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- Les résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) sont attendus de juin 2024 à janvier 2025, avec des populations en Urgence (Phase 4 de l’IPC) dans les zones nord-est et centre-est. Ces résultats sont issus des affrontements de la rébellion du M23 et d’autres groupes armés contre les FARDC, lesquels ont provoqué le déplacement d'environ 7,3 millions de personnes à travers le pays (OCHA). Les récoltes de juin et janvier 2025 devraient être nettement inférieures à la moyenne en raison du conflit et ne devraient pas améliorer de manière significative les disponibilités alimentaires des ménages pauvres. Une partie des ménages déplacés au nord-est, n'ayant pas pu cultiver et ayant des difficultés à récupérer leurs moyens de subsistance, devrait être en Urgence (Phase 4 de l'IPC)
- Les zones de grande préoccupation avec les conflits les plus intenses restent dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu dans le nord-est du pays. Dans ces provinces, les territoires de Djugu (Ituri) , Rutshuru, Masisi et Lubero (Nord-Kivu) et Kalehe (Sud-Kivu) restent les foyers de tension.
- Bien que les inondations saisonnières d’octobre et novembre 2024 ne devraient pas atteindre les niveaux historiques observés au cours des deux dernières années, selon les prévisions pluviométriques, les résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) sont attendus dans les zones les plus susceptibles aux inondations, notamment les zones riveraines du Fleuve Congo et au bord du Lac Tanganyika.
- FEWS NET estime qu’entre 14-14.99 millions des personnes seront en besoin d’assistance humanitaire urgente, pendant la soudure de la saison 2 d’octobre à décembre 2024. Toutefois, comme ces dernières années, les besoins totaux restent supérieurs aux niveaux d'assistance prévus. L’assistance anticipé pendant la période de scénario ne couvre qu’une faible proportion de la population dans les zones les plus affectées par les conflits et les inondations.
Source: FEWS NET
Les besoins en assistance alimentaire atteindront leur pic annuel entre octobre et décembre 2024, coïncidant avec le pic de la soudure de la saison 2 dans la majeure partie du pays. Une autre année de récoltes inférieures à la moyenne en juin 2024 et janvier 2025, due à la réduction des surfaces cultivées liée au conflit,aux pertes de récoltes et aux inondations, n'entraînera qu'une brève amélioration de la consommation alimentaire des ménages avant que ceux-ci ne soient obligés de recourir à des achats alimentaires onéreux. De nombreux ménages ont perdu l'accès à leurs moyens d’existence et sont confrontés à des déficits de consommation alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) due à des années de conflit et à des déplacements forcés répétés, ainsi qu'à deux années consécutives d'inondations d'une ampleur historique (Figure 1). Bien que les déficits alimentaires diminuent légèrement avec les récoltes de janvier, ces baisses seront de courte durée. Les effets de l'aggravation des conflits, des inondations saisonnières et l'instabilité macroéconomique entraînant une forte inflation devraient maintenir les besoins d'assistance élevé jusqu’en janvier 2025.
Des conflits intense devraient conduire à des résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) dans le Nord-Kivu et dans certaines parties des provinces de l'Ituri, du Sud-Kivu, du Tanganyika et de Mai-Ndombe de juin 2024 à janvier 2025. La rébellion du M23 ,les incursions accrues des ADF et d'autres groupes armés sont susceptibles d'entraîner une nouvelle année consécutive de récoltes inférieures à la moyenne. De nombreux ménages devront acheter la majeure partie de leur nourriture en raison d'un accès considérablement réduit à leurs propres activités de production, de pêche et de recherche de nourriture. Les graves perturbations du marché et de l'approvisionnement limitent encore davantage les possibilités de revenus et provoquent une flambée des prix des produits alimentaires et non alimentaires essentiels, poussant certains ménages confrontés aux chocs cumulés des inondations et des conflits à se retrouver en situation d'Urgence (Phase 4 de l'IPC). De nombreux ménages récemment déplacés sont également susceptibles de se trouver en situation d'Urgence (Phase 4 de l'IPC). On s'attend à ce que les ménages pauvres adoptent des stratégies d'adaptation très négatives, telles que la vente des biens restants ou la mendicité, pour tenter d'atténuer leurs déficits de consommation alimentaire. La présence d'un nombre important des personnes déplacées dans plusieurs zones accroît également la concurrence pour les ressources et les opportunités de revenus, tout en exacerbant les prix élevés des denrées alimentaires et des articles non alimentaires.
Alors que la majeure partie du pays connaîtra des inondations saisonnières, les régions les plus touchées, notamment les provinces de l'Équateur, du Sud-Kivu, de Tanganyika et du Haut-Katanga, une situation de Crise (Phase 3 de l'IPC) devrait persister jusqu'en janvier 2025 en raison de l'impact des inondations saisonnières. Les ménages touchés par les inondations devraient subir d'importantes pertes de récoltes et une réduction des possibilités de revenus, les rivières devenant infranchissables. Dans les zones touchées par les inondations le long du lac Tanganyika, les résultats devraient s'améliorer d'ici au mois d’octobre 2024 et passer au niveau de Stress (Phase 2 de l'IPC) à mesure que les inondations se résorbent. Les ménages auront probablement encore du mal à satisfaire leurs besoins alimentaires minimaux jusqu'en janvier 2025, alors qu'ils se remettent des conséquences des inondations.
Le programme de la réponse humanitaire pour la RDC reste sous-financé par rapport aux besoins humanitaires constamment élevés résultant de chocs répétés et cumulés tout au long de l'année. Le PAM et ses partenaires continueront à fournir une assistance alimentaire d'urgence aux ménages touchés par le conflit et les inondations, la majeure partie de cette assistance étant destinée aux zones les plus préoccupantes du nord-est. Toutefois, l'assistance alimentaire prévue n'atteindra pas 25 percent de la population totale, ce qui est insuffisant pour atténuer l'insécurité alimentaire aiguë au niveau des zones de Crise (Phase 3 de l'IPC). Les ménages confrontés à une insécurité alimentaire aiguë sévère ne peuvent satisfaire leurs besoins minimaux en kilocalories sans recourir à des mesures d'adaptation non durables et ont besoin d'une assistance humanitaire urgente.
L’agriculture est cruciale pour les moyens d’existence dans l’ensemble du pays. Dans les zones rurales, les ménages dépendent fortement du travail agricole temporaire, ainsi que de la cueillette de produits forestiers et de la pêche, pour la consommation et la vente. Sauf le Nord-est, il y a deux saisons agricoles. Le mois de juin marque la récolte de la saison 1, plus petite que la récolte de la saison 2 en janvier. Dans le sud-est, il n'y a qu'une seule saison agricole, la récolte commence en avril. Excepté l’extrême sud-est, où le maïs est plus important, le manioc est le principal aliment de base et se récolte toute l'année.
Le conflit est l’un des principaux facteurs de l’insécurité alimentaire aiguë en RDC. Bien que la pauvreté chronique soit répandue, exacerbée par des facteurs structurels tels que la faiblesse des infrastructures et des services, une grande partie du pays est resiliente à l'insécurité alimentaire aiguë grâce à un climat favorable et à l'abondance de pluies régulières. En l'absence de chocs graves, la plupart des ménages couvrent leurs besoins essentiels en kilocalories et autres besoins essentiels. Toutefois, le pays, ayant connu des conflits prolongés dus à des tensions ethniques et à la concurrence pour ses ressources minérales, a vu depuis 2021 une intensification marquée du conflit dans le nord-est avec la réapparition de la rébellion du M23 dans le Nord-Kivu après presque dix ans de dormance et l'incursion des rebelles ougandais de l’ADF dans l'Ituri. De plus depuis 2022, un intense conflit intercommunautaire sévit dans le Mai-Ndombe à l'ouest. L'insécurité dans les zones de conflit limite l'accès aux champs, réduisant les zones cultivées ou entraînant leur abandon, perturbant la capacité des ménages à s'alimenter et à pêcher. De plus, la baisse de la production et la perturbation des marchés ont entraîné une hausse des prix alimentaires, limitant l'accès des ménages à la nourriture.
La RDC est confrontée à d'autres chocs cumulés, notamment les inondations saisonnières et l'instabilité macroéconomique. Les deux dernières saisons agricoles ont connu une pluviométrie excessive causant des inondations historiques, des éboulements, ainsi que des destructions des infrastructures et des actifs des ménages. Ces phénomenes ont été intense dans les zones de cuvette centrale le long du fleuve Congo et ses affluants. Par ailleurs, la monnaie locale s'est beaucoup dépréciée au fil du temps, entraînant des taux d'inflation élevés et empêchant les ménages de subvenir à leurs besoins de base. De multiples chocs maintiennent des besoins d'assistance élevés tout au cours de l'année.
L’ensemble complet des calendriers saisonniers pour la RDC est disponible ici.
Source: FEWS NET
En savoir plus
L’analyse présentée ici est basée sur les informations disponibles au 15 juin 2024. Les liens suivants donnent des informations supplémentaires :
- Dernières Perspectives sur la sécurité alimentaire: février à septembre 2024
- Mouvements des populations en RDC ; mai 2024
- Aperçu de la méthodologie de développement de scénarios de FEWS NET
- L’approche de FEWS NET pour estimer la population dans le besoin
- Aperçu des analyses IPC et IPC-compatible
- L'approche de FEWS NET en matière d'analyse de l'assistance alimentaire humanitaire
L’alerte précoce en cas d’insécurité alimentaire aiguë nécessite de prévoir les résultats futurs des mois à l’avance afin de donner aux décideurs suffisamment de temps pour budgétiser, planifier et répondre aux crises humanitaires attendues. Toutefois, en raison des facteurs complexes et variables qui influencent l’insécurité alimentaire aiguë, des prévisions définitives sont impossibles. Le développement de scénarios est la méthodologie qui permet à FEWS NET de répondre aux besoins des décideurs en développant un scénario « le plus probable » du futur. Le point de départ de l’élaboration de scénarios est une analyse solide des conditions actuelles de sécurité alimentaire, qui constitue l’objet de cette section.
Les principes clés du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET incluent l’application du cadre de réduction des risques de catastrophe et une optique basée sur les moyens d’existence pour évaluer les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Le risque d'insécurité alimentaire aiguë d'un ménage dépend non seulement des dangers (comme une sécheresse), mais aussi de la vulnérabilité du ménage à ces dangers (par exemple, le niveau de dépendance du ménage à l'égard de la production de cultures pluviales pour sa nourriture et ses revenus) et de sa capacité d'adaptation (qui prend en compte à la fois la capacité des ménages à faire face à un danger donné et le recours à des stratégies d’adaptation négatives qui nuisent à la résilience future). Pour évaluer ces facteurs, FEWS NET fonde cette analyse sur une solide compréhension fondamentale des moyens d’existence locaux, qui sont les moyens par lesquels un ménage répond à ses besoins fondamentaux. Le processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET prend également en compte le Cadre des moyens d’existence durables ; les Quatre dimensions de la sécurité alimentaire ; et le Cadre conceptuel de la nutrition de l’UNICEF, et est étroitement aligné sur le cadre analytique de la Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC).
Principaux dangers
Conflit et insécurité: Le conflit reste la principale cause de l’insécurité alimentaire en RDC. A l’intérieur du pays, la RDC compte environ 7,3 millions des personnes déplacées et 2,4 millions des personnes retournées selon OCHA (Figure 3). La plupart de ces personnes a été déplacée par des conflits internes, bien qu'il y ait aussi un nombre important des personnes réfugiées par les crises au Soudan, Burundi et au Sud-Soudan.
Le niveau du conflit reste le plus intense dans le nord-est. Les affrontements entre les rebelles du M23 et les Forces armées de la RDC (FARDC) appuyées par différentes milices Wazalendo dans la province du Nord-Kivu se poursuivent. Malgré les tractations politiques en cours, la rébellion du M23 continuent ses attaques pour élargir ses zones d’influence dans les territoires de Masisi et Lubero et contrôler les principaux axes commerciaux et routiers. De l’autre côté, les différentes milices locales d’auto-défense en collaboration avec l’armée loyaliste se sont coalisées pour combattre ces rebelles. Ces groupes d’auto-défense renforcent leurs positions en appui de la force régionale de la SADEC (Communauté économique de l’Afrique australe) chapeauté par l’armée sud-africaine dans les zones non encore conquises. Ainsi, des violences continuent entre ces belligérants et les exactions sont commises sur les populations par toutes les forces en présence. Ces exactions conduisent les populations à se déplacer incessamment. Selon l’Organisation mondiale de migration (OIM), environs 1 524 306 personnes se sont déplacées et vivent dans les camps et dans les familles d’accueils à la cause de cette crise dans le Nord-Kivu.
D’autres part, les terroristes de Forces démocratiques alliées (ADF) ont de plus en plus démontré leur capacité à opérer dans les territoires de Irumu et Mambasa dans la province de l’Ituri . Au mois d’avril 2024, près de 20 000 habitants du quartier Sayo, de la commune de Mulekera, à Beni (Nord-Kivu), ont abandonné leurs maisons à la suite de l’activisme des ADF. Parallèlement, les FARDC appuyées par l’UPDF (Uganda people defence forces) continuent leurs opérations contre ces terroristes dans la zone d’où ils bombardent depuis le début de cette année, plusieurs positions ces rebelles. En plus, six groupes armés locaux actifs, parmi eux FRPI, URDPC/CODECO, FPIC Mapi et Auto-défense, ont signé un protocole d’accord de cessation des hostilités et ont adhéré au Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S). Cependant les groupes armées CODECO et ZAIRE actifs dans les territoires de Djugu et Mahagi, continuent à s’affronter pour le contrôle des sites miniers et les attaques contre les sites des déplacées par ces miliciens se poursuivent.
Dans le territoire de Kwamouth dans la province de Mai-Ndombe, malgré l’accord de paix du 6 avril 2024 entre les communautés Téké et Yaka, on assiste à une recrudescence des activités des milices Mobondo. Le 12 avril, le chef coutumier de Kimomo a signalé une nouvelle incursion, avec des assaillants qui contrôlent plusieurs villages et pillant des biens de la population en fuite. En outre, cette milice a attaqué le village de Engawu le 8 avril en faisant au moins cinq morts. Cette crise a déplacé plus de 157 000 personnes dans les provinces de Kwango, Kwilu, Mai‑Nombre et Kinshasa.
Les conflits en cours perturbent gravement les activités agricoles vitales pour les moyens d’existence des populations rurales. Dans les zones de conflit, les zones cultivées ont considérablement diminué en raison de l'accès restreint aux champs et de l'abandon des exploitations, ce qui a entraîné une baisse de la demande de la main-d'œuvre agricole et par conséquent des mauvaises récoltes. Avec des approvisionnements inférieurs à la normale, les baisses saisonnières des prix alimentaires pendant les périodes de récolte et post-récolte sont atypiquement minimes ; ce qui maintient les prix à un niveau élevé et les rend de plus en plus inabordables pour les ménages pauvres. L'insécurité limite également l'accès au marché, réduisant les approvisionnements, ce qui a un impact négatif sur les revenus de ménages. L'insécurité a un impact supplémentaire sur les ménages en limitant leur capacité à s'approvisionner en fourrage et à pêcher. Cette restriction aggrave les difficultés liées à la baisse de la production agricole en réduisant l'accès à d'autres sources de nourriture et de revenus. L'effet combiné de la réduction de la production agricole, des possibilités de travail limitées, de la restriction de la recherche de nourriture et de la pêche font qu'il est difficile pour la plupart des ménages de faire face de manière durable aux conséquences des conflits prolongés. Les déplacements répétés pendant les conflits réduisent encore plus la capacité des ménages à faire face et à retrouver leurs moyens d’existence.
Les catastrophes naturelles et inondations : Les conséquences du changement climatique continue à occasionner des perturbations des pluies en RDC depuis les années precedentes. Des inondations des bas-fonds consécutives aux crues des cours d’eaux continuent dans certaines provinces (Tanganyika, Sud-Kivu, Ituri, Equateur, Tshopo, Kasai, Haut Uele, Bas Uele). Les dommages liés au débordement des rivières et lacs affectent les infrastructures routières et les moyens d’existence des populations. Dans la province du Tanganyika par exemple, depuis mars à mai 2024, près de 28 000 ménages ont été déplacés à la suite de la montée des eaux du lac et le trafic ferroviaire entre différentes provinces à partir de Kalemie a été interrompu à la suite de destruction des ponts. Dans la ville de Baraka et ses environs (Sud-Kivu), près de 35 000 personnes sont affectées par les inondations. Avec telle situation, une détérioration de la disponibilité alimentaire dans ces zones est attendue et les ménages touchés pourront rencontrer des difficultés d’accès à leurs sources d’aliments.
Conjoncture macro-économique du pays : Les prix des principaux minerais exportés par la RDC sont en augmentation depuis le début de l’année selon les analystes de la Banque Centrale du Congo (BCC) ; cela est dû à la hausse des importations chinoises. Le prix de la tonne du cuivre a connu une hausse de 17,5 pour cent par rapport au 31 décembre 2023. Sur les douze derniers mois, il a augmenté de 16,7 pour cent, s’établissant à 10 024,50 USD la tonne, soit son plus haut niveau depuis deux ans. L’étain enregistre une hausse de prix de 1,6 pour cent alors que le prix de l’once d’or a augmenté de 18,8 pour cent. Cette situation présage d’ une bonne santé de l’économie congolaise dont l’essentiel de ses exportations est constitué des minerais. Cependant, la dépréciation de la monnaie locale continue. Selon la banque centrale du Congo (BCC), en cumul annuel, l’inflation s’établit à 51 pour cent au 10 mai 2024 contre 7,2 pour cent à la période correspondante de 2023.
Résurgence des épidémies : L’épidémie de choléra sévit dans 13 provinces du pays. Depuis le début de cette année 2024, les services de santé ont enregistrés 16 554 cas et 250 décès (létalité́ : 1,5%) selon l’OMS. Quant à la rougeole, depuis le début de l’année jusqu’au mois de mai, environ 45 647 cas et 1 062 décès (létalité́ 2,3%) ont été́ rapportés dans 440 zones de santés reparties dans 26 provinces. Avec la situation des inondations dans certaines localités du pays et l’augmentation des personnes déplacées qui vivent dans la promiscuité, les responsables sanitaires craignent une aggravation de la situation. En plus, une épidémie de MonkeyPox est observée dont 6 872 cas suspects ont été enregistrés dans 20 provinces du pays.
Production agricole : La production agricole est la principale source de nourriture pour les ménages en RDC. Ces ménages consomment leurs propres production. La vente des produits agricoles et des produits d’élevage demeurent la principale source de revenus pour près de 70 pour cent des ménages. Ces revenus sont en baisse actuellement dans certaines zones affectées par les conflits ainsi que les zones affectées par les inondations. Certains ménages pauvres, notamment ceux qui n’ont pas pu cultiver, s’adonnent aux travaux agricoles temporaires dans un contexte de faible demande face à une offre grandissante.
Main d’œuvre temporaire et salariée de l’exploitation minière : Les perspectives des prix des principaux minerais exploités en RDC sont bonnes. Etant donné que 16 pour cent de la population Congolaise dépendent des activités minières (artisanales et non artisanales), l’amélioration des cours mondiaux des matières premières, notamment le cuivre et le cobalt ; pourra améliorer le revenu des ménages vivant de ces activités
Main d’œuvre non agricole : Avec plus de 1.5 millions des fonctionnaires de l’état sur l’étendu du pays, la fonction publique constitue aussi une source de revenu important au pays car elle concerne plus de 10 pour cent des ménages en RDC ; cependant, la dévaluation continue de la monnaie locale érode les salaires indécents de ces fonctionnaires de l’état. Les revenus d’autres catégories socio professionnelles sont également touchées par cette dévaluation continue .
Approvisionnement des marchés : Sur l’ensemble du pays, les approvisionnement des marchés seront stables comme dépuis la fin de l’année 2024 et devront se poursuivre jusqu’en septembre, pour ensuite connaître des variations saisonnières pendant la période de soudure (Septembre-Decembre). Cependant, les approvisionnements en céreales durant la période de projection s’annoncent difficiles en particulier pour le maïs et le riz, notamment dans le sud -est (Haut Katanga, Lualaba) et centre -est du pays( région du Kasaï). En effet, au Katanga, les services de l'agriculture ont rapporté une baisse significative de la production de maïs, conséquence directe d'une pluviométrie irrégulière et de l'arrêt soudain des précipitations en février dernier. Initialement, nous attendions une récolte d'environ 460 000 tonnes sur les aires emblavées, mais les dernières inspections indiquent une réduction de plus de 45 pour cent.
Cette situation est d'autant plus alarmante que la Zambie, confrontée à une chute de production de plus d'un million de tonnes, a renforcé les contrôles aux points de sortie de maïs et a déjà entamé des négociations avec la Tanzanie pour l'acquisition de 500 000 tonnes supplémentaires.
Prix de denrées : Les prix des principales denrées notamment celles importées ont augmenté. Par exemple, le prix du riz importé a augmenté de 22 pour cent comparé au mois de mai 2023 et de 10.4 pour cent au-dessus de la moyenne quinquennale. D’autre part, le prix du maïs jaune locale à Kinshasa a augmenté de 7 pour cent comparés au mois de mai 2023.
Elevage : Le secteur de l'élevage en RDC, notamment dans les territoires de Masisi et de Djugu au Nord-Kivu et en Ituri, a été fortement affecté par le conflit et l'insécurité actuelles. Les activités d'élevage ont été gravement perturbées par les déplacements de la population, les vols de bétail et l'abattage de bétail par des groupes armés. De plus, alors que les maladies animales (épizooties) telles que la fièvre aphteuse affectent régulièrement le bétail dans ce contexte, l'accès réduit aux services vétérinaires en raison du conflit a entraîné des pertes supplémentaires pour les éleveurs. La vente de bétail comme source de revenus pour les ménages est appelée à diminuer en intensité, limitant l'accès des ménages aux sources d'alimentation animale et de revenus.
Cueillette : En RDC, la cueillette reste une source d’aliments essentielle pour de nombreux menagers, en particulier dans les zones rurales forestières et actuellement dans les zones affectées par les conflits où l'accès à des aliments cultivés est souvent limité. A ce jour on note plusieurs limitation d’accès à cette source d’aliments du fait des conflits sur l’ensemble de la partie nord-est et centre-est. Dans la zone ouest, les inondations n’ont pas permis aux communautés de la zone équatoriale d’accéder à cette source d’aliment du fait des inondations observées au cours de la dernière campagne agricole 2023-2024. Globalement, on note quelques défis qui menacent cette pratique traditionnelle parmi lesquels on peut citer la déforestation dans les zones d’exploitation forestière, la pression démographique sur les ressources, et l’inaccessibilité dans les zones de conflits.
Suivez ce lien pour plus d’informations sur les perspectives de l’offre et du marché.
Suivez ce lien pour plus d'informations sur les prix sur les marchés clés.
L’assistance alimentaire humanitaire – définie comme une assistance alimentaire d’urgence (en nature, en espèces ou en vouchers) – peut jouer un rôle clé dans l’atténuation de la sévérité des conséquences de l’insécurité alimentaire aiguë. Les analystes de FEWS NET intègrent toujours les informations disponibles sur l’assistance alimentaire, sous réserve que les informations sur l’assistance alimentaire sont très variables selon les zones géographiques et dans le temps. Conformément aux protocoles IPC, FEWS NET utilise les meilleures informations disponibles pour évaluer où l'assistance alimentaire est « significative » (définie par au moins 25 pour cent des ménages dans une zone donnée recevant au moins 25 pour cent de leurs besoins caloriques grâce à l'assistance alimentaire) ; voir l’annexe du rapport. En outre, FEWS NET mène une analyse plus approfondie des impacts probables de l’assistance alimentaire sur la sévérité des résultats, comme détaillé dans les orientations de FEWS NET sur L’intégration de l’assistance alimentaire humanitaire dans l’élaboration de scénarios. D’autres types d’assistance (par exemple, l’assistance aux moyens d’existence ou à la nutrition ; les programmes de filet de sécurité sociale) sont incorporés ailleurs dans l’analyse plus large de FEWS NET, le cas échéant.
Assistance alimentaire : Les données disponibles sur l’assistance alimentaire montrent que la réponse humanitaire est en cours, mais ne couvre qu’une faible proportion de la population totale des territoires affectés, du fait des contraintes logistiques et financières. En effet, selon le cluster sécurité alimentaire, de janvier à mars 2024 seuls 36.6 pour cent des personnes ciblées pour recevoir l’assistance ont été atteintes. Ainsi environ 2.6 millions de personnes ont bénéficié de l’assistance alimentaire alors que la couverture de besoin a été insuffisante pour empêcher une détérioration de la sécurité alimentaire dans toutes les zones analysées.
Sur la base de l'analyse des conditions de sécurité alimentaire, FEWS NET évalue ensuite dans quelle mesure les ménages sont susceptibles de satisfaire leurs besoins caloriques minimaux. Cette analyse fait converger les preuves des conditions de sécurité alimentaire avec les preuves directes disponibles de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l'évolution des moyens d’existence ; FEWS NET prend également en compte les preuves disponibles au niveau régional sur l'état nutritionnel et la mortalité, en se concentrant sur si celles-ci reflètent les impacts physiologiques de l'insécurité alimentaire aiguë plutôt que d'autres facteurs non alimentaires. En fin de compte, FEWS NET utilise l’échelle de Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) en cinq phases mondialement reconnue pour classer les résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë. De plus, FEWS NET applique le symbole de « ! » pour désigner les zones où la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d'au moins une Phase de l’IPC sans les effets de l'assistance alimentaire humanitaire en cours.
Zones des conflits (Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Mai-Ndombe) : En ce mois de juin 2024, les récoltes de la saison 1 agricole sont en cours dans ces zones. Bien que jugées inférieures à la normale, ces récoltes ont amélioré la consommation alimentaire des ménages pauvres. Cependant, dans les zones de conflits , les ménages déplacés qui n’ont pas eu accès à la terre à la suite des déplacements, doivent recourir au marché pour s’approvisionner en nourriture. Ces derniers font usage des stratégies d’adaptation qui leur permettront de générer un revenu et accéder à la nourriture sur les marchés locaux. Certains autres dépendront de la main d’œuvre agricole en cette période de récolte et d’autres feront recours à d’autres opportunités économiques possibles (petit commerce et vente précoce du bétail, entre autres) ainsi que l’assistance humanitaire. De nombreux ménages sont cependant contraints de faire usage des stratégies de crise comme la consommation des aliments moins chers et moins préférés, la réduction du nombre de repas voire la réduction des portions consommées ou encore la diminution d’autres dépenses essentielles comme la santé ou l’éducation. Ainsi, la plupart de ces zones restent en Crise (Phase 3 de l’IPC). Dans certains foyers de tension en Ituri (territoire de Djugu) et au Nord Kivu (territoire de Masisi et Rutshuru), une augmentation des personnes en Urgence (Phase 4 de l’IPC) est observée.
Zones de la cuvette centrale (Ancienne province de l’Equateur et province orientale) : Ces zones ont connu des catastrophes naturelles à répétition notamment les inondations des cultures et autres ressources. Ainsi, les ménages ont perdu plus de la moitié de leurs récoltes. Le peu de récolte obtenue sera dédiée notamment à l’autoconsommation et ne sera pas suffisant pour couvrir les besoins alimentaires des ménages. Ces ménages devront faire usage des stratégies d’adaptation comme la consommation des aliments moins chers et moins préférés, la réduction du nombre de repas voire la réduction des portions consommées ou encore la diminution d’autres dépenses essentielles comme la santé ou l’éducation. Ainsi, la plupart de ces zones seront en Stress (Phase 2 de l’IPC) mais les zones qui ont subis des grandes inondations (territoires de Bikoro, Lukolela, Bomongo, Bokungu, Monkoto) seront en Crise (Phase 3 de l’IPC).
Zones du sud-ouest (Kinshasa, Bandundu, Kongo central) : Ces zones sont stables et connectées économiquement. Ainsi, Cette stabilité et l’intégration économique permettront aux ménages de générer des revenus et accéder à la nourriture sur les marchés locaux. Certains autres dépendront de la main d’œuvre agricole en cette période de récolte et d’autres feront recours à d’autres opportunités économiques possibles (petit commerce et vente précoce du bétail), entre autres dans une situation de stabilité sécuritaire. Ces zones arrivent à couvrir leurs besoins alimentaires et non alimentaires sans engager des stratégies et seront en Minimale (Phase 2 de l’IPC).
Dans le sud-est (Ancienne province du Katanga) : Dans ces zones, les revenues liées aux activités minières et au petit commerce seront assez pour garantir les besoins alimentaires des ménages qui restent dépendant des marchés, notamment dans les zones urbaines. Ces zones seront en Minimale (Phase 1 de l’IPC).
Evolution de la malnutrition. Les dernières enquêtes nutritionnelles, qui font état de la prévalence de la malnutrition aigüe sévère (MAS) au-dessus du seuil critique (>5%) et d'urgence (>10%), ont été réalisées dans certaines provinces dont les Kassaï, le Haut-Lomami, l’Ituri et le Nord-Ubangi. La période à venir présage des mouvements des populations supplémentaires qui vont à nouveau fragiliser les moyens d’existence de ménagers des plus affectés par le conflit et les inondations. Cela pourra conduire probablement à des situations de déficits alimentaires de plus en plus inquiétants pour les personnes se trouvant dans ces zones d’opérations militaires, ainsi que pour les 4,4 millions des personnes qui souffrent de malnutrition en RDC, dont 3,4 millions d’enfants de moins de cinq ans.
La prochaine étape du processus d'élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à développer des suppositions fondées sur des preuves sur les facteurs qui affectent les conditions de sécurité alimentaire. Cela inclut les dangers et les anomalies dans les conditions de sécurité alimentaire qui affecteront l'évolution de l'alimentation et des revenus des ménages au cours de la période de projection, ainsi que les facteurs qui pourraient affecter l’état nutritionnel. FEWS NET développe également des suppositions sur les facteurs censés se comporter normalement. Ensemble, ces suppositions sous-tendent le scénario « le plus probable ». La séquence de formulation des suppositions est importante ; les suppositions primaires (par exemple, les attentes relatives aux conditions météorologiques) doivent être élaborées avant les suppositions secondaires (par exemple, les attentes relatives à la production agricole ou animale), les suppositions qui sous-tendent cette analyse et les principales sources de preuves utilisées pour élaborer les suppositions sont énumérées ci-dessous : ces listes ne sont pas exhaustives.
Suppositions nationales
- Les multiples conflits en cours en RDC devraient persister tout au long de la période du scénario, avec une intensité maximale dans le nord-est. Les attaques des groupes armés continueront à déplacer les ménages et à perturber considérablement l'accès des ménages à leurs champs et leurs moyens d’existence.
- Malgré de températures supérieures à la moyenne probables tout au long de la période du scenario, une bonne humidité du sol due à des précipitations moyennes devrait rester favorable à l'agriculture en dehors des zones inondables.
- Les précipitations moyennes prévues, comme l'indiquent les prévisions pluviometriques, pourront atténuer la situation des inondations en comparaison avec les deux dernières années, facilitant ainsi l’amélioration mineure avec la reprise des activités des moyens d’existence dans les milieux concernés par ces inondations.
- Les effets des catastrophes naturelles saisonnières, notamment les inondations et les éboulements, sont susceptibles d'impacter les moyens d’existence des ménages dans les zones à risques (routes impraticables, dégâts ou destructions d'habitations et de carrières minières, hectares de terre inondés) pendant la période pluvieuse (septembre à janvier). Les zones concernées sont principalement les provinces de Haut-Lomami, le Maniema, le Kwilu, , le Kasaï-Central, Kinshasa, le Sud-Kivu et l’Equateur.
- Une production agricole pour la saison 2 devrait être inférieure à la moyenne dans les régions du pays sujettes aux inondations.
- Main d’œuvre temporaires : Compte tenu de la stabilité des prix des matières premières, dont la RDC dépend pour plus de 65 pour cent de ses exportations, une économie nationale forte générera de nouvelles opportunités économiques pour les ménages pauvres. Pour recréer leurs revenus et améliorer leur accès alimentaire, les exploitations minières artisanales sont plus attrayantes, ainsi que les travaux domestiques, notamment dans les zones minières du pays.
- Etant une source de revenu inestimable pour le pays, la demande internationale des principaux minerais exportés par la RDC (cuivre, cobalt, or, étain) sont en augmentation et pourrait constituer une source importante d’augmentation des devises étrangères.
- La monnaie nationale a connu une dépréciation de 26,2 pour cent en une année et d'autres baisses sont prévues tout au long de la période de prévision. L’instabilité de la monnaie locale risquent d’entraîner une augmentation des prix des produits importés, tels que l'huile végétale et le riz. Les prix des commodités produites localement sont également susceptibles d'être affectées, bien que dans une moindre mesure durant la période de scénario.
- Considérant que le prix du carburant ne cesse d’augmenter malgré la politique d’exonération pratiquée par la RDC, le prix de transport et de service pourrait continuer à augmenter pendant la période de scénario et cela exercera une pression croissante sur les prix des denrées alimentaires.
- Inflation : La stabilité du franc congolais par rapport au dollar américain sur la plupart des marchés établit une condition économique fondamentale. Cependant, si la situation se détériore, en particulier en raison des inondations à Tanganyika, Equateur, Tshopo, Kindu, Ituri et au Sud-Kivu ainsi que des conflits à l’Est et Ouest, cela pourrait intensifier les pressions inflationnistes. La légère augmentation de 1,45 pour cent de l'indice national des prix à la consommation au mois de mai suggère de possibles augmentations futures des prix.
- Prix des aliments de base : Les prix des aliments de base devraient rester supérieurs à ceux de l'année dernière et à la moyenne quinquennale dans la majeure partie du pays ; les prix les plus élevés étant probablement observés dans les zones de conflit. Avec l'instabilité de la monnaie locale, les prix des denrées alimentaires devraient continuer à augmenter. Selon les projections de prix de FEWS NET (Figure 4), le prix de la farine de maïs blanc à Goma, un marché de référence clé, augmentera d'octobre à décembre pendant la période de soudure, les prix devant baisser avec l'arrivée de la récolte de la saison 2 en janvier 2025. Les prix de la farine de manioc devraient également rester élevés mais relativement stables à Kinshasa, un autre marché de référence clé.
- La cueillette : Dans les zones les plus touchées par les conflits et les inondations, l'accès des ménages aux aliments de la cueillette devrait être inférieur à la moyenne. Dans les régions sûres du pays qui ne sont pas confrontées à des inondations importantes, la disponibilité des aliments de la cueillette (y compris la pêche) devrait être moyenne.
Suppositions dans la partie est du pays
Dans le sud de la province du Nord Kivu, les combats entre le M23 et l’armée nationale FARDC appuyée par les groupes armés Wazalendo et les forces internationales (MONUSCO, SADEC) devraient se poursuivre pendant la période de projection. Les engagements entre les forces le long de lignes de front relativement statiques, accompagnés de bombardements, devraient se poursuivre dans les territoires de Masisi et Rutshuru. La rébellion du M23 cherchera à étendre ses zones d’influences, menaçant de plus en plus le commerce le long du lac Kivu, et poussant à menacer les routes commerciales terrestres. Ainsi, les déplacements des populations devraient se poursuivre, mais devraient être en-dessous de de l’années passée par le fait qu’une partie importante de la population a fuit lors des combats précédents.
- Les attaques des ADF contre civils dans la partie nord de la province du Nord Kivu et de l’Ituri (les territoires d’Oicha, Beni, Irumu et Mambasa) devraient persister durant la période de projection, mais à des niveaux inférieurs à ceux observés en 2022-2023. Les opérations des FARDC/UPDF ont dégradé les capacités des ADF.
- Dans le conflit opposant différents groupes armés communautaires (CODECO, ZAIRE) dans le nord de la province de l’Ituri, la signature d’un accord de paix en avril 2024 devrait réduire les violences intercommunautaires, permettant ainsi aux ménages agricoles de s’occuper plus facilement de leurs cultures pendant les saisons agricoles. Toutefois, la violence perpétrée par les milices devrait se poursuivre sporadiquement ; la situation du conflit devra rester bien inférieure aux niveaux de l’année dernière.
- Le désengagement prévu de la MONUSCO au Sud-Kivu n’est pas susceptible d’augmenter de manière significative le niveau des combats étant donné la présence limitée de la force dans la province.
- La période de sécheresse qu’ont connue les pays d’Afrique australe (Zambie, Zimbabwe, Malawa et l’Afrique du Sud) au cours de la dernière campagne agricole a considérablement réduit la production agricole (notamment céréalière), affectant particulièrement les régions du Katanga et du Kasaï dépendantes des importations de produits agricoles en provenance de ces pays. Ceci pourrait avoir des effets sur la disponibilité d’autant plus que la production locale a connu une réduction de plus de 45 pour cent conséquence directe d'une pluviométrie irrégulière et de l'arrêt soudain des précipitations en février 2024. Les approvisionnements en provenance de Tanzanie, organisées par le gouvernement, ne permettront pas d'atténuer complètement les déficits d'approvisionnement.
Suppositions dans la partie ouest du pays
- S’agissant du conflit communautaire Teke-Yaka dans la province de Mai-Ndombe, les attaques intercommunautaires en cours devraient se poursuivre sporadiquement. Cependant, le nombre d’événements conflictuels devant rester légèrement inférieur aux niveaux observés en 2023.
Assistance alimentaire
Supposition nationale
- Comme ces dernières années, les besoins totaux resteront supérieurs aux niveaux d'assistance prévus. L’assistance anticipé pendant la période du scénario ne couvre qu’une faible proportion de la population dans les zones les plus affectés par les conflits et les inondations. En outre, les interventions dans les zones contrôlées par des groupes armés sont entravées et très limitées malgré des besoins élevés. La couverture de besoin seront insuffisante pour empêcher une détérioration de la sécurité alimentaire dans toutes les zones analysées.
Principales sources des données | ||
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Mouvement des populations, Organisation mondiale de migration (OIM) | Activités des ADF dans la province de l’Ituri] et Société civile de la province de l’Ituri | Signature un protocole d’accord de cessation des hostilités par Six groupes armés locaux actifs, Radio Okapi |
Situation humanitaire dans la région de Kwamouth, OCHA/RDC | Situation des inondations autour du lac Tanganyika, OCHA/RDC (Baraka, Kalemie et ses environs) | Situation des épidémies de choléra, rougeole et Mpox en RDC, OMS /RDC |
Evolution des prix des principaux minerais exportés par la RDC la Banque Centrale du Congo (BCC) | Situation des fonctionnaires de l’état sur l’étendu du pays | Situation de l’assistance alimentaire en RDC, Cluster sécurité alimentaire |
En utilisant les suppositions clés qui sous-tendent le scénario « le plus probable », FEWS NET est alors en mesure de projeter les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë avec un niveau de confiance raisonnable en évaluant l’évolution de la capacité des ménages à satisfaire leurs besoins caloriques minimaux tout au long de la période de projection. Semblable à l’analyse des résultats actuels de l’insécurité alimentaire aiguë, FEWS NET fait converger les attentes concernant la trajectoire probable de la consommation alimentaire au niveau des ménages et de l’évolution des moyens d’existence avec l’état nutritionnel et de la mortalité au niveau de la zone. FEWS NET classe alors les résultats de l’insécurité alimentaire aiguë. Enfin, FEWS NET utilise le symbole de « ! » pour désigner les zones dans lesquelles la Phase de l’IPC cartographiée serait probablement pire d’au moins une Phase IPC sans les effets de l’assistance alimentaire planifiée – et susceptible d’être financée et fournie.
De juin à septembre 2024 : Le mois de Juin marque le début de récoltes de la saison 1 dans le nord-est, centre-est et l’ouest du pays alors que dans la zone sud-est (unimodale) c’est la période post-récoltes. Bien que la production soit estimée en dessous de la normale dans la grande partie du pays, les récoltes de juin, dédiées notamment à l’autoconsommation, seront assez suffisantes pour couvrir les besoins alimentaires des ménages dans la plupart du centre et du nord du pays. Dans les zones qui ne sont pas affectées par les conflits, ces récoltes vont améliorer la disponibilité alimentaire et ainsi favoriser la consommation alimentaire des ménages agricoles de ces zones. L’épuisement des stocks qui sera plus précoce en revanche, dans les zones de conflits, des ménages déplacés et ceux n’ayant pas eu accès à la terre rencontreront des difficultés pour s’approvisionner en nourriture et dépendront de l’achat au marché. Les provinces qui subissent une forte insécurité et des catastrophes naturelles diverses et leurs effets sur leurs moyens d’existence (Equateur, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Tanganyika, Kasaï, Kasaï Central, Maniema et Haut-Katanga) resteront en Crise (Phase 3 de l’IPC). Dans certains foyers de tension des territoires de Djugu (Zone de santé de Drodro), Masisi (Zone de santé de Kirotshe) et Rutshuru (Zone de santé de Birambizo et Kibirizi), une augmentation des personnes en Urgence (Phase 4 de l’IPC) sera observée. Ceci est dû au fait que ces zones de santé sont des zones en conflit depuis longtemps et sans accès humanitaire. Les populations de ces zones de santé sont donc très affectées et n’accèdent plus à leurs sources de revenu, avec des déficits important de consommation alimentaire.
Le reste des provinces dans l’est du pays sera en Stress (Phase 2 de l’IPC) et les provinces du nord (Haut Uele et Bas Uele) restent en Minimale (Phase 1 de l’IPC). Le Bassin central (Equateur et province orientale), le centre-est (Espace Kasaï), ainsi que dans le sud-ouest (Kinshasa, Bandundu, Kongo central (Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu, une partie du Kasaï, du Maniema et du Tanganyika) qui n’arrivent pas à résorber leur déficit de consommation alimentaire restent en Crise (Phase 3 de l’IPC). La plupart du pays restera alors en Stress (Phase 2 de l’IPC), pourtant les ménages de la zone Nord (Haut-Uele, Bas-Uele, Tshopo et Nord-Ubangi) seront en Minimale (Phase 1 de l’IPC).
La période d’octobre 2024 à janvier 2025 : Cette période comprend la reprise des travaux agricoles de la saison 2 et le pic de la soudure en novembre. Avec la production agricole qui est estimée inférieur à la normale, les ménages pourront épuiser précocement leurs stocks et la période de soudure sera précoce à partir du mois de septembre. Ainsi, les ménages auront une forte dépendance au marché comme source d’approvisionnement en nourriture. Cette situation va s’observer jusque mi-décembre et pourra être atténuée par les récoltes vertes de la saison 2 en janvier. Ainsi, les ménages déplacés et ceux n’ayant pas participé à la campagne agricole, déjà vulnérables à l’insécurité alimentaire, devront poursuivre l’utilisation de stratégies d’adaptation négatives telles que la réduction du nombre de repas et la consommation des aliments moins chers et moins préférés. Etant donné que l’assistance alimentaire est suffisante dans les zones de conflits qui connaissent des déplacements des populations (Sud-Kivu, Nord-Kivu, Tanganyika, Ituri, Maniema et Mai-Ndombe), la plupart de ces zones resteront en Crise (Phase 3 de l’IPC). Dans les foyers de tension en Ituri et au Nord Kivu, une augmentation des personnes en Urgence (Phase 4 de l’IPC) est attendue. Cependant, les ménages du centre-est, qui dans une bonne partie de la zone sont en situation post-conflits continuent à cultiver et à dépendre de leur propre production sur une bonne partie de la période de soudure. Cela leur permettant d’avoir une consommation alimentaire minimalement adéquate, avec par moments l’usage des stratégies négatives ; ces ménages sont en Stress (Phase 2 de l’IPC). En revanche, les zones du sud-ouest (Kinshasa, Bandundu, Kongo central) qui connaissent une situation de stabilité sécuritaire et économique et qui arrivent à couvrir leurs besoins alimentaires et non alimentaires sans engager des stratégies seront en Minimale (Phase 1 de l’IPC). Les ménages de la zone Nord (Haut-Uele, Bas-Uele, Tshopo et Nord-Ubangi) qui ont régulièrement cultivé au fil des saisons agricoles arrivent à constituer des stocks de nourriture leur permettant de passer une soudure normale, en attendant les récoltes de la prochaine saison. Ces zones sont aussi en Minimale (Phase 1 de l’IPC).
Même si les projections de FEWS NET se concentrent sur le scénario « le plus probable », ce scénario repose sur une série de suppositions. Le niveau de confiance dans ces suppositions varie et il existe toujours un certain degré d’incertitude dans les prévisions à long terme, ce qui signifie que les conditions de la sécurité alimentaire et leurs impacts sur les résultats aigus de la sécurité alimentaire peuvent évoluer différemment de ce qui était initialement prévu. FEWS NET publie des mises à jour mensuelles de ses projections, mais les décideurs ont besoin d'informations préalables sur cette incertitude et d'une explication des raisons pour lesquelles les choses peuvent se dérouler différemment de ce qui était prévu. En tant que tel, la dernière étape du processus d’élaboration de scénarios de FEWS NET consiste à identifier brièvement les événements clés qui aboutiraient à un scénario alternatif crédible et modifieraient considérablement les résultats projetés. FEWS NET considère uniquement les scénarios qui ont une chance raisonnable de se produire.
National
Augmentation des inondations dues aux perturbations des pluies : Les effets conjugués du réchauffement climatique et du phénomène el niño, ne cessent de créer des perturbations des pluies notamment en RDC. Cette situation qui continue pourrait augmenter des inondations et des glissements des terres. Ceci limiterait la production agricole normale et réduira les flux des produits locaux dans le pays. Une augmentation de zones en Crise (Phase 3 de l’IPC) sera probable dans les provinces inondées.
Dépréciation approfondie et brusque de la monnaie locale : Depuis le début de cette année, la monnaie locale ne cesse de se déprecier et les observateurs craignent une brusque dépréciation à la suite des mesures prises par le gouvernement. Une brusque dévaluation de cette monnaie entrainerait une hausse des prix des biens et de services (notamment une hausse des coûts de transport et de carburant) et entraînerait une augmentation des prix des principales denrées alimentaires et la diminution de l’accès aux aliments importés pour les ménages pauvres. Il y aurait probablement une augmentation de la population en Stress (Phase 2 de l’IPC) ou pire.
Zones des conflits (Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Tanganyika, Mai-Ndombe) :
La baisse d’intensité des conflits armés et reddition importante des groupes armés en réponse aux initiatives de paix en cours: La réussite des processus de paix en cours dans ces régions conduirait à une réduction des nouveaux déplacements et favoriserait des mouvements de retour progressifs des populations dans leurs villages d’origine. Cette situation pourrait augmenter la participation des ménages aux activités agricoles et à d’autres moyens d’existence et par conséquent, améliorerait l’accès alimentaire et les sources de revenus des ménages pauvres. Il y aurait probablement une réduction de la population en Crise (Phase 3 de l’IPC) ou pire.
Nouvel afflux des nouveaux déplacés : L’armée gouvernementale et ses partenaires (Force de la SADEC et MONUSCO), prépare une forte offensive contre la coalition rebelle du M23/RDF (Rwanda Defence Forces). Cette offensive pourrait augmenter le niveau de violence et ainsi provoquer des nouveaux afflux des déplacées. Ces nouveaux afflux pourront créer une forte pression sur les moyens d’existence et détérioration de la consommation alimentaire, dans un contexte d’une assistance humanitaire insuffisante. Dans ce cas, Il y aurait probablement une augmentation de la population en Crise (Phase 3 de l’IPC) ou pire.
Citation recommandée: FEWS NET. République démocratique du Congo Perspectives sur la sécurité alimentaire Juin 2024 - Janvier 2025: Conflits persistants à l’est qui entraîneront des besoins humanitaires importants jusqu'en janvier 2025, 2024.
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.