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La Crise (Phase 3 de l’IPC) va continuer avec les prix élevés et la faible production

La Crise (Phase 3 de l’IPC) va continuer avec les prix élevés et la faible production

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    • Une augmentation de la pluviométrie dans plusieurs départements à travers le pays a permis de réduire le déficit hydrique. Toutefois, les pluies sont toujours erratiques dans la péninsule du Sud qui accuse des déficits allant de 50 à 200 mm vers la mi-octobre. 

    • Le démarrage tardif de la deuxième saison pluvieuse et les périodes sèches enregistrées en septembre ont affecté la deuxième saison de cultures. Des prévisions pluviométriques inférieures à la normale renforcent la probabilité de production tout aussi faible que la première saison dont la production est estimée à moins de 50 pourcent de la moyenne.

    • De faibles récoltes en cours et projetées pour les mois de décembre et de janvier et des programmes d’assistance planifiés pour octobre-décembre conduiraient à une réduction du nombre de personnes en insécurité alimentaire. Bien que bénéfiques, leurs effets ne permettront pas de passer à une meilleure phase de la classification d’IPC pour la zone. Des communes dans le Nord-ouest, Sud-est, Plateau Central resteront en Crise (Phase 3 de l’IPC).

    Contexte national

    Situation actuelle

    Aléas climatiques. Depuis le début de l’année, de longues périodes sèches ont affecté les cultures, conduisant à des pertes des cultures de première saison estimées à plus de 50 pour cent par rapport à la moyenne. Toute la péninsule du Sud, le Nord-Ouest et le Nord-Est, entre autres, en sont sévèrement touchées. Une évaluation en cours par la CNSA, en partenariat avec l’Unité de Statistique du Ministère de l’Agriculture, avec l’appui d’autres acteurs du secteur, apportera plus de précision sur le volume de production pour cette année.

    Outre la faible production induite par la sécheresse dans les zones touchées, elle a aussi contribué à une baisse de la demande de main-d’œuvre. Les travaux d’entretien comme le sarclage, qui réclament habituellement beaucoup de main-d’œuvre, n’ont pas pu s’effectuer dans ces zones face au dépérissement des cultures. Dans certaines communes comme Anse-à-Veaux, Arnault et Azile dans les Nippes, les cultures du pois congo qui auraient absorbé de la main-d’œuvre ont fortement échoué dans les zones de basse altitude. Les haricots et les tubercules dans les montagnes humides accusent des niveaux de production si faibles que la main-d’œuvre nécessaire à leur récolte est significativement réduite pour cette saison, selon les observations de FEWS NET et les avis des techniciens intervenant sur le terrain. Actuellement la demande de main-d’œuvre demeure importante dans la Vallée de l’Artibonite et dans les autres aires irriguées où les agriculteurs se préparent à la production de maraichers. Dans toutes les autres zones, elle a baissé considérablement par rapport aux années antérieures.

    Vu la part importante représentée par la main-d’œuvre dans le revenu des ménages très pauvres à travers le pays, ceux vivant dans les zones affectées ont vu leur pouvoir d’achat baisser significativement. Les autres sources de revenus comme la fabrication du charbon et le petit commerce n’arrivent pas à compenser ce manque. La pression sur ces sources devient plus grande et leur apport au niveau du ménage a donc diminué comme celui de la main-d’œuvre.

    Depuis le début du mois d’octobre, on observe une distribution plus favorable de la pluviométrie comparée au mois de septembre. Les départements du Centre, de l’Artibonite et du Nord ont reçu des averses modérées à fortes. Cependant, des précipitations en-dessous de la moyenne, entrainant des déficits allant de 50 à 200 mm, persistent le long du littoral sud (fig. 2).

    L’évolution des prix des produits alimentaires. Septembre et octobre sont les mois pendant lesquels les prix des denrées produites localement (le maïs et les haricots notamment) sont à leur bas niveau. Cette année encore, cette tendance se reflète sur de nombreux marchés pour ces deux produits de base. Cependant, à les comparer aux prix des années antérieures, ils sont relativement élevés. La baisse de la production agricole entrainée par la sécheresse est à la base de cette situation.

    Le prix de la semoule de maïs a beaucoup fluctué au cours de ces derniers mois. Comme pour les haricots, la sécheresse sévissant pendant les deux saisons de production de l’année 2015 cause des pertes élevées dans les grandes zones de production, particulièrement dans la Plaine des Cayes et le Plateau Central. Une augmentation de 24 et 9 pour cent s’observe en septembre 2015 par rapport à août 2015 sur les marchés des Cayes et d’Ouanaminthe respectivement. Cependant, sur les marchés de Jacmel et de Port-au-Prince, des baisses de prix de 14 et de 6 pourcent ont été observées pendant la même période. Par rapport à 2014, la tendance varie d’un marché à l’autre. Si à Jérémie, le maïs augmente jusqu’à 150 pour cent par rapport à septembre 2014, il est quasiment stable à Hinche et à Jacmel et affiche une baisse d'environ 34 pourcent à Ouanaminthe. 

    Sur les marchés de Jacmel et de Jérémie, le prix du haricot noir s’est déprécié de 8 et 15 pour cent respectivement en septembre par rapport au mois d’août. Des récoltes obtenues dans les montagnes humides, qui alimentent ces marchés, ont induit cette chute de prix. Par contre, sur les marchés de Port-au-Prince et de Hinche, on a observé des hausses respectives de 12 et de 8 pour cent. En revanche, les prix restent stables sur tous les autres marchés. Ceci découle du fait que la production des haricots est si faible cette année que l’offre ne suffit pas à faire baisser les prix. Comparé à septembre 2014, les prix sont en moyenne 80 pour cent plus élevés. Il faut noter que les prix avaient grimpé en 2014 suite à des pertes élevées de la production induites par la sécheresse à travers de nombreuses zones agro écologiques.

    Par ailleurs, les prix des produits importés ont très peu fluctué en septembre par rapport au mois précédent et par rapport à septembre 2014. En effet, l’indice des prix de la FAO montre une stabilité des cours des produits alimentaires entrainée par le niveau de la production au niveau mondial et de la constitution de stocks élevés par les principaux importateurs. Jacmel et Ouanaminthe sont les marchés ayant enregistré les plus grandes variations. Des produits comme les huiles végétales ont affiché des hausses de 20 et 7 pour cent sur les marchés de Jacmel et d’Ouanaminthe respectivement, mais restent stables sur les autres marchés en septembre, en comparaison à août 2015. Quant au prix du riz, il a chuté de 5 à 10 pour cent à Jacmel, Ouanaminthe, Hinche et à Fonds-des-Nègres tandis qu’il se stabilise sur les autres marchés en septembre 2015 par rapport à août. En glissement annuel (Septembre 2014/2015), le prix de ce produit a chuté dans une proportion de 7 à 15 pour cent sur les marchés de Hinche, Jérémie et Ouanaminthe.

    Quant à la brisure de riz importée de la République Dominicaine et consommée largement par les très pauvres le long de la frontière, son prix a augmenté d’environ 30 pour cent, passant de 70 à 105 gourdes sur les marchés de Cerca-la-Source, Cercacarvajal et de Thomassique par rapport à septembre 2014. La sécheresse en cours qui a frappé toute l’ile semble expliquer en partie cette situation, mais cette hausse est également entrainée par le prix élevé du mais, produit de substitution dont la disponibilité a diminué.

    Des évènements divers n’ont pas manqué d’influencer le fonctionnement des marchés. Le blocage des routes au niveau de l’Arcahaïe a ralenti les activités commerciales entre le grand Nord et Port-au-Prince. Les camionneurs sont obligés d’emprunter des routes d’accès plus difficiles dont le trajet est plus long. Les produits périssables comme les fruits et les légumes accusent des niveaux de pertes plus élevés, ce qui fait en augmenter les coûts.

    Le marché de la Croix des Bossales, Port-au-Prince, connait de nos jours une atmosphère plus sécuritaire. Les marchands soumis jusqu’à tout récemment à des braquages, harcèlements et rançonnements par des bandits armés ont pu vaquer plus sereinement à leurs activités grâce à une présence policière plus soutenue. Le marché parait plus achalandé et les clients qui l’avaient abandonné ont tendance à y revenir.

    Des produits locaux comme les tubercules, les bananes et certains légumes comme la tomate se font rares sur les marchés de Port-au-Prince au cours du mois d’octobre. Le prix du lot de banane de cinq doigts a doublé passant de 50 gourdes en septembre 2014 à 100 gourdes en septembre 2015. Les prix des produits importés y sont relativement stables, mais ceux de tous les produits locaux s’affichent à la hausse (Fig. 3). La faiblesse de la production nationale due à la sécheresse et la rareté observée de la banane en provenance de la République Dominicaine en sont les principales causes.

    Il faut noter toutefois qu’en plus de la baisse substantielle de la production agricole au cours de ces deux dernières années, les statistiques de l'IHSI et de la BRH montrent une détérioration des conditions macro-économiques au cours de l’exercice fiscal 2014-2015. Le taux d’inflation en glissement annuel est d’environ 11.3 pour cent. La gourde, relativement stable en 2014, a subi une dépréciation d’environ 17 pour cent entre juin et juillet 2015 et perd environ 3 pour cent au cours du mois d’octobre.

    Assistance humanitaire. Les fonds consacrés aux réponses humanitaires en Haiti n’ont cessé de décroitre depuis le séisme de janvier 2010 pour atteindre leur niveau de 2009, alors que le pays continue à faire face à des chocs qui réduisent les moyens d’existence des ménages pauvres. Les programmes gouvernementaux qui distribuaient des cash aux ménages pauvres ou qui faisaient du cash for work sont pour la plupart fermés.

    Certaines institutions continuent d’entretenir leur programme d’assistance humanitaire. Le PAM par exemple met à la disposition de 485 000 élèves un plat chaud à travers tout le pays à l’exception du département du Sud. Dans les départements du Sud-Est, du Nord-Est, Nord-Ouest et de l’Ouest, il apportera 200 gourdes par personne à 15 000 bénéficiaires pendant 2 mois à raison de 24 jours par mois à partir d’octobre. De plus, dans le domaine de la nutrition, un apport alimentaire sera fait à 29 000 femmes enceintes et 39 000 enfants et à 3500 enfants souffrant de malnutrition aigüe modérée dans les départements du Nord, de l’Artibonite, du Centre et du Sud-Est. En outre, le PAM a aussi planifié un programme d’urgence au bénéfice de 120 000 personnes. Ces bénéficiaires recevront un kit alimentaire composé des produits tels que le riz, l'huile végétale, du haricot et du sel iodé pour une période de deux mois, à partir d’octobre 2015.

    Des bailleurs comme l’USAID et ECHO financent des projets de sécurité alimentaire dans les départements du Nord-Ouest, du Sud-Est, de l’Artibonite et du Centre. Tous les projets et programmes mis en œuvre dans ces zones contribuent à atténuer les effets pervers des différents chocs sur les moyens d’existence et la consommation alimentaire des bénéficiaires. Cependant, à part ceux financés par l’USAID s’étendant sur le long terme (cinq ans) et les cantines scolaires actives depuis des années, la plupart de ces projets, comme celui exécuté par GVC à Cercacarvajal, prendront fin en décembre 2015. Leur couverture même combinée permet difficilement une amélioration dans la classification de l’insécurité alimentaire selon l'approche IPC. Toutefois, il faut noter que, sans ces projets et programmes, le nombre de personnes en insécurité alimentaire aurait été plus élevé dans les zones ciblées.

    Développement Agricole. Les grands projets de développement comme Feed the Future Haiti dans l’Ouest, RESEPAG et AVANSE dans le Nord et d’autres dans le département du Sud continuent d’offrir des services aux agriculteurs dans leur zone respective d’intervention. Le Ministère de l’Agriculture a un budget plus élevé pour le nouvel exercice fiscal. Pour la campagne d’hiver, il compte investir 27 millions de gourdes pour l’acquisition de 150 tonnes métriques de haricot et 3 500 000 boutures de patate douce. Ces semences serviront à la mise sous culture d’environ 2500 hectares. Le Ministère favorisera également le labourage de ces terres en mettant à disposition des tracteurs et des charrues à traction animale. Il faut remarquer que le mécanisme de décaissement met souvent à mal les projets du Ministère. Par exemple, des 900 000 000 de gourdes budgétisées en 2014 pour être investies dans le secteur agricole, on n’en a décaissé que 270 000 000 de gourdes.

    La FAO compte intervenir également dans six communes parmi les plus affectées par la sécheresse dans le Nord-Ouest et le Sud-Est. Un total de 9000 ménages sera ciblé. Ils recevront chacun 5 kg de semence de céréales (maïs ou sorgho), 500 boutures de patate douce, 300 boutures de manioc et 40 grammes de semences maraichères. Cette distribution de semences est effective en octobre 2015. Il faut environ 30 000 boutures de patate douce et 20 kg de maïs pour ensemencer un hectare de terre, Les ménages pauvres ou très pauvres cultivent généralement moins d’un hectare.

    Déportation des personnes sur la frontière. Depuis juin 2015, les haïtiens vivant en République Dominicaine craignent de se retrouver d’un jour à l’autre sur la frontière, dépouillés de leurs biens et sans espoir d’un abri. Dans le pire des cas, certains d’entre eux sont devenus des réfugiés apatrides. Dans son projet de surveillance frontalière, l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM) a recensé au 20 juillet 2015, 12,236 ménages réfugiés (Fig. 3) entrés sur la frontière à partir des quatre points officiels : Ouanaminthe, Belladère, Malpasse et Anse-à-Pitres. Les réfugiés se trouvent confrontés à de nombreuses difficultés. Ils ne sont pas accueillis dans un environnement favorable en Haïti pouvant faciliter leur épanouissement. Les conditions sanitaires des sites de campement à Anse-à-Pitre sont exécrables. Cependant, OIM pense qu’il s’agit jusqu’à présent d’une crise de protection plutôt qu’humanitaire. OIM a enregistré 351 cas de mineurs déportés non accompagnés.

    Six sites de réfugiés recensés à Anse-à-Pitre totalisent 2600 personnes. Ces sites sont établis sur des terres privées qui étaient cultivées de maïs et de banane à leur arrivée. Les réfugiés sont logés dans des abris très précaires qui les rendent très vulnérables aux intempéries. La saison des pluies qui devra s’étendre jusqu’en novembre les rend encore plus vulnérables à des maladies d’origine hydriques comme le choléra en recrudescence dans certaines communautés dans le Sud-Est.

    Migration vers la République Dominicaine et les grandes villes. Avec la sécheresse qui ralentit les activités économiques en milieu rural, beaucoup plus de jeunes cherchent à migrer vers des endroits beaucoup plus cléments. Les grandes villes comme le Cap et Port-au-Prince sont les plus visées comme destination. Cependant, les gens vivant le long de la frontière continuent à la traverser pour aller chercher du travail en République Dominicaine. Les données sur le mouvement de la population traversant la frontière ne sont pas disponibles. Les focus groupes que FEWS NET a effectués avec des ménages vivant dans le Plateau Central ont montré que beaucoup de jeunes vont en République Dominicaine à la recherche du travail temporaire. Pour s’assurer que ces jeunes reviennent travailler en République Dominicaine, certains employeurs dominicains ne leur paient qu’une partie de leur salaire à la fin de leur contrat. De plus, depuis quelque temps, des haïtiens cherchent à migrer au Brésil à la recherche d’un emploi rémunérateur. L’ambassadeur du Brésil en Haiti a annoncé au journal Le Nouvelliste que son pays va augmenter le nombre de visas à caractère humanitaire octroyés actuellement de moins de 200 à près de 2000 par mois. Les candidats n’ont besoin que de leur passeport valide et d’un certificat de bonne vie et mœurs pour bénéficier d’un visa à caractère humanitaire.

    Transferts privés. Les transferts privés effectués par les Haïtiens vivant à l’étranger contribuent à améliorer le revenu de nombreux ménages tant en milieu rural qu’urbain. Les très pauvres déclarent toujours qu’ils n’en bénéficient pas directement parce que n’ayant pas de proches parents résidant dans les pays d’où proviennent ces transferts. D’année en année en se référant aux données fournies mensuellement par la Banque Centrale, le volume expédié ne fait qu’augmenter. Si on considère les montants envoyés au cours des mois de septembre, on constate que le volume reçu a augmenté de 57 pour cent en septembre 2015 par rapport à septembre 2010 et d’environ 5 pour cent par rapport à septembre 2014. La banque Centrale a enregistré pour le mois de septembre 2015 la valeur de 132 millions de dollars américains (fig. 4).

    Début de la nouvelle année fiscale. Le mois d’octobre marque le début de l’année fiscale 2015-2016. Dans le nouveau budget, les fonds alloués aux investissements sont dirigés dans une grande proportion dans les infrastructures agricoles et dans le secteur de la construction dans le souci de soutenir la croissance. Le secteur agricole a vu son enveloppe bien souvent inférieure à 5 pour cent passer à 9.7 pourcent du budget. Un montant de 7 milliards de gourdes sont prévus pour les infrastructures agricoles et agroalimentaires ce qui aidera à combler le déficit d’investissement constaté depuis toujours dans le secteur agricole.

    Suppositions

    Suite aux constats ci-dessus, on est amené à émettre les hypothèses générales suivantes:

    • Selon les prévisions de NOAA, la forte probabilité de la continuation du phénomène El Nino conduira à des pluies en dessous de la moyenne pendant le reste de la deuxième saison. Selon ces mêmes prévisions, la probabilité qu’il se poursuive jusqu’en juin 2016 est élevée, ce qui pourrait entrainer une baisse de la demande de la main-d’œuvre pendant la première campagne agricole entre février et juin 2016 au cours de la période de soudure et aussi des récoltes en dessous de la moyenne.
    • L'Instabilité de la monnaie nationale. Après sa dégringolade en juillet, la gourde s’est stabilisée en août et septembre avant de se déprécier à nouveau en octobre. Elle s’achète maintenant au taux de 55 gourdes pour un dollar américain à partir d’un montant de 500 dollars. Elle a varié, d’environ 20 pour cent par rapport à septembre 2014. Une résurgence de la volatilité du taux de change reste toutefois très probable en période électorale, poussée par un creusement du déficit budgétaire. Tenant compte du fait que le pays devra importer plus de 50 pour cent de ses besoins en aliments, la dépréciation de la monnaie nationale pourrait enclencher une augmentation des prix des produits importés.
    • L'augmentation des prix des produits alimentaires. Les prix des produits alimentaires se sont stabilisés sur la plupart des marchés et dans certains cas une baisse est observée. Les récoltes effectuées en septembre quoique faibles par rapport à la moyenne sont pour une grande part responsables de cet état de fait. De plus, des besoins d’argent pour l’écolage de leurs enfants ont poussé de nombreux producteurs à placer sur le marché une plus grande partie de leur récolte beaucoup plus vite qu’habituellement. Il est probable que les prix des produits locaux particulièrement s’affichent à la hausse beaucoup plus vite cette année et dans des proportions plus considérables en novembre et décembre et en février et mars.
    • En vue de contrôler l’état sanitaire des aliments et d’augmenter les recettes de l’Etat, le Gouvernement haïtien interdit l’arrivée au pays de 23 produits dont le maïs, la farine et le spaghetti par voie terrestre. Vu le volume d’échanges qui se pratique tout le long de la frontière, si le gouvernement ne prend pas des mesures d’accompagnement pour atténuer l’impact de cette mesure sur la disponibilité et l’accès alimentaire des ménages pauvres et très pauvres de cette zone, il est probable de faire face à une flambée des prix des produits alimentaires de base dans les zones concernées et une aggravation de la sécurité alimentaire des plus pauvres.
    • La demande de main-d’œuvre agricole. Les ménages pauvres et très pauvres tirent selon la zone plus de 30 pour cent de leur revenu annuel de la main-d’œuvre agricole. Les périodes sèches en provoquant le flétrissement des cultures et en réduisant les récoltes ont contribué au ralentissement des activités agricoles et à la demande de la main-d’œuvre. Décapitalisés, sans accès au crédit agricole, les agriculteurs moyens et mieux lotis, confrontés également à la hausse des prix des intrants agricoles, utiliseraient moins de main-d’œuvre pour la conduite de la campagne agricole d’hiver et de printemps. Les très pauvres pourraient faire face à une diminution sensible de leur revenu pendant cette période.
    • Depuis la mise en application du Plan National pour la Régularisation des Etrangers en République Dominicaine, l’Organisation Internationale de la Migration (OIM) a enregistré 36 442 déportés entre juin et octobre. Ces données sont basées sur des observations partielles faites sur les points de passage le long de la frontière. Parmi ces personnes, on retrouve des enfants non accompagnés et des femmes. En cette période électorale des deux côtés de l’ile et en représailles des mesures commerciales prises par Haiti, le nombre des déportés augmenterait sensiblement. Vu les conditions insalubres dans lesquelles vivent les déportés dans les camps aux Anse-à-Pitres, cette accélération dans la déportation rendrait encore plus précaire la situation des personnes refoulées en Haiti.
    • Dans son souci de stabiliser le taux de change de la monnaie locale, la Banque Centrale a pris des mesures pour réduire la masse monétaire en circulation. Les banques commerciales disposent donc de moins de liquidités pour satisfaire la demande de leur clientèle. Il s’en suivrait un ralentissement du crédit à la consommation qui pourrait avoir un impact sur les activités économiques en particulier sur le maintien et la création de l’emploi.
    • Les élections générales entre octobre et décembre 2015. Les élections entrainent généralement en Haiti des manifestations violentes comme c’est déjà le cas dans certaines communes. Quand la fièvre électorale monte avec l’approche des élections, les manifestations pourraient devenir beaucoup plus violentes et de plus longue durée avec des incidences néfastes sur la circulation des biens et des services. Les plus pauvres qui dépendent de la main-d’œuvre journalière ou des activités de petit commerce dans les quartiers affectés pourraient être sujets à une réduction de leurs revenus. Les manifestations atteignent leur apogée la semaine qui précède ou qui suit la tenue des élections et de la proclamation des résultats, empêchant ainsi aux pauvres de vaquer à leurs occupations.

    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    L’agriculture est à la fois source de revenus et de nourriture des ménages en milieu rural. La production propre, la cueillette et le paiement en nature permettent aux ménages très pauvres de couvrir environ 20 pour cent de leur consommation alimentaire habituellement. Quant au revenu, les activités agricoles, comme mentionné plus haut, permettent à cette catégorie de tirer plus de 60 pour cent annuellement dans des zones dans le département du Nord, le Plateau Central, l’Ouest et la péninsule du Sud. La sécheresse sévissant dans le pays depuis environ deux ans ne permet pas à ces sources de fournir leur apport comme avant. Les autres sources comme la fabrication du charbon et le petit commerce n’arrivent pas à compenser les déficits. Ces activités ne sont pas expansibles sur une base individuelle car non seulement beaucoup plus de ménages s’y adonnent mais la couverture végétale propre à la fabrication du charbon de bois ne fait que diminuer. De moins en moins d’arbres sont disponibles pour l’exploitation du charbon. Dans ces conditions le déficit alimentaire ne fait que se creuser dans les zones affectées par la sécheresse.

    Des programmes d’assistance humanitaire, comme décrit plus haut, sont conçus au bénéfice des ménages en insécurité alimentaire. Le plus important d’une durée de trois mois devrait démarrer en octobre. Il va contribuer à réduire le nombre de personnes en insécurité alimentaire mais ne ferait pas nécessairement les zones ciblées passer à une phase moins sévère vu la proportion constituant le nombre de pauvres et de très pauvres dans une zone donnée.

    Les récoltes en cours et celles espérées entre décembre et février sont trop faibles pour aider à constituer des réserves et faire face aux besoins actuels. Il en est de même des revenus. De plus, le prix des aliments, bien que marquant une certaine stabilité, restent toujours élevés, ce qui diminue leur accessibilité aux ménages pauvres et très pauvres.

    Tenant compte de ces facteurs, il est fort probable que les zones qui étaient classifiées en Crise (Phase 3 de l’IPC) le resteront jusqu’à la fin des perspectives. Toutefois il est possible que grâce aux actions entreprises par les différents acteurs humanitaires que le nombre de personnes en insécurité alimentaire diminue, mais les zones sévèrement affectées par la sécheresse dans le Nord, le Nord-Est, le Nord-Ouest le Plateau Central, l’Artibonite et la Péninsule du Sud resteront en Crise.

     

    Pour plus d'informations sur les perspectives des zones de préoccupation, veuillez, s'il vous plaît, cliquer en haut de la page pour télécharger le rapport complet.

    Figures Calendrier saisonnier pour une année typique Calendrier saisonnier pour une année typique

    Source : FEWS NET

    Carte des résultats actuels de la sécurité alimentaire, octobre 2015 Carte des résultats actuels de la sécurité alimentaire, octobre 2015

    Source : FEWS NET

    Figure 1. Pourcentage des pluies par rapport à la moyenne, du 1er aout au 25 octobre 2015. Figure 1. Pourcentage des pluies par rapport à la moyenne, du 1er aout au 25 octobre 2015.

    Source : USGS/FEWS NET

    Figure 2. Evolution des prix à Port-au-Prince. Figure 2. Evolution des prix à Port-au-Prince.

    Source : FEWS NET/CNSA

    Figure 3. Statut des réfugiés recensés par OIM Figure 3. Statut des réfugiés recensés par OIM

    Source : OIM

    Figure 4. Evolution des transferts privés, de 2010 à 2015 Figure 4. Evolution des transferts privés, de 2010 à 2015

    Source : Banque de la République d’Haiti

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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