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Favorisée par une pluviométrie normale, la campagne agricole saison A se déroule normalement sur l’ensemble des régions du Nord-Est et Centre-Est, où l’on assiste déjà à la consommation de la récolte verte pour le maïs, l’arachide et le haricot à certains endroits de la région des Kasaï, les provinces du sud Kivu et dans l’Ituri. La consommation des ménages pauvres en cette période pourrait être améliorée et ces derniers dépendront plus de leur propre production.
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Dans le Tanganyika, les dernières pluies torrentielles survenues dans la première décade du mois de décembre dans la partie Nord-Est du littoral lacustre de Kalemie, localités de Kaengele et Massamba, ont causé des inondations et des dommages importants sur l’habitat et les cultures estimés à environ une centaine des cases écroulés, 300 hectares de cultures vivrières endommagés 500 000 mètres de boutures de manioc perdus. Avec cette situation, les paysans ont procédé à des récoltes précoces de manioc et on pourrait s’attendre à une faible disponibilité alimentaire en ce début de la période de récolte et craindre des dégâts plus importants en cette saison.
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Dans une ambiance de fragilité de la situation politico économique de la RDC, la non tenue des élections à la date initialement prévue pourrait occasionner des manifestations qui pourraient engendrer des nouveaux mouvements des populations qui vont s’ajouter aux 4,1 millions déjà existants sur le territoire national. Ces derniers, en cette période de récolte, pourrait avoir ainsi un accès limité voire perdre leur récolte à l’issue des déplacements éventuels et dépendre ainsi des marchés pour s’approvisionner en nourriture.
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La présence massive d’environ 87 000 réfugiés sud-soudanais signalée dans la province de l’Ituri, territoire de Aru augmenterait la demande des produits vivriers par rapport à l’offre habituelle. Cette situation occasionnerait une perturbation de la disponibilité et une distorsion des prix des denrées sur les marchés de cette région du pays.
Situation agricole : La période actuelle correspond aux premières récoltes (récoltes vertes) dans les régions du Nord Est et celle du Centre Est. Par contre dans la région du Sud Est, certains agriculteurs sont en pleine période de semis des principaux vivriers notamment le maïs, tandis que d’autres qui ont semés assez précocement poursuivent les travaux d’entretien des champs. Dans cette partie Sud-Est, cette période correspond à la période de soudure durant laquelle les denrées alimentaires se font rare. Malgré les prévisions agroclimatoloqiques qui annoncent une pluviométrie normale et en dessous de la normale dans certains endroits du pays, les limitations d’accès des populations des certaines provinces à leurs moyens d’existence, affecte la reprise agricole et partant la production agricole de ces régions déjà fragilisés par une crise évolutive sans précédent. (Tanganyika, Sud Kivu et Région du Kasaï).
Marchés et Prix: Les déplacements de population et les conflits en cours ont eu des impacts négatifs sur le comportement général des marchés dans certaines parties des régions du Nord Est et du Centre Est où les prix sont sensiblement plus élevés par rapport à la même période de l'année précédente. En octobre 2017, les prix de la farine de maïs et de la farine de manioc à Kalemie étaient respectivement 70 pourcent et 140 pourcent au-dessus de leurs niveaux en octobre 2016. Par contre, les prix de ces céréales étaient relativement stable ou légèrement à la baisse dans les grands marchés de la région Sud Est pendant le même période en raison de l'augmentation des importations de maïs en provenance de la Zambie.
Mouvement des populations : Dans le Kasaï Central, la baisse du nombre de déplacés qui est passé de 1,4 millions à 762 IDPs dans les 3 derniers mois selon OCHA, soit environ 54 ,4 pour cent de baisse à laquelle s’ajoute la situation sécuritaire quasi stable favorisé par la présence renforcée des forces gouvernementales présagent d’un retour progressif à la normale pour les prochaines saisons agricoles. Ces retours, dans la plupart des cas, se sont produits en pleine saison culturale et n’ont pas permis aux retournés d’exploiter leurs terres à temps.
A ce jour, la RDC compte en tout environ 4,1 millions de déplacés (Situation au 31 octobre 2017) dont un grand nombre se trouve au Nord Kivu (24 percent) suivi de la région des Kasaï (19 pourcent), le Tanganyika (16 pourcent), le sud Kivu (15 percent) et les autres repartis dans les autres provinces du Nord et de l’Ouest (26 percent).
A ces chiffres s’ajoute la présence massive de près de 526,543 réfugiés en provenance des pays voisins dont principalement le Rwanda (43 pourcent), la République Centrafricaine (32 pourcent), le Sud Soudan (17 pourcent), le Burundi (8,8 pourcent) et les autres pays voisins (0,2 pourcent).
Situation des catastrophes naturelles : Les dernières pluies survenues dans la première décade du mois de décembre dans la partie Nord-Est du littoral lacustre de Kalemie dans la province du Tanganyika ont causé d’énormes dégâts tant sur l’habitat que sur les cultures dans les localités de Kaengele et Massamba. Certaines récoltes ont été précipités notamment le manioc, le maïs et la patate douce et la zone devrait craindre des dégâts plus importants dans les jours à venir.
Situation Nutritionnelle : Les résultats de l’enquête nutritionnelle effectuée dans les zones de santé affectées par la crise actuelle dans la province du Kasaï en mars 2017, montrent des taux de MAG et de MAS respectivement de 11 pourcent et 3,1 pourcent. Ces taux au-dessus de seuil d’urgence nécessite des interventions d’urgence pour sauver des vies et préserver les moyens d’existence des populations en crise.
A cause de la situation agricole incertaine et de la poursuite des conflits dans les 3 localités haut citées (Region de kasai, Tanganyika et Sud Kivu, ces régions ont été alignées au niveau de réponse d’urgence L3 des Nations Unies depuis Octobre 2017.
La situation actuelle n’a pas affecté les hypothèses utilisées dans le développement du scénario FEWS NET le plus probable pour la période d’Octobre 2017 à Mai 2018.
Les récoltes vertes commencées dans les zones Nord-Est et Centre-Est du pays devraient permettre une amélioration de la consommation alimentaire des ménages pauvres en attendant les grandes récoltes attendues en fin janvier 2018. Les ménages dépendront en ce moment de leur propre production avec des stocks de plus en plus réduits du fait des faibles surfaces emblavées. Etant donné le niveau de production atypique dans la région des Kasaï, au cours des deux dernières saisons culturales, et le faible niveau de retour des IDPs dans cette zone, les présentes récoltes serviront à payer les dettes et ne pourront servir que pour une très courte durée de stock (1,5 mois). Les populations de ces zones demeureront toujours en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) ou Crise (Phase 3 de l’IPC).
Durant la seconde période du scenario (février à mai 2018), on pourrait s’attendre à une amélioration des disponibilités alimentaires issues de la grande récolte de la saison A, notamment dans le Nord Est jusqu’à la moitié de cette seconde période de scenario. La consommation alimentaire des ménages de la zone devrait s’améliorer. Pour le Sud Est, nous pouvons commencer à remarquer une hausse générale des prix avec l’arrivée de la soudure au début de 2018. Pour le maïs surtout, les prix pourront commencer à baisser vers mars/avril avec les récoltes dans le Haut Katanga.
Aussi, il conviendra de souligner que le retour de près de 700 000 déplacées dans le Kasaï Central, les trois derniers mois, n’a fait qu’exacerber la situation déjà précaire des populations dans cette province. Les populations sur l’ensemble de la région avec leurs faibles récoltes, pourront alors se maintenir en phase de Crise (Phase 3 de l’IPC).
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.