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La saison cyclonique 2019 est très active ; le cyclone Gelena, le troisième de l’année, est passé par le nord de Madagascar en début février, portant les précipitations cumulatives à plus de 50 pour cent au-dessus de la normale dans le nord. Ailleurs, les pluies cumulatives sont proches de la normale, sauf dans l’ouest de Madagascar et quelques zones localisées.
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L’ouest de Madagascar n’a reçu que 50 pour cent de ses précipitations normales au cours des trois dernières années consécutives, ce qui a entraîné une perte de 80 pour cent de la production de riz dans cette zone. Cette année, la production devrait être aussi faible que l’année dernière.
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Au total, Madagascar a importé 668 000 tonnes de riz au cours de la campagne 2017/2018, soit deux fois la quantité de l’année précédente et de la moyenne sur cinq ans. Pour le premier semestre de 2018/2019, les importations de riz ont été inférieures à celles du premier semestre 2017/2018, mais elles étaient toujours au-dessus de la moyenne, malgré l’amélioration de la production nationale de riz en 2017/2018.
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Les prix des aliments de base sont largement stables mais supérieurs à la normale, en particulier dans le sud de Madagascar. À Tsihombe, un kilo de maïs était à la mi-janvier 2019, 78 pour cent plus cher qu’en décembre 2018 et presque le triple du prix de janvier 2018.
Situation actuelle
Évolution saisonnière
- Saison des pluies en cours : Après les deux cyclones tropicaux au début de 2019, Desmond et Ekestang, un troisième cyclone, Gelena, est passé par le nord de Madagascar en début février. Par conséquent, le nord de Madagascar a reçu plus de 150% de ses précipitations normales depuis le début de la saison des pluies en octobre 2018. Les précipitations cumulatives reçues ailleurs, y compris dans le sud de Madagascar, sont à ce jour presque normales. Certaines parties de l’ouest et de l’est de Madagascar ont reçu des précipitations inférieures à la normale ; surtout le district de Manja, de la région de Menabe, qui n’a reçu que 5 à 25 % de ses précipitations normales (figure 2).
- Campagne agricole : La campagne agricole a commencé avec des pluies inférieures à la normale dans l’ouest de Madagascar et un retard de 3 à 4 décades dans le sud-ouest, l’extrême sud et l’est du pays (Bulletin Agromet 3 de la SADC). Le déficit pluviométrique a affecté certaines régions productrices de riz comme les MG 09, MG 15 et des parties de MG10, qui produisent normalement environ 10 pour cent de la production nationale de riz et 20 pour cent de la production de maïs. Ces retards de pluies peuvent ne pas avoir d’impact significatif sur la production agricole, puisque les agriculteurs commencent habituellement à planter et à semer à la mi-novembre. Néanmoins, elle a provoqué une diminution d’humidité sur les cultures de riz de première récolte dans la MG 10 et a conduit à un rendement légèrement réduit. Dans le sud de Madagascar, les agriculteurs ont prolongé leurs semis, après les fortes pluies de la mi-décembre à janvier. Malheureusement, seul un peu plus de la moitié des terres agricoles ont été cultivées par les agriculteurs pauvres, parce qu’ils n’avaient pas les moyens d’acheter des semences et des boutures.
- Exportation de cultures de rente : la vanille représente encore une part importante de la valeur des exportations de Madagascar. Le prix de la vanille, dont Madagascar est le premier producteur mondial, est actuellement de 20 pour cent inférieur à celui de l’année dernière. Selon Eurovanille, on estime que 2 000 tonnes seront disponibles pour l’exportation pendant la saison 2018-2019 (1 300 tonnes venant de la région Sava et 1 300 à 1 500 tonnes d'Analanjirofo). Dans les autres régions productrices de vanille de Madagascar, la production est estimée à environ 50-75 tonnes. Cela représente une légère diminution de la production par rapport à l’année dernière. D’autres cultures de rente qui rapportent des revenus aux petits agriculteurs, comme le litchi, ont également été récoltées avec des niveaux de production normaux en décembre 2018. 17 000 tonnes ont été exportées vers le marché européen cette année. La quantité a augmenté par rapport aux années précédentes, mais la qualité était plus faible. Ainsi, le prix à la consommation est passé de 3 euros le kilo début décembre à 0,75 euro fin janvier 2019.
Marchés et commerce
- Contexte macroéconomique : Le taux de change s’est stabilisé par rapport à il y a trois mois, mais continue de se détériorer par rapport à l’année dernière. Après la dernière augmentation au début de décembre, les prix locaux du carburant se sont stabilisés ces derniers mois, malgré la baisse du prix du Baril de pétrole depuis octobre 2018. L’Institut National de la Statistique a déclaré que l’augmentation de l’inflation (6 percent) est inférieure à celle des années précédentes (9 percent). L’inflation des aliments à Madagascar a augmenté de 6,1 percent en décembre 2018, par rapport à décembre 2017.
- Importations de riz : Madagascar a importé 668 000 tonnes de riz au cours de la campagne 2017/2018, soit le double de 2016/2017 (328 000 tonnes) et de la moyenne sur cinq ans (308 000 tonnes). Les importations en riz ont été les plus élevées en 13 ans, en raison de l’écart par rapport à la production locale normale de riz en 2016/2017 (figure 3). Les importations en riz au premier semestre de 2018-2019 étaient inférieures à celles du premier semestre de 2017-2018, mais elles étaient toujours au-dessus de la moyenne, en dépit de l’amélioration de la production nationale de 2017-2018, principalement en raison des importations en octobre et en novembre pour contrer la sévère saison de soudure de 2017-2018 dans le Sud et les importations supplémentaires utilisées pour les ventes à prix subventionnés ou pour la distribution gratuite pendant la campagne électorale présidentielle de 2018.
- Prix des aliments de base : Les prix du riz importé sont de 10 à 30 % supérieurs à la moyenne sur cinq ans, dans presque tous les marchés. Comparativement à l’année dernière, les prix sont restés stables ou ont diminué, en particulier dans le sud-est, en raison de l’offre régulière. Une augmentation n’a été observée qu’à Ambovombe, Tsihombe et Morombe, où l’approvisionnement alimentaire a diminué, après que les routes soient devenues impraticables en raison de fortes pluies. Les prix du riz local étaient stables par rapport aux mois précédents sur la plupart des marchés. Ils étaient largement au-dessus de la moyenne à Ampanihy et Mahajanga I, en raison de la pénurie d’approvisionnement. Les prix du maïs ont considérablement augmenté à Tsihombe par rapport aux mois précédents (+78 %), en raison de la faiblesse de l’offre. Aucun maïs n’a été trouvé sur le marché de Beloha en janvier. Les prix ont également légèrement augmenté dans d’autres districts de l'Extrême Sud, comme Amboarasy-Sud et Ambvovombe (+15 pour cent) et à Antananarivo (+38 pour cent), en raison de l’épuisement du stock des dernières récoltes. Aucun manioc séché n’a été vendu à Ambovombe en Janvier, en raison d’une interruption temporaire de l’approvisionnement. Dans le reste des districts du sud, les prix du manioc ont augmenté par rapport aux mois précédents, sauf à Betioky où les prix étaient stables. Les prix à Morondava ont également augmenté, mais sont restés inférieurs aux prix de l’année dernière. Les patates douces ne sont actuellement disponibles que dans quelques marchés, où les prix sont restés stables par rapport aux mois précédents, sauf à Ampanihy et à Antananarivo, où ils ont augmenté de 25 à 30 pourcent. Il est également disponible à Ambovombe, avec un prix trois fois celui de l’année dernière, mais toujours en dessous de la moyenne. Les prix élevés des aliments dans le Sud restreignent l’accès des ménages pauvres, qui se tournent alors vers les aliments sauvages, pour combler leurs besoins alimentaires.
Autres facteurs
- Nouvelle politique Générale de l’État : Andry Rajoelina a remporté l’élection présidentielle en décembre 2018 et a présenté la nouvelle politique Générale de l’État mondiale (PGE), conformément à son programme d’"Initiative pour l’émergence de Madagascar" à la fin de janvier 2019. La PGE 2019 comporte 13 axes prioritaires, dont l’« autosuffisance alimentaire », qui seront atteints grâce à l’extension des surfaces cultivables et à une augmentation substantielle de la production de riz. Plus de 100 000 ha ont été identifiés pour cette culture et des plans d’action seront à développer pour ses valorisations et son développement, et pour l’utilisation de semences améliorées. Les incitations à l’investissement dans le secteur du riz dans ces régions viseront à combler le déficit de 500 000 tonnes d’ici 2024. La vente de riz importé à des prix subventionnés fait également partie de cette initiative, la première vague de riz devrait arriver au port en mars.
- Aide humanitaire : La plupart des interventions humanitaires sont concentrées dans le sud de Madagascar, en particulier à Beloha et Ampanihy, depuis l’appel éclair lancé par le gouvernement malgache en décembre 2018. Les ménages ciblés reçoivent généralement des céréales, des pois cassés, de la farine enrichie et de l’huile de table. Les rations mensuelles contribuent à 30-40 pourcent des besoins alimentaires totaux des ménages très pauvres et pauvres. Un programme de transfert monétaire est également en cours, dans les communes où il n’y a pas de distribution alimentaire et où les marchés sont fonctionnels. Les transferts sont de 70 000 ariary par ménage par mois, ce qui contribuent à 40-50 pourcent de leur revenu annuel. Durant cette saison de pluies abondantes, l’aide humanitaire a dû faire face à d’importants problèmes de livraison, en raison de la difficulté d’accès aux communes éloignées et à des coupures temporaires de routes dans certains chefs-lieux des districts le long de la RN10 et de la RN13.
Le scénario le plus probable pour la période de février à septembre 2019 est fondé sur les hypothèses nationales suivantes :
- Agroclimatologie : Le Département météorologique national de Madagascar prévoit des précipitations normales ou inférieures à la normale dans le centre-est (MG19) et le centre-ouest (MG15) de Madagascar, entre mars et mai 2019. Les précipitations continueront à être supérieures à la normale dans le Nord (figure 4). Les prévisions de pluies saisonnières de la SADC, publiées pendant le Forum régional sur les perspectives climatiques de l’Afrique australe (SARCOF) en Janvier, prévoyaient également que la plupart des régions de l’Afrique australe étaient susceptibles de recevoir des pluies normales ou inférieures à la normale entre janvier et mars 2019, en raison en partie de l’interaction des régimes de température à la surface de la mer de l’océan Indien. Entre-temps, les prévisions probabilistes du NMME de la NOAA ne prévoient aucun déficit pluviométrique important pour la période étudiée. L’activité cyclonique restera supérieure à la moyenne jusqu’à la fin de la saison des cyclones, fin Mars.
- Production agricole : la production de riz au niveau national devrait être proche de la normale. Le riz de première saison a été récolté en décembre/janvier sur la côte est et au centre-ouest. La récolte principale est généralement prévue pour mai et sera probablement au niveau de l’année dernière après une pluie favorable. Toutefois, l’ouest de Madagascar souffrira probablement d’une production inférieure à la normale, en raison du manque d’entretien de l’infrastructure d’irrigation (réduction de la superficie cultivée) et des précipitations irrégulières. Les récoltes de maïs et de légumineuses sont attendues jusqu’en mai. La production augmentera probablement par rapport à l’année dernière, mais demeurera inférieure à la moyenne en raison de l’insuffisance des semences. Les tubercules seront récoltés de juin à septembre et augmenteront probablement par rapport à l’année dernière, ce qui entraînera une production presque moyenne.
- Contexte et importations macro-économiques : Selon Trade Economics, le taux d'inflation se stabilisera probablement à 6 pourcents dans la période étudiée, mais l'inflation alimentaire sera probablement de 8 pourcents. On s'attend à ce que les prix du pétrole brut sur le marché international diminuent au cours des prochains mois. En conséquence de l’épaisse saison de pluies et de la détérioration rapide des routes, les coûts de transport resteront probablement élevés jusqu’au mois de mai. Les prix des produits importés, y compris le riz et le carburant, diminueront probablement dans la période étudiée, en raison de la stabilité de l'Ariary et des tendances à la baisse dans les prix internationaux. Le volume de riz importé diminuera aussi probablement jusqu’au mois de mai, en raison des récoltes locales attendues. Les importations augmenteront de manière saisonnière de nouveau à la fin de la période étudiée. Le total des importations en riz, durant le reste de l'année commerciale (janvier à mai 2019) seront probablement normales et près de la moyenne sur cinq ans de 200,000 MT.
- Prix des aliments de base : Les prix du riz importés demeureront probablement stables jusqu’en août 2019 et certains pourraient être vendus à des prix subventionnés comme les nouvelles politiques gouvernementales sont mises en œuvre. Avec des récoltes de maïs meilleures mais inférieures à la normale attendue en mars/avril, les prix continueront d’augmenter en février, mais commenceront à diminuer en mars jusqu’à la fin de la récolte principale en juin. Après la saisonnalité normale, la première récolte de riz dans certaines régions et la fin de la saison de soudure stabiliseront probablement les prix du riz local en février 2019. Les prix commenceront à diminuer en mars avec la récolte précoce dans certaines régions et continueront de diminuer jusqu’en mai 2019, mais demeureront probablement au-dessus de la moyenne. Les prix des patates douces resteront probablement stables.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
Entre février et mai 2019, la consommation alimentaire dans la plaine de Mahafaly : manioc, caprins et bovins (MG 23) s’améliorera, car les ménages très pauvres auront accès au maïs vert et aux légumineuses de la nouvelle récolte. Les ventes d’aliments sauvages comme les tubercules sauvages, les fruits de cactus jaunes et la pastèque diminueront simultanément. Néanmoins, les ventes d’aliments sauvages continueront probablement de contribuer de façon significative au revenu des ménages pauvres. Le travail local sera également intensifié. Les ventes d’aliments de base seront probablement inférieures à la normale en raison de la production inférieure à la moyenne, mais puisque les ménages pourraient planter des légumineuses, ils pourraient vendre certaines de leurs récoltes de légumineuses pour acheter des aliments de base. L’aide humanitaire continuera d’être distribuée jusqu’en mai 2019 et la couverture d’Ampanihy et de Tulear II augmentera probablement par rapport à février. La plupart des ménages très pauvres de MG23 connaîtront une insécurité alimentaire aiguë de Stress (IPC Phase 2 !) entre février et mai 2019. À partir de juin, la consommation de base s’améliorera avec les récoltes et la baisse des prix du marché. Les déficits alimentaires diminueront, mais ils persisteront en raison des récoltes inférieures à la moyenne et des faibles revenus. Pour les ménages pauvres, les activités agricoles seront intensifiées pendant la période de récolte. Les ventes d’aliments de base augmenteront légèrement, mais resteront inférieures à la normale. Les ménages très pauvres de MG23 connaîtront une insécurité alimentaire aigüe de Stress (Phase 2 de l’IPC), entre juin et septembre 2019.
Dans la zone semi-Aride de l’Androy : Manioc, maïs et bétail (MG 24), la disponibilité de la consommation alimentaire s’améliorera grâce aux récoltes de maïs et de légumineuses entre mars et mai 2019. Néanmoins, la production devrait être inférieure à la normale puisque tous les champs ne seront pas cultivés. Les prix diminueront mais demeureront au-dessus de la normale. Une partie de l’aide humanitaire sera poursuivie et d’autres seront probablement prolongées. Par conséquent, la plupart des parties de la zone seront probablement en situation d’insécurité alimentaire aigüe de Stress (Phase 2 ! de l’IPC) avec la contribution de l’aide humanitaire). À partir de juin, la disponibilité de la consommation alimentaire continuera à s’améliorer avec les récoltes de tubercules. Les prix seront bas et près de la normale. Le déficit alimentaire diminuera, mais la plupart des ménages continueront à faire face à une situation d’insécurité alimentaire aigüe de Stress (Phase 2 ! de l’IPC), avec la contribution de l’aide humanitaire. Au cours de la période étudiée, Beloha demeurera dans une moins bonne situation. Dans Zone « Café, litchis, manioc » du sud-est (MG 19) et du « riz et haricot de lima » de Tulear II (MG20): la situation sera probablement stabilisée en insécurité alimentaire aigüe de Stress (Phase 2 de l’IPC), à moins qu’un cyclone ne passe par là. Pour les autres ménages à Madagascar, on prévoit une insécurité alimentaire minimale (Phase 1 de l’IPC).
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET
Source : Meteo Madagascar
Source : Meteo Madagascar
Source : FEWS NET/Horizon ODR
Source : Meteo Madagascar
Source : Trading Economics/INSTAT
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