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Possibilité de récoltes de printemps proche de la moyenne ; mais l’insécurité alimentaire persiste en marge de la crise socio-politique et des prix élevés des produits alimentaires

Possibilité de récoltes de printemps proche de la moyenne ; mais l’insécurité alimentaire persiste en marge de la crise socio-politique et des prix élevés des produits alimentaires

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    • Malgré des précipitations légèrement supérieures à la moyenne en janvier, les cultures d’hiver à cycle court comme le maïs et le haricot seront en dessous de la normale, en raison des déficits hydriques en novembre et décembre. Par ailleurs, la prévision d’une saison pluvieuse (mars-mai) moyenne suggérerait des récoltes de printemps moyennes, dans l’éventualité d’un support externe adéquat aux agriculteurs, notamment dans les zones touchées par des chocs l’année dernière.

    • Le taux de change de la monnaie nationale par rapport au dollar américain a augmenté d’environ 38 pour cent par rapport à février 2021. En raison de la dépréciation et la hausse du coût du transport public, les prix des produits alimentaires de base restent au-dessus de leur moyenne quinquennale, ceci dans des proportions supérieures à 80 pour cent. 

    • Des revenus agricoles d’hiver et de printemps, respectivement en dessous et juste autour de la moyenne, dans un contexte de prix au-dessus de la moyenne, impacteront significativement le pouvoir d’achat des ménages et donc leur accès alimentaire, étant très dépendants du marché pour leur consommation alimentaire. L’insécurité alimentaire persiste, notamment dans les quartiers pauvres des zones subissant l’impact du séisme, ayant reçu peu d’assistance, et dans les zones sèches privées de système d’irrigation qui sont plus vulnérables aux irrégularités pluviométriques et aux chocs de prix. Ces zones seront en Crise (Phase 3 de l’IPC) ; les autres resteront en Stress (Phase 2 de l’IPC).

    CONTEXTE NATIONAL

    Situation actuelle

    Situation sociopolitique. La situation sociopolitique et sécuritaire d'Haïti reste toujours tendue bien que les mouvements de protestation dans la Capitale diminuent en intensité. Toutefois, l’intransigeance des acteurs politiques engagés dans le processus de dialogue rend difficile la conclusion d’un accord pour la gouvernance de ce pays. Cela amplifie l’incertitude quant à une stabilité sociopolitique afin d’une reprise durable de l’économie haïtienne.

    De plus, l’instabilité politique crée un environnement propice à l’accentuation du climat d’insécurité, qui sévit dans la capitale haïtienne et qui tend à se développer aussi dans d’autres zones du pays comme le Centre, le Nord-Ouest, etc. Ainsi, les affrontements entre gangs et les forces de polices et inter-gangs eux-mêmes continuent à entrainer des mouvements de populations, et à perturber les activités des marchés et du transport public, notamment dans des différentes zones comme Croix-des-Bouquets, la Plaine, Pétion-Ville, outre les quartiers chauds de Martissant, de Fontamara, de Cité soleil, et de Carrefour.

    Suivi de la Peste Porcine Africaine (PPA) en Haïti. A ce jour, il n’y a pas de données permettant d’analyser l’évolution de la PPA en Haïti après les cas diagnostiqués en août et septembre 2021. L’opacité des actions gouvernementales face à la PPA éclipse ce sujet dans la presse nationale. Les données les plus récentes remontent au mois de janvier 2022, montrant la prévalence de la maladie dans six départements (Sud-est, Nord, Artibonite, Ouest, Sud, et Grand’Anse), ceci malgré les mesures annoncées en vue de contenir sa propagation. En effet, selon les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE), sur un effectif de 2632 porcins, dont près de 95 pour cent recensés dans la commune Anse-à-Pitre (Sud-est), d’août 2021 à janvier 2022, près de 11 pour cent sont atteints de la PPA. Le taux de décès, combiné au nombre de porcs abattus (59), atteint environ 14 pour cent. Toutefois, au niveau national, le nombre de cas signalés jusqu’ici est faible, comparé à la situation qui se développe en République Dominicaine où, selon l’Association Nationale des Éleveurs, les pertes s’élèvent à 74 000 porcs, entre décès et abats, jusqu’au début du mois de décembre. De plus, étant donné la nature hautement transmissible du virus et la faible capacité de dépistage en Haïti, FEWS NET soutient encore que le nombre de cas et de décès de PPA en Haïti est sous-estimé. De surcroit, les cas de maladie porcine signalés dans certains départements, généralement assimilés au « Teschen », peuvent être aussi liés à la PPA, les symptômes étant similaires. Conséquemment, selon des informateurs clés, les éleveurs de porcs continuent à réduire leur cheptel porcin par des ventes excessives sans renouvellement, en prévision des impacts potentiels de l’épidemie sur leurs revenus.

    Par ailleurs, la viande de porc et les produits dérivés circulent librement sur le marché haïtien et sont pour la plupart importés presqu’essentiellement de la République Dominicaine. Selon Ayibo POST, le prix de la caisse de jarret de porc, à la première semaine de février, vaut moins que la moitié de son prix en décembre. Cela permet aux importateurs et distributeurs de liquider rapidement leur stock en vue de limiter les pertes de revenus.

    La hausse de prix du pétrole. Au 28 février 2022, le prix du Brent et du WTI évolue au-dessus de 100 dollars américains par baril, représentant une hausse de plus de 60 pour cent au-dessus du prix moyen pour les cinq dernières années. Le prix moyen du Brent s’est établi à 85,6 dollars par baril en janvier, en hausse de plus de 14 pour cent par rapport au mois de décembre. La hausse de prix du pétrole sur le marché international alourdit la facture d’importation de ce produit pour Haïti et augmente le montant de la subvention de ce produit par l’État haïtien. Dans un contexte macroéconomique caractérisé par un déficit budgétaire, une balance commerciale déficitaire, et des réserves de change épuisées, le gouvernement a décidé le 10 décembre 2021 d’augmenter les prix des produits pétroliers (cf. figure 4). Partiellement réduite sur la gazoline, la subvention est éliminée totalement sur le diesel et le kérosène. Des discussions sont en cours en vue de voir comment ajuster le prix de manière progressive, ceci jusqu’à l’élimination totale de la subvention sur ce produit.

    La dépréciation de la gourde et les transferts de fonds. De février 2021 à février 2022, le taux de change de la gourde par rapport au dollar américain sur le marché formel est passé de 74,05 à 101,4 gourdes pour un dollar américain, soit une dépréciation de près de 37 pour cent. Cette dépréciation continue de la monnaie nationale amplifie la hausse des prix des produits alimentaires importés, conduisant à une inflation annuelle significative qui frôle les 25 pour cent en décembre, selon la Banque de la République d’Haïti (BRH).

    Parallèlement une hausse saisonnière des transferts privés reçus de l’étranger a été observée, s’établissant autour de 325 millions dollars en décembre 2021 (cf. figure 3), un accroissement de plus de 11 pour cent par rapport à novembre. Cela a permis d’alimenter l’offre de devises sur le marché et ainsi faciliter une certaine stabilité du taux de change à la fin de l’année.

    Conditions pluviométriques et production agricole. Globalement, les récoltes d’hiver, contribuant à moins de 20 pour cent à la production agricole nationale, sont en-dessous de la moyenne dans la plupart des régions, en raison des déficits hydriques en novembre et décembre. Des pluies moyennes remontent au mois de juin 2021. En effet, de juillet à décembre 2021, des pluies en dessous de la moyenne allant de 14 pour cent (en août) jusqu’à 65 pour cent (en novembre) ont été enregistrées. Passées de 65 à 24 pour cent en dessous de la moyenne entre novembre et décembre, des précipitations au-dessus de 6 pour cent par rapport à la moyenne ont été enregistrées au mois de janvier 2022 (cf. figure 5). Après ces six mois de pluies inférieures à la moyenne, distribuées irrégulièrement dans le temps et dans l’espace, ayant compromis la performance de la campagne d’automne et d’hiver, la légère amélioration en janvier n’a pas permis une reprise normale des cultures d’hiver, à l’exception de la région du Sud, de la Grand’Anse et du Bas-Plateau-Central, notamment les cultures à cycles court comme le maïs et le haricot, déjà significativement impactées par des déficits pluviométriques de novembre et décembre.

    Les marchés et les prix. Hormis ceux situés dans l’Aire Métropolitaine de Port-au-Prince, perturbés occasionnellement par les troubles politiques, la plupart des marchés du pays fonctionnent normalement et sont surtout bien approvisionnés en produits importés. La disponibilité des denrées locales est en dessous de la moyenne à cause des récoltes d'automne et d'hiver en dessous de la moyenne. Néanmoins, le pois Congo, les racines et tubercules, les produits maraîchers, et la banane alimentent les marchés à un niveau moyen bien qu’à des prix élevés. En effet, entre décembre 2021 et janvier 2022, les prix ont montré des fluctuations à la hausse de façon saisonnière, à l’exception des produits importés, le riz en particulier, dont le prix affiche encore une relative stabilité en rythme mensuel. Le prix du maïs local a affiché la plus forte augmentation (près de 10 pour cent en moyenne nationale), notamment sur les marchés de Fond des Nègres (21 pour cent environ), des Cayes (approximativement 37 pour cent), de Hinche et de Port-au-Prince (au tour de 19 pour cent). En outre, les prix des produits alimentaires de base restent au-dessus de leur niveau de janvier 2021 et de leur moyenne de cinq ans.

    Situation du bétail. La situation du bétail, notamment des bovins et des caprins, s'est légèrement améliorée par rapport aux mois de novembre et de décembre en raison de l’amélioration de la disponibilité de fourrage et d’eau. Toutefois, le cheptel porcin a été sévèrement affecté par le Teschen ou, probablement, par la peste porcine africaine (PPA) diagnostiquée en septembre dans le sud-est-est du pays.

    Main-d’œuvre agricole. En attendant le lancement général de la campagne de printemps, la main-d’oeuvre agricole est surtout occupée dans des activités de récoltes d’hiver et de préparation de sols, initiées dans les zones qui habituellement débutent les activités liées à cette dite campagne dès le mois de janvier, le Grand Sud, le Sud-est, le Bas-Plateau Central par exemple, où l’on a enregistré depuis un regain de demande de travailleurs. Le revenu de la vente de main-d’œuvre reste limité en raison de la faible capacité d’embauche, causée, entre autres facteurs, par les impacts résiduels des chocs climatiques, sociopolitiques, et économiques en 2021, lesquels reduisent leur capacité d’investir dans l’agriculture.

    Autres sources de revenu. Les ménages pauvres en milieu urbain, pour la plupart, tirent leurs revenus du petit commerce, revenus qui restent autour de la moyenne, ceci depuis la reprise plus ou moins normale des activités en décembre 2021. Le revenu de la migration en République Dominicaine, importante source de revenus pour les ménages pauvres des zones frontalières, reste en dessous de la moyenne à cause de la prévalence de la COVID-19 et d’autres mesures de contrôle de flux migratoire en territoire voisin donnant lieu à plusieurs vagues de déportation l’année dernière et même au tout début de cette nouvelle année. Le revenu de la vente de bois et de charbon de bois est autour de la normale. Les revenus de la filière pêche n’atteignent pas encore leur niveau moyen, en raison des pertes d’infrastructures limitant le developpement de cette filière, notamment dans les zones affectées par le séisme et l’ouragan Grace en août 2021.

    L’aide alimentaire. Selon le Plan de Réponse Humanitaire (HRP) de 2021, 1,5 millions de personnes devaient bénéficier de l’assistance humanitaire pendant l’année. Toutefois, FEWS NET ne dispose pas de ces planifications. Jusqu’en janvier 2022, cette assistance a été plus concentrée dans les trois départements touchés par le séisme du 14 août ou la dépression tropicale Grace le 16 août. La distribution de cash et d’aide alimentaire continuait auprès d’environ 92 mille ménages d’août jusqu’en novembre. Toutefois, dans les trois départements touchés par le séisme du 14 août ou la dépression tropicale Grace le 16 août, les informateurs clés indiquent que les assistances fournies en novembre et décembre continuent en janvier et février.

    Résultats de la sécurité alimentaire courante. Dans le Bas-Nord-Ouest, le Haut Plateau Central, le Haut Artibonite, les quartiers pauvres urbains, les zones sèches dans le Nord, les zones affectées par le séisme difficilement accessibles, les ménages continuent à adopter des stratégies de crise telles que l’intensification de la vente de charbon et d’animaux, la consommation des semences et d’aliments à faible valeur nutritive, etc., pour maintenir leur consommation courante. Ces zones font donc face à une insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC).

    Dans des zones irriguées et semi humides, moins affectées par les chocs climatiques, les ménages ont recours à des stratégies de Stress telles que la réduction des dépenses non essentielles, l’intensification des achats de nourriture à crédit, la consommation de nourriture non préférée, la réduction de la consommation des adultes au profit des enfants, pour maintenir leur consommation courante. Elles sont donc en Stress (Phase 2 de l’IPC). De plus, les zones ayant été affectées par le séisme, et qui ont pu bénéficier d’une assistance alimentaire couvrant au moins 25 pour cent de leurs besoins alimentaires ou caloriques, selon les informateurs clés, se retrouvent donc en Stress (Phase 2 de l’IPC).

    Suppositions

    Le scénario le plus probable de février à septembre 2022 se base sur les hypothèses suivantes au niveau national :

    Pluviométrie- agroclimatologie

    • Des conditions moyennes de température sont prévues jusqu’en mars (USGS, 2022).
    • Sur la base des prévisions du NMME, la principale saison des pluies 2022 de mars à mai devrait être moyenne.

    COVID-19

    • Aucune nouvelle mesure contre la COVID-19 susceptible d’impacter négativement et significativement les activités économiques et donc la sécurité alimentaire ne sera prise par le gouvernement pendant la période du scénario.

    Situation macroéconomique

    • L’importante contraction des réserves officielles nettes de change au cours de l’année 2021 ne permettra pas à la Banque Centrale haïtienne de contenir la dépréciation progressive de la gourde au cours de la période de perspective.
    • L’inflation en glissement annuel s’intensifiera pendant la période de soudure (février-mai 2022).

    Peste porcine africaine.

    • La peste porcine africaine diagnostiquée en Haïti depuis septembre 2021 est susceptible d’engendrer une perte de l’ordre de 30 pour cent du cheptel porcin et de décourager l'élevage porcin en Haïti.
    • Les craintes de la peste porcine africaine continueront à réduire la demande de porc et de produits à base de porc et d'augmenter la demande de protéines alternatives, en particulier les produits de volailles.
    • La demande de viande de poulet, produit de substitution à la viande de porc, ainsi que son prix devraient augmenter pendant la période de perspective.

    Situation sociopolitique

    • L’instabilité sociopolitique est susceptible de s’intensifier perturbant les flux commerciaux et ainsi la disponibilité et l’accès physiques alimentaires, ceci tout au long de la période de perspective.

    Production agricole.

    • La production globale de printemps et d’été de céréales (riz, maïs, et sorgho) serait proche de la moyenne quinquennale.

    Sources de revenu

    • La demande de travailleurs agricoles, normalement plus importante pendant les quatre premiers mois de perspective que pendant les quatre derniers mois, serait proche de la normale. Le revenu du travail agricole serait aussi proche de la moyenne.
    • La détérioration de la situation sociopolitique et sécuritaire en Haïti, pourrait porter les autorités dominicaines à renforcer les mesures migratoires et de sécurité sur la frontière provoquant un ralentissement de la migration des Haïtiens en République Dominicaine et des échanges frontaliers et donc des revenus inférieurs à la normale.
    • Le revenu tiré des activités informelles, le petit commerce notamment, par les très Pauvres, pourront être proches de la normale, à l’exception de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince en proie à l’insécurité et aux troubles sociopolitiques.
    • Le tourisme continuera à se produire à des niveaux considérablement réduits, entravant la reprise économique et réduisant les opportunités de travail dans la filière et les secteurs connexes, tels que les hôtels, les restaurants, etc.
    • Les revenus de la filière pêche resteront en-dessous de la normale durant les deux premiers mois de la perspective puis reprendront leur tendance plus ou moins normale après, à l’exception des zones touchées par le séisme et l’ouragan Grace comme Sud et Grand’Anse HT08, Sud-est HT01.

    Prix/marchés

    • Malgré une hausse mondiale de la production de céréales en 2022, la hausse encore plus importante de la demande notamment à cause de la baisse de la production végétale dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier selon la FAO, l’Indice des prix des céréales sur le marché international serait à la hausse. Laquelle tendance de prix impactera directement les prix des produits alimentaires importés en Haïti, pays importateur net de produits alimentaires.
    • La tendance à la hausse du prix du carburant sur le marché international et la charge fiscale supplémentaire qu'elle crée sur le budget national, laissent présager la poursuite de la baisse des subventions aux produits pétroliers en Haïti. À leur tour, les prix dans les stations-service continueront à augmenter, entraînant ainsi des ajustements à la hausse des prix des transports publics et, par conséquent, l'augmentation du prix des produits de base, alimentaires et non alimentaires, sur les marchés locaux.
    • De février à mai (période de soudure), la disponibilité des produits locaux sur les marchés serait à la baisse, mais les produits alimentaires importés couvriraient ce déficit.

    Autres suppositions

    • Très peu d’actions concrètes de réhabilitation des infrastructures agricoles dans les zones affectées par le séisme du 14 août 2021 et la dépression tropicale Grace ayant été entreprises, l’impact résiduel de ces deux chocs sur différents secteurs de l’économie risque de perdurer.
    • La gourde continuera à se déprécier face au dollar américain, laquelle dépréciation serait entretenue par l'instabilité sociopolitique et l'impact négligeable des mesures de la Banque Centrale. Cela accentuera la hausse des prix des produits alimentaires importés. Le taux de change du marché formel pourrait atteindre 110 à 115 gourdes pour un dollar, avant la fin de la période de perspective.
    • FEWS NET ne dispose pas de données sur l’assistance planifiée au cours de la période de perspective. Bien qu’il soit probable que l’assistance continue à améliorer les résultats de la sécurité alimentaire dans certains endroits, le taux de couverture restera probablement faible, outre les zones affectées par le séisme. Ainsi, ces données n’étant pas encore disponibles, l’analyse de FEWS NET est faite sans trop tenir compte de l’assistance alimentaire.

    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    La première période du scénario (ML1) coïncide avec la période de récolte de la campagne d'hiver, laquelle contribue très peu à la production totale annuelle. Cette période coïncide aussi avec la soudure, caractérisée par une réduction de la part des denrées locales dans la consommation alimentaire et l'épuisement des réserves des ménages. Ces derniers devraient davantage s'approvisionner aux marchés dans un contexte de prix élevés des produits de base, et de revenu limité issus notamment de la vente de main-d’œuvre agricole, du petit commerce, de la vente de charbon et de bois, etc. Les revenus en dessous de la moyenne et les prix au-dessus de la moyenne continuent à impacter le pouvoir d'achat des plus pauvres, réduisant ainsi leur accès économique à aux produits alimentaires. Dans ces conditions, les ménages les plus pauvres devront recourir à des stratégies d’adaptation négatives pour satisfaire leurs besoins alimentaires, telles que l’intensification de la coupe d’arbre pour la fabrication et la vente de charbon, l’augmentation de la vente d’animaux femelles, la consommation des semences et d’aliments à faible valeur nutritive, entre autres. Ainsi, la plupart des zones du pays, en particulier, HT08 Sud et Grand’Anse, HT07 Nippes, Ouest et Sud-est, HT02 Nord-ouest, Haut Artibonite, Haut Plateau, les zones sèches dans le Nord, le Nord-est, le Nord-Ouest, plus vulnérables aux chocs climatiques et de prix, les quartiers pauvres de Port-au-Prince, les zones affectées par le séisme, seront en insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC). Dans le reste du pays, où les récoltes d’hiver ont eu lieu et qui s’apprêtent à lancer la campagne de printemps 2022, les ménages très pauvres et pauvres réduiront les dépenses non essentielles, intensifieront les achats de nourriture à crédit, consommeront des aliments non préférés ou de moindre qualité, réduiront la consommation des adultes au profit des enfants et seront alors en insécurité alimentaire de Stress (Phase 2 de l’IPC).

    La deuxième période du scénario coïncide avec les récoltes de printemps et aussi avec le lancement de la campagne d'été/automne. La production propre, comme source de nourriture pendant cette période devra s’améliorer légèrement, contrairement à la première période du scénario, même si les achats aux marchés resteraient toujours importants (plus de 80 pour cent de leurs besoins alimentaires). Une plus grande disponibilité de produits locaux comme le haricot, le maïs, le riz, et des produits de cueillette (la banane, l'arbre véritable, la mangue, etc.) devrait être observée et contribuer à ce titre à améliorer modérément la sécurité alimentaire des ménages les plus pauvres. En outre, l’accroissement de la disponibilité locale par rapport à la première période est susceptible d'influencer les prix des produits alimentaires de base à la baisse, donnant un plus large accès à ces produits.

    Les récoltes de printemps à partir de juillet, ainsi que les activités liées à la campagne d’été/automne, devraient générer aussi des revenus provenant de l’emploi de la main-d’œuvre agricole et des ventes de récoltes. Ainsi, les moyens d'existence pourront demeurer stable au cours de la deuxième période des perspectives, les ménages ayant moins recours aux stratégies de Crise. Les zones qui connaitront des récoltes autour de la moyennes (bas Artibonite, Bas Plateau, Grand Anse, Sud, Sud-est, Nord, Certaines communes dans l’Ouest, etc.), ainsi que celles affectées par le séisme, en marge de la reprise économique amorcée, auparavant en situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) pourront se trouver en Stress (Phase 2 de l'IPC). Cependant, la plupart des communes dans le Nord-Est, le Haut Plateau, le Haut Artibonite, le Bas Nord-Ouest, la Côte Sud, et l’arrondissement de Belle-Anse, ainsi que dans les Nippes (Grand Boucan), dans l’Ouest (la Gonâve, Croix des Bouquets, etc.), où les moyens d’existence restent toujours perturbés par différents chocs climatiques et anthropiques, seront maintenues en Crise (Phase 3 de l’IPC).

    EVENEMENTS QUI POURRAIENT CHANGER LES SCENARIOS

    Zone

    Evénements

    Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire

     

    National

    Intensification des troubles sociopolitiques

    L’escalade de la violence perturberait le fonctionnement actuel de l’économie et des marchés. Ceci conduirait à une diminution de la disponibilité et de l’accès alimentaires, portant plus de ménages à adopter des stratégies négatives. Face à l’épuisement de la disponibilité de certaines stratégies, des déficits de consommation pourraient apparaitre. Ainsi, un nombre plus important de zones et de ménages pourrait être en crise (Phase 3 de l’IPC).

    Une stabilisation de la conjoncture sociopolitique

    L'éventualité d’une stabilité stabilisation sociopolitique, avec la mise en place d'un gouvernement de consensus, devrait renforcer les flux commerciaux et l’approvisionnement des marchés. Les sources de revenu pourraient également retrouver un état normal. Ceci devrait diminuer le nombre de personnes et de zones en Crise alimentaire (Phase 3 de l’IPC).

    Hausse accrue des prix de pétrole et de céréales sur le marché internationale

    Cette situation peut affecter le marché mondial du pétrole et des céréales, induisant une rupture de l’offre et des fluctuations a la hausse des prix, ainsi que la volatilité des marchés financiers. Conséquemment, cela alourdira la facture des importations alimentaires et d’autres produits pour Haïti, impactant la sécurité alimentaire au cours de la période.

    Une flambée de cas de peste porcine africaine en RD

    Des restrictions au niveau des frontières haïtiano-dominicaines en vue d’éviter la propagation de la peste porcine africaine sont susceptibles d’impacter négativement les échanges commerciaux entre les deux pays.

     La poursuite et un éventuel accroissement de l’assistance humanitaire au cours de la période de perspective

     Bénéficiant à une large part de la population en besoins, l’assistance alimentaire notamment pourrait aider les ménages bénéficiaires à couvrir au moins 25 pour cent de leurs besoins alimentaires. Cela leur permettrait de maintenir leur consommation alimentaire actuelle.

    Zone de production

    Une saison cyclonique plus intense que la normale

    -Destruction des moyens d’existence dans les zones vulnérables comme le Sud, le Sud-est, les Nippes, la Grand’Anse, etc., (bétail, plantations, biens de production, etc.) ;

    -Amélioration de la pluviométrie pour les cultures dans les zones sèches comme Pignon, La Victoire, Ranquitte (dans le Nord), etc.

    Figures Calendrier saisonnier pour une année typique

    Source : FEWS NET

    Figure 1

    Source : USGS/FEWS NET

    Figure 2

    Source : FEWS NET/OANDA

    Figure 3

    Source : BRH

    Figure 4

    Source : FEWS NET

    Figure 5

    Source : WFP-VAM

    Figure 6

    Source : FEWS NET/CNSA

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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