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L'augmentation de l'assistance alimentaire en mars a probablement réduit la taille de la population confrontée à une faim extrême dans les communes bloquées du nord, y compris dans Titao (Loroum), Djibo et Arbinda (Soum) et Sebba (Yagha). Toutefois, dans un contexte de conflit et d'insécurité toujours élevés, il n'est pas garanti que l'assistance alimentaire se poursuive à des niveaux significatifs dans les mois à venir. Des livraisons d'assistance irrégulières n'atténueront que temporairement la faim parmi les bénéficiaires et, en moyenne, de nombreux ménages devraient être confrontés à d'importants déficits de consommation alimentaire et/ou recourir à des stratégies d'adaptation extrêmes telles que la mendicité et les déplacements forcés. Des niveaux élevés d'assistance alimentaire doivent être maintenus pour éviter les situations d'Urgence (Phase 4 de l'IPC) et de Catastrophe (Phase 5 de l'IPC) dans ces zones, où les ménages ont peu ou pas de sources de nourriture et de revenus et où les niveaux de malnutrition aiguë sont très élevés.
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Dans les zones où cette assistance est moins présente, en particulier dans les communes dans le nord de l’Oudalan, les PDIs et les ménages hôtes pauvres continuent de multiplier la fréquence de journée et de nuit entières sans nourriture, d’augmenter la consommation des aliments d’exception tels les nénuphars dans les mares ou de faire des migrations forcées vers les zones plus au sud. L’insécurité alimentaire Urgence (Phase 4 de l’IPC) persiste dans cette zone, de même que les formes d’inanition ou de malnutrition sévères les exposant quelques personnes à la Catastrophe (Phase 5 de l’IPC).
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Depuis le mois précédent, les escortes militaires ont aussi permis le ravitaillement d’une dizaine de localités sous blocus dans la moitié nord du pays. Malgré les concertations avec les commerçants, les prix de vente pratiqués restent hors de portée pour les ménages pauvres dont les avoirs se sont érodés. Ainsi, des niveaux records continuent d’être enregistrés dans ces zones avec des variations quinquennales comprises entre 110 et 190 pour cent contre 40 à 50 pour cent au niveau national. La persistance des incidents sécuritaires va probablement continuer de perturber le fonctionnement des marchés, d’augmenter les délais d’approvisionnement des zones sous blocus et d’entrainer des pénuries de denrées sur certains marchés.
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Bien qu'il ne s'agisse pas du scénario le plus probable, FEWS NET évalue qu'il existe un risque de Famine (Phase 5 de l’IPC) dans la commune de Djibo où les PDIs et les ménages hôtes vivent une situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) prolongé. Si les groupes armés devaient intensifier leurs attaques, ceci limiterait d’avantage les mouvements de la population, notamment sa capacité à s'adonner au maraîchage, de la cueillette d’aliments sauvages et de mener les activités agricoles pendant la saison des pluies. De plus, l'approvisionnement du marché et l'aide humanitaire deviendraient probablement encore plus irréguliers et inadéquats que ce qui est actuellement prévu. Si ces conditions se matérialisaient, la Famine (Phase 5 de l'IPC) se produirait probablement. Il est urgent d'augmenter considérablement le nombre de livraisons aériennes d'aide humanitaire, de faciliter un accès humanitaire totale, et de mettre fin au blocus de Djibo pour mettre fin au risque de Famine (Phase 5 de l'IPC).
Au niveau national, bien que le nombre d'incidents de sécurité attribués aux groupes armés non étatiques enregistrés entre octobre 2022 et mars 2023 est resté inférieur de 26 pour cent aux niveaux observés au cours de la même période de l'année précédente, les pertes en vies humaines associées ont augmenté de 55 pour cent au cours de la même période (Figure 1).
Ces groupes armés continuent d’étendre leurs menaces et exactions dans le centre-nord et le nord-ouest du pays, ce qui représente une expansion des zones menacées d'attaques. Cela limite dans l’ensemble du pays, les mouvements de population pour l’accès aux sources habituelles de revenu et accroit aussi le nombre de PDIs estimés à environ 2 millions en fin février.
Depuis le mois de mars, les opérations offensives aériennes et terrestres des défenses et de sécurité (FDS) et des volontaires de défense de la patrie (VDP) s’intensifient contre les positions des groupes armés et entrainent d’important dégâts logistiques et des pertes humaines dans le rang de ces groupes armés non étatiques. Malgré tout, les attaques et les menaces le long des principaux axes (Yako-Tougan, Ouahigouya-Titao-Djibo, Kongoussi-Djibo, Kaya-Dori, Dori-Arbinda, Dori-Sebba, Gorom-Markoye, Fada-Kantchari, Fada-Gayéri, Fada-Kompienga) restent courantes.
Figure 1
La persistance des incidents sécuritaires continue de perturber le fonctionnement des marchés. Ce dysfonctionnement est plus prononcé dans les zones sous blocus, notamment dans les provinces au nord du pays (Loroum, Soum, Oudalan, Yagha, Sanmatenga), et à l’Est (Komondjari, Tapoa). Le nombre de localités nécessitant des ravitaillements sous les escortes militaires s’est accrue jusqu’à environ une dizaine, prolongeant ainsi les délais d’approvisionnement pouvant excéder 3 mois. Aussi, les ménages de ces localités font face à de fréquentes pénuries en denrées de base. Dans la commune de Djibo, sous blocus depuis février 2022, le marché n’a pas pu être ravitaillé pendant 4 mois, entre fin novembre 2022 et le 21 mars 2023, engendrant des ruptures complètes de céréales de mi-janvier à mi- mars, soit deux mois sans aucune céréale vendue. Selon les informateurs clés, près de 20 commerçants disposent de stocks pouvant encore atteindre le mois de mai prochain. En effet, la demande est faible car la plupart des ménages, notamment les pauvres n’ont pas de revenu pour faire des achats et constituer des réserves.
Sur le plan national, la disponibilité céréalière est moyenne voire supérieure à la moyenne surtout dans les zones de production relativement calmes dans l’ouest et le sud du pays et aussi dans les marchés de gros comme Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Pouytenga. La mesure du gouvernement en vigueur sur l’interdiction des exportations de céréales et de niébé et la baisse des flux internes de ces zones vers les zones structurellement déficitaires dans le nord du pays en raison de l’insécurité sont les principaux facteurs en faveur de cette offre de produits. Par contre, dans les zones sous-blocus ou plus touchées par l’insécurité, l’offre de denrées alimentaires sur les marchés est faible comparativement à la moyenne, dues en partie, de l’accroissement des zones qui doivent être approvisionné sous escorte militaire. Après deux à trois mois de rupture, plusieurs localités dans la moitié nord du pays ont pu être approvisionnées en mars et en avril : Titao et Sollé à Loroum, Djibo au Soum, Barsalogho et Bourzanga au Centre-Nord, Gayéri à l’Est, et Tougan au Sourou. Toutefois, plusieurs zones restent toujours sans être approvisionné. A titre d’exemple, le dernier ravitaillement du marché de Sebba date de début janvier. De plus, les communes au nord de la province de l’Oudalan ainsi que la province de la Kompienga restent difficile d’accès pour l’approvisionnement.
Si la demande est atypiquement faible dans les zones gravement touchées par le conflit et les zones sous blocus compte tenu de la perte de la plupart des sources de revenus des ménages dans ces zones, elle est largement normale à supérieure à la normale dans le reste du pays. A la demande saisonnière croissante des ménages et des PDIs du fait de l’épuisement progressive des stocks issus de l’autoproduction, s’ajoute celle institutionnelle et celle des brasseries et des unités de production d’aliment volaille. La demande d’achat institutionnel en cours dépassent 77000 tonnes, soit près le double comparé aux besoins habituels. En effet, les stocks institutionnels de sécurité alimentaire sont à un bas niveau, car ont été beaucoup utilisés les trois dernières années pour répondre à la fois à la crise de la pandémie de COVID-19, les augmentations records de prix en 2022 et l’augmentation croissante des PDIs.
Au niveau national, les prix des céréales au mois de mars étaient stables par rapport à l’année passée, mais 40 à 50 pour cent supérieurs à la moyenne quinquennale. Des niveaux records continuent d’être enregistrés sur les marchés de Djibo, Titao et Sebba avec des variations annuelles entre 30 et 80 pour cent et des augmentations quinquennales comprises entre 110 et 190 pour cent (SIM/SONAGESS1) (Figure 2).
Figure 2
Source: FEWS NET avec données de SIM/SONAGESS
Les prix des denrées importées et de grande consommation, notamment l’huile et le sucre demeurent dans l’ensemble 75 et 45 pour cent au-dessus de la moyenne respectivement (Ministère commerce, mars 2023). Les autres produits non alimentaires essentiels suivent la même tendance haussière. En effet, la récente augmentation du prix du carburant (19 pour cent en un an) a contribué à renchérir le prix du bois de chauffe et du charbon dont les prix de vente aux ménages étaient déjà élevés, justifiés par les délais de route plus longs évoqués par les transporteurs pour la collecte en raison de l’insécurité. L’ensemble de ces facteurs affecte négativement le faible pouvoir d’achat des ménages.
Dans l’ensemble, l’insécurité limite l’accès des populations aux sources habituelles de revenus qui sont principalement la pratique de l’orpaillage, la pratique du maraîchage, la collecte et la vente du bois, du fourrage et des produits forestiers non ligneux, la vente du bétail et la main-d’œuvre agricole. Les revenus issus de ces sources sont globalement en baisse par rapport à la normale. Bien que les disponibilités en eau soient satisfaisantes pour la production maraichère, le coût élevé des intrants, les difficultés d’approvisionnement en carburant pour l’irrigation et l’insécurité ont entrainé une baisse des superficies ou un abandon de certains sites. Par ailleurs, l’accès limité aux sites de production par les acheteurs étrangers du fait de l’insécurité a contribué à la baisse des prix de vente par les producteurs. Dans la région du Nord par exemple, les prix de la tomate et de l’oignon enregistrent des baisses entre 20 et 30 pour cent par rapport à l’année passée (Direction régionale en charge de l’agriculture). Depuis 2021, le gouvernement a interdit la pratique de l’orpaillage dans la région du Sahel. Cela représente une source de revenu en moins, même si celle-ci était réduite en raison du blocus de certaines localités ou de l’accès difficile aux sites dans d’autres localités. Dans les zones de production cotonnière généralement demandeuses de main-d’œuvre pour les constructions et la préparation de champs, la baisse de revenu après les pertes de production enregistrées d’environ 30 pour cent par rapport aux objectifs de 700000 tonnes attendus la saison écoulée (UNPC/B2), limite le recrutement de main-d’œuvre. Dans les zones sous-blocus dans la moitié nord, la plupart des ménages pauvres ont perdu leurs avoirs en bétail et plusieurs marchés locaux restent fermés ou fonctionnement à minima. Dans ces zones, la collecte et la vente du bois de chauffe et de charbon ainsi que la vente de l’eau et de fourrage sont devenus les principales activités génératrices de revenus et majoritairement menées par les femmes parfois au risque de leurs vies.
Cependant, les prix des denrées de base demeurent hors de portée des PDI pauvres et des ménages pauvres hôtes dont certains n’ont plus aucune source de revenue. La majorité de ces ménages pauvres ne sont pas à mesure de constituer des stocks suffisants pour leurs besoins au moment du ravitaillement et sont contraints à vivre au jour le jour à travers de petits achats auprès des détaillants qui revendent généralement plus cher. Pour cette catégorie, l’assistance demeure la principale source de nourriture.
Les opérations humanitaires de transfert monétaires suspendues depuis janvier dans les régions du Sahel, puis depuis avril dans les régions du Centre-Nord, du Nord et de l’Est, privent également les PDIs et les ménages pauvres hôtes d’une de leur principale source de revenu. Le transfert de cash comme modalité a représenté en 2022 environ 60 pour cent du volume de l’assistance. En raison des risques sécuritaires (détournement ou destruction de camions, présence d’engins explosifs sur les routes), les rotations aériennes ou escortes militaires sont indispensables pour la délivrance de l’assistance en vivres, en particulier dans les localités sous blocus. Ce qui limites les capacités d’intervention pour la plupart des ONGs humanitaires et par conséquent le volume de l’assistance au profit des populations.
En mars, l’assistance par voie aérienne, réalisée principalement par le PAM, s’est renforcée au profit des PDIs et des ménages hôtes pauvres en particulier dans les communes sous blocus au nord. Les rapports de distribution de mars indiquent que l’assistance humanitaire a touché 29 pour cent de la population dans la commune de Titao (Loroum), 61 pour cent dans la commune de Djibo, 59 pour cent dans la commune de Arbinda (Soum), 13 pour cent dans la commune de Kelbo, 42 pour cent dans la commune de Sebba, et 9 pour cent dans la commune de Mansila. Dans chacune de ces communes, deux opérations de distributions de ration (composée de 25 Kg de céréales, 5 kg de légumineuses, 1 litre d’huile et 1,5 Kg de farines enrichies) ont été nécessaires pour cibler 50 pour cent de couverture des besoins. Bien que les niveaux d'assistance aient été significatifs dans plusieurs régions, les quantités ne sont pas encore représentatives d'une tendance typique et il est prématuré d'évaluer si l'assistance est susceptible d'empêcher la détérioration de l'insécurité alimentaire aiguë. L'acheminement de cette aide reste tributaire de contraintes logistiques importantes, notamment la faible quantité de nourriture que chaque hélicoptère peut transporter, ce qui nécessite plusieurs vols par jour pour atteindre les quantités déclarées ci-dessus, ainsi que les restrictions qui intervient parfois en raison des opérations militaires en cours.
Bien qu’une augmentation d’assistance en mars ait pu améliorer l’insécurité alimentaire dans ces zones sous blocus à court terme, le niveau des déficits auxquels les ménages étaient confrontés avant cette délivrance est suffisamment important pour que les ménages continuent probablement à être confrontés à des déficits de consommation, alors qu'ils ont déjà liquidé leurs biens productifs. Les PDI pauvres et les ménages hôtes pauvres dans les zones sous blocus, notamment à Soum et a Yagha, ainsi que dans les zones inaccessibles, telles que le nord de l’Oudalan, accroissent toujours la pratique de stratégies extrêmes en multipliant le nombre de journées et de nuits entières sans nourriture. Certains chefs de ménages sont contraints à la migration forcée vers les zones plus au sud à la recherche de nourriture. D’autres ont recours à la mendicité ou à la cueillette de nénuphars dans les mares. Ces ménages sont confrontés à l’insécurité alimentaire d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) dont certaines personnes à des formes d’inanition ou de malnutrition critique, les exposant à la Catastrophe (Phase 5 de l’IPC) au Soum, l’Oudalan, et Yagha.
Dans les zones d’accès limité et de forte présence de PDIs dans les régions du Centre-Nord et de l’Est et dans les provinces du Yatenga (Nord), du Sourou et de la Kossi (Boucle du Mouhoun), la majorité des PDIs n’a pas de revenus suffisants pour réaliser des achats sur les marchés. Certains sont dans des familles d’accueil avec lesquelles ils partagent la nourriture, ce qui entraine un épuisement précoce des stocks de ces derniers. Dans ces zones, les PDIs pauvres et les ménages hôtes pauvres sont exposés à l’insécurité alimentaire aigue Crise (Phase 3 de l’IPC) car se contentent d’un repas par jour et les adultes sont contraints de se priver de nourriture au profit des enfants.
Dans les zones de production relativement calmes au sud et à l’ouest, les ménages pauvres continuent d’avoir une consommation typique sur la base de leur propre production agricole et maraichère et aussi du recours aux fruits et autres produits forestiers non ligneux (mangues, néré). Ils demeurent en insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l'IPC).
Les mises à jour des hypothèses utilisées pour développer le scénario le plus probable de FEWS NET pour les Perspectives de la Sécurité Alimentaire du Burkina Faso pour février à septembre 2023 sont ci-dessous :
- Nonobstant la multiplication des actions offensives de FDS et de VDP, ayant permis d’infliger des pertes logistiques et des morts dans le rang des groupes armés non étatiques, ces groupes continuent de démontrer leur capacité de mobilité à travers le pays et continuent de représenter des menaces en maintenant le blocus sur plusieurs localités des régions du Nord, du Sahel, de l'Est et de la Boucle du Mouhoun par le contrôle des principaux axes. Face à l’offensive des FDS et VDP, il est probable que les groupes armés non étatiques multiplient aussi les exactions punitives à l’endroit des civiles qu’ils accusent de complicité. Ainsi, la fréquence et l'intensité des attaques perpétrées par ces groupes devraient augmenter pendant le reste de la saison sèche de 2023, atteignant des niveaux record depuis le début du conflit en 2016, jusqu'au pic de la saison des pluies en juillet 2023. Compte tenu de la saison des pluies, la mobilité des groupes armés non étatique devrait être réduite entre juillet et octobre, mais les niveaux de violence pourraient rester toujours supérieurs à ceux observés les années précédentes. Les menaces et exactions des groupes armés non étatiques devraient continuer à provoquer des déplacements internes ou à empêcher le retour de PDIs dans leurs localités d’origine, des perturbations importantes sur le fonctionnement des marchés locaux ainsi que des activités agropastorales.
- Bien que des efforts aient été faits par les FDS pour le ravitaillement de plusieurs localités sous blocus, les groupes armés non étatiques continuent de maintenir la pression pour le contrôle des principaux axes d’approvisionnement des marchés dans la moitié nord et l’est du pays. Le ravitaillement dans ces zones devrait demeurer tributaire des escortes des FDS. Avec l’augmentation du nombre de zones sous blocus dans le pays, il est probable que les délais d’approvisionnement dépassent trois mois comme c’est le cas présentement pour le marché de Sebba dans le Yagha et que des pénuries répétées soient observées entrainant une poursuite du niveau record des prix des denrées au cours des prochains mois.
- Compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire, du disfonctionnement des marchés et des mesures d’interdiction des transferts monétaires dans les régions du Sahel, du Centre-Nord et de l’Est, la distribution directe de vivres par escorte militaire ou par voie aérienne devrait être la principale modalité d’assistance au profit des ménages au cours des prochains mois. FEWS NET n'a pas encore reçu les plans d'assistance humanitaire définitifs pour 2023. Toutefois, les constats faits sur les mois précédents montrent que distributions d'aide alimentaire sont souvent inférieures aux objectifs prévus en raison de contraintes sécuritaires, financières et logistiques. De ce fait, FEWS NET estime que l'augmentation de l'insécurité limitera davantage la fourniture adéquate de l'aide humanitaire dans les zones les plus touchées.
L’augmentation du nombre de localités sous blocus et la persistance des menaces sécuritaire le long des principaux axes d’approvisionnement continueront d’entrainer des délais de ravitaillement longs et créer des pénuries surtout dans la moitié nord où l’offre locale de denrées de base est absente. Dans les zones sous blocus en particulier dans les provinces du Loroum, du Soum, du Yagha et de l’Oudalan, l’assistance alimentaire continuera d’être l’essentielle source de nourriture des PDIs pauvres et des ménages hôtes pauvres. Les distributions irrégulières de l'assistance alimentaire ne devraient que périodiquement et temporairement atténuer la gravité des écarts de consommation alimentaire des ménages, et la plupart des ménages dans ces zones auront des déficits importants indiquant une situation d'Urgence (phase 4 de l'IPC) et certains ménages souffriront de déficit extrême correspondant à une situation de Catastrophe (Phase 5 de l'IPC). Il est probable que les formes sévères de la malnutrition persistent parmi les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes et que les cas de décès liés à la malnutrition soient plus fréquents. Entre juillet et septembre, l’exposition des populations aux maladies d’origine hydrique et aux cas de paludisme pourra aggraver ou contribuer à augmenter les formes sévères de malnutrition et les cas de décès.
Dans les zones de forte présence de PDIs dans les régions du Nord, du Centre-Nord, de l’Est et de la Boucle du Mouhoun, la plupart des ménages hôtes pauvres ne disposeront plus de stocks issus de l’autoproduction et se retrouveront dépendant du marché et de l’assistance au même titre que les PDIs pauvres. Le niveau de prix atypiquement au-dessus de la moyenne saisonnière et les revenus inférieurs à la moyenne limiteront leur accès à l’alimentation. Ils seront alors contraints de procéder à des restrictions alimentaires ou à augmenter leur recours aux produits de cueillette surtout entre juin et septembre. Ils resteront exposés à l’insécurité alimentaire aigue Crise (Phase 3 de l’IPC) jusqu’en septembre en attendant l’apparition des nouvelles récoltes.
Dans les zones de production relativement calmes à l’ouest et au sud du pays, les sources de nourriture des ménages pauvres resteront typiques et proviendront de la propre production, des achats sur le marché et du recours aux produits de cueillette relativement plus accessibles et plus diversifiés. Malgré les variations saisonnières de prix plus élevés que la moyenne, les termes de l’échange bétail/céréales resteront favorables pour les ménages en raison de l’amélioration progressive des embonpoints des animaux et de la demande plus forte par les acheteurs contraints par l’insécurité de limiter leur fréquentation des marchés dans le nord. Les ménages pauvres continueront de vivre une insécurité alimentaire aigue Minimale (Phase 1 de l’IPC).
Zone | Evénements | Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire |
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BF07 (Soum) | Augmentation de violences autour de Djibo | A Djibo, ou le blocus de la ville persiste depuis plus d’un an. FEWS NET évalue qu’il existe un risque de Famine (Phase 5 de l’IPC), compte tenu de la forte proportion de population déjà confrontée à une insécurité alimentaire aiguë et le potentiel d’une aggravation de la situation sécuritaire déjà volatile. Bien que ce n’est pas le scenario le plus probable, dans l’évènement d’une recrudescence des attaques autour de la ville de Djibo, cela limitera la capacité des ménages à s'adonner au maraîchage le long du barrage, de quitter la ville pour récolter des aliments sauvages et aussi empêchera les ménages de mener les activités agricoles pendant la saison des pluies de juillet à septembre. Dans ce contexte, si le marché n'est toujours pas approvisionné et si l'aide humanitaire reste faible ou diminue encore, les PDIs et ménages hôtes pauvres pourraient avoir des déficits complets de consommation et être exposés à l’inanition et à la mort, représentant la Famine (Phase 5 de l’IPC). |
Zones sous blocus | Délivrance soutenue de l’assistance alimentaire en grande quantité | Un renforcement des distributions aériennes ou la reprise des transferts de cash contribuera à rehausser la couverture de l’assistance et à réduire les écarts de consommation par les ménages. Au minimum, les humanitaires devraient augmenter leur aide pour atteindre au moins 25 pour cent pour cent de la population au minimum et couvrir au moins 25 pour cent pour cent de leurs besoins mensuels en kilocalories (Phase 3 ! de l’IPC) sur une base régulière au moins jusqu'au début de la récolte en septembre. Cependant, donné que le blocus affecte la majeure partie de la population et compte tenu de l'ampleur des écarts de consommation alimentaire, les niveaux d'assistance pourraient devoir être encore plus élevés étant pour prévenir les situations d'Urgence (Phase 4 de l’IPC). |
Citation recommandée : FEWS NET. Burkina Faso. Mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire : L’augmentation de l’assistance alimentaire doit être maintenue pour limiter les pertes en vie humaines à Djibo 2023.
Système d’information sur les marchés agricoles de la Société nationale de gestion des stocks de sécurité alimentaire
Union nationale des producteurs de coton du Burkina Faso
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.