Download the report
-
Malgré la bonne distribution des pluies entre juillet et octobre, les productions agricoles pourraient être en-dessous de la moyenne dans les zones du nord plus touchées par l’insécurité du fait de l’accès limité aux champs et des poches de sécheresse, mais elles resteront similaires à la moyenne dans l’ensemble du pays en dépit de l’accès tardif aux intrants et des inondations localisées dans les zones de production plus calmes.
-
Dans les centres urbains, le ralentissement global des activités économiques en raison de la persistance de la pandémie de COVID-19 continuera d’affecter négativement la demande d’emplois et les revenus, en particulier dans le secteur informel, le tourisme et l’hôtellerie. La baisse du pouvoir d’achat des pauvres limitera leur accès à l’alimentation.
-
En l’absence d’assistance alimentaire, les récoltes en cours restent insuffisantes pour éviter une insécurité alimentaire aigue Crise (Phase 3 de l’IPC) entre octobre et mai dans les provinces du Soum, du Sanmatenga et du Séno dans lesquelles les PDIs représentent au moins 20 pour cent de la population. La Crise (Phase 3 de l’IPC) s’étendra aux provinces voisines (Loroum, Oudalan, Bam et Namentenga) à partir de février 2021 du fait de l’épuisement des stocks et de la dégradation continue des moyens d’existence.
ZONE | ANOMALIES ACTUELLES | ANOMALIES PROJETÉES |
---|---|---|
National |
|
|
Zones de moyens d’existence (ZOME) 8 ; 7 ; 5 et 9 |
|
|
Au niveau national
Des pluies faibles à modérées ont été enregistrées depuis le début du mois d’octobre, confirmant ainsi la fin normale à tardive de la saison. Depuis la deuxième décade de juillet, la distribution des pluies est globalement satisfaisante et les cumuls entre le premier avril et le 10 octobre sont excédentaires à similaires à la normale dans presque tout le pays. Nonobstant cette bonne pluviométrie, les superficies des cultures céréalières connaitront une baisse comparée à la moyenne. En effet, d’une part, l’insécurité a limité l’accès aux champs dans la moitié nord et est du pays. D’autre part, les poches de sécheresse enregistrées en début de saison dans l’ouest du pays ont contribué à réduire les superficies céréalières au profit des cultures de rente. Les services des statistiques agricoles estiment la baisse des superficies céréalières à 3 pourcent comparée à la l’année passée.
Outre la réduction des superficies, l’efficacité dans l’utilisation des intrants agricoles a été aussi moins bonne malgré l’augmentation des appuis du gouvernement. En effet, le nouveau système de distribution des intrants par mobile expérimenté pour la première fois a entrainé des retards et cela n’a pas permis aux bénéficiaires de respecter le calendrier de leur utilisation. Par ailleurs, dans les zones frontalières du sud, la fermeture des frontières comme mesures contre la propagation du COVID-19 n’a pas permis aux producteurs d’importer suffisamment d’intrants moins chers des pays voisins. En outre, la baisse des transferts de la migration et la baisse des revenus de la contre-saison de 2020 ont aussi contribué à réduire l’utilisation des intrants agricoles. Cela pourrait impacter négativement les rendements agricoles. Les inondations et les séquences sèches en phase critique des cultures (entre le 20 septembre et le 10 octobre) ont aussi entrainé localement des baisses de rendements sur les cultures, notamment dans les régions de l’Est, du Nord, de la Boucle du Mouhoun et du Centre-Ouest.
De ce fait, malgré la bonne distribution des pluies entre juillet et octobre, les productions agricoles vont être en-dessous de la moyenne dans les zones du nord plus touchées par l’insécurité, mais elles resteront similaires à la moyenne dans l’ensemble du pays. Les récoltes sont en cours pour les différentes spéculations, mais à des taux plus avancés (entre 25 et 50 pour cent) pour l’arachide, le niébé, le maïs, le mil hâtifs et l’igname. Elles contribuent à l’amélioration de la situation alimentaire des ménages et à l’approvisionnement des marchés.
Sur les marchés, les prix en détail des céréales de base sont globalement stables en septembre comparé à la moyenne quinquennale. Ils sont néanmoins en hausse par rapport à l’année passée à la même période : 23 pour cent pour le maïs, 31 pour cent pour le mil et 20 pour cent pour le sorgho. Des hausses plus importantes entre 50 et 80 pour cent ont été particulièrement observées sur les marchés de l’Est en lien principalement avec les flux sortant plus importants vers le Niger et aussi aux achats locaux faits par les ONGs au profit des PDIs. Après quelques mois de perturbation dans les flux entrant de riz importé, les volumes mensuels enregistrés depuis le mois de juillet sont similaires à la moyenne, ce qui favorise une stabilité de son prix sur les marchés. Ces hausses de prix affectent notamment les PDIs et les ménages pauvres dans les centres urbains, qui dépendent du marché pour s’alimenter pendant toute l’année.
Avec des productions moyennes, la demande des ménages devrait rester typique sur les marchés au moins jusqu’en mai dans les zones plus calmes du pays. La disponibilité des ressources fourragères et en eau est aussi bonne pour permettre une alimentation typique du bétail dans l’ensemble. Le bon niveau de remplissage des points d’eau favorisera également un bon développement des cultures de saison sèche. Toutefois, les pertes de production et les méventes enregistrées pendant la dernière saison n’ont pas permis aux producteurs maraichers de solder leurs dettes. Par conséquent, ces derniers éprouveront des difficultés à accéder de nouveau aux intrants et équipement pour relancer normalement leur activité.
Dans les centres urbains, le ralentissement global des activités économiques continuera d’affecter négativement la demande d’emplois et les revenus, en particulier dans le secteur informel, le tourisme et l’hôtellerie. La baisse du pouvoir d’achat des pauvres de secteur informel, limitera l’accès à l’alimentation pour ce groupe qui affecte généralement entre 50 et 60 pour cent de leur revenu à l’alimentation (SAP, HEA, 2020).
Ainsi, jusqu’en mai, la majorité des ménages pauvres dans les zones plus calmes demeureront en insécurité alimentaire aigüe Minimale (Phase 1 de l’IPC) grâce aux stocks issus de l’autoproduction. Néanmoins, une proportion inférieure à 20 pour cent de la population dans les grands centres urbains, en particulier les pauvres du secteur informel, continueront d’être dans une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC).
Zones de moyens d’existence 8 ; 7 ; 5 et 9 (Régions du Sahel, Centre-Nord, Nord, et Est)
La répartition spatio-temporelle des pluies est bonne dans la zone avec des cumuls globalement excédentaire par rapport à la moyenne, excepté dans la commune de Markoye (ZOME 8) et dans plusieurs communes de la région du nord où un arrêt précoce des pluies a été observé à partir de la deuxième décade de septembre.
Avec le calme relatif observé depuis le mois de juillet, certains PDI ont tenté de retourner dans les villages d’origine pour la pratique des activités agricoles. Cependant, l’exploitation des champs se limite aux abords des villages. Ainsi, les activités agropastorales sont perturbées à plus de 50 pour cent dans les communes de Kain, Tangaye, Thiou, Banh et Sollé (dans la Région du Nord), Djibo, Baraboulé, Nassoumbou, Koutougou, Arbinda, Déou, Tin-Akoff (dans la Région du Sahel), Pensa, Dablo, Namissiguima (dans la Région du Centre-Nord) et à plus de 20 pour cent dans les communes de Matiacoali, Botou, Bartiébougou, Foutouri, Tambarga, Madjoari et Logobou (dans la Région de l’Est).
Les récoltes demeureront en-dessous de l’année écoulée et de la moyenne quinquennale. Par contre, la disponibilité fourragère et de l’eau est supérieure à la moyenne. Toutefois, certaines zones pastorales restent d’accès limité en raison des menaces de pillage du bétail par les groupes terroristes. Dans les zones de forte présence de PDIs, le bétail supplémentaire exerce une pression sur les ressources accessibles qui pourront s’épuiser plus tôt dès février contre avril en année normale.
L’assistance alimentaire et le marché demeurent les principales sources d’alimentation des ménages hôtes et PDIs, car les récoltes sont insuffisantes surtout dans les zones de forte présence de PDIs. Les PDIs représentent 22 pour cent de la population dans la province du Séno, 33 pour cent dans la province du Sanmatenga et 40 pour cent dans la province du Soum et entre 13 et 16 pour cent dans les provinces environnant (Loroum, Oudalan, Ban et Namentenga).
L’évaluation conduite auprès de plus de 2/3 des PDIs (SP/CONASUR, septembre 2020) montre que 42 pour cent ont bénéficier d’une assistance alimentaire en aout. Toutefois, les approvisionnements sur les marchés représentent la principale source alimentaire pour 61 pour cent des PDIs. La réduction des quantités consommées par jour, les emprunts ou la mendicité et le recours aux aliments moins chers, sont les principales stratégies développées par ces ménages. Les activités agricoles qui occupaient 91 pour cent des PDIs, ne sont plus pratiquées que par 20 pour cent et 60 pour cent ne sont plus actifs. Dans l’ensemble, l’assistance réalisée entre juillet et septembre est concentrée dans les provinces du Soum, du Sanmatenga et du Séno où elle devrait toucher respectivement 40 ; 33 et 22 pour cent de la population et couvrir au moins 50 pour cent de leurs besoins. Elle favoriserait une insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 ! de l’IPC) dans ces provinces.
L’accalmie a aussi favorisé l’approvisionnement des marchés principaux et leur fréquentation par les acteurs étrangers. Néanmoins, les marchés secondaires, surtout ceux dans les zones frontalières au nord fonctionnent au ralenti du fait des attaques isolées et des menaces des groupes terroristes. La disponibilité des denrées de base reste toutefois inférieure à la moyenne et les prix, en particulier le mil, enregistrent des hausses entre 11 et 25 pour cent sur les marchés de Djibo, Baraboulé, Nassoumbou (dans la province du Soum) et Markoye (dans la province de l’Oudalan) par rapport à la moyenne quinquennale. Cette hausse de prix pourrait se maintenir jusqu’en mai 2021 en raison de la dépendance des ménages des marchés (figure3) et affecter négativement le pouvoir d’achat des ménages.
Sur les marchés à bétail, les offres d’animaux restent stables ou en légère baisse à Dori, mais avec des baisses plus importantes sur le marché de Djibo par rapport à la normale : 25 pour cent pour les ovins, 17 pour cent pour les caprins et 37 pour cent pour les bovins. Cela s’explique par l’érosion des avoirs des ménages après cinq années de crise sécuritaire. De plus, certains éleveurs ont fui les menaces de pillages des groupes armés. Avec la présence des acheteurs étrangers (majoritairement en provenance du Ghana), au moins 80 pour cent des animaux présentés sur les marchés sont vendus. Les prix sont stables pour les petits ruminants à Dori, mais en hausse de 20 et 27pourcent respectivement pour les béliers et les boucs sur le marché de Djibo par rapport à la moyenne. Les termes de l’échange bouc/mil sont stables à Dori et en hausse de 27 pour cent à Djibo par rapport à la normale. Par contre, ils sont en baisse de 30 pour cent sur le marché de Gorom-Gorom (ZOME 8) en raison du bradage des animaux par les PDIs.
En l’absence d’assistance alimentaire, les récoltes en cours restent insuffisantes pour éviter une insécurité alimentaire aigue Crise (Phase 3 de l’IPC) entre octobre et mai dans les provinces du Soum, du Sanmatenga et du Séno dans lesquelles les PDIs représentent au moins 20 pour cent de la population. A parti du mois de février, l’épuisement des stocks et la dégradation continue des moyens d’existence exposeront en plus les provinces voisines (Loroum, Oudalan, Bam et Namentenga) à la Crise (Phase 3 de l’IPC).
Source : FEWS NET/USGS
Source : FEWS NET, using data from ACLED
Source : Source: FEWS NET/Projection basée sur les données de SIM/SONAGESS
Source : FEWS NET
Dans le suivi à distance, un coordinateur travaille d’un bureau régional avoisinant. En comptant sur les partenaires pour les données, le coordinateur applique l’approche de développement des scenarios pour faire l’analyse et élaborer les rapports mensuels. Comme les données peuvent être moins disponibles que dans les pays avec des bureaux de FEWS NET, les rapports de suivi à distance peuvent montrer moins de détail. Pour en savoir plus sur le travail, clique ici.