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Les prévisions saisonnières faisant état d’une probable installation des pluies à bonnes dates et des cumuls pluviométriques moyens à supérieurs à la moyenne, laissent présager une bonne campagne agricole 2016. Ainsi, la majorité des ménages agricoles pourraient maintenir stables leurs moyens d’existence et avoir un accès normal à l’alimentation. Ce qui leur garantira une insécurité alimentaire aigue Minimale (Phase 1 de l’IPC) dans les sept prochains mois.
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Les perspectives agricoles prometteuses et le bon niveau d’approvisionnement des marchés sont favorables à une évolution normale des prix des denrées qui pourrait être similaire à la moyenne quinquennale. En outre, les revenus de la main-d’œuvre ainsi que la vente du bétail se maintiendraient à un niveau habituel, ce qui permettrait un accès alimentaire normal aux ménages pendant la soudure de juin à septembre.
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L’assistance humanitaire financée et planifiée ainsi que l’appui du gouvernement dans l’extrême nord du pays où vivent près de 29 000 réfugiés maliens et 26 500 personnes très pauvres, permettront de soulager les populations pendant la soudure en attendant les nouvelles récoltes à partir d’octobre.
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Situation actuelle
A la fin de la première décade de juin, la plupart des régions du pays avaient déjà enregistré des pluies précoces ou normales. A cette date, les cumuls pluviométriques saisonniers ont varié entre 3,8 mm en un jour à Baraboulé dans la région du Sahel et 300 mm en 24 jours à Pô, dans la région du Centre-Sud. Ces cumuls, comparés à la normale (1981-2010), sont similaires à excédentaires dans la majeure partie du pays, excepté quelques localités situées dans les régions du Sahel, de la Boucle du Mouhoun, des Hauts Bassins, du Sud-Ouest et de l’Est où ils sont déficitaires à très déficitaires.
Ces pluies, ont permis non seulement de réduire les fortes chaleurs des mois précédents, mais aussi ont permis des semis avec succès des spéculations à variétés précoces ou à cycle long à l’ouest (dans la zone de Niangoloko) et au sud (zone de Pô) du pays. Dans le reste du pays, les activités agricoles de préparation des champs, d’épandage de fumier, de réalisation des techniques de conservation des eaux et de restauration des sols se poursuivent normalement.
En ce début de soudure habituelle, la plupart des ménages pauvres ont toujours accès au moins à deux repas par jour à partir de leurs propres stocks ou des marchés. Le niveau d’approvisionnement des marchés est en général satisfaisant et les prix des céréales de base, malgré de légères hausses par endroit (particulièrement pour le maïs) par rapport à l’année passée, restent globalement stables comparés à la moyenne quinquennale. En outre les ventes de céréales à prix subventionné par le gouvernement ainsi que la disponibilité de produits de cueillette, améliorent l’accès à l’alimentation des ménages.
Dans les principales zones pastorales, les prix des animaux, comparativement à la moyenne quinquennale, sont en hausse pour les béliers (14%) et les boucs (10%), mais en baisse pour les taureaux d’environ 25% du fait de la baisse de la demande dans les pays d’exportation (Nigeria et Ghana). les termes de l’échange bétail/céréales sont actuellement en faveur des éleveurs. En effet, la vente d’un bouc sahélien permet d’obtenir 130 kg de mil sur les marchés de Gorom-Gorom, 171 kg de mil sur le marché de Dori et 187 kg de mil sur le marché de Djibo. Excepté le marché de Gorom-Gorom, ils sont au-dessus de la normale qui est de 150 kg de mil.
A l’exception de quelques localités de la région du Sahel (communes de Déou et Oursi), les difficultés d’abreuvement des animaux se sont résorbées en général partout dans le pays à la faveur des premières pluies enregistrées. Toutefois, la régénération en cours des pâturages par endroit ne permet pas encore une alimentation suffisante des animaux et les éleveurs ont toujours recours aux stocks de résidus de récoltes ou d’herbe fauchée soit aux sous-produits agro-industriels achetés sur les marchés.
Environ 29 000 réfugiés maliens sont encore présents dans le pays. La grande majorité est installée dans les camps de Mentao (province du Soum) et de Goudebo (province du Séno). Ces derniers bénéficient de l’assistance du Haut-Commissariat et ses partenaires. La majorité des populations déplacées (2194 agropasteurs) de la Côte d’Ivoire et qui s’étaient réfugiées dans la province du Noumbiel suite au conflit intercommunautaire sont retournées.
Suppositions
Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire décrit de juin 2016 à janvier 2017, se fonde sur les hypothèses générales suivantes:
Une soudure normale dans les ménages : Pour la période allant de juillet à septembre, l’assistance humanitaire planifiée par les partenaires au profit d’environ 89 000 personnes, essentiellement du cash transfert d’une valeur de 1,08 milliards et de la distribution de farine infantile, bénéficiera normalement aux 26 500 personnes en stress dans les communes de Oursi, Déou et Tin-Akoff et devrait aussi couvrir leur besoin sur la période. Par ailleurs, l’opération de vente de céréales à prix subventionné du gouvernement, la disponibilité habituelle de produits de cueillette entre juin et septembre, la disponibilité de lait entre juillet et décembre, vont favoriser l’accès des ménages à l’alimentation.
Une saison de pluies normale: L’installation à temps des pluies, les cumuls pluviométriques excédentaires à normaux attendus sur la période allant de juin à septembre et la fin tardive à normale des pluies dans la majeure partie du pays, sont des conditions favorables à la réalisation de perspectives agricoles moyennes ou au-dessus de la moyenne.
Des prix moyens pour les céréales de base : Depuis les récoltes dernières, les prix des céréales de base sont restés dans l’ensemble stables par rapport à la moyenne quinquennale. Habituellement, la demande des ménages augmente pendant la soudure (juillet à septembre). Toutefois, la bonne disponibilité des céréales sur les marchés, l’opération de vente de céréales à prix subventionné et les prévisions de saison agricole normale, sont des éléments qui permettront une évolution saisonnière normale des prix avec des niveaux similaires à la moyenne quinquennale.
Des revenus de niveau moyen: La bonne campagne agricole en perspective laisse entrevoir une bonne production des cultures de rente (arachide, sésame, niébé, coton etc.). Les revenus, tout au moins similaire à la moyenne qui y sont attendus, seraient disponible à partir du mois d’octobre. Par ailleurs, cela constituera un facteur favorable à une plus grande demande de la main-d’œuvre agricole pour les labours, l’entretien des champs et les récoltes.
Une situation alimentaire du bétail normale : Le démarrage à bonne date de la saison des pluies permettra la régénération des pâturages et l’amélioration progressive de l’état physique des animaux à partir de juillet. Cela favorisera aussi le retour normal des transhumants à partir de cette période.
Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans stable : Depuis les récoltes moyennes de la dernière saison, on note une absence de choc exogène majeur affectant de manière significative la consommation alimentaire des ménages et conduisant ainsi à une soudure plutôt habituelle. La prévalence de malnutrition aigüe pouvant se situer entre juin et septembre autour de la médiane soudure qui est de 10.5% (Enquête Smart non consécutives de 2008 à 2014). Avec des perspectives de récoltes moyenne ou supérieures à la moyenne, une période post-récolte relativement normale et une situation épidémiologique calme, la prévalence de la MAG pourrait avoisiner celle de la période post-récolte de l’année précédente (10.4%).
Résultat le plus probable de la sécurité alimentaire
La situation alimentaire des ménages demeurera normale pendant toute la période de soudure jusqu’en septembre du fait de la relative stabilité des prix sur les marchés et des actions en cours du gouvernement et des partenaires visant à favoriser l’accès alimentaires des ménages. Dans les conditions d’un déroulement normal de la saison, les premières récoltes seraient disponibles à partir du mois de septembre pour permettre à la majorité des ménages d’être dans une insécurité alimentaire aigüe (Phase 1 de l’IPC). Par ailleurs, en absence de choc extrême sur les moyens d’existence, l’état nutritionnel, en particulier celui des enfants de moins de cinq ans, pourrait rester stable avec un taux de MAG autour de la moyenne quinquennale. Dans ces conditions, une insécurité alimentaire aiguë minimale (phase 1 de l’IPC) sera observée dans tout le pays pendant toute la période du scenario.
Table 1. Événements possibles dans les six prochains mois qui pourraient changer les scenarios ci-dessus
Zone | Événement | Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire |
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National | Dégradation de la situation sécuritaire dans le pays | Une multiplication des cas d’attaques de groupes armés, pourrait entraver la conduite normale des actions humanitaires, perturber le fonctionnement normal des marchés et affaiblir l’économie du pays en général et en particulier dans les zones les plus affectées notamment dans sahel burkinabè. |
Les inondations | Selon les résultats des prévisions saisonnières, des pluies diluviennes pourraient être enregistrées dans quelques localités et les risques de survenue d’inondation sont probables surtout dans les zones où les cumuls pluviométriques attendus seront supérieurs à la normale. Ces inondations pourraient entrainer des pertes de récoltes et des pertes sur les avoirs des ménages et accroitre les risques d’insécurité alimentaire et de malnutrition. | |
Attaque des cultures par les oiseaux granivores | Les oiseaux granivores, encore présents dans les zones habituelles de développement (provinces du Soum, de l’Oudalan, du Séno et du Sourou) pourraient croitre en effectifs dès le mois d’aout et constituer une menace très sérieuse sur les cultures et sur les récoltes des ménages. |
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.