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La récolte continue du riz améliore l’accès à l’alimentation dans les zones touchées par les cyclones

La récolte continue du riz améliore l’accès à l’alimentation dans les zones touchées par les cyclones

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  • Messages clé
  • Contexte national
  • Calendrier saisonnier pour une année typique
  • Zone de préoccupation: Plaine de Mahafaly: zone de moyens d’existence par le manioc, les chèvres et le bétail (MG23) – focus sur le district d’Ampanihy (Figure 3)
  • Zone de préoccupation: Le Corridor : zone de moyens d’existence par les produits forestiers et la banane (MG18) – Focus sur le district d’Ikongo, région de Vatovavy (Figure 5)
  • Messages clé
    • La récolte principale des cultures vivrières en 2023 s’est établie nationalement à des niveaux correspondant à la moyenne ou au-dessus de la moyenne, avec des déficits localisés dans le Grand Sud et le Grand Sud-Est. Cependant, la production des cultures de rente restera globalement inférieure à la moyenne, avec des déficits particulièrement importants dans le Grand Sud-Est en raison des dégâts causés par les cyclones. Des progrès significatifs ont été réalisés dans la production de céréales et de tubercules par rapport à l’année dernière, bien que la production reste inférieure à la moyenne. Ces progrès ont permis d’améliorer l’accès des ménages à l’alimentation et ont contribué à aboutir à une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) dans le Grand Sud et le Grand Sud-Est. Cependant, des situations de Crise (Phase 3 de l’IPC) seront probablement amenées à réapparaître une fois que les stocks alimentaires sont épuisés, en raison de la précocité atypique de la dépendance au marché et du pouvoir d’achat des ménages en baisse. Au-delà du mois de septembre, et même en cas d’approvisionnement normal du marché, la combinaison de prix supérieurs à la moyenne connaissant une hausse saisonnière et de revenus inférieurs à la moyenne continuera à éroder le pouvoir d’achat des ménages. Les ménages pauvres et très pauvres seront probablement amenés à adopter des stratégies d’adaptation négatives pour atténuer les déficits de consommation alimentaire, avec de légères améliorations dans le Grand Sud-Est lorsque la récolte hors saison du riz arrivera en décembre. 

    • Les cumuls de précipitations supérieurs à la moyenne dans le Grand Sud vont permettre une bonne humidité des sols jusqu’en septembre 2023, favorisant la production de manioc et de patates douces entre les mois de juin et août. La production devrait cependant être inférieure à la moyenne en raison du manque de boutures et de reports de la saison précédente, qui a limité les surfaces cultivées. Les ménages pauvres et très pauvres vont consommer et, probablement, vendre une partie de leur manioc et de leurs patates douces afin de répondre à leurs autres besoins et de rembourser les dettes contractées au cours des dernières années de sécheresse. La disponibilité alimentaire s’en trouvera donc réduite, et l’amélioration de la diversité alimentaire limitée. En outre, et malgré l’arrivée normale de la saison des pluies attendue entre novembre et décembre, les opportunités de travail informel resteront probablement inférieures à la moyenne en raison du manque de liquidités qui touche les ménages moyens et aisés après plusieurs années consécutives de sécheresse. Les prix du bétail et des petits ruminants devraient augmenter du fait de l’amélioration des pâturages et de l’état physique des animaux. 

    • La principale récolte de riz était au stade végétatif dans le Grand Sud-Est au moment des cyclones et des inondations, et a donc été protégée contre tout dommage majeur. Par conséquent, les ménages ont été en mesure d’améliorer leur consommation alimentaire grâce à leur propre production de riz. Néanmoins, la production de cultures de rente sera probablement très inférieure à la moyenne à la suite des dommages subis. Ces cultures comprennent, sans y être limitées, la vanille, le café, le poivre, les clous de girofle et les litchis. Cette situation aura une incidence particulière sur les ménages au moment de la saison de soudure, qui est le moment où ils ont le plus besoin de revenus pour financer leurs achats alimentaires. Cependant, le bon niveau d’humidité des sols a permis la production de cultures hors saison telles que les patates douces, le manioc et les ignames, ce qui devrait probablement permettre d’améliorer la consommation alimentaire des ménages pendant un à deux mois. À mesure que les stocks alimentaires diminuent, les ménages pauvres et très pauvres seront probablement amenés à augmenter leur consommation d’aliments sauvages afin de combler les déficits de consommation alimentaire jusqu’à l’arrivée du riz hors saison en décembre.

    Contexte national

    Situation actuelle

    La performance pluviométrique : la saison des pluies entre octobre 2022 et mai 2023 dans le Grand Sud et le Grand Sud-Est s’est conclue avec des cumuls de précipitations moyens à supérieurs à la moyenne. Les régions côtières du Grand Sud-Est ont reçu de 300 à 500 mm de précipitations, soit environ 150 pour cent de la moyenne entre 1981 et 2020. On signale une répartition erratique des précipitations dans l’Est et le Grand Sud-Est, avec des périodes de sécheresse en janvier et en février associées à de très fortes précipitations lors des passages du cyclone tropical Cheneso en janvier et du cyclone Freddy en février. Ces fortes pluies ont particulièrement touché les régions du Centre, du Nord et du Grand Sud-Est. Le Centre de Madagascar a, pour l’essentiel, connu des précipitations moyennes à légèrement supérieures à la moyenne, avec des déficits localisés sur la côte ouest. Dans la partie nord du pays, les précipitations ont été généralement moyennes à inférieures à la moyenne. Les anomalies les plus significatives ont concerné le nord-est, où certaines zones localisées ont connu leur deuxième ou troisième saison des pluies la plus sèche jamais enregistrée. Mais les précipitations y ont néanmoins varié entre 750 et 1 500 mm.

    La situation agricole : au Madagascar, juin constitue le dernier mois de la saison de récolte principale pour le riz, les haricots et les arachides. Les précipitations de niveau moyen à supérieur à la moyenne qu’a connu la majeure partie du pays ont contribué à une meilleure humidité des sols et à des récoltes supérieures à l’année dernière. Les pluies abondantes récentes dans l’est ont été particulièrement favorables à la récolte principale du riz entre avril et juin dans le Grand Sud-Est. Cependant, la production dans le Grand Sud et le Grand Sud-Est reste inférieure à la moyenne, après plusieurs années consécutives de sécheresse et compte tenu de la disponibilité limitée des semences et des prix élevés des intrants agricoles, ainsi que des dégâts entraînés par les cyclones dans le Grand Sud-Est. La récolte de maïs 2023 dans le Grand Sud s’est déroulée entre mars et avril, mais s’est avérée inférieure à la normale en raison du manque d’accès aux semences et des prix élevés des intrants agricoles. Selon les estimations de l’USDA FAS, la récolte nationale de maïs s’est avérée comparable à la moyenne sur cinq ans. En revanche, la récolte nationale de riz est estimée environ 5 pour cent supérieure à la moyenne sur cinq ans. 

    Dans le sud-ouest, les informateurs clés indiquent que les ménages récoltent probablement les racines et les tubercules plus tôt afin de minimiser les déficits de consommation alimentaire. Dans le Grand Sud-Est, les informateurs clés signalent que le manioc, qui est l’une des principales cultures vivrières, a été particulièrement touché par la saison des cyclones 2022/23. Le manioc est en effet susceptible de subir des dégâts en cas de vents violents. En conséquence, la récolte actuelle de manioc est inférieure à la moyenne dans le Grand Sud et le Grand Sud-Est en raison des vents violents dans le Grand Sud-Est et de stocks très limités dans le Grand Sud. En revanche, la récolte de patates douces n’a pour sa part pas été affectée par les cyclones dans le Grand Sud-Est. Cependant, la production de patate douce reste inférieure à la moyenne dans le Grand Sud et le Grand Sud-Est à cause du faible niveau des résidus de semis de la saison précédente.

    Les superficies cultivées et l’accès aux semences : la superficie cultivée totale a progressé par rapport à l’année dernière, mais reste inférieure à la moyenne en raison du faible accès aux semences dans le Grand Sud et le Grand Sud-Est. Le cumul de plusieurs années de sécheresse a réduit la disponibilité des semences et fait augmenter les prix des intrants bien au-dessus de la moyenne. Les agriculteurs disposaient ainsi d’une quantité réduite de résidus de la saison précédente pour leurs semis. Les agriculteurs qui achètent leurs semences sur les marchés locaux n’ont accès qu’à des semences non certifiées, dont la qualité et la production sont souvent inférieures. Seuls quelques services présents à Antananarivo et à Antsirabe ont la capacité de vendre des semences certifiées. En l’absence d’assistance externe, ces services sont inaccessibles à la plupart des agriculteurs. Des semences à cycle court ont été distribuées par des organisations humanitaires dans le sud et le sud-est au début de l’année 2023 afin d’être utilisées lors des semis hors saison de juillet dans le Grand Sud-Est. 

    Les pâturages et l’état du bétail : les précipitations moyennes à supérieures à la moyenne connues lors de la dernière saison des pluies ont entraîné une amélioration de l’état des pâturages et du bétail par rapport à l’année passée. L’état des pâturages est moyen et l’état d’embonpoint du bétail est passable à bon dans la plupart du pays. Dans le Grand Sud, l’état des pâturages s’est amélioré, mais est resté inférieur à la moyenne en comparaison de la situation précédant la sécheresse. L’état d’embonpoint du bétail s’est amélioré mais reste médiocre à passable, avec des tailles de troupeaux demeurant inférieures à la moyenne. Le prix du bétail augmente, particulièrement pour les chèvres et les moutons, renforçant le pouvoir d’achat des ménages. Le vol de bétail, connu localement sous le nom de Dahalo, connaît une baisse saisonnière dans le sud de Madagascar, comme c’est généralement le cas dans la période suivant les récoltes.  

    La production des cultures de rente : la récolte de la vanille débute en juin et la récolte de poivre est continue. Dans le centre et le nord du pays, le niveau d’humidité a été suffisant et la production de vanille est donc moyenne. Dans l’est et le Grand Sud-Est, les précipitations ont été irrégulières mais suffisantes pour permettre la floraison des cultures de rente. Cependant, de nombreuses plantations de vanilles dans ces régions ont subi des dégâts lors des deux précédentes saisons cycloniques. C’est pourquoi, en dépit de conditions agro-climatiques relativement favorables lors des derniers mois, la production reste inférieure à la moyenne. La production de vanille est donc inférieure à la moyenne au niveau national. Pour les mêmes raisons, la production de poivre est également inférieure à la moyenne dans le Grand Sud-Est.

    La demande de main d’œuvre agricole :  dans le Grand Sud, la demande de main d’œuvre est en baisse par rapport à son pic saisonnier après la fin des activités de récolte. Dans le Grand Sud-Est, la demande de main d’œuvre demeure à son apogée, car les récoltes n’y sont pas encore terminées. Dans la zone centrale, les activités de préparation des sols pour le maraîchage ont commencé. La demande est supérieure à celle de l’année précédente mais demeure inférieure à la normale, particulièrement dans le Grand Sud. Les ménages aisés disposent d’un pouvoir d’embauche inférieur à la normale en raison de l’impact de plusieurs années consécutives de sécheresse et des défis posés par l’inflation. Cette situation a un effet négatif sur les ménages plus pauvres qui fournissent la main d’œuvre agricole aux ménages aisés. 

    Figure 1

    Les tendances des prix locaux du riz sur certains marchés

    Source: FEWS NET

    L’inflation et les prix des denrées : le niveau élevé de l’inflation continue de réduire le pouvoir d’achat des ménages à Madagascar, touchant particulièrement les coûts alimentaires, de transport et de carburant. En avril 2023, le taux d’inflation annuel était de 12,11 pour cent, soit le double de celui de l’année précédente ; le taux d’inflation des produits alimentaires a diminué, passant d’un taux annuel de 15,5 pour cent en mars à 14,8 pour cent en avril. Les plafonds tarifaires imposés par les autorités sur un certain nombre de produits semblent avoir eu peu d’effet sur la pression inflationniste, et les prix des produits importés et nationaux restent élevés. Malgré la baisse récente des prix internationaux du pétrole, l’inflation est restée élevée. Celle-ci est en partie liée à la dépréciation continue de l’ariary malgache (MGA), dont la valeur relative au dollar américain (USD) avait chuté de 11 pour cent au 30 juin par rapport à l’année passée. Les dégâts que les cyclones ont occasionnés pour les infrastructures et la production exacerbent également la pression inflationniste qui s’exerce sur les coûts de transport et les produits malgaches.

    Les prix des aliments de base comme le riz ou le manioc séché demeurent également élevés en raison de la dépréciation continue du MGA et des pressions inflationnistes globales. Les données du FEWS NET concernant les prix suggèrent que le prix du riz local sur les marchés d’Antananarivo, Fianarantsoa et Toamasina ont augmenté de 3 à 33 pour cent par rapport au mois de juin de l’année dernière, et de 26 à 69 pour cent par rapport à la moyenne sur cinq ans. Le prix du riz importé sur ces mêmes marchés a connu une augmentation de 9 à 39 pour cent par rapport à l’année dernière et de 24 à 75 pour cent par rapport à la moyenne sur cinq ans. Cette hausse est principalement explicable par la dépréciation de la monnaie locale et par les prix élevés du riz à l’échelle mondiale. Par rapport à l’année dernière, les prix du manioc séché ont connu une augmentation allant de 5 à 39 pour cent. 

    La disponibilité des aliments sauvages : les aliments sauvages tels que le cactus, le tamarin, le jujube, la mangue sauvage, le bangy, le fangisty et le sosa contribuent aux besoins alimentaires minimaux annuels des ménages pauvres et très pauvres du Grand Sud et du Grand Sud-Est à hauteur de 8 à 35 pour cent. Bien que ces aliments soient principalement consommés lors de la saison de soudure, les ménages continuent d’avoir accès aux aliments sauvages tout au long de l’année. La disponibilité des aliments sauvages est inférieure à la moyenne en raison du cumul de plusieurs années de sécheresse et de la surexploitation qui en a découlé. Elle est cependant supérieure à son niveau de l’année dernière du fait du niveau supérieur des précipitations.

    Résultats actuels de la sécurité alimentaire

    Dans la période post-récolte, les ménages dépendent fortement de leur propre production. Les prix des denrées alimentaires diminuent, accompagnant la baisse de la demande et l’arrivée de la récolte sur le marché. La plupart des zones productives et des centres urbains à Madagascar connaissent une situation Minimale (Phase 1 de l’IPC) : la plupart des ménages peuvent durablement répondre à leurs besoins alimentaires et non alimentaires, en accédant à des sources diversifiées de nourriture et de revenus.

    Les stocks alimentaires des ménages se sont considérablement améliorés dans le Grand Sud et le Grand Sud-Est, particulièrement dans les zones rurales. Pour répondre à leurs besoins de consommation, les ménages dépendent essentiellement du riz, du maïs et des légumineuses récemment récoltés et des revenus temporaires tirés des opportunités de travail agricole. Les ménages très pauvres et ceux qui sont confrontés à des contraintes plus importantes en termes de liquidités suite au cumul de sécheresses de ces dernières années vendent généralement la moitié de leurs récoltes pour couvrir leurs besoins (produits non alimentaires, frais de scolarité, uniformes scolaires…). Le reste est consommé. Les ménages disposant de capacités de stockages insuffisantes sont également susceptibles de vendre une large part de leurs récoltes pour optimiser leurs revenus et réduire les pertes. Pour les ménages moyens et aisés disposant de capacités de stockage supérieures, la production est généralement entreposée comme réserve alimentaire pour le ménage, avant d’être vendue à un prix plus élevé lors de la saison de soudure. La vente des cultures de rente contribue également aux revenus des ménages, comme les revenus tirés des opportunités de travail agricole lors des récoltes. Les revenus sont cependant probablement inférieurs à la moyenne en raison du volume limité de liquidités disponibles dans les ménages aisés et de la concurrence existant dans l’accès aux opportunités de travail. En outre, la nécessité de rembourser les dettes passées et le coût élevé de la vie soumet les ménages à une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC). Les ménages les plus défavorisés, qui n’ont pas pu cultiver ou n’ont pas eu de récolte significative en raison d’un accès très réduit aux semences, sont quant à eux susceptibles d’être soumis à une situation de Crise (Phase 3 de l’IPC). 
     

    Calendrier saisonnier pour une année typique

    Suppositions

    Le scénario le plus probable pour la période de juin à janvier 2024 se fonde sur les hypothèses suivantes à l’échelle nationale :

    • Les précipitations : les modèles de prévision indiquent que les précipitations devraient correspondre à la moyenne saisonnière pour la saison sèche entre juin et septembre. La saison des pluies, qui débute sur la période courant de la fin novembre au mois de janvier, sera quant à elle probablement mitigée. Elle devrait offrir des précipitations moyennes à supérieures sur la plupart des régions et des précipitations inférieures à la moyenne dans le Grand Sud-Est. Le phénomène El Niño prévu devrait entraîner un retard dans le début de la saison, et des précipitations irrégulières ou inférieures à la moyenne. Ces prévisions sont cependant soumises à des incertitudes compte tenu de leur caractère à long terme.
    • Les cultures de rente : la production nationale de cultures de rente, à l’exception de la vanille, devrait être proche de la moyenne avec des déficits localisés. Les cultures se sont largement rétablies après la saison cyclonique de l’année dernière ; cependant, la production de clous de girofle et de poivre reste inférieure à la moyenne dans le Grand Sud-Est. La production de vanille devrait être inférieure à la moyenne partout à Madagascar, les plantations ne s’étant pas encore complètement remises de la saison cyclonique. Outre cette production inférieure à la moyenne, l’augmentation de la production de vanille en dehors du pays devrait également contribuer à réduire les exportations de vanille de Madagascar. 
    • Les cultures hors saison : en dehors des oignons, les cultures hors saison sont strictement destinées à la consommation des ménages. La production hors saison de riz débute en juillet et se termine en décembre dans le Grand Sud-Est. Le riz et le manioc hors saison devraient connaître une saison favorable dans le Grand Sud-Est. Au niveau national, la production de riz hors saison devrait être de niveau moyen, et les récoltes devraient durer un mois. La production hors saison de légumes et de légumineuses devrait être de niveau moyen dans le Grand Sud. Sur les hauts plateaux du centre de l’île, les légumineuses continueront d’être semées jusqu’à l’arrivée des pluies en octobre ou en novembre.
    • La production de racines et de tubercules : la production de racines et de tubercules devrait être inférieure à la moyenne en raison d’un accès limité des ménages aux semences et aux plants. 
    • La superficie cultivée : les superficies cultivées devraient être plus élevées que l’année dernière, tout en restant inférieures à la moyenne dans le Grand Sud et le Grand Sud-Est.
    • L’état des pâturages et du bétail: l’état des pâturages sera probablement moyen à supérieur dans une large part du pays, entraînant une amélioration dans l’état d’embonpoint du bétail. Les précipitations accrues de cette année ont favorisé la régénération des pâturages, même dans le Grand Sud qui a connu plusieurs années de sécheresse. Les prix du bétail, particulièrement pour les chèvres, connaîtront une augmentation saisonnière en juin, au début de la période post-récoltes et des préparatifs entourant la célébration de la fête de l’indépendance. Après plusieurs années marquées par la sécheresse et par les attaques Dahalo exercées sur le bétail dans le Grand Sud, la taille des troupeaux demeure inférieure à la moyenne. 

    • La demande de main d’œuvre agricole et les opportunités de travail : la demande de main d’œuvre devrait connaître une faiblesse saisonnière en août avant d’augmenter lors des activités de préparation des terres et de plantation, entre septembre et décembre. Dans le Grand Sud, les opportunités de travail devraient être légèrement plus nombreuses que l’année dernière, dans la continuité de récoltes de meilleure qualité en 2023. Leur nombre devrait toutefois demeurer inférieur à la moyenne en raison d’un pouvoir d’embauche plus faible des ménages aisés. La capacité d’embauche sera, en effet, inférieure à la moyenne en raison de la détérioration de la situation macroéconomique et du cumul de plusieurs années consécutives de sécheresse. 

    • L’offre et la demande de main d’œuvre pour les cultures de rente : en dehors du Grand Sud-Est, la demande de main d’œuvre devrait être moyenne pour la plupart des cultures de rente. La production de vanille, inférieure à la moyenne, entraînera une demande de main d’œuvre inférieure, elle aussi, au sein des exploitations et des plantations de vanille de tout le pays, particulièrement dans le Nord. Dans le Grand Sud-Est, la demande de main d’œuvre sera plus importante que l’année passée, mais restera inférieure à la normale en raison de la baisse de la production. L’offre de main d’œuvre dans le Grand Sud-Est devrait également être inférieure à la normale en raison du coût inhabituel des transports. Les travailleurs, généralement pauvres, n’auront pas la capacité de se déplacer sur de longues distances pour profiter des opportunités de travail saisonnier. Ils devront donc trouver du travail dans leur zone de moyens d’existence ou dans une zone de moyens d’existence voisine.
    • Le travail non agricole : les opportunités de travail non agricole devraient décroître de manière saisonnière lors la période post-récolte, lors de laquelle les ménages dépendent en grande partie de leur propre production pour leur alimentation et leurs revenus. Certains ménages seront amenés à vendre leurs cultures à des niveaux normaux ou inférieures à la normale, compte tenu du niveau inférieur des prévisions de récoltes. À mesure que les stockent s’épuiseront et que les ménages auront à dépendre d’autres sources de revenus pour financer leur alimentation, l’engagement dans des activités de travail non agricoles connaîtra une hausse saisonnière. Dans les zones les plus touchées du Grand Sud-Est, cette situation atteindra des niveaux inhabituellement hauts à partir du début de la saison de soudure. Elle impliquera des activités comme le petit commerce, la vente de charbon de bois ou l’exploitation minière.
    • La macroéconomie : Madagascar devrait connaître une situation économique mitigée au cours de la période concernée par le scénario. L’inflation devrait conserver des niveaux élevés, alimentée par le haut niveau de prix internationaux et par la dévaluation continue de l’ariary de Madagascar (MGA). Pour répondre à cette situation, Madagascar sera probablement amené à mettre en œuvre des politiques monétaires plus strictes permettant de lutter contre de nouvelles augmentations de l’inflation, et à autoriser une plus grande flexibilité des taux de change pour faire face aux chocs touchant les prix internationaux. La baisse de la demande, et donc des prix, du nickel, du cobalt et de la vanille devraient réduire les recettes d’exportation et les entrées de devises étrangères, et exacerber le déficit commercial existant. Malgré les défis posés par l’inflation, l’économie devrait bénéficier d’améliorations dans les secteurs du tourisme et de l’exploitation minière lors de la période concernée par le scénario.

    Figure 2

    Le prix du riz observé et projeté à Antananarivo, Madagascar.

    Source: FEWS NET

    • L’approvisionnement des marchés et les prix des denrées : l’approvisionnement des marchés nationaux devrait connaître un dynamisme normal sur la période dans la plupart des régions du pays. Les prix devraient cependant poursuivre leur augmentation bien au-delà des niveaux moyens. Cette hausse est alimentée par le coût élevé des denrées alimentaires et de l’énergie à l’échelle internationale. Durant la période post-récolte, les prix des produits de base locaux, comme le riz, le maïs ou le manioc, connaîtront une baisse saisonnière. Ils resteront cependant élevés, compte tenu des récoltes inférieures à la moyenne prévues pour 2022-2023. L’approvisionnement en produits de base locaux devrait être de niveau moyen. Le niveau généralement élevé de l’inflation aggravant les hausses de prix lors de la saison de soudure, les prix des données alimentaires devraient augmenter entre octobre et janvier, avec une incidence négative sur le pouvoir d’achat des ménages. Au début de la saison des pluies, certains marchés rencontreront des problèmes accrus en matière d’accessibilité des produits, imposant des limitations saisonnières en termes d’approvisionnement. Ce sont les régions les plus reculées du Grand Sud-Est qui connaîtront les prix les plus élevés. Malgré la hausse saisonnière et les prix supérieurs à la moyenne, les marchés devraient être correctement approvisionnés dans la plupart des régions. 

    • La disponibilité des aliments sauvages : la disponibilité des aliments sauvages devrait s’améliorer cette année en raison du niveau plus élevé des précipitations, tout particulièrement dans le Grand Sud. Elle demeurera cependant inférieure à la normale, en raison du cumul de plusieurs années de sécheresse et de surexploitation. De juin à septembre, la disponibilité sera élevée, bien qu’inférieure à la normale, les ménages s’appuyant principalement sur leur propre production durant cette période. Lors de la période d’octobre à janvier, la dépendance à l’égard des aliments sauvages devrait progressivement augmenter, à mesure que les stocks alimentaires des ménages diminueront et dans un contexte où la disponibilité sera inférieure à la normale.

    • La malnutrition aigüe : de juin à septembre 2023, les ménages bénéficieront de récoltes de céréales, de légumineuses, de patates douces et de manioc certes inférieures à la moyenne, mais qui resteront significativement supérieures à celles des années précédentes, marquées par la sécheresse. La plupart des zones connaîtront des améliorations leur permettant d’atteindre les niveaux Acceptable (< 5 pour cent de MAG) ou d’Alerte (5 à 9,9 pour cent de MAG). Les régions les plus touchées, particulièrement celles connaissant le plus de difficultés dans l’accès aux semences ou celles ayant été les plus durement touchées par les pertes de récoltes occasionnées par les inondations liées aux cyclones, devraient demeurer aux niveaux d’Alerte (5 à 9,9 pour cent de MAG) ou Sérieux (10 à 14,9 pour cent de MAG). Entre octobre et janvier, la saison de soudure commence. Les ménages seront alors probablement amenés à connaître un épuisement progressif de leurs stocks alimentaires, et dépendront davantage des achats sur le marché. Le taux de malnutrition devrait alors augmenter dans de nombreuses régions, la hausse des prix des produits alimentaires de base dépassant alors l’augmentation saisonnière des revenus. Le début de la saison des pluies en octobre entraînera l’augmentation saisonnière du paludisme, des diarrhées et des IRA, menaçant particulièrement la santé des enfants et des femmes enceintes et allaitantes. La détérioration générale dans l’accès à l’alimentation et la prévalence accrue des maladies aggravera la malnutrition, qui devrait atteindre les niveaux d’Alerte (5 à 10 pour cent de MAG) ou Sérieux (10 à 14,9 pour cent de MAG) dans le Grand Sud et dans certaines régions du Grand Sud-Est. 

    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    Entre juin et septembre, les ménages resteront largement dépendants de leur propre production issue de la saison principale des récoltes, et continueront à consommer leur stock alimentaire jusqu’à son épuisement. Les ménages accéderont également à leurs récoltes de manioc et de patates douces entre la mi-juillet et le mois de septembre, en plus des stocks alimentaires issus de leur récolte principale. Si le niveau des récoltes a connu une amélioration significative par rapport aux années précédentes, il devrait néanmoins rester inférieur à la moyenne. Les prix des denrées alimentaires devraient connaître une diminution saisonnière au cours de cette période en raison de l’augmentation de l’approvisionnement. Ils resteront cependant supérieurs à la moyenne, contribuant à diminuer le pouvoir d’achat des ménages. Malgré des niveaux inférieurs à la moyenne dans la production des cultures de rente, l’accès aux récoltes récentes, associé aux revenus issus des cultures de rente, maintiendra une situation générale de Stress (phase 2 de l’IPC) dans la plupart des régions du Grand Sud-Est. Les ménages pauvres pourraient également tirer des revenus de la récolte des cultures de rente pour le compte des ménages aisés, mais ces revenus seront inférieurs à la normale. Dans les zones moins productives et plus isolées, des situations de Crise (Phase 3 de l’IPC) devraient se produire une fois que les stocks des ménages sont épuisés. Les ménages de ces zones adopteront probablement des stratégies d’adaptation négatives, comme la réduction des portions ou de la fréquence des repas ou la consommation de quantités inhabituellement élevées d’aliments sauvages, afin de réduire leurs déficits de consommation alimentaire. 

    Le Grand Sud présente une production minimale en termes de cultures de rente, et les opportunités de travail agricole ou non agricole y connaîtront un niveau saisonnier faible. De nombreux ménages recourront aux revenus de la vente de produits de l’élevage pour financier leurs achats alimentaires et non alimentaires. Ces ventes seront cependant inférieures à la normale, l’état d’embonpoint du bétail étant, au mieux, passable. Les ménages bénéficiant de bonnes récoltes de manioc ou de patates douces, ou d’un meilleur accès aux revenus de l’élevage connaîtront probablement des situations de Stress (Phase 2 de l’IPC). Ces ménages devront probablement réduire leurs dépenses éducatives et se tourner vers des aliments moins recherchés afin de répondre à leurs besoins de consommation tout en assurant le remboursement de leurs dettes. Les zones moins productives qui n’offrent pas de récoltes significatives de manioc et de patates douces connaîtront probablement des situations de Crise (Phase 3 de l’IPC) une fois que les stocks de céréales sont épuisés. Pour réduire les déficits de consommation alimentaire, les ménages devront probablement adopter des stratégies d’adaptation négative telles que la réduction des portions ou de la fréquence des repas, l’augmentation de leur consommation d’aliments sauvages, ou la vente de toute ressource commercialisable disponible. 

    Entre octobre 2023 et janvier 2024, les ménages deviendront de plus en plus dépendants des achats alimentaires effectués sur le marché, à mesure que les stocks des ménages s’épuiseront. Les ménages ayant stocké des cultures afin de les vendre lors de la saison de soudure tireront probablement profit de l’augmentation saisonnière des prix. Ces hausses saisonnières des prix éroderont considérablement le pouvoir d’achat des ménages pauvres, notamment dans les zones reculées du Grand Sud-Est. 

    Dans le Grand Sud-Est, les stocks de nourriture augmenteront de manière temporaire en décembre, avec la récolte du riz hors saison. Ces stocks ne devraient cependant durer qu’un mois pour les ménages pauvres et deux mois pour les ménages aisés. L’accès des ménages aux revenus provenant des opportunités de travail agricole augmentera avec le début des activités de préparation des terres, en novembre. Cependant, la demande de main d’œuvre devrait se situer à niveau inférieur à la normale en raison du pouvoir d’embauche réduit des ménages aisés. Les ménages bénéficiant de bonnes récoltes, d’un accès aux revenus des cultures de rente et d’un accès aux marchés dans le Grand Sud-Est parviendront probablement à se maintenir dans une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC). Dans les zones les moins favorisées, comme Ikongo et Vondrozo, et dans les régions reculées confrontées aux prix les plus élevés, les ménages connaîtront probablement des situations de Crise (Phase 3 de l’IPC). Ces ménages se livreront alors au petit commerce, à la vente de charbon de bois et à l’exploitation minière afin de dégager un revenu. Cependant, la concurrence accrue devrait limiter leur accès à ces revenus.

    Les opportunités de travail agricole demeureront limitées dans le Grand Sud avant l’arrivée des pluies entre novembre et décembre, ce qui réduira la capacité des ménages à faire face à des récoltes de niveau inférieur à la moyenne et à des prix alimentaires élevés. Les ménages bénéficiant d’un meilleur accès aux marchés et de prix alimentaires plus abordables sur les zones côtières du Grand Sud seront probablement à même de se maintenir dans une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC). Des situations généralisées de Crise (Phase 3 de l’IPC) se produiront probablement dans les zones reculées, enclavées et bénéficiant d’un faible accès aux marchés, comme Midongy du Sud ou Befotaka. Malgré la baisse des prix, ces ménages auront à vendre une quantité inhabituelle de bétail et de volailles pour combler les déficits de consommation alimentaire. Ceux qui ne disposent plus de bétail devront probablement recourir à la vente de toute ressource commercialisable disponible.

    Évènements qui pourraient changer les scenarios

    Tableau 1
    Tableau 1. Événements possibles au cours des huit mois à venir qui pourraient changer le scénario le plus probable
    LocalisationÉvénementIncidence sur la situation de sécurité alimentaire
    NationalLa dépréciation du MGA plus importante qu’anticipéeSi le MGA venait à se déprécier de manière plus importante que prévu, l’inflation globale, déjà très élevée, augmenterait encore davantage. Cela aurait une incidence négative sur le pouvoir d’achat des ménages, en particulier après le début de la saison de soudure, lorsque les ménages connaissent une dépendance saisonnière aux achats alimentaire sur le marché. Une forte dépréciation du MGA, particulièrement entre octobre 2023 et janvier 2024, ferait probablement augmenter le nombre de ménages confrontés à une situation de Stress (Phase 2 de l’IPC), de Crise (Phase 3 de l’IPC), ou à des situations plus graves encore.
    Les cyclonesSi le risque de cyclones est toujours présent, il est particulièrement élevé entre octobre et janvier. La saison des cyclones débutant en novembre. Un cyclone entraînerait des pertes pour les cultures et réduirait les opportunités de travail agricole, affectant les ménages pauvres de manière disproportionnée. Des dégâts touchant les infrastructures essentielles entraîneraient des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement. Les effets sur le prix des denrées alimentaires affecteraient également les ménages pauvres de façon disproportionnée, augmentant le nombre de ménages en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC), de Crise (Phase 3 de l’IPC) ou dans des situations plus graves encore. 
    Grand SudLes précipitations inférieures à la moyenne lors de la prochaine saison des pluies En fonction de leur gravité, des niveaux de précipitations inférieurs à la moyenne entre octobre 2023 et janvier 2024 pourraient considérablement réduire le rendement des cultures et inverser les progrès récents qu’a connu la régénération des pâturages. La détérioration de l’état d’embonpoint du bétail et du rendement des récoltes entraînerait une réduction de l’accès à la nourriture et aux revenus, engendrant, pour un nombre accru de ménages, des situations de Stress (Phase 2 de l’IPC), de Crise (Phase 3 de l’IPC) ou des situations plus graves encore. 
    Grand Sud et Grand Sud-Est L’augmentation de l’aide humanitaireDepuis le mois d’avril, l’assistance humanitaire a été réduite pour répondre au début de la saison des récoltes, et les plans de distribution ne sont pas disponibles. Si la distribution d’aide humanitaire venait à reprendre ou à être étendue au-delà des niveaux précédents afin de répondre à des récoltes inférieures à la moyenne ou à l’impact persistant de plusieurs années de sécheresse, l’accès des ménages à l’alimentation s’en trouverait amélioré. Le nombre de ménages confrontés à des situations de Stress (Phase 2 de l’IPC) ou de Crise (Phase 3 de l’IPC) serait réduit, et la situation au niveau régional pour le Grand Sud et le Grand Sud-Est passerait au niveau Minimal (Phase 1 de l’IPC) de juin à septembre et au niveau Minimal (Phase 1 de l’IPC) et Stress (Phase 2 de l’IPC) entre octobre et janvier.


     

    Zone de préoccupation: Plaine de Mahafaly: zone de moyens d’existence par le manioc, les chèvres et le bétail (MG23) – focus sur le district d’Ampanihy (Figure 3)

    Figure 3

    La carte de référence du secteur préoccupant : la plaine de Mahafaly – la zone de moyens d’existence par le manioc, les chèvres et le bétail

    Source: FEWS NET

    La zone de moyens d’existence de la plaine de Mahafaly (le manioc, les chèvres et le bétail) couvre deux districts dans la région d’Atsimo Andrefana (Betioky et Ampanihy) dans la partie sud-ouest du Grand-Sud. Cette zone est caractérisée par de faibles précipitations annuelles et une très faible production agricole. Elle borde la région d’Androy, qui est la zone la plus aride de Madagascar. Les précipitations cumulées dans la plaine de Mahafaly s’établissent à une moyenne de 300 à 400 mm par an. Les précipitations les plus importantes et les plus prévisibles dans cette zone ont lieu entre fin décembre et mars. La saison des pluies pouvait autrefois débuter au mois d’octobre, mais au cours des dernières années, la pluie n’a réellement commencé qu’entre novembre et décembre. Les précipitations constatées durant la saison 2022/23 à Ampanihy ont été supérieures à la moyenne, avec un total de 600 mm entre novembre 2022 et mai 2023.

    Les ménages très pauvres représentent environ 45 pour cent de la population de la zone. Leurs moyens de subsistance dépendent de la production de manioc, de chèvres et de volailles. Le niveau d’aisance des ménages y est principalement déterminé par la propriété du bétail et des terres, les ménages aisés possédant entre 2 et 4 hectares de terre, les ménages à revenu intermédiaire entre 0,5 et 1,5 hectares et les ménages pauvres et très pauvres moins de 0,5 hectare. Grâce à leur bétail et à leurs propriétés foncières, les ménages aisés et intermédiaires tirent une part importante de leurs revenus de la vente de bétail, de la location de terres et de la production agricole. La production propre fournit généralement de 15 à 25 pour cent des besoins alimentaires annuels pour les ménages pauvres et très pauvres, les achats alimentaires contribuant à hauteur d’environ 30 à 45 pour cent aux besoins des ménages et les aliments sauvages représentant 8 à 20 pour cent. 

    La production agricole : à la fin de la saison des pluies, la bonne humidité des sols a permis aux ménages de semer et de récolter des légumes utilisables pour la consommation ou pour la vente. L’humidité des sols favorise en outre la production de manioc et de patate douce. Entre juin et août 2023, les ménages bénéficieront probablement d’une récolte supérieure à celle de l’année passée pour les cultures hors saison telles que les haricots, les patates douces et le manioc.

    Les opportunités de travail : malgré le bon niveau des précipitations, les opportunités de travail agricole sont inférieures à la normale. En effet, les sources de revenus des ménages aisés ont été fortement affectées par plusieurs années consécutives de sécheresse, réduisant ainsi leur capacité à embaucher des travailleurs informels issus des ménages très pauvres. Pendant la période des récoltes, l’offre de main d’œuvre subit également une réduction saisonnière, les ménages étant généralement engagés dans leurs propres activités de récolte. 

    L’état du bétail et la disponibilité des pâturages : les pâturages ont connu une régénération significative au cours de la dernière saison des pluies, entraînant une amélioration de l’état des pâturages et du bétail par rapport aux années précédentes. L’état des pâturages et du bétail demeure néanmoins inférieur aux niveaux pré-sécheresse. La taille des troupeaux reste inférieure à la moyenne, mais les attaques de dahalo connaissent une réduction saisonnière. 

    Les prix des produits de base: lors de la récolte de riz à l’échelle nationale, en mai, les prix du riz sur les marchés locaux ont connu une réduction de 9 pour cent d’un mois sur l’autre, l’offre augmentant tandis que la demande sur les marchés locaux diminuait. La récolte de maïs a également renforcé l’accès des ménages à l’alimentation, avec des prix inférieurs d’environ 15 pour cent à ceux pratiqués il y a six mois. Les prix du manioc sont restés stables au cours du premier trimestre 2023, et ont baissé de 4 pour cent entre avril et mai. Cependant, les prix du manioc en mai étaient 59 pour cent plus élevés par apport à la moyenne sur cinq ans, et 19 pour cent plus élevés qu’en mai 2022. Les projections de prix réalisées par le FEWS NET montrent qu’une baisse des prix des produits alimentaires de base est probable, la demande diminuant lors de la période de récolte du manioc et de la patate douce entre juin et juillet 2023.

    Figure 4

    Le prix du manioc séché observé et projeté à Ampanihy, décembre 2022 à avril 2024

    Source: estimations FEWS NET basées sur les données du PAM

    Suppositions

    En plus des hypothèses établies au niveau national, les hypothèses suivantes s’appliquent à ce secteur préoccupant:

    • La production de haricots, de patates douces et de manioc entre juin et septembre sera inférieure à la moyenne en raison d’un accès réduit aux semences et à la limitation des surfaces cultivées.
    • La récolte de manioc et de patate douce entre juillet et septembre devrait améliorer l’accès et la consommation alimentaire des ménages pendant environ un mois, pour les ménages pauvres et très pauvres et deux mois pour les ménages moyens et aisés.
    • Les ménages pauvres et très pauvres utiliseront probablement des engrais organiques, mais auront un accès limité aux semences améliorées et aux engrais chimiques en raison de prix élevés. 
    • La disponibilité des aliments sauvages devrait être comparable à celle constatée l’année dernière, et inférieure aux niveaux habituels, en raison du cumul de plusieurs années de sécheresse consécutives et de la surexploitation des forêts. La cueillette de tubercules sauvages culminera entre novembre et janvier. 

    Le niveau de migration demeurera inférieur à la normale, le coût élevé des transports limitant les capacités de ménages pauvres et très pauvres à se déplacer dans d’autres districts ou régions.

    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    De juin à septembre 2023 : les ménages consommeront et vendront leur production issue de la récolte 2022/23, ainsi que du manioc, des patates douces et des haricots, afin de répondre aux besoins alimentaires et non alimentaires du ménage. Malgré la limitation des surfaces cultivées, la production a été cette année supérieure à celle de l’année dernière en raison d’une humidité suffisante. En outre, l’impact de la saison des cyclones n’a pas été plus important cette année que l’année dernière. En raison du niveau inférieur à la moyenne des récoltes, les ménages très pauvres auront à dépendre des marchés pour leurs achats alimentaires de manière bien plus précoce qu’en temps ordinaire. Le manioc frais, les patates douces et les arachides sont disponibles. Si les prix n’ont pas encore atteint leur pic annuel, l’inflation des prix alimentaires érode le pouvoir d’achat des ménages. De nombreux ménages à Ampanihy n’ont pas produit suffisamment et auront probablement épuisé leurs stocks d'ici à la fin du mois de juillet. Pour ces ménages, la saison de soudure commencera plus tôt que d’habitude. Avant le début de la saison chaude, en août, les ménages pauvres dépendront des marchés pour leur approvisionnement en patates douces et en manioc. À partir du mois d’août, les ménages qui auront épuisé leurs stocks alimentaires devront acheter du manioc séché sur les marchés pour répondre à leurs besoins de consommation. 

    Pour faire face à des récoltes inférieures à la normale, aux prix élevés des denrées alimentaires et à des opportunités de travail agricole réduites, les ménages pauvres et très pauvres continueront probablement à rechercher des opportunités d’emploi journalier : transport et vente d’eau ou activités minières informelles. Les prix du bétail – bovins, chèvres et moutons – augmenteront, en corrélation avec les bonnes récoltes et le bon état des pâturages. Cette augmentation limitera la possibilité pour les ménages pauvres et très pauvres d’acheter du bétail et de rétablir leurs troupeaux. Cependant, les ménages vendant du bétail bénéficieront de ces prix élevés. La vente de petits ruminants et de volailles permettra aux ménages pauvres de se constituer un revenu supplémentaire et de réduire les déficits de consommation alimentaire. C’est dans ces conditions que les ménages auront à rembourser les dettes contractées lors des dernières années de sécheresse, entraînant probablement des situations de Crise (Phase 3 de l’IPC).

    D'octobre 2023 à janvier 2024: octobre marque le début de la saison chaude et sèche dans le Grand Sud. La récolte des racines et des tubercules est alors terminée, et la production agricole ne reprendra qu’après l’arrivée des pluies. Les ménages consommeront alors probablement la fin de leurs stocks alimentaires, vendront des produits du bétail et dépendront progressivement des achats de manioc séché sur le marché. Dans les communes côtières d’Itampolo et Androka, les ménages complèteront également leur consommation alimentaire et leurs revenus par des activités de pêche. Mais le prix du poisson devrait être bas en raison d’augmentations saisonnières de l’offre.

    Pour faire face au faible niveau des revenus issus du travail agricole, à la nécessité de rembourser les dettes et à des prix alimentaires élevés, les ménages dépendront probablement davantage de la vente de charbon de bois et de bois de chauffage, d’activités minières informelles et du transport et de la vente d’eau. Cependant, l’intensification de la concurrence devrait maintenir les revenus à un niveau réduit. Certains ménages vendront des volailles à prix réduit afin d’augmenter leurs revenus destinés à l’achat d’aliments, de produits non alimentaires et d’intrants agricoles. Les ménages pauvres et très pauvres devraient voir leur consommation d’aliments sauvages augmenter pour minimiser les déficits de consommation alimentaire. Il s’agit de racines et tubercules sauvages, de fruits de cactus rouges ou jaunes, de mangues non mûres cuites, de feuilles de cactus et de tamarin mélangé à des cendres. En outre, les ménages seront probablement amenés à réduire la fréquence et la taille des repas, les ménages les plus touchés étant même susceptibles de commencer à consommer leurs stocks de semences. Alors que la dépendance des ménages vis-à-vis des achats sur le marché augmentera au cours de la période de projection parallèlement au début de la saison de soudure, un ménage sur cinq, au moins, sera probablement confronté à une situation de Crise (Phase 3 de l’IPC). 

    Zone de préoccupation: Le Corridor : zone de moyens d’existence par les produits forestiers et la banane (MG18) – Focus sur le district d’Ikongo, région de Vatovavy (Figure 5)

    Figure 5

    La carte de référence du secteur préoccupant : le Corridor – la zone de moyens d’existence par les produits forestiers et la banane

    Source: FEWS NET

    La zone de moyens d’existence du Corridor (produits forestiers et banane) (MG18) est située dans le Grand Sud-Est de Madagascar et couvre les districts d’Ifanadiana, Ikongo (ou Fort Carnot), Vondrozo, Midongy Atsimo et Befotaka. La saison des pluies se déroule entre novembre et mai, avec des précipitations annuelles variant entre 1 000 et 2 000 mm. En hiver, les précipitations sont sporadiques entre juin et juillet, et la saison sèche se déroule d’août à octobre. Le niveau d’aisance des ménages est principalement déterminé par la propriété du bétail et des terres, les ménages aisés possédant plus d’1 hectare de terre, tandis que les ménages pauvres et très pauvres possèdent moins de 0,5 hectare. La topographie accidentée de la région, occupée par de petites vallées, limite la taille des rizières et conduit la population à utiliser des méthodes de culture sur brûlis. Ces petites rizières limitent le potentiel des ménages pauvres à tirer des revenus de la production agricole, et les ménages doivent compléter leurs revenus par la production de volaille et la pêche. Les routes qui connectent le district principal d’Ikongo à ses communes sont généralement mal entretenues et s’avèrent difficiles d’accès, particulièrement lors de la saison des pluies. Ikongo est un district isolé qui dépend de la ligne ferroviaire Fianarantsoa-Côte Est (FCE) pour le commerce. La ligne connecte Ikongo à Fianarantsoa et Manakara, mais ne fonctionne plus depuis 2021. La ligne de chemin de fer devrait rouvrir en juin 2023, facilitant le commerce et le tourisme dans le district.

    La production agricole : la vaste majorité (environ 95 pour cent) de la population du district d’Ikongo est composée d’agriculteurs. Différentes cultures sont exploitées. Elles incluent le riz (pluvial ou irrigué), le manioc, les patates douces, le gingembre et le café. Ikongo produit également des fruits tels que la banane, la jacque et le litchi. Des anguilles et des écrevisses sont aussi capturées dans les rivières Sandrantana et Matatana et leurs affluents. De plus, les ménages ont accès aux produits forestiers tels que le miel, les plantes médicinales ou le bois de chauffage. Selon les estimations du MINAE, les deux cyclones ayant touché la région en 2022 ont entraîné la perte de 90 pour cent des cultures de rente : le café, la vanille et les arbres fruitiers (les bananes, les mandarines, les jacques et les litchis). La plupart des ménages ne s’étaient pas encore complètement remis des effets des cyclones Batsirai et Emnati en 2022 lorsque les cyclones Cheneso et Freddy ont frappé en 2023, entraînant des dégâts supplémentaires pour les cultures de rente. La perte de ces cultures de rente est particulièrement préoccupante compte tenu des délais nécessaires à leur maturité et à la production de fruits, et de la dépendance des ménages pour assurer leur subsistance. 

    Les opportunités de travail : la baisse de production des cultures de rente liée aux dégâts des cyclones, aux précipitations irrégulières et à un accès limité aux semences limite la capacité d’embauche des ménages aisés et moyens, dont les ménages pauvres et très pauvres dépendent pour leurs revenus tout au long de l’année. 

    Les prix des produits de base : le prix du riz sur le marché local a connu une baisse saisonnière de 19 pour cent par rapport à janvier et février, compte tenu de la récolte continue. 

    Suppositions

    En plus des hypothèses établies au niveau national, les hypothèses suivantes s’appliquent à ce secteur préoccupant :

    • Les récoltes du manioc et de la patate douce se produiront entre juillet et août. La production de café, de clou de girofle, de miel sauvage, de jacque, de banane et de litchi sera extrêmement réduite en raison des dégâts occasionnés par les cyclones.
    • La reprise de la ligne de chemin de fer FCE facilitera les flux de production et l’approvisionnement normal des marchés locaux. Elle contribuera également à atténuer les hausses saisonnières des prix alimentaires entre décembre et janvier, et renforcera la possibilité pour les ménages de tirer un revenu de la vente de fruits, de miel et de plantes médicinales. Les prix alimentaires devraient rester plus élevés que l’année dernière, et nettement supérieure à la moyenne sur cinq ans. 
    • Les ménages moyens et aisés disposeront d’une capacité limitée à embaucher des travailleurs lors de la préparation de la campagne agricole entre octobre et janvier, réduisant ainsi les opportunités de travail pour les ménages pauvres et très pauvres.
    • Le faible pouvoir d’achat des ménages pauvres et très pauvres limitera probablement leur accès aux intrants agricoles (y compris aux semences et aux fertilisants naturels) lors de la campagne agricole principale. Les prix des intrants devraient également rester élevés.

    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    De juin à septembre 2023, les ménages dépendront de leur propre production de riz, de manioc et de patates douces jusqu’au mois d’août, avant une augmentation progressive de leur dépendance aux achats de produits alimentaires sur le marché, accompagnant l’épuisement des stocks alimentaires. La récolte de riz actuelle tiendra probablement un mois pour les ménages pauvres et deux mois pour les ménages moyens et aisés. Les ménages pauvres et très pauvres vendront probablement une partie de leur récolte pour subvenir aux autres besoins de leur ménage : l’huile de cuisson ou produits non alimentaires comme les vêtements ou les bougies. Pour éviter un épuisement encore plus rapide des stocks alimentaires, les ménages seront probablement amenés à réduire la diversité des aliments consommés. Les ménages pauvres et très pauvres sont susceptibles d’accroître leur dépendance aux revenus de la vente de produits forestiers. Les ménages sont également susceptibles de recourir à la vente de volaille, compte tenu de la disponibilité réduite de miel sauvage et d'autres produits forestiers. Face à une production inférieure à la moyenne des cultures de rente, à des opportunités de travail agricole également inférieures à la moyenne et aux prix de plus en plus élevés des produits alimentaires de base, les foyers seront probablement amenés à renforcer leur adoption de stratégies d’adaptation indiquant une situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) pour minimiser les déficits de consommation alimentaire: choix d’aliments moins recherchés, réduction des portions, suppression de repas. 

    Entre octobre 2023 et janvier 2024, les ménages dépendront des achats sur le marché pour leur alimentation et leurs revenus, jusqu’à la récolte du riz hors saison en décembre. Cette récolte ne devrait pouvoir durer qu’un mois maximum. Les prix du riz augmenteront lors de la saison de soudure, culminant en novembre. Les ménages pauvres continueront à vendre des produits forestiers et des litchis (à partir de novembre) afin de financer l’achat de produits répondant à leurs autres besoins. Cependant, il est probable que ces revenus soient nettement inférieurs à la moyenne en raison de la baisse de la production des cultures de rente et de la diminution de la disponibilité des produits forestiers. Face aux prix élevés et à des opportunités de revenus nettement inférieures à la moyenne, les ménages très pauvres commenceront probablement à consommer davantage d’aliments sauvages, donc certaines variétés peuvent s’avérer dangereuses en cas de préparation inadéquate. Compte tenu de ces conditions, les ménages connaîtront probablement des situations de Crise (Phase 3 de l’IPC). À mesure que les pluies commenceront autour du mois de novembre, la prévalence de maladies comme le paludisme ou les diarrhées connaîtra également une augmentation saisonnière.

    Citation recommandée : FEWS NET. Perspectives sur la sécurité alimentaire à Madagascar, juin 2023 à janvier 2024 : la récolte continue du riz améliore l’accès à l’alimentation dans les zones touchées par les cyclones, 2023.
     

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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