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L’insécurité alimentaire d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) persiste dans l’extrême nord sous blocus

  • Mise à jour sur la sécurité alimentaire
  • Burkina Faso
  • Décembre 2022
L’insécurité alimentaire d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) persiste dans l’extrême nord sous blocus

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  • Messages clé
  • SITUATION ACTUELLE
  • SUPPOSITIONS MISES À JOUR
  • PERSPECTIVES ESTIMÉE JUSQU’EN MAI 2022
  • Messages clé
    • Les ménages hôtes pauvres et les PDIs ont observés des écarts extrêmes de consommation principalement dus à l’absence d’autoproduction, aux ruptures récurrentes dans l’approvisionnement des marchés, à l’épuisement des avoirs pour supporter les niveaux records des prix des denrées, et à l’insuffisance et l’irrégularité de l’assistance. Ces contraintes a exposé ces ménages à une insécurité alimentaire aiguë Urgence (Phase 4 de l’IPC), en particulier dans la province du Soum et dans les zones inaccessibles au nord de l’Oudalan. 

    • Dans les zones relativement plus calmes dans le sud et à l’ouest du pays, l’autoproduction constitue la principale source de nourriture et de revenu des ménages pauvres et les permet d’avoir une consommation typique. Cependant, les revenus habituellement générés de la main-d’œuvre dans les activités de production de contre saison et de la préparation des champs de culture pourraient baisser entre février et mai comparé à la normale en raison du coût élevé des engrais d’une part, et d’autre part, de la baisse des revenus de la vente du coton qui vont limiter la demande de main-d’œuvre.

    • Les prix resteront au-dessus de leurs moyennes saisonnières dans les mois à venir malgré la présence de nouvelles récoltes, étant donné que les prix sont restés de 50 à 85 pour cent au-dessus de la moyenne quinquennale en novembre. Alors que l'offre de céréales sur les marchés reste inférieure à la moyenne et au niveau national, la hausse de la demande des ménages et des achats institutionnels renforcera les prix supérieurs à la moyenne.


    SITUATION ACTUELLE

    La situation socio-politique dans le pays a récemment été marquée par un renversement du régime de transition en place, toujours dirigé par la junte militaire. Les manifestations issues de la société civile sont fréquentes, appelant à la révision des accords de coopération militaires avec certains partenaires et aussi à la diversification des partenaires dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Sur le plan sécuritaire, les groupes militants continuent de se disperser et d'étendre leurs exactions dans des zones auparavant relativement calmes, telles que les provinces de Nayala, Zondoma, Passoré, Boulgou, Banwa et Tuy. La nouvelle offensive en cours des Front Démocratique Sankariste (FDS), caractérisée par des attaques terrestres et arienne et des opérations conjointe avec le Mali, ne semble pas pour l’instant arrêter l'avancée de ces groupes militants. Le blocus persiste dans les provinces du nord (Loroum, Soum, Yagha et les communes au nord de Oudalan) et de l'est (Kompienga) où l'approvisionnement des marchés locaux et la livraison de l'aide alimentaire constituent un défi. En octobre, de nouveaux déplacements de populations ont été observés en particulier dans les régions du Sahel, du Nord, de la Boucle du Mouhoun et de l’Est, augmentant ainsi le nombre de PDIs à 1,76 millions, soit de 2,4 pour cent par rapport au mois précédent.

    La bonne pluviométrie enregistrée a permis que les productions céréalières prévisionnelles (DGESS/ MARAH, EPA)1 restent stables dans l’ensemble comparativement à la moyenne quinquennale. Cependant, la réduction dans l’accès des producteurs à leurs champs dans les zones en insécurité et les difficultés dans l’accès aux engrais et produits phytosanitaires ont laissé environ 60 pour cent des ménages incapables de couvrir leurs besoins de consommation sur la base de leur propre production contre environ 45 pour cent de la population totale en année normale. Cette proportion dépasse 80 pour cent dans les provinces au nord plus touchées par l’insécurité. Les récoltes en cours du coton, principale source de revenu des producteurs dans l’ouest du pays, connaîtraient des baisses significatives par rapport à la moyenne en raison des attaques sévères des animaux nuisibles jassides.

    En raison des déficits localisés de production, le gouvernement a initié un plan de renforcement de la production de saison sèche. L’objectif de ce plan est de produire plus de 65 000 tonnes de céréales et près de 110 000 tonnes de produits maraichers, consistant en un appui aux producteurs, dont les PDIs sur plus de 190 sites, en intrants et équipements et à dans la réalisation d’aménagements agricoles.

    En raison de la faiblesse de la production locale dans les zones plus touchées par l’insécurité, de la prudence des producteurs dans les zones relativement plus calmes à mettre leurs récoltes sur le marché et des perturbations dans l’approvisionnement à partir des zones de production de l’ouest du pays, l’offre de céréales sur les marchés demeure nettement en-dessous de la moyenne, en particulier dans la moitié nord du pays. Les marchés des zones sous blocus sont en effet dépendants des opérations d’escorte qui ne sont pas régulières, d’où des pénuries observées pour les denrées préférées en particulier sur les principaux marchés de Titao, Djibo, Arbinda, Sebba. A titre illustratif, le dernier approvisionnement des marchés de Titao et Sebba date respectivement du 10 et du 27 septembre 2022 et celui de Djibo date du 27 novembre.

    Dans l’ensemble, les prix des denrées de base restent élevés en novembre par rapport à l’année passée à la même période : 18 pour cent pour le maïs, 55 pour cent pour le mil et 47 pour cent pour sorgho. Des variations atypiques de prix persistent par rapport à la moyenne quinquennale : 54 pour cent pour le maïs, 85 pour cent pour le mil 80 pour cent pour le sorgho et l’huile alimentaire, et 25 pour cent pour le riz importé. Sur les marchés de Sebba et de Djibo, des variations records entre 200 et 350 pour cent (Figure 1), sont observées par rapport à la moyenne. L’absence des productions locales et l’irrégularité des approvisionnements par escorte ont engendré les surenchères, et même des pénuries, des produits de base, même en cette période post-récolte.

    Dans les zones relativement calmes au sud et à l’ouest du pays, les ménages pauvres tirent leurs revenus de la vente des produits agricoles (céréales et produits de rente). Avec des productions de rente légèrement supérieures à la moyenne, sauf pour le coton, et des prix au-dessus de la moyenne, les revenus de la vente devraient aussi être au-dessus de la moyenne. Ces revenus servent au remboursement de dettes contractées, mais aussi pour la reconstitution du cheptel après les ventes atypiquement plus importantes réalisées afin de traverser la soudure écoulée.

    Dans les zones sous blocus ou d’accès limité, les PDIs et les ménages hôtes pauvres ont épuisé leurs avoirs en bétail et essaient de générer des revenus à travers la vente d’eau, de bois de chauffe ou de fourrage et la pratique de l’orpaille mais au risque de s’exposer aux exactions des groupes militants au-delà d’un rayon limité de sécurité. On estime qu’environ 30 pour cent des ménages hôtes pauvres et 50 pour cent des PDIs pauvres ne disposent pas de source de revenu et dépendent exclusivement des rares transferts effectués par les parents de l’extérieur ou par les acteurs humanitaires. Les ménages moyens qui disposent encore d’animaux continuent à déstocker car ils doivent vendre 2 à 3 petits ruminants pour acquérir la même quantité de céréales que lorsqu’ils en vendaient un en année normale, d’où une détérioration accélérée de leurs moyens d’existence.

    L’assistance alimentaire conduite en septembre et en octobre a touché au moins 20 pour cent des ménages dans les provinces du Bam, du Sanmatenga et de la Kompienga. Ailleurs, les proportions de ménages atteints sont faibles. De plus, la distribution de cash a constitué la modalité dominante (61 pour cent). De ce fait, avec le partage au sein des ménages et au regard du niveau record des prix des denrées de base, il n’est pas évident que cette forme d’assistance ait répondu à 50 pour cent des besoins caloriques des bénéficiaires. Le 20 décembre, le PAM a approvisionné la commune de Djibo avec 21 tonnes de vivres y compris des farines infantiles enrichies. Toutefois, selon les témoignages des bénéficiaires, les rations distribuées par ménage (10 kg de céréale, 2 kg de légumineuse et 0,5 litre d’huile) ne suffiront pas pour couvrir les besoins pour une semaine car le besoin quotidien par ménages dépasse 3 kg.

    Dans les zones relativement calmes au sud et à l’ouest, l’autoproduction constitue la principale source de nourriture des ménages pauvres et y favorise une consommation typique basée sur trois repas par jour les permettant d’être en insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l'IPC).

    Dans les zones sous blocus, les informateurs clés estiment qu’environ 40 pour cent des ménages hôtes pauvres et 60 pour cent des PDIs ne disposent pas de stocks. Ceux-ci adaptent leur consommation au rythme de l’approvisionnement du marché par escorte ou de l’assistance alimentaire qui est insuffisante. Ils réduisent à la fois les quantités, la qualité et le nombre de repas à un et la majorité passe souvent une journée entière sans nourriture. Dans les communes de Djibo, Kelbo, Arbinda, Sebba et les communes au nord de l’Oudalan, les signes visibles de malnutrition restent présents pour plus de 20 pour cent de la population. L’absence de revenus typiques et l’adoption de ces stratégies extrêmes les exposent à l’insécurité alimentaire aiguë Urgence (Phase 4 de l’IPC). Dans les autres zones environnant sous blocus ou d’accès difficile, notamment la province du Loroum, le nord des provinces du Sanmatenga et du Bam, les ménages hôtes pauvres et les PDIs sont aussi contraints de réduire le nombre de repas ou de limiter la consommation des adultes afin que les enfants puissent manger. A la différence, ils augmentent leur consommation de légumes vertes (feuilles d’oseille et de haricot) produites autour des retenues d’eau de proximité. Ils restent exposés à l’insécurité alimentaire aiguë Crise (Phase 3 de l’IPC).

     

    1 Enquête Permanente Agricole de la Direction Générale des Etudes et Statistiques Sectorielles du Ministère de l’Agriculture et des Ressources Animales et Halieutiques


    SUPPOSITIONS MISES À JOUR

    Les mises à jour des hypothèses utilisées pour développer le scénario le plus probable de FEWS NET pour les Perspectives de la Sécurité Alimentaire du Burkina Faso pour octobre 2022 à mai 2023 sont ci-dessous :

    • La fréquence et l'intensité des attaques perpétrées par les groupes militants devraient augmenter pendant la saison sèche de 2023, atteignant des niveaux record depuis le début du conflit en 2016, jusqu'au pic de la saison des pluies en juillet 2023. Malgré les pertes récentes, les groupes militants conservent la capacité de mener des attaques complexes contre les positions des FDS et de tendre des embuscades aux convois militaires. Les attaques devraient continuer à provoquer des déplacements internes et l'isolement de zones rurales (Figure 2).
    • La bonne disponibilité des ressources en eau devrait favoriser le déroulement normal des activités de production de saison sèche. Le soutien spécial du gouvernement en intrants, équipements et aménagements de périmètres devrait aussi contribuer à renforcer la production dans les zones bénéficiaires. Toutefois, la mission conjointe SAP/partenaire conduite en décembre relève que la distribution des intrants et équipements aux producteurs qui devrait avoir lieu en novembre n’est pas encore achevé dans certaines régions. Dans d’autres régions, l’activité ne suscite pas de l’engouement auprès des producteurs compte tenu des menaces sécuritaires persistantes. Pour la majorité des ménages non bénéficiaires des subventions de l’état, le coût élevé des intrants (engrais et produits de traitement) pourrait les contraindre à réduire les superficies. Ainsi, malgré le soutien du gouvernement, les productions maraichères habituellement plus importantes entre janvier et mars resteront en-dessous de la moyenne.
    • L'assistance alimentaire a connu une baisse depuis octobre en raison de la fin des planifications de soudure, mais aussi du fait de la détérioration de la situation sécuritaires rendant difficile sa délivrance. Les risques de détournement de convois ou d’incendie de camions de transport de marchandises ont contraint certains partenaires à privilégier les transferts monétaires (61 pour cent de l’assistance). Cependant, à compter du premier janvier prochain, l’assistance via les transferts monétaires est interdite dans la région du Sahel par les autorités en raison des risques de dérives que cette modalité pourrait présenter. La plupart des ONGs n’ayant pas les capacités logistiques pour effectuer des distributions alimentaires par voie aérienne, cette mesure pourrait contribuer à une réduction significative de l’assistance au cours des prochains mois. 

    PERSPECTIVES ESTIMÉE JUSQU’EN MAI 2022

    La baisse attendue de la production de saison sèche réduira l’accès des ménages aux sources de nourriture et de revenu habituellement tirées de cette activité entre janvier et mai. De même, la demande de main-d’œuvre dans cette activité restera en-dessous de la normale (typique 15 à 20 pour cent du revenu dans le Centre-Nord) du fait de l’inaccessibilité des sites et de la réduction des superficies. Pendant la même période, les revenus de l’orpaillage qui typiquement représentent 20 et 40 pour cent du revenu, respectivement, dans les régions du Centre-Nord et du Sahel seront inférieurs à la moyenne en raison de l’accès difficile aux sites et à la réduction du temps de travail du fait des menaces sécuritaires. La demande de main-d’œuvre pour la préparation des champs, surtout les surfaces dédiées à la culture du coton, pourraient également connaître une baisse. Les producteurs de coton ne seront pas encouragés à recruter de la main-d’œuvre au regard de la baisse de leur revenu suite à la baisse des récoltes en cours. Il est aussi probable qu’ils réduisent les superficies pour la prochaine campagne pour faire face à une éventuelle recrudescence des attaques de jassides.

    L’accès restreint aux pâturages va entrainer une soudure pastorale plus longue et plus difficile entre février et juin, surtout dans les zones sous blocus. Les ménages moyens et aisés seront contraints de déstocker plus pour acheter de la nourriture à prix record pour leur propre consommation, mais aussi pour acheter des aliments bétail dont les prix sont déjà 50 à 70 pour cent au-dessus de la moyenne afin d’entretenir le reste du troupeau.

    L’épuisement précoce des récoltes à partir de février dans les zones du nord et de l’est plus touchées par l’insécurité va accroître la demande des ménages sur les marchés. Par ailleurs, les achats institutionnels devraient intervenir courant le premier semestre de 2023 et pourraient probablement être supérieurs à la moyenne afin de combler les niveaux actuellement plus bas des stocks de sécurité (moins de 25000 tonnes contre un niveau conventionnel de 50000 tonnes). Cette hausse générale de demande et les effets persistants de la conjoncture internationale vont contribuer à maintenir les prix des denrées de base au-dessus de leurs moyennes saisonnières au moins jusqu’en mai.

    Dans les zones relativement calmes, les ménages pauvres devraient continuer de bénéficier de leur propre production pour maintenir une alimentation typique jusqu’en mai. Par contre, dans les zones d’accès difficiles, les stocks issus de la propre production des ménages pauvres vont s’épuiser précocement à partir de février. Avec des avoirs épuisés ou faibles pour faire face aux niveaux records des prix des denrées, la majorité des ménages pauvres et des PDIs vont dépendre presque exclusivement de l’assistance. La perturbation dans la délivrance de cette assistance va augmenter les gaps de consommation et exposer plus de ménages à Urgence (Phase 4 de l’IPC) notamment dans les provinces du Soum, du Yagha et dans les communes inaccessibles au nord de l’Oudalan. Si le blocus persiste, il est probable que les cas de migrations forcées pour rejoindre les zones accessibles par l’assistance s’intensifient et que les cas critiques de malnutrition augmentent exposant plus de ménages en situation de Catastrophe (Phase 5 de l’IPC).

    Figures Calendrier saisonnier pour une année typique

    Figure 1

    Calendrier saisonnier pour une année typique

    Source: FEWS NET

    Figure 2

    Figure 1.

    Source: FEWS NET/SIM-SONAGESS

    Figure 3

    Figure 2.

    Source: FEWS NET, using data from ACLED

    Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.

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