 2020 à mai 2023

    Source: FEWS NET avec données de ACLED

    Malgré les pertes enregistrées en personnel et en logistique par les GAT, ces derniers continuent de démontrer leur capacité à se déplacer dans le pays. Bien que le nombre d’incidents sécuritaires impliquant les groupes armés terroristes ait diminué de 26 pour cent entre janvier et avril 2023 comparé à la même période de l’année passée, le nombre de victimes associées a par contre connu un accroissement de 134 pour cent pendant la même période, selon ACLED (Figure 2). Cela signifie que le conflit est plus meurtrier aussi bien dans les rangs des FDS et des VDP, que dans les rangs des GAT, mais aussi au sein des populations civiles. Le conflit continue aussi d’entrainer de nouveaux déplacements de populations, estimées entre janvier et avril 2023 à plus de 200 000 (OCHA/GCORR). Bien que ces nouveaux cas de déplacement soient en baisse d’environ 20 pour cent sur la période comparée à l’année passée, le pays enregistre un effectif cumulé et croissant de PDIs estimés à plus de 2,06 millions en mars 2023 (SP/CONASUR).

    De plus en plus, l'activité des groupes armés se caractérise par l'imposition de blocus autour des communes, limitant non seulement l'accès humanitaire, mais aussi l'approvisionnement des marchés et même la capacité de la population à quitter la commune. Alors qu'environ une trentaine de communes sont également soumises à des blocus, le blocus actuel de Djibo a été le plus long et le plus restrictif, les groupes militants cherchant à avoir un contrôle total sur la zone. Des limitations extremes de mouvements de populations sont aussi observes dans les communes de Tin Akoff, Deou, Titao, Sebba, Arbinda, Kelbo, Pama, et Kompienga. Dans ces communes sous blocus, l’approvisionnement des marchés ou la délivrance de l’assistance n’est possible que par escorte militaire ou par voie aérienne (Figure 3).

    Figure 3

    Carte de niveau d’accès humanitaire au Burkina Faso en mai 2023

    Source: FEWS NET, avec données du Cluster Sécurité Alimentaire, PAM, Système d’Alerte Précoce, ACLED

    En plus des blocus des communes, les GAT contrôlent les principales voies d'approvisionnement Kaya-Dori, Dori-Sebba, Dori- Arbinda, Gorom-Markoye, Kongoussi-Djibo, Ouahigouya-Titao-Djibo, Dédougou-Nouna-Djibasso, Dédougou-Tougan, Yako-Tougan, Fada-Gayéri, Fada-Kantchari, Fada-Pama. Ils exercent également des représailles contre les civils, qu'ils accusent de complicité, telles que des dizaines d'assassinats dans plusieurs communes : Tchériba dans le Boucle de Mouhoun, Karma dans la commune de Ouahigouya, Kourakou et Tondobi dans la commune de Seytenga, et dans la commune de Partiaga dans la Tapoa.

    Saison agropastorale : Bien que des pluies aient été enregistrées dès le mois d'avril dans le Sud-Ouest du pays, une régénération tardive du pâturage est observée, suite à la mauvaise répartition temporelle de la pluie. A la date du 21 juin, plusieurs localités en du Centre et du Nord n'ont pas démarré les semis. Par ailleurs, malgré une légère baisse de 15 à 20 pour cent par rapport à la campagne écoulé, les prix des engrais restent encore élevés d’environ 40 à 50 pour cent par rapport à la moyenne.  Bien que le gouvernement ait plannifié la vente subventionné de plus de 21,000 tonnes d’engrais, au profit des producteurs, cela n’est pas encore effective en raison des retard dans l’acquisition de ces engrais. Outre les déplacements de populations réduisant le nombre de producteurs, l’insécurité et les menaces de répresaille des GAT empêchent l’accès des ménages à leurs champs pour les travaux agricoles, notemment dans sept des treize régions du pays (Sahel, Nord, Centre-Nord, Est, Boucle du Mouhoun, Hauts-Bassins, Cascades).

    Les avoirs en bétails sont presques épuisés dans les zones sous blocus suite aux pillages de la part des GAT, ou aux destockages exéssifs soit pour faire face au manque de nourriture, soit pour éviter les pertes. Dans l’ensemble, la détérioration de la situation sécuritaire empêche les mouvements de bétail qui restent concentré autour des zones accessibles. En rappel, depuis le début du conflit, les gros éveleveurs se sont refugiés dans les pays voisins du sud. Ce qui affecte négativement l’offre locale de lait et la demande de main-d’oeuvre dans l’élevage, en particulier dans les régions du Sahel, du Nord et de l’Est.

    Sources de revenu: L’insécurité continue de limiter l’accès des populations aux sources habituelles de revenus. Les activités de production maraichère qui s’intensifient généralement entre janvier et avril ont enregistré une baisse de leur performance cette année en raison de l’accès limité aux sites de production du nord, aux coûts élevés des engrais, aux pertes de production suite aux ruptures dans l’approvisionnement en carburant pour l’irrigation et de la baisse des prix (20 à 30 pour cent) des produit maraichers en lien avec l’accès difficile aux sites de production par les acheteurs étrangers. Dans l’ensemble, les revenus tirés de cette source sont en-dessous de la moyenne. La limitation dans les mouvements a également réduit la pratique des activités de collecte et de vente du bois et des produits forestiers non ligneux surtout dans les régions les plus touchées par l’insécurité. 

    Les zones du sud et de l’ouest relativement calmes sont devenus des zones d’attraction, surtout des PDIs, pour la pratique de l’orpaillage et l’offre de main-d’œuvre agricole. Toutefois, la demande de cette main-d’oeuvre est en baisse par rapport à la moyenne du fait d’une part, de l’utilisation plus accrue des herbicides dans l’agriculture et d’autre part, en raison des baisses de revenus enregistrées par les cotonculteurs après les pertes de récoltes l’an dernier suite aux attaques des jassides. Dans les centres urbains, les secteurs généralement pourvoyeurs de main-d’oeuvre pour les exodants ruraux, notamment le secteur des batiments et travaux publiques (BTP), connaissent un ralentissement comparé à la normale du fait de la conjoncture économique défavorable liées aux effets de l’insecurité sur les flux, le tourisme, et les activités minières. 

    Figure 4

    Carte de fonctionnement des marchés, Liptako Gourma, Mai 2023

    Source: FEWS NET

    Fonctionnement des marchés et prix des denrées alimentaires: La situation des marchés des produits agricoles est globalement marquée d’une part, par un ralentissement des flux internes en raison des menaces et du contrôle des principaux axes par les GAT et d’autre part, par une baisse des flux sortants du fait de l’interdiction des exportations de céréales et de niébé par le gouvernement depuis 2021. Dans les zones de production relativement plus calmes, notamment dans le sud et l’ouest du pays, les disponibilités de céréales sont moyennes sur les marchés car les producteurs procèdent comme d’habitude en cette période au destockage afin d’acquérir des intrants et équipements pour la campagne agricole. Dans les centres de regroupement de céréales (Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Pouytenga, Dédougou) l’offre de cérélaes est supérieure à 2022 à la même période en raison des difficultés de transferts de stocks vers les zones déficitaires au nord. Cette offre reste tout de même inférieure à la moyenne en raison de la diminution structurelle de la production en lien avec le conflit.

    Le nombre de marchés dont l’approvisionnement nécessite des convois sous escorte militaires s’est accrue en 2023, car en plus des marchés dans les provinces du Loroum, du Soum, du Yagha, de la Kompienga, ceux de la province du Sourou et de la Komandjoari et les déplacements de marchandises le long de l’axe Kaya-Dori necessitent des escortes (Figure 4). La multiplication des menaces sur les axes et la pose d’engins explosifs rallongent les delais d’approvisionnement qui sont passés en moyenne de 2-3 mois en 2022 à 3-4 mois en 2023; entrainant des pénuries de denrées de base plus fréquentes. Les récents approvisionnements des marchés de Sebba (21 mai) et de Djibo (20 juin) ont eu lieu respectivement 4 et 3 mois après les précédents.

    A l’exception des zones sous blocus, les prix des céréales locales enregistrent en mai des variations à la baisse légère ou modérée par rapport aux niveaux records observés l’année passée. Toutefois, par rapport à la moyenne quinquennale, les prix sont dans l’ensemble en hausse: plus de 40 pour cent pour le mil, presque 40 pour cent pour le sorgho et plus de 30 pour cent pour le maïs. Des variations saisonnières records par rapport à la moyenne persisent dans certains marchés des zones sous bocus exposées à des pénuries. A Djibo les prix du maïs et du mil sont en augmentation de 150 pour cent et 261 pour cent respectivement. A Sebba, le prix du sorgho est en hausse de 175 pour cent. Cependant, sur les marchés principaux de la région de l’Est qui sont aussi d’accès difficile, des baisses légères à modérée sont observées en mai comparé à la moyenne, ou l’assistance alimentaire en cours dans la région contribue à réduire la demande des ménages sur les marchés. De plus, l’interdiction en vigueur des exportations de céréales et de niébé et la détérioration de la situation sécuritaire empêchant les flux informels sortant vers les pays voisins (Niger, Bénin) entrainent également une baisse de la demande et des prix sur les marchés de la région.

    Dans l'ensemble, au niveau national, les niveaux élevés de l’indice des prix à la consommation observés depuis l’année passée persistent en mai avec un indice qui s’établit à 124,1 soit un niveau similaire à mai 2022. Les effets induits de l’insécurité, de la crise russo-ukrainienne et des augmentations tarifaires récentes sur les boissons, les motos et véhicules et l’augmentation du prix du carburant continuent d’affecter négativement le pouvoir d’achat des ménages. 

    Prix du bétail : L’insécurité continue d’affecter négativement le fonctionnement des marchés à bétail. En plus des principaux marchés qui étaient fermés en 2022 telles que Djibo, Sebba, Markoye, et Titao s’ajoutent de celui de Youba dans la région du Nord. De plus, les marchés de Dori et de Gorom-Gorom deviennent difficilement fréquentables par les acheteurs en raison des menaces sur les axes d’accès. Outre les difficultés d’accès, l’érosion des avoirs en bétail des ménages, en particulier dans les régions du Nord et du Sahel, affecte négativement les offres sur les marchés. Sur le marché de Dori et de Kaya, encore fréquentés par les acheteurs étrangers, les effectifs d’animaux présentés par jour de marché sont en baisse pour toutes les espèces par rapport à l’année précédente car les zones d’approvisionnement des animaux sont plus difficiles d’accès en raison de l'insécurité. 

    Du fait de la fermeture des marchés et de la baisse de l’offre, les prix des animaux sont dans l’ensemble en hausse par rapport à la moyenne des 5 dernières années, particulièrement sur les marchés plus accessibles. Par exemple sur les marchés de Dori et de Kaya, les prix des bovins au mois de mai sont respectivement stables et en hausse de 24 pour cent. Les prix du bélier sont en hausse de 38 pour cent sur chacun des deux marchés et les prix du bouc sont en baisse de 17 pour cent à Dori et en hausse de 19 pour cent à Kaya. Par rapport à 2022 à la même période, les prix sont également en hausse légère, excepté une baisse de 14 pour cent sur le prix du bouc à Dori. Nonobstant ces hausses, les termes de l’échange bouc/céréales connaissent une dégradation de 35 pour cent à Dori et de 14 pour cent à Kaya comparé à la moyenne quinquennale, à cause de la hausse accrue des prix des céréales.

    L’assistance alimentaire : La mise en œuvre de l’assistance alimentaire au profit des PDIs et ménages hôtes pauvres reste un défi du fait des contraintes sécuritaires limitant l’accès humanitaire et des contraintes financières et logistiques liées à l’augmentation de communes nécessitant la délivrance de l’assistance sous escorte militaire ou par voie aérienne. Ces contraintes logistiques comprennent l’insuffisance et la faible capacité des hélicoptères disponibles pour le transport de vivres ainsi que l'obligation d'enregistrer chaque vol auprès de l'armée. Par conséquent, les planifications d’intervention ne sont généralement pas mises en œuvre dans les délais et n’atteignent pas les effectifs de bénéficiaires ciblés. L’assistance délivrée d’avril à juin a touché par mois en moyenne 35 pour cent de la population dans le Loroum, 30 pour cent de la population dans le Soum et 23 pour cent de la population dans la Komondjari. Dans les autres provinces, elle a touché moins de 25 pour cent de la population. Les rations mensuelles distribuées pendant la période ont visé une couverture des besoins de 50 pour cent. Cependant, dans la pratique les bénéficiaires procèdent souvent à des redistributions volontaires avec les non bénéficiaires. Ils limitent aussi les portions de nourriture afin de prolonger la durée de leurs stocks. 

    Résultats actuels de la sécurité alimentaire

    Avec les pénuries récurrentes, la persistance du niveau record des prix des denrées et l’érosion des avoirs, l’assistance alimentaire reste une source de nourriture d'urgence essentielle pour atténuer l'ampleur des déficits en kilocalories pour les PDIs et hôtes pauvres dans la plupart des zones sous blocus au nord du pays. A l’exception des communes de Titao et de Djibo, elle n’est pas délivrée de façon régulière et suffisante dans les autres zones, si bien que les ménages pauvres continuent de s’engager dans des activités risquées en franchissant les rayons de sécurité à la recherche de bois de chauffe pour la vente et de produits sauvages pour la consommation. Dans de nombreuses zones sous blocus, telle que la plupart des communes de Soum et de l’Oudalan, Mansila, Sebba, et Solhan au Yagha, et quelques communes des provinces de Loroum, la vente d'eau est l'une des seules options qui restent aux ménages pauvres pour gagner de l'argent, et la mendicité sont également pratiquées par un nombre élevé de ménages.  Peu de ménages reçoivent des transferts d’argent des proches vivant en dehors de la zone. Les revenus tirés de ces sources sont faibles et insuffisant pour permettre aux ménages d’acheter aux denrées de base, qui est atypiquement chère et peu abondante, car elle n'est vendue que par un petit nombre de commerçants. Selon les informateurs clés, la majorité des ménages limitent à un (1) le nombre de repas et réduisent les portions de nourriture ou réduisent la consommation des adultes au profit des enfants. 

    Sur la base de la gravité des déficits alimentaires et de revenus et de la durée prolongée des déficits en kilocalories qui en résultent, FEWS NET estime qu’il y a probablement au moins une faible portion de la population qui fait face à l’insécurité alimentaire de Catastrophe (Phase 5 de l’IPC) dans ces zones sous blocus. De plus, les informants clés signalent que des cas visibles de malnutrition persistent parmi la population dans toutes ces zones. Bien que les données d’admission des enfants souffrants de malnutrition soient incomplètes en lien avec la fermeture ou le disfonctionnement des centres de santé, des accroissements des cas de Malnutrition Aigüe Sévère (MAS) et de Malnutrition Aigüe Modérée (MAM) ont été constatés entre janvier et mars dans les districts de Djibo, de Gorom-Gorom et de Sebba (Cluster nutrition) (Figure 5). 

    Figure 5

    Evolution des admissions des enfants malnutris dans les districts sanitaires de janvier à mars 2023

    Source: FEWS NET avec données de Cluster nutrition

    Dans la commune de Djibo, où le blocus est en place depuis 18 mois, l’assistance en cours est considérée comme la principale source de nourriture disponible. Habituellement, la période de soudure commence en juin, mais les sources de nourriture et de revenus sont rares depuis plusieurs mois déjà. FEWS NET estime que l’Urgence ! (Phase 4 ! de l’IPC) est le résultat le plus probable de juin à septembre, ce qui signifie que les ménages dépendent de l'aide alimentaire pour survivre et que l'assistance est probablement le principal facteur empêchant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë de se détériorer davantage. Si l'aide alimentaire récente n'avait pas été fournie en quantités significatives, la Famine (phase 5 de l'IPC) serait possible.

    Dans les provinces de l’Oudalan et du Yagha l’assistance est insuffisante pour empêcher l’Urgence (Phase 4 de l’IPC), où les ménages ont épuisé leurs biens productifs et n’ont pas la capacité de mener leurs activités typiques de moyens d’existence, sauf autour des chefs-lieux des communes. Des augmentations de cas de malnutrition, et la possibilité de décès liés à la faim, persistent dans ces communes.  Dans la province du Loroum, l’assistance est plus présente et la majorité des ménages exploitent de petites superficies de maraichage autour du barrage de Titao. Néanmoins, les populations continuent de faire face à l’insécurité alimentaire de Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) et limitent à un le nombre de repas par jour et consomment plus d’aliments d’exception car l’assistance cible 50 pour cent des besoins et le recours aux produits maraichers ne suffit pas pour compenser le gap de nourriture de base.

    Dans les autres provinces difficiles d’accès et de forte présence de PDIs telles que Yatenga dans la région du Nord, Sourou et Kossi dans la Boucle du Mouhoun, les provinces de la région du Centre-Nord, Gourma et Kompienga dans la région de l’Est, les PDIs et les ménages hôtes pauvres sont plus dépendants du marché qui sont approvisionnés par escorte ou qui bénéficient de flux informels des pays voisins. Bien que la disponibilité des denrées alimentaires soit plus élevée dans ces régions, les revenus des ménages restent faibles en raison des mouvements limités ou des pertes de sources de revenu suite au déplacement. L’assistance délivrée au cours des trois derniers mois dans chacune de ces provinces a touché en moyenne moins de 20 pour cent de la population. Les PDIs et hôtes pauvres sont contraints de limiter à la fois le nombre, la quantité et la qualité des repas par jour. Ils restent confrontés à l’insécurité alimentaire aigue Crise (Phase 3 de l’IPC).

    Dans les centres urbains, notamment dans la capitale, le pouvoir d’achat des ménages est négativement affecté par le niveau élevé des prix des produits alimentaires et non alimentaires, l’augmentation des coûts de transport et des coûts de l’énergie de cuisson (bois, charbon, gaz). On y constate un recours plus accru des populations à la consommation hors ménages, dite « consommation de la rue ». Cette dégradation du pouvoir d’achat pousse les ménages pauvres à s’intéresser plus aux denrées moins chers (riz importé à la place des céréales locales, poisson chinchard à la place de la viande) et à avoir une alimentation peu diversifiée. Ces derniers restes exposés à l’insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 de l’IPC).

    Dans les zones de production du sud et de l’ouest relativement plus calmes, où les activités de subsistance sont peu perturbées, les ménages pauvres continuent d’avoir un accès typique à l’alimentation principalement sur la base de leur propre production. Ils ont également un accès typique aux produits forestiers non ligneux (karité, néré, raisin) et aux légumes verts qui sont disponibles suite à l’installation de la saison. Malgré la baisse des revenus, la majorité des ménages pauvres arrive à maintenir leurs stratégies d’adaptation habituelles et vit une insécurité alimentaire aigue Minimal (Phase 1 de l’IPC).

    Calendrier saisonnier pour une année typique

    Suppositions

    Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire de juin 2023 à janvier 2024 se base sur des suppositions fondamentales suivantes, par rapport à l’évolution du contexte national:

    • Conflit et insécurité : Face à l’offensive en cours des FDS contre les positions des groupes armés terroristes, on s’attend à ce que ces derniers multiplient les représailles punitives contre les populations civiles. La fréquence et l'intensité des attaques perpétrées par les GAT vont probablement augmenter pour atteindre des niveaux records depuis le début du conflit en 2016, jusqu'au pic de la saison des pluies en juillet 2023. Compte tenu de la saison des pluies, la mobilité des GAT devrait être réduite entre juillet et octobre, mais les niveaux de violence pourraient rester toujours supérieurs à ceux observés les années précédentes. Il en est de même pour la période de novembre 2023 à janvier 2024, période pendant laquelle ces groupes pourraient reprendre leur mobilité. Les menaces et exactions des GAT devraient continuer à provoquer des déplacements internes ou à empêcher le retour de PDIs en nombre significatif dans leurs localités d’origine, des perturbations importantes sur le fonctionnement des marchés locaux ainsi que des activités agropastorales. 
    • Prévisions saisonnières : Les prévisions saisonnières (PRESASS) diffusées par l’Agence de la Météorologie Nationale (ANAM) révèlent une pluviométrie globalement moyenne à au-dessus de la moyenne attendue dans le pays au cours de la saison pluvieuse de juin à septembre, avec néanmoins des cumuls pluviométriques déficitaires à tendance normale dans le sud-est et le sud-ouest. Il est aussi attendue sur l’ensemble du territoire une installation des pluies normale à tardive comparativement aux moyennes établies sur la période 1991-2020. En ce qui concerne la fin de la saison des pluies, elle pourrait être normale à tardive dans la moitié nord du pays et normale à précoce dans le sud.  Par ailleurs, des séquences sèches dont la durée pourrait être moyenne à longue et longue à moyenne sont attendues respectivement en début et en fin de saison. Des écoulements supérieurs à équivalent à la moyenne (extrême nord et est du pays) ou équivalents à supérieur (centre et ouest du pays) pourraient entrainer localement des inondations dans le pays.  
    • Conjoncture économique : La persistance du conflit russo-ukrainien pourrait continuer de perturber la chaine d’approvisionnement des produits importés (hydrocarbures, engrais, farine de blés et huile alimentaire) et maintenir les prix des denrées domestiques élevées. De même, la dégradation de la situation sécuritaire continuera d’affecter négativement les flux internes, de limiter l’accès des populations au sources habituelles de revenu et les activités économiques dans l’ensemble. Bien que le rythme de l'inflation diminue, ces facteurs devraient maintenir les prix à des niveaux atypiques, et il est peu probable que le coût de la vie diminue de manière significative.
    • Perspectives agropastorales : Bien que les prévisions saisonnières soient dans l’ensemble favorables pour la régénération à temps des pâturages (juin dans le sud et juillet dans le nord) et pour la conduite normale des activités agricoles, l’accès des ménages à leurs champs sera réduit comparativement à la saison précédente et aussi à la moyenne quinquennale dans l’ensemble du pays. Les GAT continuent de maintenir le blocus sur un nombre plus élevé de communes y compris dans les zones de production dans les régions de l’Est et de la Boucle du Mouhoun et contraignent plusieurs villages à abandonner leurs champs, avec pour principal objectif de les empêcher de produire. De plus, les menaces d’exaction sur les civiles limitent les mouvements de populations et l’encadrement des producteurs dans plusieurs régions du pays. Par ailleurs, tout comme les saisons précédentes, les autorités vont probablement interdire les hautes cultures comme le mil et le sorgho autour des villes et le long de certains axes en raison de menaces sécuritaires. En outre, les coûts des engrais et des pesticides restent toujours élevés et cela pourrait être un facteur limitant pour les emblavures surtout pour les cultures céréalières, notamment le maïs et le riz. A l’image de la saison écoulée, il est probable que les producteurs procèdent à des substitutions par les cultures moins exigeantes en engrais, en particulier les légumineuses.
    • Revenu de la main-d’œuvre agricole : Dans les zones de forte présence de PDIs, l’offre de main-d’œuvre va probablement être plus importante que d’habitude. Par contre, la demande sera plus faible que normale en raison de la réduction des superficies du fait de l’insécurité. Par ailleurs, dans les zones cotonnières à l’ouest du pays, les pertes enregistrées la saison écoulée par les producteurs suite aux attaques des jassides, pourraient limiter les capacités de ces derniers à maintenir ou à augmenter leur demande de main-d’œuvre. Même s’il n’est pas attendu un changement dans la rémunération journalière, la baisse de la demande va entrainer une baisse des revenus par rapport à la normale.
    • Fonctionnement des marchés : Bien que des efforts aient été faits depuis le début de l’année par les FDS pour le ravitaillement de plusieurs localités sous blocus, les GAT continuent de maintenir la pression pour le contrôle des principaux axes d’approvisionnement des marchés dans la moitié nord et à l’est du pays. Le ravitaillement dans ces zones devrait demeurer tributaire des escortes des FDS. Avec l’augmentation du nombre de zones sous blocus dans le pays, il est probable que les délais d’approvisionnement de plus de trois mois soient maintenus et que des pénuries répétées soient observées, entrainant une poursuite du niveau record des prix des denrées au moins jusqu’à la fin de la soudure en septembre. Dans l’ensemble, le commerce du bétail devrait continuer à ralentir comparativement à la moyenne au cours des prochains moins en raison de la limitation des mouvements et de la baisse de la fréquentation des marchés par les acheteurs étrangers.

    Figure 6

    Projection du prix du maïs blanc sur le marché de Sankaryaré à Ouagadougou

    Source: FEWS NET

    • Prix des denrées de base:  Avec le nombre croissant de PDIs, l’épuisement progressif des stocks des ménages hôtes et les achats institutionnels en cours plus importants que d’habitude (environ 77 000 tonnes), la demande en céréales restera supérieure à l’offre jusqu’à la fin de la soudure en septembre. En conséquence, même si l'on s'attend à ce que les prix diminuent avec la récolte, les niveaux de prix demeureront supérieurs à leurs moyennes saisonnières pendant la période (Figure 6). Dans les zones sous blocus, des niveaux records de prix devraient persister. L’offre de denrées devrait s’améliorer entre octobre 2023 et janvier 2024 à la faveur des nouvelles récoltes. Toutefois, en raison de la baisse probable de la production, elle sera en-dessous de la moyenne saisonnière pendant la période. La demande pour satisfaire les besoins des PDIs devraient maintenir la demande supérieure et par conséquent des niveaux de prix au-dessus de la moyenne saisonnière entre octobre et janvier.
    • Prix du bétail : Sur les principaux marchés accessibles, la demande d’animaux demeurera supérieure à l’offre et cela soutiendra les niveaux de prix au-dessus de la moyenne quinquennale pendant toute la période de juin 2023 à janvier 2024. Cependant, dans les zones d’accès difficile, l’absence d’acheteurs empêchera les ménages d’avoir des prix rémunérateurs et les termes de l’échange bétail/céréales resteront détériorés dans ces zones pendant toute la période.
    • L’assistance alimentaire: Compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire, du disfonctionnement des marchés et des mesures d’interdiction des transferts monétaires dans les régions du Sahel et du Centre-Nord, la distribution directe de vivres par escorte militaire ou par voie aérienne devrait être le principal mécanisme d’assistance au profit des ménages au cours des prochains mois. Les planifications pour la période de soudure de juin à septembre devraient toucher au moins 20 pour cent des populations dans les provinces du Loroum et dans toutes les provinces de la région du Sahel. Toutefois, les constats faits sur les mois précédents montrent que les distributions d'aide alimentaire sont souvent inférieures aux objectifs prévus en raison de contraintes sécuritaires et logistiques. La persistance ou l’augmentation de l'insécurité augmentera le nombre de communes dépendantes de l’aide, réduisant davantage sa fourniture adéquate en générale et dans les zones sous blocus en particulier. Entre octobre et janvier, en plus des problèmes sécuritaires et logistiques, l’assistance pourrait baisser en raison de l’arrêt des programmes de soudure comme c’est habituellement le cas au cours des cinq dernières années. Toutefois, les zones sous blocus, notamment la commune de Djibo, restera prioritaire pour la distribution d’assistance. Bien que les planifications pour octobre a janvier montrent un niveau d’assistance similaire pour ces zones, les financements ne sont pas encore garantis. 

    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    Dans la trentaine de zones sous blocus, en particulier dans les régions du Nord et du Sahel, il n’est pas attendu un changement dans les sources de revenu des ménages, qui resteront faibles entre juin 2023 et janvier 2024. En plus de l’assistance qui demeurera la principale source de nourriture des PDIs et ménages hôtes, ces derniers pourront recourir aux produits de cueillette accessibles autour des villes, notamment à partir de juillet et jusqu’en octobre 2023. Par nécessité, certains ménages seront contraints d’aller au-delà du rayon de sécurité pour se procurer ces produits. L’assistance alimentaire planifiée entre juin et août devrait toucher mensuellement au moins 20 pour cent de la population dans les provinces de la région du Sahel et dans la province du Loroum. Néanmoins, les contraintes sécuritaires et logistiques vont négativement affecter sa délivrance adéquate dans la plupart de ces zones. Les acteurs humanitaires pourraient être contraints de focaliser leurs efforts sur certaines localités comme ce fut le cas au cours des trois derniers mois.  Il est probable que les ménages pauvres continuent d’avoir des déficits importants de survie et que la résurgence des maladies d’origine hydrique aggrave les effets de la faim sur les niveaux malnutrition aiguë.

    Dans la commune bloquée de Djibo, les PDIs et hôtes pauvres demeureront dans l’Urgence ! (Phase 4 ! de l’IPC) entre juin et septembre, ce qui coïncide avec le pic de la période de soudure, lorsque l'accès à la nourriture sera extrêmement faible ; cette classification indique que l'assistance alimentaire est le principal facteur empêchant des résultats plus défavorables et, dans un scénario où l'absence d'une telle assistance est marginale ou inexistante, la commune verrait probablement une détérioration rapide vers la Famine (Phase 5 de l'IPC). Une quantité très limitée de cultures de base, de légumes et d'aliments sauvages sera disponible d'ici le mois d'octobre, toutefois, les niveaux d'insécurité alimentaire aiguë devraient rester sévères même pendant la période de récolte et post récolte typique d'octobre à janvier, lorsque les résultats d'Urgence (Phase 4 de l'IPC) sont attendus. L'assistance alimentaire prévue pour la période devrait avoir un niveau de couverture similaire, mais les financements de cette aide ne sont pas encore garantis. Les stocks provenant de la production de céréales pluviales et de légumes près du barrage de Djibo ne compenseront que partiellement et temporairement cette source d'alimentation d'urgence.

    L’Urgence (Phase 4 de l’IPC) persistera dans les provinces de l’Oudalan et du Yagha, avec la présence de ménages en Catastrophe (Phase 5 de l’IPC), où il y a plusieurs communes bloquées mais où l'impact et la durée du blocus sont moins importants qu'à Djibo, pendant toute la période d’analyse. Selon les informateurs clés, l’accès aux champs pour les activités agricoles sera similaire à la campagne écoulée dans les provinces du Loroum, du Soum, du Séno et du Yagha et ne concernera qu’une minorité des ménages. A l’Oudalan par contre, les ménages auront moins accès à leurs champs comparé à la saison passée compte tenu de l’abandon des villages dans les communes de Déou et de Oursi vers la ville de Gorom-Gorom.  Ainsi, les récoltes attendues en octobre devraient être marginales et ne devraient pas couvrir plus de deux mois de besoin. Dans ces zones, l’assistance restera nécessaire pour éviter l’accroissement de populations en situation de Catastrophe (Phase 5 de l’IPC) entre octobre 2023 et janvier 2024. 

    Dans les zones de forte présence de PDIs dans les régions du Nord, du Centre-Nord, de l’Est et de la Boucle du Mouhoun, les ménages pauvres ont entamé précocement la soudure depuis le mois d’avril en raison des faibles productions et/ou des pertes de récolte enregistrées l’année passée du fait de l’insécurité. La baisse des revenus tirés de la pratique de l’orpaillage et du maraichage pendant la saison sèche va limiter leurs achats alimentaires sur les marchés alors que les prix des denrées pourraient demeurer modérément au-dessus de leurs moyennes saisonnières. Dans ces zones, les PDIs et les ménages hôtes pauvres seront contraints d’augmenter la vente de leurs animaux et de recourir plus que d’habitude aux produits de cueillette et de réduire leur consommation. Une augmentation de la proportion de ménages exposés à l’insécurité alimentaire aigue Crise (Phase 3 de l’IPC) est probable entre juin et septembre. Avec l’accès limité aux champs, les productions dans ces zones vont rester en-dessous de la moyenne, mais contribueront à améliorer l’accès alimentaire, en particulier des ménages hôtes entre octobre 2023 et janvier 2024. Néanmoins, les PDIs, en particulier dans les provinces où ils représentent plus de 20 pour cent de la population telles que Gourma et Sanmatenga, seront contraints de développer des stratégies de crise pour accéder à l’alimentation au regard de la dégradation de leurs moyens d’existence et des mouvements limités pour générer des revenus.

    Dans les centres urbains, en particulier dans la capitale, les ménages pauvres continueront d’avoir une alimentation inadéquate en raison de la hausse saisonnière du niveau des prix des denrées au-dessus de la moyenne et resteront exposés à l’insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 de l’IPC) entre juillet et septembre. Bien que la baisse saisonnière des prix des denrées locales devrait s’observer entre octobre et janvier prochain, la conjoncture économique pourrait demeurer défavorable pour les revenus et l’inflation à un niveau élevé que la moyenne. Dans ces conditions, il est peu probable que les ménages pauvres aient une alimentation normale. 

    Dans les zones du sud et de l’ouest relativement calmes, la majorité des ménages pauvres continueront d’avoir une alimentation typique sur la base de leur propre production de la saison écoulée et un recours aux produits forestiers non ligneux et autres produits de cueillette. En effet, selon les résultats de l’enquête sur la sécurité alimentaire conduite en février (SAP, ENISAN), au moins 80 pour cent des ménages dans ces zones disposent de stocks pour atteindre au moins le mois d’aout.  La disponibilité de nouvelles récoltes à partir d’octobre permettra aux ménages de rester en insécurité alimentaire aigue Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’en janvier 2024. 
     

    Évènements qui pourraient changer les scenarios

    Tableau 1
    Tableau 1. Événements possibles au cours des huit mois à venir qui pourraient changer le scénario le plus probable
    Area Evénements Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire
    National Amélioration de la situation sécuritaire Une amélioration de la situation sécuritaire favorisera plus d’accès des ménages à leurs champs, un retour progressif des PDIs et un meilleur approvisionnement des marchés locaux en denrée de base, toute chose qui pourrait atténuer l’augmentation des prix. Cela favoriserait aussi le déploiement de l’assistance et contribuera à améliorer l’accès alimentaire et à réduire les écarts importants de consommation. Même si cela ne changerait pas fondamentalement le niveau d’érosion des avoirs pendant la soudure (juin-septembre), néanmoins les PDIs et ménages hôtes pauvres dans les zones précédemment touchées par le conflit pourraient rester dans une situation d’insécurité alimentaire aigue Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) ou moindre en raison de la fourniture d'une aide alimentaire visant à atténuer les écarts de consommation. Toutefois, à partir d'octobre, avec plus d’accès aux nouvelles récoltes et une reprise progressive des activités génératrices de revenu, les conditions d’accès alimentaire vont s’améliorer pour mettre aux PDIs et ménages hôtes pauvres d’être en insécurité alimentaire aigue Crise (Phase 3 de l’IPC), voire Stress (Phase 2 de l’IPC).
    Zones sous blocus Délivrance soutenue de l’assistance alimentaire en grande quantité Un renforcement des distributions aériennes ou la reprise des transferts de cash contribuera à rehausser la couverture de l’assistance et à réduire les écarts de consommation par les ménages. Au minimum, les humanitaires devraient augmenter leur aide pour atteindre au moins 25 pour cent pour cent de la population au minimum et couvrir au moins 25 pour cent de leurs besoins mensuels en kilocalories afin de soutenir l'amélioration potentielle de la situation d'Urgence (Phase 4 de l'IPC) à la Crise ! (Phase 3 ! de l’IPC) sur une base régulière au moins jusqu'au début de la récolte en septembre. Cependant, donné que le blocus affecte la majeure partie de la population et compte tenu de l'ampleur des écarts de consommation alimentaire, les niveaux d'assistance devraient probablement être encore plus élevés de 25 pour cent pour prévenir les situations d'Urgence (Phase 4 de l’IPC).
    Province de Soum de la Région du Sahel, Zone de Moyens d’Existence BF07 Perturbation dans la délivrance de l’assistance Dans le scénario où l'interférence du GAT ou des problèmes logistiques humanitaires - tels qu'une réduction de la capacité des hélicoptères ou des retards dans l'obtention des autorisations de vol par les autorités gouvernementales - retarderaient, réduiraient ou empêcheraient de manière significative les livraisons d'aide alimentaire par voie aérienne, une détérioration rapide des niveaux d'insécurité alimentaire aiguë se produirait vraisemblablement.   l'aide humanitaire pour survivre, cela empêchant les civils d'avoir accès qu'à un niveau marginal de nourriture et leurs déficits de consommation alimentaire seraient de plus en plus extrêmes. Compte tenu de la forte proportion de population déjà confrontée à une insécurité alimentaire aiguë Urgence (Phase 4 de l’IPC) et de l’érosion des avoirs, une diminution ou une interruption de l’assistance pourra exposer les ménages à la Famine (Phase 5 de l’IPC) entre juin et septembre. 
    Province de Soum de la Région du Sahel, Zone de Moyens d’Existence BF07 Augmentation de violences autour de Djibo Une augmentation de violence autour de Djibo limitera la capacité des ménages à s'adonner au maraîchage le long du barrage, de quitter la ville pour récolter des aliments sauvages pendant la période d’octobre a janvier, ou les apports marginaux de ces sources de nourriture aident à compenser les apports de l’assistance humanitaire. Si les attaques des groupes armés s'intensifient et empêchent les ménages de participer aux activités agricoles pendant la saison des pluies et perturbent le marché et les livraisons humanitaires encore plus que prévu, la Famine (Phase 5 de l'IPC) pourrait encore survenir pendant la période des récoltes.

     

    Zone de préoccupation: Province de Soum de la Région du Sahel, Zone de Moyens d’Existence BF07 : Nord et Est Bétail et Céréales (Figure 7)

    Situation actuelle

    La ville de Djibo est sous blocus depuis maintenant 17 mois. La population est majoritairement composée de personnes déplacée internes qui atteignaient à la date du 31 mars 2023, 269 894, soit environ 90 pour cent de la population de la commune. Ces populations vivent pour la plupart dans des familles d’accueil. Les menaces incursion des groupes armés terroristes sont récurrentes si bien que les mouvements de la population sont limités autour de la ville. Cette forte présence de PDIs entraine une pression également forte sur les infrastructures d’eau et la formation sanitaire qui fonctionne au ralenti.

    Figure 7

    Carte de référence pour la zone concernée : Soum Province, Sahel Région, BFO7

    Source: FEWS NET

    Les ménages, en particulier les PDIs et hôtes pauvres, ont épuisé leurs avoirs en bétail et le blocus empêche l’accès aux autres sources de revenus habituelles. L’accès des ménages à leurs champs a été limité 1 à 2 km autour de la ville si bien que deux mois seulement après les récoltes d’octobre, les stocks étaient finis. Selon le service en charge de l’agriculture de la province, une proportion entre 30 et 40 pour cent des pauvres avaient pu réaliser des plantations de légumes sur de petites surfaces sur le côté ouest accessible du barrage. Cependant, depuis le mois de mai, l’eau n’est plus suffisante et moins de 20 pour cent de la population continue l’activité de production maraichère. La pratique de l’orpaillage est interdite, ce qui contraint les ménages à se tourner vers d’autres sources qui ne procurent que des revenus marginaux, ne permettant pas de faire face aux besoins élémentaires des ménages pauvres. La collecte et la vente du bois de chauffe et la vente de l’eau sont devenues les principales sources de revenu pour la majorité des PDIs et ménages hôtes pauvres. Certains risquent leur vie - étant donné les menaces d’exaction, d’enlèvement et de tuerie de la part des groupes armés terroristes-de dépasser le rayon de sécurité pour se procurer le bois de chauffe. Les cas de mendicité se sont également développés dans la ville. Une minorité des ménages reçoivent des transferts monétaires de la part de proches vivants hors de la province, via des réseaux informels. La suspension de l’assistance en cash monétaire dans la localité depuis le mois de janvier est également un facteur limitant du pouvoir d’achat ménages pauvres.

    Les difficultés dans l’approvisionnement des marchés de la province, en occurrence celui de Djibo, assujetti aux convois sous escortes militaire entrainent de fréquentes ruptures en denrées de première nécessité. Cette situation a pour conséquence la faiblesse de l’offre sur le marché. Les faibles revenus des ménages face aux niveaux records de prix ne favorisent pas leur approvisionnement sur le marché. Au mois de mai 2023, le kilogramme du mil, céréale de base de la localité s’achetait à 757 XOF, en hausse de 261 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale. Les prix du maïs et du sorgho ont enregistré des hausses respectives de 150 pour cent et 126 pour cent par rapport à la moyenne. Outre le prix élevé des céréales de base, les prix des autres produits de première nécessité sont également hors de portée des ménages pauvres. Le prix du litre d’huile est passé de 1500 XOF en 2022 à 3000 XOF en juin 2023. Le sac du charbon se négocie autour de 10000 XOF contre 2000 XOF en situation normale. Le marché vient d’être approvisionné le 20 juin 2023, soit trois mois après le précédent ravitaillement. Compte tenu de la gravité des pénuries d'approvisionnement et des coûts de transport élevés associés à l'acheminement des produits dans la région, les prix n'ont pas baissé de manière significative en juin.

    L’assistance humanitaire alimentaire est devenue la principale source de nourriture des ménages pauvres. En mai 2023, 113 216 personnes, soit 38 pour cent de la population de la commune ont bénéficié d’assistance alimentaire, composée pour chaque ménage bénéficiaire de 50 Kg de céréales, 4 kg de légumineuse et un litre d’huile. Au cours des trois derniers mois, l’assistance avait touché en moyenne presque 30 pour cent de la population. Les rations distribuées sont sensées répondre au moins à 50 pour cent des besoins en kilocalorie. Mais dans la réalité, les rations sont partagées de facon volontaire avec des non bénéficiaires. Par ailleurs, compte tenu des expériences passées en termes de rupture dans la délivrance de l’assistance, les ménages par prudence, réduisent le nombre de repas et la quantité des repas consommés par jour en vue de prolonger le plus longtemps possible la durée des stocks reçus. Cela les expose à des déficits extrêmes de survie.

    Au cours du premier trimestre de 2023, avant l’augmentation de l’assistance humanitaire, le district sanitaire de Djibo enregistrait un effectif mensuel croissant d’enfants souffrant de malnutrition sévère. Des cas de décès parmi les enfants admis, atteignant le seuil critique de 10 pour cent ont été noté à Arbinda, une ville voisine dans la province de Soum. Les informateurs clés font état d'une diminution des cas d'enfants pleurant la nuit et d'une réduction des rapports anecdotiques d'adultes mourant de faim à la suite de l'augmentation des livraisons d'aide, ce qui illustre la trajectoire probable vers la Famine (Phase 5 de l’IPC) à laquelle Djibo aurait été confronté si l'aide alimentaire n'avait pas été fournie.  En conclusion, l'aide alimentaire est le principal facteur susceptible d'empêcher une nouvelle détérioration de la gravité des écarts de consommation alimentaire, de la malnutrition aiguë et de la mortalité. Néanmoins, Emergency ! (IPC Phase 4 !) sont encore susceptibles de se poursuivre en présence d'une assistance alimentaire, car les informateurs clés signalent que la faim des ménages reste élevée et qu'il reste peu d'autres sources de nourriture et de revenus.

    Suppositions

    Outre les hypothèses nationales, le scénario dans ce domaine de préoccupation repose sur les hypothèses suivantes:

    • Insécurité : Malgré les opérations de frappe aérienne menées dans la province par les FDS, les GAT demeurent actifs et continuent de présenter des menaces et de contrôler les principaux axes d’accès. Le blocus de la province devrait persister et limiter l’approvisionnement des marchés, ainsi que les mouvements des populations pour l’accès aux sources de nourriture et de revenu. 
    • Productions agropastorales : Malgré une pluviométrie qui s’annonce moyenne, la persistance de l’insécurité dans la province est un facteur limitant pour l’activité agricole. En effet, avec le blocus qui perdure, les ménages auront un accès très limité à leurs champs, ce qui entrainera une réduction considérable des superficies emblavées. Le remplissage progressif du barrage, permettra une reprise des activités de production maraichère entre juillet 2023 et janvier 2024. Toutefois, comme la saison écoulée, l’insécurité et une disponibilité et un accès financier extrêmement limités aux engrais et aux semences limiteront drastiquement cette activité. Les récoltes attendues à partir d’octobre ne couvriront que marginalement les besoins pendant 1 ou 2 mois. Compte tenu des pertes en avoir de bétail et du blocus en cours, l’élevage restera presque inexistant.
    • Revenus : Les sources de revenus des ménages devraient rester rares pour la majorité des PDIs et ménages pauvres hôtes pendant toute la période du scénario. Toutefois, entre juillet et septembre, les revenus tirés de la vente de l’eau pourraient baisser en raison de la baisse de la demande pendant la saison des pluies. Les revenus tirés de la vente de bois et de produits de cueillette ne pourront pas combler le gap créé par l’interdiction de la pratique de l’orpaillage et de la distribution de cash par les acteurs humanitaires.
    • Fonctionnement des marchés : L’approvisionnement du marché de Djibo, restera tributaire des convois sous escortes militaires du fait des risques élevés d’incidents sécuritaires le long des principaux axes (Kongoussi-Djibo ; Ouahigouya-Djibo). L’irrégularité des convois continuera d’entrainer de fréquentes ruptures en denrées de base et des niveaux atypiques de prix comparé à la moyenne saisonnière jusqu’en fin de période habituelle de soudure. Les récoltes marginales qui vont intervenir à partir d’octobre ne seront pas suffisantes pour éviter les ruptures et les prix resteront élevé entre octobre et janvier par rapport à leurs moyennes saisonnière pendant la période.
    • Assistance alimentaire : Plusieurs partenaires ont planifié des opérations d’assistance alimentaire de soudure pour atteindre la majorité de la population dans la province du Soum. Cette aide pourrait ne pas être totalement délivrés ou accuser des retards dans sa mise en œuvre du fait des contraintes sécuritaires et logistiques. Les distributions par vol seront privilégiées avec des quantités réduites par rapport aux prévisions. Les planifications disponibles pour la période de juin à aout devraient toucher 30-40 pour cent de la population. Entre octobre et janvier, les planifications montre une couverture similaire aux mois précédents, mais les financements ne sont pas encore garantis.

    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    L’assistance alimentaire constituera la principale source de nourriture des ménages hôtes et PDI pauvres, notamment pendant la soudure de juin à septembre. Sur la base des livraisons récentes et prévues à 30-40% de la population, l'assistance alimentaire restera vitale pour prévenir des écarts extrêmes de consommation alimentaire et une augmentation alarmante des niveaux de malnutrition aiguë et de mortalité. Cependant, étant donné la nature restrictive du blocus qui limite fortement l'accès à d'autres sources de nourriture et de revenus, la majeure partie de la population a besoin d'une assistance alimentaire, et les livraisons à 30-40% de la population seront insuffisantes pour prévenir d'importants déficits de consommation alimentaire.  FEWS NET estime que l’Urgence ! (Phase 4 ! de l’IPC) est le résultat le plus probable de juin à septembre, et la Famine (Phase 5 de l’IPC) se produirait probablement en l'absence d'assistance alimentaire. Toutefois, compte tenu du nombre limité d'avions pour les livraisons et des contraintes logistiques et financières associées, il existe un risque de Famine (Phase 5 de l'IPC) si les livraisons d'aide sont suspendues et ne se déroulent pas comme prévu.

    L'aide alimentaire restera également essentielle pour atténuer les niveaux atypiquement élevés de la faim, de la malnutrition aiguë et de la mortalité au cours de la période post-récolte d’octobre 2023 à janvier 2024.  Toutefois, les pluies font monter le niveau d'eau dans le barrage de Djibo, a partir d’aout, les productions maraichères seront également marginalement disponibles pour une partie de la population. A partir d'octobre, le maraichage et la collecte de produits sauvages s’ajouteront aux stocks maigres provenant de la production de céréales pluviales. Si ces sources de nourriture permettent d'atténuer quelque peu la gravité de la faim, leur quantité est à peine suffisante pour réduire les écarts de consommation alimentaire des ménages.  Par conséquent, une situation d'Urgence (Phase 4 de l’IPC) est attendue entre octobre et janvier, indépendamment des livraisons d'aide alimentaire - dont le financement n'est pas encore garanti - et certains ménages seront probablement en situation de Catastrophe (Phase 5 de l’IPC). En outre, un risque de Famine (Phase 5 de l’IPC) persistera pendant cette période, et si les attaques des groupes armés s'intensifient et empêchent les ménages de participer aux activités agricoles pendant la saison des pluies et perturbent le marché et les livraisons humanitaires encore plus que prévu, la Famine (Phase 5 de l'IPC) pourrait encore survenir pendant la période des récoltes.
     

    Résultats les plus probables en matière de sécurité alimentaire et zones bénéficiant de niveaux significatifs d’aide humanitaire

    Citation recommandée : FEWS NET. Burkina Faso. Perspectives sur la sécurité alimentaire juin 2023 à janvier 2024 :  En l’absence de l’assistance alimentaire, la Famine (Phase 5 de l’IPC) se produirait probablement à Djibo entre juin et septembre, 2023

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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