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Au cours des six dernières années (2015/16 à 2020/21), le sud de Madagascar a vécu cinq saisons des pluies plus faibles que d'habitude. Les deux dernières saisons ayant été défavorables, on observe une diminution importante dans la production d'aliments de base, et dans la taille des troupeaux d'élevage et l'état de santé des bêtes. En 2019-2020, les réserves de nourriture des ménages pauvres étaient épuisées dès septembre, soit deux mois plus tôt que la normale. De plus, les récoltes de 2020-2021 ne seront pas disponibles avant mai et risquent fort d'être en quantité inférieure à la moyenne. Les renseignements disponibles semblent indiquer que les ménages pauvres vendent plus d’animaux et d'autres actifs productifs pour se procurer de la nourriture, et que l'aide alimentaire reçue en janvier a contribué à diminuer les déficits de consommation de certains ménages. Les revenus faibles de ces ménages, combinés aux prix élevés des denrées alimentaires de base, vont continuer à alimenter la crise (phase 3 de l'IPC) dans la majeure partie du sud de Madagascar, même au cours de la récolte de 2021.
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Depuis janvier 2021, les tempêtes tropicales Chalane et Eloise ont touché terre à Madagascar et ont temporairement apporté des pluies abondantes favorables dans les régions du nord et du centre durant la campagne agricole en cours. Malgré des dégâts aux habitations et aux infrastructures, et malgré certaines inondations localisées, l'impact était négligeable, en comparaison à la saison des cyclones de 2019-2020. Avec trois mois restants à la saison cyclonique, il est encore possible que d'autres tempêtes puissent frapper l'île et causer des inondations qui nuiraient aux récoltes.
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Les impacts indirects de la pandémie de COVID-19 persistent, particulièrement dans les zones urbaines, où les prix demeurent au-dessus de la normale, et où les possibilités de revenus demeurent peu nombreuses. Le taux de chômage est élevé alors que bon nombre des petites et moyennes entreprises demeurent fermées. On trouve aussi moins d'occasions de revenus pour les migrants saisonniers, et les revenus de l'exploitation minière, du textile et du tourisme sont très faibles à cause de la baisse de la demande internationale. Alors que la plupart des ménages de Toliara, Toamasina et Antananarivo peuvent encore subvenir à leurs besoins alimentaires et non alimentaires de base, les ménages très pauvres, plus durement touchés, courent un risque significatif de faire face à une situation plus précaire en matière de sécurité alimentaire.
Situation actuelle
Mise à jour concernant la COVID-19 : Le bilan officiel de la COVID-19 à Madagascar en date du 28 février dénombre 19 831 cas et 297 morts. Après avoir connu une augmentation en janvier, le nombre de cas hebdomadaire a diminué en février. Depuis début février, les infirmières font la grève en réponse à un manque de compensation lié à la COVID-19, ce qui laisse seulement un effectif minimal dans les hôpitaux. Le gouvernement n'a mis en place ni couvre-feu ni restriction de déplacement, en plus de ne pas avoir commandé de vaccins, évoquant le faible nombre de cas sur l'île.
Saison des pluies et suivi des cultures : Au nord de Madagascar, la saison des pluies d'octobre à mars a apporté des précipitations légèrement plus faibles que la moyenne, avec une répartition normale, ce qui a permis aux ménages de semer de façon habituelle. En revanche, les régions du centre et du sud de Madagascar ont enregistré des précipitations nettement sous la normale entre octobre 2020 et février 2021, plus particulièrement dans les régions d'Alaotra Manogoro, d'Analamanga, de Haute Matsiatra, et d'Ihorombe. Le déficit pluviométrique le plus important est survenu au début de la campagne agricole (dernier trimestre de 2020 et début janvier 2021). En conséquence de quoi, les conditions de culture dans le sud sont particulièrement difficiles. Plus de la moitié des boutures de manioc, plantées ou entreposées, ont été détruites par la chaleur et les conditions de sécheresse d'octobre à janvier, selon les résultats préliminaires fournis par l'enquête EDCASA (Enquête sur le Démarrage de la Campagne Agricole et de la Sécurité Alimentaire). De plus, bon nombre de ménages pauvres ont planté du maïs au début de la période des pluies. Cependant, les précipitations insuffisantes durant le mois de février ont empêché la croissance de ces cultures, et les informations sur le terrain laissent croire que plusieurs ménages n'ont plus les ressources nécessaires pour planter à nouveau.
Production de denrées alimentaires de base : Le manque de précipitations a aussi eu d'importants impacts négatifs sur la première saison de de riz dans les régions du centre et du sud. Dans les régions d'Alaotra Mangoro et d'Analamanga, les principaux intervenants estiment que les récoltes en décembre 2020 et en janvier 2021, étaient 75 % plus faibles que la normale. Pour ce qui est du sud, les résultats préliminaires des enquêtes CFSAM et EDCASA montrent que la récolte précoce de riz dans les régions MG22 et MG20 est 50 % plus faible que la moyenne des cinq dernières années, sauf dans le district de Betioky, où la production locale de riz a légèrement augmenté l'année dernière, grâce aux améliorations apportées aux infrastructures d'irrigation. De plus, à cause des retards de précipitations partout dans le sud de l'île, les récoltes en vert de maïs, courges et légumineuses, et la disponibilité d'aliments sauvages habituellement consommés de décembre à février étaient 80 % plus faibles que l'année précédente, exception faite de certaines régions très précises situées autour d'importants fleuves (les fleuves Linta, Menarandra, Onilahy et Mandrare).
Importations de riz : Au cours du dernier trimestre de 2020, la valeur des importations de riz était 75 % plus élevée qu'à la même période en 2019. Au total, la valeur annuelle des importations de riz était 27 % plus élevée en 2020 que durant l'année commerciale 2019. Trois éléments principaux expliquent cette hausse. Premièrement, en réaction aux impacts économiques liés à la COVID-19, le gouvernement continue d'importer du riz à faible coût. Ensuite, la production d'aliments de base grandement diminuée pour 2019-2020 dans le sud de l'île a provoqué une demande accrue pour le riz importé. Enfin, le gouvernement et le secteur privé ont anticipé que les faibles précipitations d'octobre à décembre 2020 amèneraient une demande plus grande de riz importé, et en ont donc importé en décembre plus qu'à l'habitude.
Exportation de produits de culture de rente : Effet direct de la COVID-19 et de la diminution de la demande internationale, la valeur globale des exportations pour 2020 était 23 % plus basse que durant l'année commerciale 2019, ce qui a mené à une baisse des revenus pour les petits producteurs et le gouvernement. En plus de l'exploitation minière (baisse de 53 %) et du textile (baisse de 11 %), la vanille et d'autres produits de culture de rente (litchi, girofle, etc.) ont connu des baisses de 10 % et 7 %, respectivement, lorsqu'on compare à 2019. Le gouvernement a établi le prix de la vanille à 350 $ US/kg, soit 50 % plus bas que le prix en 2018-2019, mais toujours haut lorsqu'on compare à d'autres pays. Les commerçants internationaux préfèrent donc acheter de la vanille moins chère, et de qualité souvent supérieure, ailleurs qu'à Madagascar.
Élevage au sud : À la suite des récoltes faibles en 2019-2020, presque tous les ménages, toutes classes socio-économiques confondues, vendent plus d’animaux (bovin, petits ruminants, volaille) que d’habitude, afin de répondre aux besoins. En conséquence, la taille des troupeaux se situe sous la moyenne pour l'année de production 2020-2021, malgré les naissances et malgré l'achat de bêtes provenant d'autres districts, à cause de la hausse considérable des ventes par rapport à l'année précédente. Lors d'une année normale, la taille des troupeaux ne diminuait pas avant d'arriver en novembre. En 2020, la taille des troupeaux a commencé à diminuer en septembre, soit deux mois plus tôt. De plus, le manque de précipitations entre octobre 2020 et mi-janvier 2021 a eu un effet négatif sur l'état de santé des bêtes, le nombre de naissances et le nombre de morts. Les troupeaux (bovin et petits ruminants) sont présentement 40 % moins nombreux que l'année dernière. En février 2021, de nombreux ménages préfèrent vendre leurs petits ruminants plutôt que de payer 3 000 MGA par mois, par tête, pour les nourrir. Ainsi, l'offre de petits ruminants sur les marchés a augmenté, et leur prix est 75 % plus bas que lors de l'année de référence 2017-2018. Pour le bovin, alors que les prix dans les grands marchés urbains partout ailleurs qu'au sud sont stables, les prix sur le marché de Toliara étaient 25 % plus bas que l'année dernière. D'autres marchés de districts rapportaient quant à eux des prix à plus de 50 % plus bas que l'année dernière, d'après les données issues des enquêtes CFSAM et EDCASA menées en 2021.
Récolte en vert et disponibilité d’aliments sauvages : La récolte en vert de citrouilles, melons d'eau, pastèques, maniocs et feuilles de patate douce se situe en dessous la moyenne à cause de la sécheresse qui touchait la région à la fin de l'année 2020. La sécheresse a aussi affecté la disponibilité des fruits de cactus jaunes, ce qui amène les ménages pauvres et très pauvres à consommer des aliments sauvages inhabituels, comme des noix sauvages, des feuilles de cactus, des tamarins et des tubercules sauvages, selon des résultats préliminaires de l'enquête EDCASA. Ces aliments sauvages sont considérés comme moins comestibles et plus dangereux pour les enfants, de même que pour les femmes enceintes etallaitantes, et leur consommation est généralement vue comme un comportement de survie atypique dû à un accès inadéquat à la nourriture.
Saison des cyclones : Depuis janvier 2021, les tempêtes tropicales Chalane et Eloise ont touché terre à Madagascar et ont temporairement apporté des pluies abondantes favorables à l'actuelle campagne agricole. Malgré des dégâts aux habitations et aux infrastructures, et malgré certaines inondations localisées, l'impact a été négligeable en comparaison à la saison des cyclones de 2019-2020. La zone de convergence intertropicale a aussi débuté son mouvement sur Madagascar en mi-février, amenant des précipitations accrues, et augmentant considérablement le niveau du fleuve principal autour d'Antananarivo. Le BNGRC a déclaré la capitale en état d'alerte rouge (danger imminent) pour cette raison. Le nombre total de personnes ayant dû être déplacées depuis le début de la présente saison des cyclones s'élève à environ 2 500.
Contexte macroéconomique : Entre mars et octobre 2020, la monaie locale (MGA) a perdu 8 % de sa valeur, et s’est légèrement appréciée par rapport à l’USD entre octobre 2020 et janvier 2021. Cependant, sa valeur demeure en deçà de celle qu'il avait en janvier 2020. La dépréciation de la monnaie depuis janvier 2020 a des effets négatifs sur le prix intérieur des produits alimentaires et non alimentaires importés, en plus de nuire au pouvoir d'achat des producteurs locaux. Selon les chiffres de l'INSTAT, l'indice du prix à la consommation de Madagascar a augmenté de 0,4 % par mois, en moyenne, en 2020. Le taux d'inflation national s'élevait à 5 % pour la période de novembre 2019 à novembre 2020. Au niveau national, l'inflation du prix du riz était de 3 %.
Infestation de la chenille légionnaire d’automne (FAW): Au nord et au centre de Madagascar, le niveau d'infestation de la chenille légionnaire d'automne entre novembre 2020 et février 2021 était en dessous la normale. En fait, depuis l'arrivée de l'espèce en 2018, les ménages se sont adaptés et ont amélioré leurs stratégies (connaissance de la période de traitement, traitements chimique et biologique, autres habiletés techniques). Néanmoins, 15 à 25 % des producteurs de maïs ont préféré cultiver d’autres produits pour éviter l'infestation du FAW. À l'opposé, au sud de l'île, les précipitations favorables, combinées aux températures élevées entre la fin janvier et la mi-février, ont créé des conditions propices à l'infestation. Plus de 50 % des plants de maïs mis en terre depuis la fin janvier 2021 ont été détruits par le FAW, selon les résultats préliminaires de l'enquête EDCASA. Le maïs cultivé au sud est principalement utilisé pour nourrir les bêtes d'élevage. Ainsi, la légionnaire d'automne détruit les grains de maïs, mais le reste de la plante peut tout de même être donné aux animaux.
Aide humanitaire : À l'heure actuelle, les 'aides humanitaires de grande envergure ont pris fin. De l'aide humanitaire alimentaire de plus petite envergure a été distribuée en février, mais on estime qu'au plus, 10 % de la population de chaque district a reçu des vivres ou de l’argent pour quinze jours. Certaines activités d'assistance humanitaire, ayant trait notamment à la résilience, à la protection sociale, à l'agriculture, à l'alimentation scolaire et à la nutrition, couvrent toutefois la majorité du district (couverture géographique). Ces activités fournissent des aliments nutritifs, du soutien financier pour l'achat de biens agricoles et non alimentaires (matériel éducatif, équipement agricole, semences, etc.) à des bénéficiaires précis (groupes vulnérables, associations de fermiers, femmes enceintes ou allaitante, enfants de moins de 5 ans, etc.).
Migration et envois de fonds : Une migration plus importante que la normale provenant du sud est en cours , avec de nombreux ménages envoient un ou plusieurs membres de leur famille vers les centres urbains situés plus au nord. En revanche, à cause des impacts liés à la COVID-19, on trouve peu d'opportunités d'emploi dans les centres urbains (Toliara, Majunga et Tamatave). Les ménages urbains des classes moyenne et aisée préfèrent réduire leurs dépenses liées aux services reçus de ménages très pauvres ou migrants. La plupart des petites et moyennes entreprises du secteur formel et informel qui ont dû interrompre leurs activités durant la crise sont toujours fermées, ce qui se traduit par un haut taux de chômage dans les centres urbains. Dans les zones rurales, l'afflux de migrants à la recherche d'opportunités d'emploi au nord et à l'ouest du pays (Boeny, Sofia, Sava, Diana et Menabe) a mené à une hausse de la disponibilité locale de main-d'œuvre. Les migrants comprennent des gens du sud-est, qui tirent habituellement un revenu du secteur des produits de culture de rente, des gens touchés par la sécheresse au sud, et ceux ayant été les plus touchés par la COVID-19 (régions autour de la capitale). Les envois de fonds reçus par les ménages très pauvres ont été plus faibles qu'à l'habitude.
Hypothèses
Le scénario le plus probable pour la période allant de février à septembre 2021 se base sur les hypothèses nationales suivantes :
- Saison des pluies 2019-2020 : De février à mars 2021, on estime que les précipitations cumulatives sur le centre et le nord de Madagascar devraient se situer dans la moyenne, au bénéfice de la culture normale de riz et de produits de cultures de rente. Des précipitations en dessous de la moyennes sont attendues sur le sud de Madagascar. Au sud, comme les premières précipitations utiles n'ont eu lieu que dans la première décade de février, la saison de culture du maïs, des légumineuses et des patates douces a débuté avec trois mois de retard. Entre mars et juin, les prévisions de la NMME et de la Direction générale de météorologie (DGM) annoncent des précipitations dans les moyennes. Toutefois, la période allant de mars à juin devrait recevoir en moyenne de 5 à 10 mm de précipitations par pentade, soit moins que lors de la période habituelle de récoltes, décembre à février, qui reçoit habituellement des précipitations qui totalisent environ 20 mm par pentade (voir figure 1). Par conséquent, nous estimons que les précipitations de mars à juin ne seront pas suffisantes pour la croissance normale du maïs, des légumineuses et de la patate douce. Toutefois, les ménages qui ont encore des boutures de manioc viables pourront les planter à la fin-février et début mars. Avec les précipitations moyennes annoncées, ces cultures devraient recevoir suffisamment de pluie pour commencer leur croissance.
- Cyclone : Durant le National Climate Outlook Forum (NCOF), qui se tenait en octobre 2020, la DGM a prévu une activité cyclonique supérieure à la moyenne durant la saison 2020-2021, avec de trois à cinq événements qui menaceraient les côtes est et ouest, et un ou deux impacts directs, dont un pourrait être d'une grande intensité. Avec trois mois restants à la saison, il est encore possible que d'autres tempêtes puissent frapper l'île et causer des inondations qui nuiraient aux récoltes.
- Production de riz : Au niveau national, on s'attend à ce que les récoltes précoces et intermédiaires de riz entre janvier et mars soient 70 % plus faibles que l'année dernière, et 25 % plus faibles que la moyenne des cinq dernières années, à cause du manque de précipitations dans les régions du centre et du sud entre octobre et la mi-janvier. Toujours au niveau national, on s'attend à ce que la production globale de riz soit 10 % plus faible que l'année dernière, qui se situait elle-même près de la moyenne. La superficie cultivée de riz pluvial sera très limitée, et on s'attend à ce que la production d'avril et mai soit 50 % plus faible à cause du manque de précipitations dans les hautes terres entre novembre et mi-janvier. Par contre, en tenant compte des précipitations normales durant le premier trimestre de 2021, la récolte globale de riz irrigué, qui constitue environ 80 % de la production nationale, se situera au-dessus des chiffres de l'année dernière, mais tout de même sous la moyenne des cinq dernières années.
- Autres denrées alimentaires de base : En raison des précipitations en dessous la moyenne entre octobre et la mi-janvier, on s'attend à ce que la production de maïs et de manioc soit plus faible que l'année dernière, mais près de la moyenne des cinq dernières années. Au sud, les récoltes en vert (maïs, melon d'eau, manioc, etc.) devraient être 80 % plus faibles, en raison des précipitations en dessous de la moyenne et de moyens limités (financiers, semences, matériaux, etc.) du fait de la mauvaise récolte de l'année dernière et des restrictions imposées à cause de la COVID-19, qui limitent notamment les opportunités de revenus depuis mars 2020.
- Importations de riz : Les importations de riz devraient se situer au-dessus de la moyenne, soit entre 50 000 et 80 000 tonnes par mois, de mars à juin 2021, qui seront utilisées en majorité par le gouvernement pour proposer du riz à faible coût ou fournir une aide humanitaire alimentaire. La hausse des importations de riz est causée par la demande de la part du gouvernement, des organisations humanitaires et du secteur privé pour répondre à la demande à la suite de la mauvaise récolte de l'année dernière dans le sud, combiné à une baisse attendue de la production nationale pour la campagne agricole 2020-2021. Les importations mensuelles vont probablement diminuer entre juillet et septembre avec la récolte principale, mais elles devraient tout de même se situer entre 10 000 et 20 000 tonnes par mois. Plus de 600 000 tonnes de riz auront probablement été importées durant l'année commerciale 2020-2021.
- Insectes nuisibles : L'impact du FAW sur la récolte de maïs sera vraisemblablement similaire aux trois dernières années, en tenant compte des précipitations attendues entre les mois de mars et mai. L'impact des criquets sur les récoltes d'aliments de base sera limité, à la suite de la période de sécheresse de février, et grâce à la surveillance gouvernementale et au programme de traitement précoce. Au sud, les légumes et légumineuses seront la cible de divers insectes habituels de février à avril. Lorsqu'on considère l'accès limité aux pesticides, l'impact du déficit pluviometrique et l’attaque d'insectes nuisibles, l’on s'attend à une production de légumes et de légumineuses 50 % plus faible que la moyenne des cinq dernières années.
- Aide humanitaire : La distribution d'argent et de denrées alimentaires va vraisemblablement se poursuivre dans seulement une poignée de villages, et devrait concerner moins de 10 % de la population de l'extrême sud d'ici à mai 2021.
- Exportations et taux de change : Les exportations nationales totales seront vraisemblablement en dessous de la moyenne des cinq dernières années à cause de la faible demande, causée par la réduction des exportations minières et de cultures de rente. De plus, le revenu issu du tourisme sera aussi en dessous la normale, les frontières allant probablement demeurer fermées pour toute la période étudiée. Lorsqu'on considère la demande importante pour les importations alimentaires et non alimentaires, la valeur du MGA continuera vraisemblablement à déprécier plus fortement jusqu’au second trimestre de 2021. La dépréciation de la monnaie entraînera une hausse des prix des biens importés, notamment le riz.
- Mouvements et prix du bétail : Au niveau national, les troupeaux de bétail vont continuer à diminuer jusqu'à mai 2021, à cause de la demande élevée et des prix élevés dans les grands centres urbains. De plus, les conditions de sécheresse présentes d'octobre à janvier au sud ont eu un impact négatif sur les taux de natalité et sur l'état de santé des bêtes, réduisant ainsi la taille des troupeaux. Toutefois, ceci aura surtout un impact pour les ménages pauvres ou de la classe moyenne, qui vendront des bêtes d'élevage à des ménages plus aisés de la même région afin de compléter leurs revenus. Même si les prix du bétail dans les grands centres urbains devraient demeurer similaires aux prix de l'année dernière, et au-dessus de la moyenne des cinq dernières années pour la période allant jusqu'à septembre, les prix dans les régions éloignées au sud demeurent aussi bas que ceux de l'année dernière, et sous la moyenne des cinq dernières années. En effet, ces ménages ne peuvent pas facilement avoir accès aux grands marchés urbains où les prix sont plus favorables. Particulièrement pour les ménages qui dépendent de la volaille, et d'au plus deux chèvres, les revenus de la vente de bêtes d'élevage entre mars et mai se situeront en dessous de la moyenne à cause des prix plus bas et de la taille réduite des troupeaux. Ils achèteront très peu de volaille durant la période des récoltes en juin et juillet, et recommenceront à vendre leur volaille en août et septembre.
- Demande de main-d'œuvre, migration, salaires et envois de fonds : Durant la période étudiée, les opportunités de revenus dans les centres urbains demeureront en dessous de la moyenne à cause des impacts liées à la COVID-19. Toutefois, les salaires demeureront près de la moyenne, étant déjà relativement bas, permettant tout juste assez de répondre aux besoins quotidiens alimentaires et non alimentaires basiques. Le petit commerce, les services et les transports urbains (autobus et pousse-pousse) seront moins profitables que d'habitude. Dans les régions rurales, à l'exception du sud, la demande de main-d’œuvre agricole devrait rester proche de la moyenne, en raison des conditions de croissance moyenne prévues. Les salaires des employés agricoles seront vraisemblablement en dessous de la moyenne à cause de l'afflux atypique de main-d'œuvre provenant du sud, à destination des régions de l'ouest et du nord. Les envois de fonds par ménage seront plus faibles que la moyenne, particulièrement pour les migrants du sud, qui sont très dépendants de ces envois durant les années de sécheresse, et qui sont ici plus nombreux que les autres migrants, en plus d'être arrivés plus récemment.
- Pandémie de COVID-19 et restrictions : Malgré une augmentation des cas depuis janvier 2021, après la levée de la plupart des restrictions à la fin du mois d’octobre 2020, il est probable que le gouvernement prenne des mesures localisées pour les régions où les cas sont en hausse rapide avant de réimposer des restrictions nationales ou d'interdire les voyages entre régions. Toutefois, les impacts sur le tourisme, les cultures de rente et l'exploitation minière demeureront semblables à l'année dernière, du fait de la faible demande internationale.
- Exportations de cultures de rente : Suite aux impacts économiques mondiaux de la COVID-19, on s'attend à ce que la demande d’exportation de vanille, une culture de rente clé et la principale source de devises étrangères pour Madagascar, soit inférieure à la moyenne. Alors que la production est supérieure à la moyenne, la qualité est relativement faible et les acheteurs de vanille seront vraisemblablement attirés par les prix plus attractifs d’autres pays. Dans l’ensemble, les revenus des petits producteurs et les recettes publiques provenant de cette source seront inférieurs à la moyenne.
- Flux commerciaux intérieurs : En raison des prévisions de production d'aliments de base (riz, manioc, patates douces) en dessous de la moyenne dans les régions traditionnellement en surplus au sud, les grossistes s'appuieront sur d'autres régions productrices plus au nord, comme Andonaka et Fianarantsoa, ce qui augmentera les prix dans ces marchés. Toutefois, entre août et novembre 2020, la production de manioc dans la région de Betioky a été exceptionnellement bonne comparé à l'année précédente et à la moyenne des cinq dernières années, grâce aux précipitations favorables et à une augmentation de la surface cultivée entre septembre et décembre 2019. Les petits et moyens commerçants d'autres districts dans le sud du pays se fourniront temporairement auprès de Betioky jusqu'à avril 2021.
- Prix des denrées alimentaires de base : Les projections de FEWS NET prévoient que les prix du riz local à Antananarivo continueront d'augmenter en février 2021, avant que le riz à faible coût du programme gouvernemental ne commence à approvisionner les marchés en grande quantité d'ici la fin février. Les prix commenceront à diminuer à mesure que la récolte avance, jusqu'à juin 2021. À Toliara, le prix du riz importé va demeurer aux environs de 2 500 MGA/kg (soit 50 % au-dessus de la moyenne des cinq dernières années) en raison de la production locale de riz en dessous de la normale pour 2020 et de la faible production prévue de riz au sud, causée par le manque de précipitations entre octobre et mi-janvier. Au sud, les prix des aliments de base seront plus élevés que la moyenne des cinq dernières années, surtout dans Ampanihy et Ambovombe, où les prix du maïs et du manioc séché se situaient déjà légèrement au-dessus des prix déjà élevés de 2020, au plus fort de la récolte en mai 2021.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
De manière générale, au niveau national, dans un contexte où la production et l’approvisionnement en aliments de base sont proches de la normale et où les prix des denrées alimentaires restent proches de la moyenne, les ménages les plus pauvres seront en mesure de répondre à leurs besoins alimentaires de base et de vivre une situation d’insécurité alimentaire aiguë minimale (phase 1 de l’IPC) entre février et septembre 2021. Toutefois, certains districts au sud (MG20 et la partie MG22 de Betioky) ont été seulement un peu touchés par la sécheresse, et ont connu une légère diminution de leur production précoce en riz et pâturages et en opportunités pour la main-d'œuvre agricole. Par conséquent, ces districts se retrouvent en situation de stress (phase 2 de l'IPC) d’insécurité alimentaire aigue. De plus, dans tout le pays, les ménages pauvres travaillant dans les secteurs du tourisme, de l'exploitation minière informelle et de la culture de rente ont connu une baisse de revenu considérable depuis mars 2020, et sont donc à fort risque de se trouver en situation d’insécurité alimentaire de stress (phase 2 de l’IPC) de février à septembre. On rapporte aussi qu'environ 25 % des ménages pauvres et très pauvres des quatre districts du sud-est (Manakara, Vohipeno, Farafangana et Vangaindrano) consomment des aliments sauvages cueillis dans la forêt en raison du prix élevé des denrées alimentaires. Cette population sera vraisemblablement confrontée à une situation d’insécurité alimentaire de stress (phase 2 de l’IPC) en février. L'accès aux denrées alimentaires devrait s'améliorer avec les récoltes précoces et principales. Ainsi, en septembre, les ménages pauvres ne devraient plus faire face à une problématique d'insécurité alimentaire (phase 1 de l'IPC).
Dans la région d'Androy, et dans les districts d'Ampanihy, Betioky, et Amboasary, les deux périodes successives de faibles précipitations ont mené à une réduction importante de la production d'aliments de base, de la taille des troupeaux et de l'état de santé des bêtes d'élevage. Dans ces régions, les réserves de nourriture constituées en 2019-2020 sont épuisées. De plus, les récoltes précoces et récoltes en vert de janvier et février n'ont presque rien rapporté, et la récolte principale prévue de mai à septembre sera vraisemblablement grandement réduite. Par conséquent, on prévoit que les ménages pauvres et très pauvres, qui ont des sources de nourriture limitées et qui disposent de revenus faibles, seront confrontés à des périodes de déficit de consommation léger ou modérés durant la période concernée, même en tenant compte de la légère amélioration attendue durant la période des récoltes de juin à septembre. De plus, les ménages pauvres et très pauvres sont forcés de vendre plus de bêtes d'élevage et autres actifs productifs, et de consommer du manioc immature, des céréales et des graines de légumineuses. On prévoit donc que ces zones vivront une situation de crise (phase 3 de l'IPC) d’insécurité alimentaire de février à septembre 2021. Les ménages très pauvres, qui ont été durement touchés par la sécheresse et qui n'ont pas les moyens financiers d'envoyer un membre de la famille au nord, disposent d'opportunités de revenu limitées, et adopteront donc des stratégies d'urgence pour survivre, comme la vente leur dernière poule. On prévoit que cette population vivra une situation d'urgence (phase 4 de l'IPC) d’insécurité alimentaire pendant la période étudiée.
Les parties les plus au nord des districts d'Ambovombe, Bekily et Ambosary à l'intérieur de MG22 vivront une situation de crise (phase 3 de l'IPC) d’insécurité alimentaire de février à mai, en raison des deux sécheresses successives qui ont grandement diminué la production de riz de 2019-2020, de même que les productions de manioc et d'oignon de juin à décembre 2020, lorsqu'on compare à la moyenne des cinq années précédentes. Cette faible production a réduit l'accès aux denrées alimentaires et les opportunités de revenus. De plus, du fait des récents déficits pluviométriques, le début des récoltes de riz et de maïs sera retardé de deux mois et sera modérément plus bas que la moyenne. Par conséquent, la situation de crise (phase 3 de l'IPC) d’insécurité alimentaire devrait perdurer jusqu'à mai. Durant la période de récolte du riz, du manioc et de l'oignon de juin à septembre, les ménages pauvres et très pauvres devraient vraisemblablement améliorer leur consommation, ainsi que la taille et l'état de santé de leurs troupeaux, ce qui les placera en situation de stress (phase 2 de l'IPC) d’insécurité alimentaire. Les récoltes de riz permettent, en effet, aux ménages pauvres de s'assurer une consommation minimale adéquate et d'éviter de devoir se rabattre sur des stratégies de survie de crise.
Événements possibles sur les huit prochains mois qui pourraient modifier le scénario le plus probable.
zones | evenements | impact sur les conditions de la securite alimentaire |
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National | Cyclone | Les cyclones actifs en 2020-2021 le seront aussi jusqu'en avril. Des cyclones potentiellement puissants en provenance du nord-ouest sont encore prévus, ce qui devrait améliorer les prévisions pluviométriques dans les régions de l'ouest et du sud-ouest de l'île, mais pourrait endommager et inonder les champs de riz et de cultures de rente dans les régions au nord. En fonction de la force des cyclones, la situation d'insécurité alimentaire dans les régions touchées pourrait se détériorer. |
Zones urbaines | Réimposition des restrictions liées à la COVID-19 | La diminution des déplacements interrégionaux et la réduction des envois de fonds causée par une migration de travailleurs limitée placeront les populations de certaines régions urbaines qui sont déjà en saison maigre en situation de tension accrue (phase 2 de l'IPC) d’insécurité alimentaire ou même en situation de crise (phase 3 de l'IPC). |

Source : FEWS NET

Source : FEWS NET
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.