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La détérioration de la situation sécuritaire caractérisée par la multiplication des exactions de groupes armés à l’encontre des civiles et leurs biens et aussi les risques de conflits communautaires, entrainent des flux de déplacés des communes du nord vers les centres urbains dans les zones de moyens d’existence 7 et 8.
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Dans cette zone pastorale où les ménages comptent généralement sur la vente du bétail pour acquérir les céréales, l’insécurité entraine une réduction des approvisionnements en denrées de base et une baisse de la fréquentation des marchés locaux par les collecteurs de bétail, surtout dans les communes frontalières.
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Toutefois, avec les récoltes moyennes à supérieures de la saison écoulée, les ménages hôtes ont un accès typique à l’alimentation et devraient dépendre des marchés à partir de mai. Les déplacés internes commencent à acheter leur nourriture et sur les marchés centraux, les prix restent élevés et similaires ou en hausse de 10 à 20 pour cent comparé à la moyenne quinquennale. L’insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 de l’IPC) pourrait toucher les ménages pauvres hôtes et déplacé entre mai et aout.
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L’installation à temps de la saison des pluies entre avril et juin, va d’une part, favoriser la régénération des pâturages et ainsi limiter la dépendance des éleveurs des sous-produits agro-industriels pour l’alimentation de leur bétail. D’autre part, elle contribuera à limiter la rétention de stocks de céréales par les commerçants et les grands producteurs.
| ZONE | ANOMALIES ACTUELLES | ANOMALIES PROJETÉES |
|---|---|---|
| National |
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| Zones de moyens d’existence (ZOME) 7 et 8 |
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Au niveau national
Dans les zones moins affectées par l’insécurité, les ménages pauvres ont un accès normal à la nourriture à partir de leurs propres productions. Les marchés sont bien approvisionnés et les prix des céréales de base sont en légère baisse (11 pourcent) par rapport à l’année passée et globalement stables comparativement à la moyenne quinquennale. Les récoltes ont été moyennes à supérieures à la moyenne et les ménages devraient traverser une période de soudure typique entre juin et septembre.
Les ménages continuent de mettre sur les marchés des stocks de produits de rente (sésame, niébé et arachide) à des niveaux de prix au-dessus de la moyenne : 5 pourcent pour le niébé, 12 pourcent pour l’arachide et 30 pourcent pour le sésame.
Les disponibilités en eau sont satisfaisantes pour la conduite normale des activités maraichères. Dans les grands sites de production, les prix des principales spéculations sont similaires à la moyenne (11 000 à 15 000 F CFA la caisse de tomate et 15 000 F CFA le sac de 50 kg d’oignon). Ces activités devraient offrir des revenus typiques jusqu’en avril-mai.
Il y a des chances que la saison des pluies s’installe à temps entre avril et juin, avec des précipitations au-dessus de la moyenne entre juin et aout (NMME, Precipitation Probability Forecasts, February 2019). Cela va favoriser la régénération des pâturages entre juin et juillet et aussi contraindre les commerçants grossistes et les grands producteurs à mettre leurs stocks sur les marchés avant les premières récoltes de maïs au mois d’aout.
Le gouvernement a bénéficié de l’appui technique et financier de partenaires pour l’acquisition de 40 000 tonnes de céréales en vue de la reconstitution du stock de sécurité alimentaire. Bien que ce besoin soit deux fois plus important que d’habitude, cela ne va pas perturber fortement le fonctionnement des marchés, car les stocks des grossistes et unions de producteurs dans les zones de production sont 30 pourcent au-dessus de la moyenne. Ainsi, avec une demande des ménages similaire à la normale, les prix des céréales devraient évoluer légèrement au-dessus de la tendance saisonnière moyenne.
Avec des stocks moyens ou supérieurs, des revenus également moyens ou supérieurs et des prix légèrement au-dessus de la moyenne, les ménages pauvres dans les zones plus stables auront un accès typique à l’alimentation jusqu’en aout et devraient vivre une insécurité alimentaire aigues Minimale (Phase 1 de l’IPC) pendant la période.
Zones de moyens d’existence 8 et 7
La situation sécuritaire s’est fortement détériorée dans ces zones avec la recrudescence des attaques de groupes armés sur les forces de sécurité et les civils et aussi des enlèvements d’acteurs humanitaires. Les exactions sur les infrastructures marchandes et la destruction de biens poussent les ménages à se déplacer vers les centres urbains jugés plus sûr. En début janvier, des exactions de nature communautaire ont entrainer d’énormes pertes en vies humaines et de biens et ont contribué à augmenter autour de 101 000 le nombre de déplacés internes dont plus de 73 pourcent sont dans la région du Sahel.
Malgré cette situation sécuritaire préoccupante, les marchés centraux restent relativement bien approvisionnés par les commerçants. Par contre, les marchés locaux dans les communes frontalières avec le Mali et le Niger fonctionnent au ralenti car moins fréquentés par les commerçants et les ménages. L’autoproduction demeure la principale source d’alimentation des ménages pauvres hôtes. Toutefois, les déplacés internes commencent à s’approvisionner en céréale par les revenus issus de la vente de leurs animaux. Les prix des principales céréales sont similaires à la moyenne, avec néanmoins des hausses légères à modérées pour le mil sur les marchés de Gorom-Gorom et de Dori.
Les communes frontalières abritent pour la plupart les marchés de collecte du bétail et qui alimentent habituellement les marchés centraux à savoir Youba, Djibo, Dori et Gorom-Gorom. Ces marchés de collecte sont difficiles d’accès, ce qui oblige les ménages à convoyer directement leurs animaux sur les marchés centraux. La demande sur les marchés reste peu satisfaisante car dans l’ensemble, les taux de vente sont en-dessous de 80 pourcent. Exceptionnellement pour les caprins, la demande interne et externe (vers le Ghana) est plus importante avec des taux de vente allant de 76 pourcent sur le marché de Gorom-Gorom à 97 pourcent sur le marché de Youba. Les prix des petits ruminants sont dans l’ensemble stables comparé à la moyenne quinquennale et les termes de l’échange sont en faveur des éleveurs. En effet, la vente d’un bouc permet d’obtenir 150 kg de mil, soit plus que la moyenne.
La soudure pastorale qui commence dans ces zones devrait être marquée par une demande plus accrue en SPAI en attendant la régénération des pâturages en juillet. Pour cause, les sites habituels de repli du bétail sont inaccessibles et les vols d’animaux y sont fréquents. Avec la l’accroissement de la demande en SPAI, le niveau actuel déjà élevé des prix (23 pourcent supérieur à la moyenne) pourrait l’être davantage jusqu’en juin en raison des comportements spéculatifs des commerçants. L’augmentation des dépenses en aliment bétail va négativement affecter le pouvoir d’achat en denrées de base des ménages.
Le gouvernement et les partenaires apportent une assistance alimentaire aux déplacés sur les sites (28 pourcent des PDIs). Au cours de ce mois, le Programme alimentaire mondial (PAM) a pu distribuer une ration mensuelle de vivres à 30 784 personnes, soit 30 pourcent des PDIs Des transferts monétaires sont aussi planifiés pour environ 9000 ménages, mais seront concentrés dans les centres urbains plus accessibles.
Dans l’ensemble, avec l’épuisement des stocks des ménages hôtes à partir du mois d’avril, la dépendance des ménages des marchés sera plus grande et la baisse du pouvoir d’achat va limiter leur accès à l’alimentation. En conséquence, les taux de malnutrition aigue globale qui variant entre 10,1 pour cent dans la province du Soum et 13,4 pour cent dans la province du Séno (SMART, octobre 2018) pourraient se maintenir ou s’augmenter. L’insécurité alimentaire aigue Stress (Phase 2 de l’IPC) pourrait alors toucher les ménages pauvres hôtes et les PDIs entre mai et septembre.
Source : FEWS NET/SONAGESS
Source : FEWS NET
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