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L'amélioration de la disponibilité alimentaire est constatée dans la quasi-totalité des régions du pays. Des récoltes en cours en sont la cause. Cette situation devrait durer jusqu'en mars/avril, période marquant le début de la soudure qui se traduit par une baisse des réserves alimentaires et qui devra s'étendre jusqu'à la fin du mois de juin.
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Les marchés sont bien achalandés en produits alimentaires de base tant locaux qu'importés. Les prix bien qu'élevés se stabilisent. Ceux du riz, par contre, ont affiché à la baisse, ce qui favorise un plus grand accès des ménages pauvres aux aliments.
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La campagne agricole de printemps commencera en mars/avril avec le démarrage de la saison pluvieuse. Cette activité est l'occasion de grands débours pour les agriculteurs. Les acteurs impliqués dans le développement agricole comptent apporter une assistance tant technique que matérielle pour garantir la réussite de cette campagne.
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L'incidence de l'épidémie du choléra n'a cessé de diminuer depuis octobre, un an après l'introduction de la maladie dans le pays. La saison sèche et les mesures préventives prises par les responsables en sont à la base. Toutefois, la saison pluvieuse qui débutera en mars/avril peut provoquer une résurgence de l'épidémie dans les zones les plus vulnérables.
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Certaines régions du pays comme le Nord-ouest, le haut Artibonite, l'aire métropolitaine de Port-au-Prince et d'autres poches à travers les différents départements peuvent se trouver dans la précarité entre avril et juin. Les faibles récoltes provoquées par la sécheresse dans ces régions et les conditions de vie difficiles dans les bidonvilles et les camps qui seront empirées pendant la saison pluvieuse engendreront cette situation.
La production agricole
Les mois de janvier et de février marquent généralement la récolte du sorgho et du pois congo plantés dans la plupart des profils de modes de vie en Haïti. Cette année, ces cultures ont produit des récoltes satisfaisantes si l'on excepte la pointe occidentale du Nord-ouest et quelques communes du haut Artibonite et du département du Sud touchées par la sécheresse depuis novembre. Ces récoltes arrivent à leur terme à la fin du mois de février/début mars. Elles ont permis d'augmenter les réserves alimentaires constituées des récoltes obtenues de septembre à décembre. Cependant leur apport dans la production agricole nationale se situe entre 10 et 15 pour cent.
Parallèlement, de la patate douce, de la banane, sont entrain d'être récoltées dans les zones sèches de Plateau telles Boucan Carré, Belladère, Cerca la Source, e t Cerca Carvajal. Dans les départements du Nord-est, des Nippes, du Haut Artibonite et du Centre, des racines et tubercules et de la banane sont aussi en phase de récolte et elles sont même en abondance au niveau de la Grand' Anse. Dans les zones irriguées telles que plaine des Cayes, bas Artibonite, et Nord (Plaine du Nord, etc.), les récoltes de maraichersvont bon train.
Outre ces cultures dont les récoltes touchent presqu'à leur fin, le haricot, l'une des principales cultures de rente, semé dans les aires irriguées en décembre, arrive à maturité fin février/début mars. De façon générale, la récolte sera satisfaisante dans les aires irriguées, mais s'annonce faible ou nulle dans la pointe occidentale du Nord- ouest et dans le Sud. Ces pertes se traduiront par un manque d'argent au niveau des ménages pour l'achat des semences et d'autres intrants nécessaires au lancement de la campagne agricole de printemps. Une forte proportion de la récolte de haricots d'hiver est utilisée comme semences dans la campagne du printemps dans les montagnes humides et semi-humides.
La fin des récoltes des haricots, du sorgho et du pois congo ouvrent le début de la campagne agricole de printemps et de la période de soudure. Cette campagne compte pour 50 à 60 pour cent de la production agricole nationale. En fait, dans tous les départements et les profils de modes de vie, les activités de semis commencent d'ordinaire en mars avec la saison pluvieuse qui démarre à la même période. Elles devraient continuer jusqu'en mai, dépendamment de la zone. Les récoltes s'étendent de juillet à septembre. Des préparatifs pour la campagne de printemps sont déjà en cours dans certaines zones de montagnes: la Grand' Anse, le Nord-est, les Nippes.
Soumis à un système pluvial de plus en plus irrégulier qui entraine la baisse de la production, les agriculteurs disposent de moins en moins de ressources pour réussir les campagnes, ce qui entraine une dépendance accrue de ces derniers de subventions pour la conduite des campagnes agricoles. Pour répondre à l'attente de ces derniers, les principaux acteurs dont le Ministère de l'Agriculture, la FAO et les ONG financées par la USAID entendent intensifier leur apport tant matériel que technique à la campagne de printemps. Plus de 1,000 tonnes métriques de semences de céréales seront distribuées gratuitement aux agriculteurs de la plaine du Cul-de-Sac et de la Vallée de l'Artibonite entre autres. Des fertilisants seront aussi mis à leur disposition à un prix subventionné. Ces interventions permettront non seulement d'augmenter la production agricole mais également de créer des emplois qui profiteront aux ouvriers agricoles. Depuis novembre, la plupart des zones agricoles du pays font face à un déficit hydrique. L'l nternational Resea rch 1nstitute for Climate and Society prévoient que les chances sont égales pourq ue les précipitations soient normales, en-dessous ou au-dessous de la normale entre mars et mai 2012.
Le marché, le commerce et les transferts des migrants
La stabilité des prix observée au cours des six derniers mois sera maintenue pendant le premier trimestre 2012, compte tenu des prévisions de récolte de la saison d'hiver annoncées bonnes dans la plupart des zones agro écologiques du pays. Par ailleurs, les prix des céréales sur le marché international, notamment du riz, tendent à se stabiliser. Une diminution est même à prévoir au cours des prochains mois, en raison, d'une part, de l'accroissement de l'offre globale (augmentation de la production et des stocks) dans les pays producteurs (la Chine et l'Inde) et, d'autre part, en raison de la contraction de la demande mondiale résultant des sombres perspectives économiques en Europe. Cette tendance peut se maintenir jusqu'à la fin de la période de la perspective.
S'agissant du pétrole, l'incertitude règne quant à la direction que prendrait le prix au cours des prochains mois. Cette incertitude, alimentée par les menaces de guerre au moyen orient (Iran, USA, Israël, etc.), la résurgence du conflit Angle- argentin autour des iles Malouines, etc., pourrait maintenir le prix moyen du baril à un niveau élevé, supérieur à $100, et entretenir d'éventuelles hausses dans les prochains mois. Un tel scénario ne ferait qu'amplifier la volatilité des prix alimentaires en Haïti, tenant compte de la forte corrélation entre les prix du carburant (via celui du transport) et ceux des prad uits alimenta ires de base.
Les transferts d'argent des migrants vers leur proche vivant en Haïti n'ont pas diminué ces dernières années en dépit de l'augmentation du taux de chômage dans les pays d'accueil. Avec la reprise des activités économiques aux Etats-Unis d'Amérique, où vit une forte proportion de migrants haïtiens, cette tendance pourrait se maintenir.
l'incidence du cholera
Présentement, comme il a été annoncé au précédent bulletin de perspectives, l'épidémie se stabilise et son incidence a baissé. En effet, d'après le Ministère de la Santé Publique et de la Population, le nombre de malades du choléra s'élève, à date, à plus de 500,000 personnes, dont environ 7,000 décès, 15 mois après l'apparition de l'épidémie. Cependant, une résurgence demeure possible avec la saison pluvieuse qui commencera dès la fin du mois de mars.
les conditions sociopolitiques et le cadre macroéconomique
Après les crises postélectorales qui ont marqué le pays en 2011, un climat plus ou moins propice était créé et s'avérait bénéfique aux investissements privés, tant nationaux qu'internationaux. Déjà, des investisseurs étrangers, en quête d'opportunités d'affaires, ont effectué des voyages d'exploration en Haïti. De son côté, le secteur privé national emboite aussi le pas en investissant notamment dans la construction d'infrastructures hôtelières. Sur deux ans, ce secteur projette d'investir près de 200 millions de dollars dans l'économie haïtienne. Cette démarche est de nature à dynamiser le tourisme local et international et aussi à revigorer le secteur de la construction. Cependant, des mésententes entre les différents corps constitués de l'État entretiennent une incertitude persistante qui peut entrainer le pays dans une spirale de crises ralentissant ces investissements. De plus, le retard enregistré dans l'élaboration du budget 2011-2012, peut entraver l'exécution des programmes d'investissements publics, notamment dans le secteur agricole qui, à lui seul, contribue à hauteur de 25 pour cent au Pl B. Ce retard ne va pas dans le sens de la consolidation de l'environnement macroéconomique, susceptible de déboucher sur la relance de la production nationale.
Ces constats amènent à la formulation des hypothèses suivantes:
- Une augmentation de la création d'emplois dans le secteur du bâtiment à Port-au-Prince et dans certaines régions du pays;
- Une pluviométrie plutôt normale facilitant une production adéquate au printemps;
- Une plus grande disponibilité des intrants agricoles;
- Fluctuation des prix du pétrole à la pompe;
- Des situations conflictuelles entre les grands pouvoirs de l'Etat particulièrement entre le législatif et l'exécutif;
- Enregistrement d'un pic dans le transfert des fonds des migrants haïtiens pendant la période des Pâques;
- Les autorités concernées prendront toutes les mesures appropriées pour éviter la propagation du choléra pendant la saison pluvieuse qui débute en mars/avril.
Bien qu'on s'approche de la période de soudure qui s'étend en général d'avril à juin, la situation alimentaire du pays est beaucoup moins alarmante qu'elle ne l'était en 2010 et 2011 à la même période. Les prix des produits alimentaires, quoique élevés, sont stables. Toutefois, le prix du produit alimentaire de base le plus consommé, le riz, a atteint son niveau le plus bas depuis 2008 pendant les mois de janvier et février. Cependant, des zones comme la pointe occidentale du Nord- Ouest, particulièrement Mole St Nicolas, Bombardopolis et Baie de Henne, certaines communes du Haut Artibonite (Terre Neuve, Gros Morne, St Michel), seront dans la précarité entre avril et juin, due surtout a une diminution de leur réserve alimentaire, résultant de récoltes trop faibles. La région métropolitaine qui lutte pour se relever des chocs du séisme et du choléra et où vivent tassés dans des tentes près d'un demi million de déplacés continuera à faire face à la précarité. Plusieurs poches dans les départements du Nord-est, du Sud-est et du Sud seront également dans la précarité jusqu'à la prochaine récolte du printemps (Figure 2).
La pointe occidentale du Nord-Ouest
Cette région est régulièrement soumise à des périodes de sécheresse. La toute dernière a provoqué la perte du sorgho et des légumineuses plus particulièrement dans les communes de Bombardopolis, du Mole St. Nicolas et Baie de Henne. Les réserves constituées lors des récoltes de septembre et d'octobre sont sur le point d'être épuisées creusant ainsi l'écart entre l'offre et la demande alimentaires. Les ménages pauvres sont les premiers à souffrir de cette situation de sécheresse. Comme ils tirent près de 2/3 de leur revenu de la vente de main-d'œuvre, ils ont moins d'opportunité au cours de la sécheresse. De plus, l'achat couvre environ 2/3 de leurs besoins alimentaires dans un contexte où les prix des produits alimentaires sont élevés quoique stables. Les ménages pauvres seront dans la précarité pendant toute la période de la perspective (Figures 1 et 2). Beaucoup d'entre eux migreront vers l'Artibonite ou d'autres communes dans le Nord-Ouest à la recherche du travail pendant la saison pluvieuse.
Zone métropolitaine de Port-au-Prince
Avec la saison pluvieuse qui démarrera en mars/avril, la zone métropolitaine sera l'objet de risques d'inondations et de résurgence de l'épidémie du choléra. Les déplacés vivant sous les tentes et les ménages des bidonvilles sont les plus vulnérables à ces risques. Déjà, les conditions de vie de ces habitants sont très difficiles vu qu'ils ne disposent pas de services de base comme l'eau et l'assainissement, ce qui augmenterait davantage le risque de la propagation du choléra pendant la saison pluvieuse. En outre, la plupart des projets de cash et de food for work qui fournissaient des emplois aux ménages pauvres ont touché à leur fin. Le marché représente la principale source de nourriture des ménages. A l'exception des céréales dont les prix sont relativement plus faibles qu'au cours des deux dernières années à la même période, les prix des autres prad uits sont plus élevés mais stables. La plupart des ménages pauvres seront dans la précarité pendant toute la période de la perspective (Figures 1 and 2).
Le haut Artibonite
Toute la zone agro-pastorale sèche incluant une partie des Gonaïves a eu une très faible récolte de sorgho due à la sécheresse qui sévit dans la zone pendant ces derniers mois. Gros Morne, Anse-Rouge, Terre-Neuve et St. Michel sont les communes les plus affectées par cette sécheresse. La main-d'œuvre étant la principale source de revenus des ménages pauvres, les opportunités d'emploi sont réduites pendant la saison sèche. La migration vers la République Dominicaine ou dans la Vallée de l'Artibonite représente l'une des stratégies de survie adoptée par les ménages pauvres. La majorité d'entre eux seront dans la précarité jusqu'à la prochaine récolte (Figures 1 and 2).
Tableau 1. Événements moins probables dont l'occurrence peut changer le scénario le plus probable au cours des six prochains mois
Zone | Evénement | Impacts sur la sécurité alimentaire |
Tout le pays | Emergence de crises politiques qui entrave le développement des activités économiques | L'Etat n'arrive pas à débloquer les fonds promis pour la relance de l'Agriculture. |
Tout le pays | Augmentation du taux du dollar | Les prix des produits alimentaires importés subissent des hausses qui limitent l'accès des ménages pauvres. |
Vallée de I'Artibonite, Plaine des Cayes, Léogane | Des inondations au cours du mois de mai | Pertes des cultures dans les aires affectées et baisse du flux des aliments. |
Source : FEWS NET
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.