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Faibles récoltes dans Pweto et Mitwaba du fait d’une faible reprise agricole liée aux poches d’insécurité

  • Perspectives sur la sécurité alimentaire
  • République démocratique du Congo
  • Juin 2019 - Janvier 2020
Faibles récoltes dans Pweto et Mitwaba du fait d’une faible reprise agricole liée aux poches d’insécurité

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  • Contexte National
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    • En dépit de récoltes moyennes observées en fin de cette campagne agricole, le mois de juin marque la période de récoltes sur l’ensemble de la région Est de la RDC. Les disponibilités en produits de base vont être améliorées avec des périodes de soudure qui s’annoncent plus précoces que d’habitude, août pour les parties Nord-est et Centre-est et septembre pour le Sud-est.

    • L’incertitude au cours des trois derniers mois, dans les territoires de Masisi et Rutshuru au Nord-Kivu, à Djugu en Ituri et Uvira au Sud-Kivu et la persistance de l’épidémie de la maladie à Virus Ebola à Beni et Lubero continuent de perturber la conduite des activités agricoles avec limitation d’accès des populations à leurs moyens d’existence. Cette situation pourrait à moyen terme compromettre les activités agro-pastorales dans cette partie Est de la RDC.

    • Les faibles disponibilités alimentaires associées aux épidémies récurrentes ont eu un impact considérable sur la situation nutritionnelle en RDC. Selon le PRONANUT, 57 zones de santé (11 pourcents) sont en alerte nutritionnelle au cours du premier trimestre 2019, parmi lesquelles 43 zones de santé (75,4 pourcent) se trouvent dans la région du Kasaï, le Kwango et le Kwilu. L’analyse des trois précédents trimestres indique une évolution en dents de scie et montre une situation nutritionnelle loin d’être maitrisée en dépit de la réponse donnée dans les structures de santé.


    Contexte National

    Situation actuelle

    Conjoncture économique : La République Démocratique du Congo (RDC) a connu d'importantes variations au cours des dernières années et une conjoncture économique instable dues à l'insécurité alors que la production et les revenus de l'industrie minière se portent assez bien avec une tendance à la hausse. Depuis le dernier trimestre, le pays a enregistré un excédent budgétaire de 18 832 millions de CDF en février 2019 (soit près de la moyenne des 10 dernières années), selon les modèles macroéconomiques mondiaux et les prévisions des analystes de Trading Economics.

    Selon les mêmes sources, l’inflation alimentaire en RDC se stabilise et devrait atteindre 6 pourcents d’ici la fin du trimestre 2 de 2019 et 4,2 pourcent dans les 12 mois à venir.

    Cependant, les revenus du gouvernement ont diminué de près d'un quart par rapport à l'année dernière, ce qui a compromis les efforts déployés par l'État pour renforcer les capacités en matière de fourniture de services de base. Au niveau national, plusieurs opérations de réponse humanitaire mobiliseront beaucoup de ressources dans les efforts politiques, militaires et économiques.

    L’épidémie de la maladie à virus Ebola : Entre fin avril et début mai 2019, 76 aires de santé dans 14 zones de santé ont signalé des nouveaux cas, soit 47 pourcents des 163 zones de santé touchées à ce jour. Neuf nouveaux cas confirmés de la maladie à virus Ebola (MVE) ont été rapportés en date du 29 mai 2019, dont 3 à Katwa, 2 à Mabalako, 2 à Beni, 1 à Kalunguta et 1 à Vuhovi. Jusqu’en ce moment, la présence d’Ebola a un effet très limité sur la sécurité alimentaire dans la zone. L’insécurité civile dans la région demeure la principale cause d’insécurité alimentaire à Beni, Butembo et dans l’Ituri. La situation épidémiologique au 22 juin 2019 fait état de 2 239 cas enregistrés, dont 2 145 cas confirmés et 94 cas probables avec 1 506 décès soit un taux de létalité de 67 pourcents.

    L'épidémie a débuté en août 2018 autour de Beni, Mangina (Nord-Kivu) et de l'Ituri. La majorité des cas d’aujourd’hui provient principalement des zones sensibles situées dans les zones de santé de Katwa, Mandima, Butembo, Musienene, Beni et Mabalako. L’insécurité persistante rend difficile l’accès des organisations humanitaires à certaines de ces zones. Au début du mois de mai 2019, par exemple, les activités d’intervention ont été temporairement suspendues à Butembo et dans les zones de santé voisines à la suite de manifestations civiles. En général, l'épidémie continue d'évoluer dans un environnement particulièrement complexe et difficile. L'insécurité persistante reste une préoccupation majeure avec les centres de traitement Ebola et d'autres structures d'intervention clés vandalisés à Katwa et à Butembo. En outre, alors que les épidémies précédentes se limitaient aux zones rurales et étaient donc plus faciles à isoler, celle-ci se trouve à proximité d'une région frontalière achalandée, ce qui a fait craindre que l’épidémie ne se propage dans les pays voisins.

    Insécurité et conflits : L’insecurité qui règne dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, du fait des combats quasi répétitifs est alimentée par la présence d’environ 130 groupes armés, cherchant souvent à contrôler les opérations minières lucratives et d’autres ressources naturelles. Les provinces ont été témoins d'assassinats, de viols, de mutilations et d'autres atrocités contre des civils. La violence généralisée, largement imputée aux groupes armés, a provoqué des déplacements massifs des populations. Au Nord-Kivu, des affrontements entre des groupes armés et les forces armées congolaises ont entraîné le déplacement de plus de 40 000 personnes cette année à Masisi. Les opérations du PAM dans la région sont actuellement suspendues en raison de l'insécurité persistante. Au Sud-Kivu, des affrontements armés ont également entraîné le déplacement de quelque 50 000 personnes cette année dans les territoires d'Uvira et de Fizi. On note également dans cette province, des violations graves des droits humains et les risques de recrutement forcé dans des groupes armés, contribuant tous aux déplacements, selon, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). Cette même province a également connu des violences intercommunautaires, notamment une accélération d’escarmouches avant les élections de décembre 2018, et accueille plus de 40 000 réfugiés du Burundi voisin.

    Selon des sources humanitaires indiquant un taux de retour de 80 pourcents, fin avril dans le Nord du territoire de Beni, plus de 12 000 personnes ont fui la région de Kibele vers Kamango et Nobili, à la suite d'une série d'incursions armées depuis mars 2019.

    On notera également dans le territoire de Masisi, les difficultés d’accès à l’aide humanitaire, à la suite des fortes pluies, de la destruction du pont de Mbitsi et de la poursuite des opérations militaires dans la région.

    Dans la région du Kasaï, en dépit de la reprise de contrôle d'une grande partie de la région par les autorités, les tensions ethniques et les conflits politiques persistent. Et pour ceux qui sont rentrés chez eux, les destructions causées par des années de combats nécessitent un accompagnement humanitaire conséquent.

    En outre, les tensions intercommunautaires ont conduit à des conflits et à des déplacements de population à travers la RDC, mais surtout dans les provinces de l'Ituri et du Tanganyika.

    Prévisions saisonnières : Les précipitations dans le Nord, Nord-Est et Centre-est de la RDC bimodale sont estimées supérieures à la moyenne au cours de la seconde saison B allant de mars à juin 2019, avec des zones estimées moyennes. Cette situation présage des récoltes normales à partir de juin 2019, avec une amélioration de la disponibilité alimentaire dans les zones citées.

    Par ailleurs l’excès des précipitations dans certaines zones de la région, notamment dans les montagnes agropastorales du Sud-Kivu, ont occasionné des glissements de terrain, des inondations dans les bas-fonds et des érosions du sol, perturbant le cycle cultural normal.

    Suppositions :

    Le scénario le plus probable de juin 2019 à janvier 2020 est basé sur les hypothèses suivantes au niveau national :

    • Saison agricole : Dans la première période de scenario allant de juin à septembre 2019, tenant compte du cumul des précipitations dans le Nord, Nord-est, et Centre-est de la RDC bimodale, on pourrait s’attendre à des récoltes normales à partir de juin 2019, avec une amélioration de la disponibilité alimentaire dans les zones haut-citées. Malgré les prévisions saisonnières favorables à la saison agricole B, qui prédisent l’excès des précipitations dans la région, notamment dans les montagnes agropastorales du Sud-Kivu, ces dernières pourraient se traduire par des glissements de terrain, des inondations dans les bas-fonds et des érosions du sol, réduisant ainsi tout pronostic des bonnes récoltes dans cette zone. Dans la seconde phase de scenario allant d’octobre 2019 à janvier 2020 qui correspondra au démarrage de la grande saison A au Nord-est et Centre-est, étant donné qu’aucun retard dans l’établissement des pluies n’a été signalé, le semis des principaux vivriers se fera comme d’habitude, à la période habituelle (mi-septembre).
    • Conjoncture économique : Malgré d'importantes variations au cours des dernières années et une conjoncture économique instable due à l'insécurité, la production et les revenus de l'industrie minière pourraient garder leur tendance à augmenter.
    • Marchés : En dépit de la présence de l’épidémie de la MVE, les circuits d’approvisionnement en denrées de base dans les zones affectées se maintiendront comme par le passé. Les faibles disponibilités du moment dans la zone de Beni seront compensées par les provenances en direction des zones voisines notamment Lubero. Sur le reste de la zone Est, les marchés fonctionneront normalement en cette période de récolte de la saison B et les prix pourront garder une tendance à la stabilité.
    • Epidémie de la Maladie à Virus Ebola (MVE) : Etant donné l’intensification de la MVE avec 76 zones de santé touchées dans un environnement particulièrement complexe de conflits socio-politiques, l’insécurité persistante dans la zone rendra de plus en plus difficile les activités de riposte notamment, l’accès des organisations humanitaires à certaines de ces zones affectées notamment à Katwa, Mandima, Butembo, Musienene, Mabalako et Beni.
    • Instabilité des zones : Malgré la reprise de contrôle d’une grande partie de la région du Kasaï par les autorités et la reddition de certains groupes armés, la persistance des tensions ethniques, les conflits politiques ainsi que la faible couverture de l’assistance humanitaire aux personnes retournées et expulsées d’Angola après tant de préjudices, pourraient dans les mois à venir, occasionner leur remobilisation voire des nouvelles crises de déplacements des populations. Dans les autres régions du pays, notamment dans le Mai Ndombe, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le Haut Katanga, on observe une situation similaire avec des conflits communautaires et entre groupes armés, rendant instables ces zones de crise prolongée.
    • Assistance Humanitaire : Etant donné les difficultés d’accès aux acteurs humanitaires sur certains axes, contrôlés par les groupes armés, l’accès humanitaire restera difficile sur l’ensemble de la zone Est, affectée pas les conflits divers. Aussi, la présence de la Maladie à Virus Ebola dans le Nord-Kivu et l’Ituri, limitera l’accès des ménages affectés à l’assistance humanitaire du fait de la réticence de certaines organisations d’intervenir dans ces zones Ebola de peur d’être assimilés aux agents de la riposte Ebola, traqués et maltraités par les groupes armés. Suite à ces conditions, on estime à au moins 25 % des ménages qui recevront l’assistance humanitaire, laquelle couvrirait au moins 25% de leurs besoins en calories.

    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    En ce mois de juin qui correspond à la période de récolte aussi bien dans le Nord-est et Centre est que dans le Sud-est, la production estimée moyenne pourra assurer une disponibilité alimentaire dans les 3 zones citées. Etant donnée ce niveau de production estimé inferieur à la moyenne, la période de soudure dans ces zones devrait intervenir plutôt que d’habitude. Entre juin et juillet, la situation sera relativement bonne et les ménages agricoles dépendront essentiellement de leur propre production. Ensuite une rareté pourra intervenir entre août et septembre poussant les ménages à démarrer les achats au marché pour accéder aux denrées de base.

    De juin à septembre 2019, la partie nord de la RDC excepté l’Ituri et le Nord Kivu, après les grandes récoltes de juin serait en phase Minimale (Phase 1 de l’IPC) tandis que le nord du Maniema, le Sankuru, la Lomami et l’ensemble de l’ex-Katanga resterait en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC). Les trois provinces  des Kasaïs, le Tanganyika, le Nord Kivu et une partie de l’Ituri et du Maniema vont demeurer en phase de Crise (Phase 3 de l’IPC) avec les récoltes de la saison B estimées inferieures à la moyenne.

    Entre octobre 2019 et janvier 2020, période qui correspond au pic de la soudure dans l’Est de la RDC, la situation des ménages sur l’ensemble de la zone sera de plus en plus difficile avec un accès limité à la nourriture du fait de l’épuisement des stocks, on estime que les récoltes vertes de décembre pourront soulager les populations qui auront commencé à développer des stratégies d’adaptation souvent dommageables et irréversibles.

    Dans cette période, en plus de connaitre le pic de la soudure, les ménages recevra les récoltes vertes du mois de décembre 2019 qui pourront améliorer leur consommation alimentaire sur l’ensemble de la zone Est. Une bonne partie du Nord et Centre de la RDC, inclus le Bas-Uele, Haut-Uele, Tshopo, Sankuru, et Lualaba, serait en phase Minimale (Phase 1 de l’IPC) tandis que le Centre -sud et le Sud-est, principalement le Maniema, Sud Kivu, et Ex-Katanga, évolueraient en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC).

    ZonesEvénementsImpact sur les conditions de la sécurité alimentaire
    NationalReprise des hostilités entre groupes armés d’une part et les miliciens et l’armée régulière d’autre part Nouveaux déplacements des populations qui vont fragiliser et/ou détruire leurs moyens de subsistance en reconstitution.
    NationalLa prolifération des phytopathologies et l’invasion du chenille légionnaire d'automneBaisse de la production dans cette région déficitaire, les ménages agricoles dans cette partie de la région pourraient avoir un problème d’accès alimentaire 
    NationalPerturbations climatiques sur la zone

    L’excès et/ou carence/retard des pluies impactant sur le cycle végétatif et au final sur la production agricole et pouvant exacerber les dégâts des inondations.

    NationalDétérioration continue de routes de desserte agricole pendant la prochaine saison de pluie 

    Impact négatif dans la zone et qui pourrait fragiliser les échanges entre territoires 

    Pour plus d'informations sur les perspectives des zones de préoccupation, veuillez, s'il vous plaît, cliquer en haut de la page pour télécharger le rapport complet.

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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