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La saison agricole A au Nord-est de la RDC et la saison B dans le Centre-est ont démarré depuis le mois de mars 2018 par le semis des principaux vivriers comme le maïs, l’arachide et le haricot. Les activités en cette période consistent aux travaux d’entretien des espaces emblavées en attente des prochaines récoltes qui pourront intervenir à partir de juin 2018 dans les zones citées.
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La chenille légionnaire d’automne continue de causer des dégâts sur les cultures d’importance économique principalement sur le maïs. Durant cette saison agricole, cette chenille a été confirmée dans la partie Est du pays (Kivu et Tanganyika) et occasionnerait plus de 50 pour cent des pertes pour les céréales sans efforts d’éradication à grande échelle. Cette peste réapparait dans ces zones où les autres phytopathologies ne sont pas encore maitrisées notamment le WILT bactérien du bananier et la striure brune du manioc.
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Les pluies abondantes et atypiques enregistrées dans certains territoires de la province du Tanganyika (Kabalo, Nyunzu, Kalemie) pourraient impacter sur le cycle végétatif et le niveau de production de certaines cultures comme le maïs et le manioc et occasionnerait des inondations dans les bas-fonds où les cultures maraichères sont essentiellement cultivées. Cela pourrait impacter sur la floraison et l’expansion des maladies des plantes, tout en réduisant le niveau d’infestation de la chenille légionnaire d’automne. Dans ces conditions de production, on pourrait s’attendre également à des récoltes atypiques et inferieures à la normale.
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Dans la province de l’Ituri, la nouvelle poussée de violence dans le territoire de Djugu, depuis le début du mois de mars a contribué à la forte détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire et aux déplacements de près de 425 000 PDIs vers les territoires voisins d’Irumu, Aru, Mahagi et la ville de Bunia. Ces derniers sont coupés de leurs moyens d’existence et ne pourront poursuivre la grande saison agricole A en cours. Cette partie de l’Ituri demeure en phase de Crise (Phase 3 de l’IPC).
Situation agricole : La période actuelle correspond au démarrage de la saison agricole B dans le Centre est de la RDC et de la saison A dans la partie Nord-est. En rapport au cycle végétatif des principaux vivriers en culture, cette période correspond au stade de floraison et l’abondance des pluies dans la zone ne pourrait favoriser le bon épanouissement de ces cultures. Si cette tendance à l’abondance des pluies persiste, on pourrait s’attendre à un impact négatif sur le rendement des cultures et sur la production globale des vivriers dans la zone.
Par ailleurs, dans la région du Kasaï, certaines zones ont été déclarées zone d’opérations militaires depuis mars 2018 afin de réduire l’action de milices Kamuina Nsapu. C’est le cas de la commune de Bena leka, territoire de Demba où environ 1000 ménages viennent d’être privés d’accès à leurs moyens d’existence, en cette période de conduite de la saison B. Les semis ont été faits et les travaux d’entretien deviennent impossibles à entreprendre du fait de l’interdiction d’accès dans la zone. Faute d’entretien des cultures mises en place, on pourrait s’attendre à une détérioration de la consommation des ménages dans les prochains mois à une production attendue très faible, voire inexistante.
Mouvement des populations : En Ituri, depuis la mi-décembre 2017, les affrontements entre les communautés Hema et Lendu du territoire de Djugu en Ituri Province ont causé les déplacements d’environ 400 000 personnes (selon les autorités provinciales) et 39 000 autres qui ont traversé de l’autre côté de la frontière en Ouganda. Malgré le renforcement des forces de sécurité à Djugu, la province assiste à une nouvelle vague de violence évolutive accompagnée des destructions des villages, laquelle évolue vers les territoires d’Irumu et la ville de Bunia. Les deux saisons agricoles A et B dans ce territoire ne pourront pas connaitre des récoltes significatives après ces déplacements.
Des conflits divers ont provoqué le déplacement des populations dans tout le pays. La situation pour l’ensemble de la RDC se présente comme suit : Environ 4,5 millions de déplacés dont un grand nombre se trouverait au Nord Kivu (24 percent) suivi de la région des Kasaï (19 pourcent), le Tanganyika (16 pourcent), le sud Kivu (15 percent) et les autres repartis dans les autres provinces du Nord et de l’Ouest (26 percent).
A ces chiffres s’ajoute la présence massive de près de 541 153 réfugiés en provenance des pays voisins dont principalement le Rwanda (43 pourcent), la République Centrafricaine (32 pourcent), le Sud Soudan (17 pourcent), le Burundi (8,8 pourcent) et les autres pays voisins (0,2 pourcent).
A cause de la situation agricole incertaine et de la poursuite des conflits dans les 3 localités haut citées (Région des Kasaï, Tanganyika et Sud Kivu), ces régions ont été alignées au niveau de réponse d’urgence L3 des Nations Unies depuis Octobre 2017.
Agro climatologie : A l’instar des pluies diluviennes survenues dans la première décade du mois de décembre dans la partie Nord-Est du littoral lacustre de Kalemie dans la province du Tanganyika, une grande partie de cette province continue à enregistrer des pluies abondantes, mal reparties et très au-dessus de la normale, lesquelles vont causer d’énormes dégâts tant sur l’habitat que sur les cultures dans les territoires de Kabalo et Nyunzu.
Situation Nutritionnelle : Les résultats de l’enquête nutritionnelle effectuée par ACF en collaboration avec le PRONANUT dans les zones de santé affectées par la crise actuelle dans la province du Kasaï, montrent des taux de MAG et de MAS respectivement de 11 pourcent et 3,1 pourcent.
Accès humanitaire : Selon OCHA, l’insécurité ainsi que les barrières installées sur l’axe Bunia Djugu limite l’accès humanitaire dans le Territoire de Djugu en province de l’Ituri. De plus, les missions dans cette zone restent très risquées au vu des exactions perpétrées par les hommes en armes. L’intensification de violences, en février dernier, a causé des dizaines de morts, des multiples violations des droits humains, et des déplacements massifs de population dans les territoires d’Irumu, de Mahagi, d’Aru et dans la ville de Bunia.
La situation actuelle n’a pas affecté les hypothèses utilisées dans le développement du scenario le plus probable pour la période de Février à Septembre 2018.
Aussi le pronostic des faibles récoltes attendues dans le Tanganyika suite à l’excès des précipitations, conduirait à une baisse de la production pour les principaux vivriers, dans une zone qui connait déjà des déficits de production depuis les campagnes agricoles précédentes.
Dans la seconde période de scenario (juin à septembre 2018), étant donné que les faibles disponibilités issues des précédentes récoltes, nous assumons que la période de soudure serait plus précoce que d’habitude à partir de juillet 2018 aussi bien au Nord Est qu’au Centre-Est, avec des besoins de plus en plus accrus d’assistance alimentaire auprès des populations vulnérables.
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.