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Dans les zones sous blocus, l’approvisionnement des marchés par escorte dure trois à quatre mois entrainant des pénuries. Les populations dont les avoirs en revenus sont marginaux ne peuvent pas supporter les niveaux record de prix et survivent au rythme de l’assistance. À Djibo, ou l’assistance atteint environ 30 pour cent de la population, des signes visibles de malnutrition persistent. Pendant la soudure, de juin à septembre, FEWS NET estime que l'Urgence ! (Phase 4 ! de l’IPC) est le résultat le plus probable à Djibo, une classification qui indique que l'assistance alimentaire est le principal facteur empêchant la Famine (Phase 5 de l’IPC). Alors que la période de soudure est celle où les besoins sont les plus importants, la gravité de la faim ne diminuera que marginalement au cours de la période post-récolte, et des résultats d'Urgence (Phase 4 de l'IPC) sont attendus entre octobre et janvier. Bien qu'il ne s'agisse pas du scénario le plus probable, FEWS NET estime qu'un risque de Famine (Phase 5 de l'IPC) persistera à Djibo au moins jusqu'en janvier. Entre juin et septembre, si les livraisons d'aide sont fortement perturbées - que ce soit en raison de l'interférence de groupes armés, de la réduction de la capacité des hélicoptères ou de retards dans l'autorisation des vols - la Famine (Phase 5 de l'IPC) pourrait survenir. Compte tenu de l'importance de la population en situation d'Urgence (phase 4 de l'IPC) pendant la période post-récolte d'octobre à janvier, il subsistera un risque que toute intensification du conflit restreignant davantage les cultures, l'approvisionnement des marchés et l'aide entraîne une Famine (Phase 5 de l'IPC). Les livraisons d'aide alimentaire doivent non seulement être maintenues, mais aussi augmentées pour limiter les pertes en vies humaines et mettre fin au risque de Famine (Phase 5 de l'IPC) à Djibo.
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Le nombre de communes sous blocus continue d’accroitre, atteignant maintenant plus d’une trentaine. La plupart des sources de revenus et de nourriture deviennent de plus en plus précaires. Dans les provinces du Soum (Arbinda, Kelbo) de l’Oudalan (Markoye, Gorom-Gorom) et du Yagha (Solhan, Mansila, Sebba), ou l’assistance touche moins de 20 pour cent de la population, les ménages sont contraints de plus recourir aux produits de cueillette actuellement disponibles suite à l’installation des pluies. Toutefois, des grands écarts dans leur consommation persistent, indicatif à une situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC). Dans ces zones, les déficits prolongés augmentent les cas de signes visibles de malnutrition et d’exposition de personnes à l’insécurité alimentaire de Catastrophe (Phase 5 de l’IPC). En effet, les informateurs clés rapportent des pleurs d’enfants de faim et personnes âgées affaiblies et qui tombent pendant les opérations de distribution.
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Les actions punitives des groupes armés terroristes continuent d’entrainer de nouveaux déplacements de populations, notamment dans les provinces du Tuy, du Mouhoun, de l’Oudalan, et d’empêcher l’accès des ménages à leurs champs pour les activités agricoles aussi bien dans les zones de forte présence de PDIs (Sahel, Nord, Est, Centre-Nord) que dans les zones de production du pays (Boucle du Mouhoun, Hauts-Bassins, Cascades, Centre-Est). Si le nombre d’incidents sécuritaires enregistrés entre janvier et juin est similaire au niveau record de l’année passée pour la même période, les tueries ont plus doublé pendant la période (ACLED). Les pays côtiers, notamment la Côte d’Ivoire et le Ghana qui sont les principales destinations des gros éleveurs fuyant les pillages ou confrontés aux restrictions dans l’accès aux pâturages, sont en train de prendre des mesures de contrôle des flux entrants. Au début de ce mois, près de 500 Burkinabès ont été rapatriés du Ghana.
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Le commerce de produits agricoles et de bétail reste marqué dans l’ensemble par un ralentissement des flux internes en raison de l’insécurité et par la mesure en vigueur sur l’interdiction des exportations notamment de céréales et de niébé, limitant la fréquentation des marchés locaux par les acheteurs étrangers. La baisse des exportations de céréales et de niébé et les difficultés de transfert de ces produits des zones de production de l’ouest vers des zones de déficit du nord, ont entrainer en juin une baisse moyenne des prix d’environ 15% au niveau national par rapport à l’année passée à la même période. Mais les prix des denrées de base demeurent 20 à 50% au-dessus de la moyenne quinquennale. Toutefois, en raison des approvisionnements irréguliers par escorte, les zones sous blocus, en particulier les marchés de Djibo et de Sebba, des variations à la hausse atypiques continuent d’être observées par rapport à l’année dernière (20 à 75%) et aussi à la moyenne quinquennale (100 à 212%). Sur le marché de Gorom-Gorom (dans l’Oudalan), la pression de la demande en denrées de base due à la forte présence de PDIs, la baisse de l’offre en céréales et la baisse de la demande en bétail, entrainent une dégradation d’environ 33% des termes de l’échange bétail/céréales comparé à la moyenne.
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La présente campagne agricole est caractérisée dans son installation par une mauvaise répartition spatio-temporelle des pluies dans l’ensemble des régions du pays. Les pluies enregistrées au cours des mois de mai et de juin dans les zones de production du sud et de l’ouest ont été irrégulières et insuffisantes et n’ont pas permis des semis à grande échelle. Des séquences sèches supérieures à 7 jours, soient plus longues que la normale ont occasionné des resemis ou des substitutions de cultures de coton ou de céréales par des spéculations à cycles plus courts. Bien que les prévisions pluviométriques soient favorables pour le reste de la saison, l’augmentation continue du nombre de PDI et l’accès réduit des ménages à leurs champs vont entrainer une baisse des superficies emblavées. De même, l’accès réduit des producteurs aux intrants en raison des prix 50 à 60% élevés que la moyenne, pourrait entrainer une sous-utilisation de ces fertilisants et affecter négativement les rendements.
Citation recommandée : FEWS NET. Burkina Faso. Messages Clés : Des déficits prolongés de consommation menacent la survie des populations dans les zones sous blocus. 2023.
Cette mise à jour des des messages clés présente une analyse succincte des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.