Skip to main content

Le blocus sécuritaire accélère l’érosion des avoirs et expose les ménages pauvres à l’Urgence (Phase 4 de l’IPC)

Le blocus sécuritaire accélère l’érosion des avoirs et expose les ménages pauvres à l’Urgence (Phase 4 de l’IPC)

Download the report

  • Download the report
  • Messages clé
  • CONTEXTE NATIONAL
  • EVENEMENTS QUI POURRAIENT CHANGER LES SCENARIOS
  • Messages clé
    • La persistance des attaques, des menaces et le contrôle des axes d’approvisionnement par les groupes armés militants affectent négativement les avoirs des ménages et leur accès alimentaire dans les zones plus touchées par l’insécurité. Dans la province de l’Oudalan en particulier, l’enquête réalisée par FEWS NET courant mai-juin, révèle que l’adoption de stratégies extrêmes sur les moyens d’existence touche 60 pour cent et 75 pour cent des ménages hôtes et des PDIs respectivement, les exposant ainsi à l’insécurité alimentaire d’Urgence (Phase 4 de l’IPC). Il est probable qu’une situation similaire ou pire soit observée dans la province du Soum, sous blocus depuis le mois de février. 

    • Dans les autres provinces de la moitié nord du pays, l’insécurité continue d’augmenter le nombre de PDI fortement présents dans les centres urbains, de limiter les opportunités de revenu et d’entraver l’approvisionnement des marchés avec pour conséquence des niveaux atypiquement élevés des prix des denrées de base. Les ménages hôtes pauvres et les PDIs ont des écarts importants de consommation et sont en Crise (Phase 3 de l’IPC).

    • L’augmentation atypique des prix des denrées affecte l’ensemble du pays en raison de l’offre nettement en-dessous de la moyenne, d’une demande plus forte, des effets additionnels de la crise russo-ukrainienne sur les prix du blé et dérivé, de l’huile et des engrais et aussi des effets inflationnistes amplifiés par l’augmentation des prix dans les hydrocarbures et le transport. L’indice harmonisé des prix à la consommation a atteint un niveau record de 24, 5 pour cent en mai (INSD, IHPC) et les variations quinquennales des prix des céréales de base au mois de mai sont de 70 à 80 pour cent avec des niveaux doubles dans les zones sous blocus. 

    • Bien que les perspectives de prévision pluviométrique soient favorables dans le pays, l’augmentation continue du nombre de PDIs et l’accès réduit des ménages à leurs champs vont entrainer une baisse des superficies emblavées. De même, l’accès réduit des producteurs aux intrants en raison de la baisse dans les volumes subventionnés et des prix 40 à 50 pour cent plus élevés pourrait affecter négativement les rendements. Dans l’ensemble les productions attendues seraient en-dessous de la moyenne. Dans ce contexte associé aux effets persistants de la crise internationale, il est probable que les prix des denrées se maintiennent au-dessus de leurs moyennes saisonnières jusqu’en janvier 2023.  

    CONTEXTE NATIONAL

    Situation actuelle

    Depuis novembre 2021, les groupes armés militants, notamment la Jama'a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM) ont mené des attaques de plus en plus fréquentes contre les forces de sécurité et les populations civiles dans les régions du Sahel, du Nord, du Centre-Nord, de l'Est et de la Boucle du Mouhoun. Le nombre d'incidents de sécurité impliquant le JNIM entre février et avril 2022 a augmenté de 320 pour cent par rapport à la même période en 2021 (Figure 1). Dans les régions du Nord, du Sahel et de l'Est, ces groupes militants ont intensifié leurs efforts pour couper et isoler les communautés locales. La multiplication des attaques le long des routes Ouahigouya-Titao, Kongoussi-Djibo, Kaya-Dori, Dori-Arbinda, Fada-Kantchari et Fada-Kompienga a rendu difficile l'approvisionnement des marchés locaux par les commerçants, ce qui a contribué à une hausse record des prix. Les groupes militants ont également intensifié leurs efforts pour saboter les infrastructures de télécommunication. Au cours des quatre premiers mois de 2022, au moins 54 antennes de télécommunication ont été endommagées ou détruites, limitant ainsi les communications et les transferts monétaires via le mobile, en particulier dans les provinces du Soum et du Loroum. La multiplication des exactions et menaces continue d’entrainer un nombre croissant de déplacés internes estimés à plus de 1,9 millions en fin avril, soit une augmentation de 20 pour cent depuis le début de l’année (Figure 2).

    Depuis la mi-mai, les pluies sont régulières, en particulier dans la moitié sud du pays où les conditions ont été favorables pour un démarrage précoce ou à temps des opérations de semis. Ces conditions ont également favorisé la régénération des pâturages dans cette partie du pays. Depuis le début du mois de juin, les pluies enregistrées dans le nord du pays (cumuls de 20 à 75 mm) ont aussi permis localement des semis précoces et une amélioration de la disponibilité de l’eau pour l’abreuvement des animaux. Néanmoins, la régénération des pâturages reste insuffisante et leur accès difficile en raison des menaces d’exaction et de pillages par les groupes militants. D’où une détérioration des embonpoints des animaux et une augmentation des cas de mortalité par rapport à la normale en particulier dans la région du Sahel et environnant. La mise à disposition d’engrais subventionnés aux producteurs par le gouvernement est en cours. Toutefois, comparé à la saison passée, on note une baisse de 25 pour cent dans le volume des engrais subventionnés. Sur les marchés, la disponibilité de ces engrais est faible par rapport à la moyenne et les prix sont en hausse de plus de 50 pour cent.

    Bien que l’offre de céréales soit en-dessous de la moyenne sur l’ensemble des marchés du pays, la dégradation de la situation sécuritaire affecte négativement et en particulier les flux des denrées de base des zones de production vers les zones structurellement déficitaire au nord (Figure 3). Les produits les plus disponibles sont le riz importé et le maïs. Les stocks en mil et en sorgho sont faibles ou rares, surtout dans les zones difficiles d’accès. Bien qu’en dessous du nombre typique, le gouvernement a ouvert 63 points de vente de céréales à prix social, mais les quantités livrées (40 tonnes/point de vente) sont faibles comparé à la demande et ne suffisent pas pour infléchir les niveaux de prix sur les marchés. Les contrôles opérés sur certains axes routiers par les groupes terroristes, continuent d’empêcher l’approvisionnement de certains marchés principaux (Titao, Djibo, Markoye, Arbinda). Des escortes des forces de défense et de sécurité sont parfois organisées pour faciliter l’acheminement des marchandises vers ces marchés, toutefois de façon irrégulière. La demande en denrées de base est forte comparée à la normale en raison du nombre croissant de populations déplacées, de l’épuisement précoce des stocks issus de l’autoproduction et des besoins des industries de brasserie et des unités de transformation d’aliment volaille.

     

    La crise internationale, notamment les restrictions des exportations alimentaires liées directement ou indirectement au conflit russo-ukrainien affecte négativement l’approvisionnement du pays en blé, en huile, en lait, en produits pétroliers et en engrais. Selon les statistiques du ministère du commerce, au mois de mai, les stocks de produits importés ont enregistré des baisses de 84 pour cent pour l’huile alimentaire, environ 80 pour cent pour la farine de blé, 30 pour cent pour le lait en poudre et 53 pour cent pour le sucre par rapport à la moyenne quinquennale. L’indice harmonisé des prix à la consommation (IHPC, source INSD) a atteint un niveau record de 24,5 pour cent au cours du mois de mai et pendant cette période, les prix des céréales de base ont maintenu des niveaux atypiquement élevés par rapport à l’année passée et à la moyenne quinquennale, respectivement :    45 et 74 pour cent pour le maïs, 58 et 70 pour cent pour le mil, 70 et 78 pour cent pour le sorgho. Par rapport à l’année passée, les prix de la farine de blé et des pâtes alimentaires ont augmenté entre 30 et 50 pour cent et ceux de l’huile entre 50 et 90 pour cent.  Les prix des denrées de base ont plus que doublé par rapport à la moyenne dans les zones sous blocus, notamment sur les marchés de Titao, Djibo et Markoye. Comparativement à la moyenne, les prix du bouc au mois de mai ont connu une hausse de 26 pour cent sur le marché de Dori (plus accessible par les acheteurs), mais sont restés stable sur le marché de Gorom-Gorom (moins fréquenté). Par rapport à l’année passées, les prix sont stables à Dori, mais en baisse de 23 pour cent à Gorom-Gorom. Avec des niveaux atypiques des prix des denrées, les termes de l’échange bouc/mil se sont dégradés de 37 pour cent sur le marché de Dori et de 55 pour cent sur le marché de Gorom-Gorom par rapport à la normale. Des détériorations plus prononcées sont observées sur les marchés de Djibo, Titao et Markoye non fréquenté par les acheteurs étrangers.

    Habituellement, pour entamer les activités agricoles et la période de soudure, les ménages ont recours aux revenus générés de la pratique de l’orpaillage, de la vente de produits maraichers, des transferts de la migration et la vente du bétail. Dans l’ensemble, les revenus en provenance de ces sources sont en baisse comparé à la moyenne. En effet, la dégradation de la situation sécuritaire depuis la fin de la dernière saison des pluies en novembre a limité l’accès des populations aux sites d’or et aux sites maraichers. Par ailleurs, la production maraichère a enregistré une baisse par rapport à la moyenne en raison du déficit d’eau et des difficultés d’accès aux engrais. Dans les zones relativement plus calmes, les ménages peuvent compter sur la vente du bétail. Toutefois, ils doivent vendre au moins deux caprins pour obtenir la même quantité de céréales qu’ils pouvaient avoir en année normale en vendant une tête.

    Avec l’épuisement précoce des stocks issus de l’autoproduction, le marché devient la principale source de nourriture pour la plupart des ménages. La faiblesse des revenus face au niveau atypiquement élevé des prix des denrées conduit les ménages pauvres dans les zones relativement plus calmes (centre, sud et ouest) et dans les centres urbains à réduire à la fois le nombre de repas quotidiens à deux voire un et les quantités consommées. Ils ont aussi recours aux aliments moins chers. Ces ménages sont exposés à l’insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 de l’IPC). Dans la parti sud-ouest du pays, bien que les prix sur le marché restent élevées, les ménages dans les zones de production ont assez de stocks et de revenus pour assurer une alimentation adéquate et sont en Minimale (Phase 1 de l’IPC).  

    Dans les zones plus touchées par l’insécurité (régions du Sahel, du Centre-Nord, de l’Est, les provinces du Yatenga et du Loroum dans le Nord, les provinces de la Kossi et du Sourou dans la Boucle du Mouhoun), les ménages hôtes pauvres et les PDI pauvres dépendent plus des marchés et de l’assistance pour leur alimentation. Cependant, en raison des pertes des avoirs suite aux pillages des groupes armés militants, des mouvements limités pour accéder aux sources habituelles de revenu, de la fermeture des marchés à bétail ou de leur fonctionnement au ralenti, de la baisse des transferts des exodants ou migrants du fait de la destruction des réseaux de communication, les pauvres disposent de revenus nettement en-dessous de la moyenne pour faire face au niveaux record ou atypique des prix des denrées. De ce fait, ces zones enregistrent des restrictions sévères dans la consommation des ménages. La réduction du nombre de repas à un, la réduction des rations et la limitation de la consommation des adultes au profit des enfant sont des stratégies les plus partagées par les pauvres. Ces derniers sont exposés à l’insécurité alimentaire aigue Crise (Phase 3 de l’IPC). Dans les zones actuellement sous blocus et de forte présence de PDI (provinces du Soum et de l’Oudalan), ainsi que les communes voisines (Bahn, Sollé, Bourzanga, Rollo, Pensa, Barsalogho, Bouroum, Gorgadji, Sebba et Mansila, comprenant moins de 20 pour cent de la population de leurs provinces respectives), il est fréquent que les pauvres qui passent une journée entière sans manger dans la semaine ou qui s’adonnent à la mendicité. Les ménages nantis et moyens qui possèdent encore de bétail sont contraints de déstocker pour l’achat de nourriture ou pour éviter les pertes de mortalité en raison de la dégradation de l’embonpoint des animaux piégés par le manque d’aliment. L’accès des populations aux soins de santé-nutrition est aussi limité en raison de la fermeture des formations sanitaires ou du déficit en approvisionnement en médicaments pour les soins, la prévention et la prise en charge de cas de malnutrition. L’assistance alimentaire est difficile à dérouler. Elle est insuffisante et irrégulière. Celle réalisée courant avril-mai a touché moins de 20 pour cent de la population et la couverture des besoins planifiée est de 50 pour cent. Mais dans la réalité, elle fait objet de redistribution volontaire par les bénéficiaires par solidarité envers les non bénéficiaires. Dans ces zones, les informateurs clés rapportent que des signes visibles de malnutrition sont observables surtout parmi les PDI pauvres et que les stratégies extrêmes concernent plus de 20 pour cent des populations qui sont dans une situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC).

    Suppositions

    Le scenario le plus probable de la sécurité alimentaire de juin 2022 à janvier 2023 se base sur des suppositions fondamentales, par rapport à l’évolution du contexte national, qui sont :

    • Situation sécuritaire : L'augmentation du rythme opérationnel des forces armées du Burkina Faso ne devrait pas avoir d'impact significatif sur les capacités opérationnelles de la JNIM dans le nord du pays. La fréquence et l'intensité des attaques perpétrées par les groupes militants devraient augmenter, atteignant probablement des niveaux record depuis le début du conflit en 2016, jusqu'au pic de la saison des pluies en juillet 2022. À partir du pic de la saison des pluies, il devrait y avoir une diminution relative des attaques jusqu'en octobre 2022. La violence militante, en particulier dans les provinces du Soum et de l'Oudalan (région du Sahel), du Loroum (région du Nord), du Bam et du Sanmatenga (région du Centre-Nord), du Kossi et du Sourou (Boucle du Mouhoun), du Gourma et du Kompienga (région de l'Est), devrait continuer à forcer la fermeture des écoles et à provoquer des déplacements internes de populations. Après la fin de la saison des pluies, il est probable que les attaques reprennent et augmentent en fréquence et en intensité, atteignant au moins - sinon dépassant - les niveaux observés entre octobre 2021 et janvier 2022. Bien que l'intensification des opérations militaires et sécuritaires ait entraîné des succès locaux et tactiques dans les régions de la Boucle du Mouhoun et des Cascades, il est peu probable qu'elles puissent contenir ou faire reculer la portée opérationnelle croissante des groupes militants dans les régions du sud-ouest et de l'ouest du pays où les groupes militants cherchant à étendre leur contrôle sur les itinéraires de contrebande, en particulier le long des frontières burkinabé-ivoiriennes et burkinabé-togolaises. 
    • Crise ukrainienne : La poursuite de la crise russo-ukrainienne pourrait continuer d’impacter négativement les volumes des importations et les prix domestiques en particulier pour le blé et produits dérivés, l’huile alimentaire et les produits pétroliers. Par ailleurs, cette crise affecte négativement les importations d’engrais dont les prix ont presque doublé sur les marchés surtout pour les zones de grande production au Sud du pays où les dépenses en engrais dépassent 10 pour cent des revenus globaux. L’accès limité des producteurs aux engrais entrainerait dans l’ensemble une réduction des rendements agricoles comparé à la moyenne. Néanmoins, le niveau élevé des prix des produits agricoles et la pression de la demande pourraient inciter les gros producteurs à maintenir les superficies habituellement emblavées et maintenir la demande de main-d’œuvre moyenne.
    • Fonctionnement des marchés et évolution des prix de produits de base: L’insuffisance des stocks institutionnels pour réguler les prix, les pratiques spéculatives, la forte demande des ménages et des unités de transformation et les impacts de la hausse des cours mondiaux des matières premières et du baril de pétrole, sont des facteurs qui vont exercer une pression sur les marchés et continuer d’entrainer des augmentations atypiques de prix au-delà de leurs moyennes saisonnières pendant toute la période de soudure. Localement, il est probable que les difficulté d’approvisionnement et d’accès humanitaires du fait de l’insécurité créent des pressions plus fortes et des variations atypiquement plus importantes de prix. A partir du mois d’octobre, l’offre sur les marchés pourrait s’améliorer avec les nouvelles récoltes et on devrait avoir une baisse saisonnière des prix. Toutefois, avec des perspectives de production en baisse, une probable demande accrue de reconstitution des stocks institutionnels et privés, la demande des ménages, en particulier les PDI, il est probable que les tensions pour la demande persistent que d’habitude et que les prix restent supérieurs à la moyenne entre octobre et janvier.
    • Prix du bétail et termes de l’échange : Outre l’insécurité qui continue d’empêcher le fonctionnement normal des marchés à bétail, surtout dans la moitié nord et à l’est du pays, l’installation de la saison des pluies pourrait davantage limiter le fonctionnement des marchés en raison de la dégradation des routes. Dans l’ensemble, la baisse du pouvoir d’achat des ménages pourrait réduire leur demande de consommation en bétail pendant la prochaine fête de Tabaski. Il est aussi probable que les déstockages d’animaux soient plus importants pour faire face à l’augmentation atypique des prix des denrées de base et des prix des aliments pour bétail. Les prix du bétail, en particulier des petits ruminants pourraient alors rester globalement stables ou légèrement en dessous de la moyenne sur toute la période dans les zones plus accessibles du fait de la morosité du marché.   Par contre, dans les zones sous blocus, les bradages pourront être plus importants et la détérioration des termes de l‘échange également plus forte.
    • Perspectives agropastorales: Les prévisions saisonnières agro-hydro-climatiques 2022 faites par l’Agence Nationale de la Météorologie (ANAM) en mai 2022 font ressortir une pluviométrie prévisionnelle abondante avec des séquences sèches en début et fin de saison de pluies moyennes à courtes en fonction de la zone. Bien que leur répartition temporelle ne soit pas précisée, des cumuls supérieurs pourraient localement entrainer des inondations entre juillet et septembre. Par ailleurs, l’insécurité et les déplacements de populations entraineront une baisse des superficies emblavées par rapport à l’année passée et la moyenne. En outre, la faible disponibilité et le coût doublement plus élevé des fertilisants réduiront leur utilisation par les ménages moyens et aisés. Dans l’ensemble, les productions agricoles pourraient se maintenir en dessous de celles de l’année écoulée et de la moyenne quinquennale. Il est attendu des productions de pâturage et des niveaux de remplissage des points d’eau de surface moyens à supérieurs à la moyenne.  Toutefois, leur accès dans les zones de conflits restera limité pour les troupeaux encore présents dans ces zones.
    • Baisse des revenus agricoles: On s’attend à ce que l’offre de main-d’œuvre agricole pour les travaux de labours, de semis et d’entretien de cultures entre juin et septembre soit plus forte que d’habitude auprès des ménages moyens et aisés. Ces derniers, confrontés aux coûts élevés des engrais, pourraient maintenir stable leur demande ou offrir des rémunérations à la baisse. Entre octobre et janvier, la baisse de production pourrait limiter les mises à marchés des nouvelles récoltes et maintenir les revenus en-dessous de la moyenne, même s’il est probable que les prix des produits agricoles soient supérieurs à leurs moyennes saisonnières pendant la période.
    • Baisse des revenus non agricoles : La détérioration de la situation sécuritaire affecte négativement les activités de l’orpaillage et contraint certaines exploitations minières à ralentir leurs activités et à mettre les employés au chômage. L’orpaillage qui occupe les ménages pauvres est généralement au ralenti pendant la saison des pluies avec la fermeture des sites par les autorités. Entre octobre et janvier, cette activité devrait reprendre, mais avec une intensité moindre compte tenus des difficultés d’accès physique aux sites. Dans l’ensemble, les revenus tirés de cette source resteront inférieurs à la moyenne.
    • Détérioration de la situation nutritionnelle : La fermeture ou le fonctionnement réduit des services de santé dans les zones d’insécurité ainsi que les difficultés d’approvisionnement des formations sanitaires en intrants thérapeutiques et médicaments limitent la conduite des activités de prévention et de prise en charge de malnutrition.  Dans ce contexte, la dégradation de la consommation alimentaire des ménages en lien avec les difficultés d’accès alimentaire et l’émergence des maladies d’origine hydrique pendant la saison des pluies exposeront à plus de cas de malnutrition sur toute la période du scenario comparativement à la moyenne. A partir d’octobre, les disponibilités alimentaires issues des récoltes qui devraient permettre d’augmenter la consommation jusqu’en janvier et la baisse des maladies infantiles, pourraient contribuer à réduire légèrement la prévalence de la malnutrition aigüe.

    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    La dégradation continue de la situation sécuritaire marquée par l’augmentation des incidents, du nombre de PDI et du nombre  de zones sous blocus difficiles d’accès pour les approvisionnements et l’assistance alimentaire, la baisse des importations de denrées alimentaires et les effets additionnels sur la hausse des prix suite à la persistance du conflit russo-ukrainienne et les effets inflationnistes suite à l’augmentation du prix des hydrocarbures et du transport sont des facteurs qui affecte négativement les pouvoir d’achat des ménages et qui pourraient aggraver l’insécurité alimentaire au cours de la période de soudure en cours.

    Dans les zones relativement plus calmes du pays, on s’attend à ce que les ménages pauvres augmentent la vente d’animaux, l’offre de main-d’œuvre agricole et les prêts ou achats à crédit entre juin et septembre afin de faire face aux niveaux atypiques des prix des denrées. Les ménages les plus aisés qui doivent acheter des engrais plus chers, n’ont pas assez des ressources pour répondre à l’offre de main-d’œuvre et faire des paiements en argent ou en nourriture comme d’habitude. Ainsi, les pauvres seront contraints à augmenter la consommation de produits de cueillette dont la disponibilité est similaire à la normale et de poursuivre les restrictions alimentaires en réduisant le nombre de repas et les quantités. L’insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 de l’IPC) va persister dans les provinces de la région du Plateau Central, du Kouritenga (région du Centre-Est), du Passoré et du Zandoma (région du Nord), du Nayala (région de la Boucle du Mouhoun), du Boulkiemdé et du Sanguié (région du Centre-Ouest) et du Centre. Entre octobre et janvier, l’accès aux nouvelles récoltes va améliorer la consommation des ménages et favoriser une insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC). Toutefois, les pauvres dans la capitale, plus dépendants du marché, devraient continuer de vivre une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC), car la baisse de leur pouvoir d’achat limitera leur accès adéquat à l’alimentation. Dans les provinces du Sourou et de la Kossi, les stocks des ménages pauvres se sont épuisés précocement dès le mois d’avril en raison des pertes de récoltes enregistrées la saison passée. Par ailleurs, le nombre de PDIs s’est accru de 48 pour cent au cours des quatre premiers mois de l’année en raison de la persistance des attaques et menaces des groupes militants. De ce fait, en plus des pertes suite aux pillages, les ménages hôtes pauvres et les PDI pauvres seront obligés de vendre plus d’animaux ou d’avoir des écarts de consommation plus importants. Ils seront exposés à la Crise (Phase 3 de l’IPC). A partir d’octobre, les PDI resteront plus dépendant des marchés. Il sera peu probable que les ménages pauvres génèrent suffisamment de revenus issus de la vente des récoltes pour reconstituer les pertes subies sur les moyens d’existence et devraient être exposés à l’insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 de l’IPC).

    Dans les régions du Sahel, du Nord, du Centre-Nord et de l’Est, particulièrement plus touchées par l’insécurité et de forte présence de PDI, la limitation des mouvements aggravée par le blocus continuera d’empêcher les populations d’avoir accès aux sources habituelles de revenu. L’assistance humanitaire planifiée entre juin et septembre cible principalement les PDI. Globalement elle touche moins de 20 pour cent de la population et répond à environ 50 pour cent de leurs besoins. Compte tenu de la faible couverture, cette assistance fera probablement objet de redistribution volontaire entre les ménages. Ainsi face à l’érosion des avoirs et au manque de revenu pour acheter de la nourriture à prix record sur les marchés, on pourrait observer entre juin et septembre, une intensification dans l’adoption de stratégies de consommation extrêmes, une augmentation des cas de mendicité et de recours aux produits de cueillette et aux aliments d’exception. Les ménages pauvres hôtes et les PDI pauvres resteront exposés à l’insécurité alimentaire aigue Crise (Phase 3 de l’IPC) ou pire dans les provinces des régions de l’Est, du Centre-Nord, dans les provinces du Yatenga et du Loroum (région du Nord) et dans les provinces du Séno et du Yagha (région du Sahel). Dans les provinces du Soum et de l’Oudalan l’érosion des avoirs des ménages est plus prononcée. Les ménages pauvres et les PDI y ont recours à des stratégies extrêmes (mendicité, vente de la dernière femelle). De même, dans les communes environnant de Bourzanga, Rollo, Namissiguima, Barsalogho, Pensa, Bouroum dans le Centre-Nord ; Gorgadji, Sebba, Mansila au Sahel, comprenant moins de 20 pour cent de la population totale de la province, la persistance du blocus, les ruptures dans l’approvisionnement et les niveaux de prix plus que doublé comparé à la moyenne, exposeront les pauvres à des pertes extrêmes relatives aux moyens d’existence et à des déficits alimentaires extrêmes et à une augmentation des cas de malnutrition au-dessus de l’urgence. Au moins entre 20 à 30 pour cent des populations pourraient être dans l’Urgence (Phase 4 de l’IPC) dans les provinces du Soum et de l’Oudalan et dans les communes environnantes. Il est probable que cette situation demeure inchangée au regard de l’absence de sources habituelles de revenus et de nourriture pour la majorité des PDI et de pauvres hôtes.

    EVENEMENTS QUI POURRAIENT CHANGER LES SCENARIOS

    Zone

    Evénements

    Impact sur les résultats de la sécurité alimentaire

    National 

    Imposition de sanctions économique par la CEDEAO

    La CEDEAO est dans l’attente de la proposition par les autorités de la transition d’un agenda de retour à l’ordre constitutionnel normal dans le pays. Un désaccord sur cet agenda pourrait l’amener à imposer des sanctions économiques et financières sur le pays. Cela pourrait contribuer à ralentir les activités économiques et à accentuer la hausse des prix des denrées alimentaires et non alimentaires dans le pays, avec des conséquence négatives sur le pouvoir d’achat des ménages, la consommation et les moyens d’existence. Cela augmenterait le nombre de zones en insécurité alimentaire aigue Crise (Phase 3 de l’IPC).

    Survenue d’inondations dans le pays

    Avec des prévisions de cumuls pluviométriques supérieurs à la moyenne entre juillet et septembre, il est probable que des inondations surviennent localement.  Cela dégraderait davantage les moyens d’existence des populations et augmenterait les besoins humanitaires dans le pays.  

    Une irrégularité ou un arrêt précoce des pluies dans le pays

     

    Une mauvaise répartition des pluies entre juin et septembre ou un arrêt précoce des pluies pourrait favoriser les pratiques spéculatives sur les marchés et accentuer la hausse saisonnière des prix des denrées de base. Cela entrainera une dégradation du pouvoir d’achat des ménages toute chose qui conduira à une détérioration de l’accès alimentaire, surtout pour les PDI plus dépendants du marché. Dans ce cas, le nombre de zones en insécurité alimentaire aigue Crise (Phase 3 de l’IPC) connaitra un accroissement.

    Une amélioration des importations de denrées alimentaires

    Un arrêt du confit russo-ukrainien ou un assouplissement dans les exportations des produits russes et ukrainiens contribuera à améliorer les stocks de blé, de pâtes alimentaires, d’huile alimentaire sur le marché national. Cela favoriserait une baisse des prix de ces produits et participerait à l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages. Cela limiterait les pratiques de stratégies de stress ou de crise, en particulier dans les milieux urbains plus demandeurs de ces produits.

    Figures Calendrier saisonnier pour une année typique Calendrier saisonnier pour une année typique

    Source : FEWS NET

    Figure 1

    Source : FEWS NET, using data from ACLED

    Figure 2

    Source : FEWS NET, withdata from the Burkinabe Council for Emergency Relief and Rehabili…

    Figure 3

    Source : FEWS NET

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

    Related Analysis Listing View more
    Get the latest food security updates in your inbox Sign up for emails

    The information provided on this Website is not official U.S. Government information and does not represent the views or positions of the U.S. Agency for International Development or the U.S. Government.

    Jump back to top