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La soudure pastorale, particulièrement difficile en ce mois de mai, contraint les éleveurs du Sahel et des localités avoisinantes, à des ventes massives à vil prix d’une partie de leur cheptel afin de se procurer aussi bien des produits alimentaires pour leur propre consommation que de l’aliment bétail pour soutenir le reste du troupeau.
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Le déstockage atypique d’animaux dans l’extrême nord, en particulier dans les communes de Nassoumbou, Koutougou et Tin-Akoff où la situation alimentaire est en crise (IPC version 2), a érodé sérieusement les avoirs des ménages et amplifier leurs stratégies habituelles d’adaptation notamment les fréquentations des sites d’orpaillage et les exodes vers les centres urbains.
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Dans le reste du pays, la demande des ménages pauvres est normale sur les marchés et les prix des produits alimentaires de base sont similaires ou en légère baisse par rapport à la moyenne quinquennale. Les activités de contre-saison qui sont en cours d’achèvement sont confrontées à un tarissement précoce des points d’eau. Toutefois, les productions relativement bonnes obtenues procureront des revenus moyens aux ménages, eu égard au niveau actuel des prix de vente des produits maraichers.
- La situation alimentaire des ménages reste normale dans l’ensemble, mais plus difficile dans la région du Sahel et environnant où les ménages très pauvres et pauvres, du fait de l’épuisement précoce de leurs stocks (2 à 3 mois par rapport à la normale), sont obligés de réduire le nombre de repas consommé à un contre deux en année normale. A cela, s’ajoute les difficultés d’accès à l’eau potable devenues chroniques dans la zone du fait du tarissement de certains points d’eau et du non fonctionnement de certaines infrastructures hydrauliques.
- La situation alimentaire du bétail est particulièrement préoccupante dans la zone agropastorale nord du pays du fait du manque de fourrage et des distances plus longues pour accéder aux rares points d’eau encore disponibles pour l’abreuvement des animaux. Les ménages sont donc contraints de recourir aux sous-produits agro-industriels (SPAI) vendus à des prix très élevés sur les marchés allant de 7000 à 10000 F CFA le sac de 50 kg, soit une hausse d’environ 17 à 25% par rapport à la moyenne quinquennale. Les animaux présentés sur les marchés sont pour la plupart en très mauvais état d’embonpoint (60 à 70% des offres) et les offres sont en hausse par rapport à la moyenne en particulier pour les caprins de 5 à 25%. Les prix des animaux en bon état sont en baisse pour toutes les espèces par rapport à l’année passée, soit 5 à 25% pour les boucs, 5 à 10% pour les béliers et 8% pour les taureaux. Mais comparés à la moyenne quinquennale, le prix du bouc est stable et celui du bélier est en hausse de 14%. Cependant, pour les ménages pauvres qui n’ont généralement que des caprins en mauvais état, et dont les prix sont environ 40% inférieurs à une situation normale, les termes de l’échange bouc/mil ou bouc/sorgho se sont dégradés de 30 à 50% par rapport à la moyenne quinquennale. Ces ménages ont alors un accès difficile aux marchés pour s’approvisionner en denrées alimentaires de base.
- En plus des difficultés alimentaires du bétail, le pays fait face depuis le mois de mars à une épidémie de grippe aviaire. Cette épidémie qui a été déclarée dans sept régions (Centre, Centre-Ouest, Centre-Sud, Cascades, Hauts-Bassins, Sud-Ouest et Nord) avec 35 foyers a conduit à un abattage systématique de la volaille autour de ces foyers. Du fait de l’épidémie, les collecteurs de volaille fréquentent de moins en moins les marchés locaux et les prix d’achat aux producteurs ont tendance à baisser. Cela pourrait affecter négativement les revenus des ménages pauvres dont environ 10% du revenu en année normale provient de la vente de la volaille. A cela, il faut ajouter les mortalités suites aux maladies endémiques de Newcastle, de charbon bactérien, de fièvre aphteuse et de peste porcine qui sévissent plus qu’habituellement dans plusieurs régions du pays.
- Sur les marchés, l’offre en céréales est supérieure à la demande. De ce fait, les prix comparés à la moyenne quinquennale sont dans l’ensemble en baisse de 12% pour le maïs, 6% pour le sorgho et 5% pour le mil. La vente à prix subventionné de maïs et de riz ( 16%-25 pour cent inférieurs aux prix du marché) dans les chefs-lieux de province contribue à maintenir stable les prix des céréales. Dans la région du Sahel où la situation alimentaire des ménages pauvres est difficile du fait de la faiblesse des revenus, les prix des céréales sont cependant stables par rapport à la moyenne, car les marchés locaux sont régulièrement approvisionnés par les commerçants des zones de production ou des marchés de regroupement (Ouagadougou et Pouytenga).
- La campagne de contre saison s’achève avec des productions jugées globalement moyennes. Ce qui constitue une source de revenus relativement importante pour les ménages eu égard au niveau actuel des prix jugé similaire à la moyenne quinquennale. Par exemple le prix d’un sac d’oignon varie de 12 500 à 20 000 F CFA et celui d’une caisse de tomate est de 60 000 F CFA.
La situation actuelle n’a pas affecté les hypothèses utilisées dans le développement du scenario FEWS NET le plus probable pour la période de juin à septembre 2015. Un examen complet du scenario est disponible dans les perspectives sur la sécurité alimentaire de juin à septembre 2015.
La situation alimentaire du bétail demeurera difficile jusqu’à la régénération des pâturages à partir de fin juillet. Toutefois, avec la hausse de la demande d’animaux pendant le Ramadan en mi-juin et juillet, et l’amélioration par la suite de l’embonpoint des animaux suite à la régénération des pâturages à partir de fin Juillet, les prix vont s’améliorer pour atteindre la moyenne quinquennale. Les prix des céréales de base vont atteindre leurs pics habituels entre juillet et septembre du fait de la hausse de la demande par les ménages, mais avec des niveaux de prix similaires à la moyenne. Ainsi, en l’absence de choc exogène, les ménages très pauvres et pauvres des communes de Nassoumbou, de Koutougou et de Tin-Akoff continueront de vivre une Crise (Phase 3 de l’IPC) pendant que ceux des autres communes de la région du Sahel et environ (Zones 7 et 8) resteront en insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 de l’IPC). Dans le reste du pays, la soudure sera normale avec l’accès des ménages aux produits de la cueillette qui seront disponibles comme habituellement avec l’installation normale de la saison.
Source : FEWS NET
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.