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Le démarrage de la saison agricole marqué par un déficit d’investissement et de faibles pluies

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    • Si la saison pluvieuse a démarré dans de nombreuses zones du pays générant des revenus pour les très pauvres, elle tarde encore à se manifester dans d’autres. D’ailleurs, la probabilité de l’occurrence d’El Nino pour avril, mai et juin,  est de 80 pour cent, ce qui pourrait entrainer une réduction de la pluviométrie et donc de la production agricole anticipée pour juin et juillet.

    • Les prix des produits alimentaires locaux sont généralement plus élevés sur les marchés en mars 2015 qu’à la même période en 2014. Sur certains marchés, les prix des produits locaux tels la semoule de maïs et les haricots atteignent des niveaux allant jusqu’à 40 et 30 pour cent respectivement. Les prix des produits importés, par contre, accusent des fluctuations modérées en glissement annuel et mensuel.

    • Les pluies erratiques dans de nombreuses zones du pays, le manque d’investissements dans le secteur agricole et le niveau élevé des prix des intrants agricoles contribueront à une contraction de la demande de la main-d’œuvre agricole. Les pauvres et les très pauvres qui, dans le Sud-est, le Nord-ouest et l’Artibonite, avaient perdu leur production en 2014 et qui se trouvaient récemment en situation de Stress sont susceptibles de basculer dans la Crise (Phase 3 de l’IPC) entre avril et juin.

    Contexte national
    Situation actuelle

    La période couverte par ce rapport est marquée par la campagne agricole du printemps qui s’étend d’avril à juillet. Cette campagne représente près de 60 pour cent de la production agricole annuelle du pays. La campagne d’été qui débutera en août, qui concerne plus particulièrement les montagnes humides et la zone rizicole de la Vallée de l’Artibonite, peut être estimée entre 20 et 30 pour cent de la production agricole. Le rôle de ces deux campagnes dans le maintien ou l’amélioration de la disponibilité alimentaire est déterminant. L’agriculture et l’élevage représentent 40 à 60 pour cent des sources de revenu des ménages très pauvres suivant la zone des moyens d’existence.

    Campagne agricole du printemps. La campagne agricole du printemps est l’une des plus grandes activités économiques dans le monde rural, en cette période de l’année. Elle mobilise de nombreux travailleurs agricoles à la recherche d’emplois. Elle requiert de la part des agriculteurs des fonds pour l’achat des intrants. Cependant, dans la grande majorité des aires de production, la pluviométrie demeure le facteur déterminant de la réussite de cette campagne.

    Pluviométrie. La saison pluvieuse a démarré en mars dans de nombreuses zones du pays pour s’intensifier au début d'avril. Dans le département de l’Ouest, par exemple, notamment à Damien, Croix-des-Bouquets et Thomazeau, on a enregistré 123 83 et 84 mm de pluie respectivement entre le 1er et le 5 avril. La commune de Carrefour était inondée à la même période, ce qui a causé la mort de six personnes et la destruction de nombreuses habitations. Dans la péninsule du Sud, des pluies ont commencé depuis la mi-mars. Le bas Plateau Central, une bonne partie du bas Artibonite et du nord bénéficient également des premières pluies du printemps. Toutefois, de nombreuses zones dans le Nord-ouest, le haut Artibonite, le Plateau Central, le Nord-est, quelques zones dans le Sud-est et la Gonâve souffrent encore de carence hydrique (Figure 1). Certaines zones comme Anse-Rouge, dans le haut Artibonite, Bombardopolis dans le Nord-Ouest et la commune d’Anse-a-Galets à la Gonâve font face à une période sèche déjà depuis six mois.

    Avec les pluies qui abondent dans de nombreuses zones, les agriculteurs ont répondu positivement en ensemençant leur champ. Dans le département du Sud-est, 10 à 15 pour cent des haricots plantés sont au stade de fructification, et le reste à différents stades, selon les techniciens de la zone. Selon ces derniers, dans cette zone la superficie déjà plantée est estimée à 40 pour cent. Sur la côte sud, par contre, les semis sont beaucoup plus avancés; et les agriculteurs font montre de plus d’engouement qu’en 2014 où la récolte était plutôt mauvaise. Ils prévoient que la saison pluvieuse sera meilleure. Aussi sèment-ils du maïs, du pois congo, de l’arachide, du sorgho, des ignames, et du manioc. Les activités agricoles y ont démarré depuis fin mars. Par ailleurs, des semis sont en cours dans les autres zones où la saison pluvieuse a démarré, mais de façon variée d’une zone à l’autre. Dans les zones où le démarrage des pluies tarde encore, les agriculteurs entament la préparation des sols misant sur un démarrage imminent.  

    Main-d’œuvre. Si la main-d’œuvre est disponible pour la conduite des activités agricoles dans certaines zones du pays, dans d’autres zones, par contre, les agriculteurs éprouvent des difficultés à s’en procurer. Sur la côte sud, particulièrement Tiburon, les Anglais et Chardonnières, elle se recrute facilement et se paie jusqu’à 100 gourdes pour 6 heures de travail par jour. Par contre dans le sud-est, la main-d’œuvre devient de plus en plus rare, comme c’est le cas dans de nombreuses autres zones du pays. Et pour cause elle devient plus chère: pour une demi-journée de travail, soit de 8:00 am à midi, le travailleur reçoit 150 gourdes. Cette rareté de main-d’œuvre et donc son coût élevé pourraient avoir des conséquences sur la quantité de terres emblavées et le volume de production en fin de cycle. Cette situation est due au fait que de nombreux jeunes migrent vers les grandes villes ou la République Dominicaine à la recherche d’un mieux-être. Les taxi-moto, le cirage de chaussures et le petit commerce en ville se révèlent plus profitable sur le plan économique et physique. De plus, les agriculteurs ne sont pas en mesure d’offrir davantage aux ouvriers agricoles sans augmenter le prix de vente de leur produit. Face au prix des produits importés de beaucoup plus faible que celui des produits locaux, la marge de manœuvre du producteur demeure très limitée.

    Intrants agricoles. De nombreux agriculteurs parmi les mieux lotis utilisent des semences provenant des récoltes antérieures. La grande majorité devra se contenter de ce qu’ils peuvent trouver sur le marché des grains. Cependant, compte tenu de la faible production agricole en 2014, estimée à environ 50 pour cent plus faible que celle de l’année de référence (2009), les prix des semences ont augmenté de manière atypique contraignant les agriculteurs, surtout les plus pauvres, à dépenser davantage pour les acquérir. Par exemple, entre mars 2014 et mars 2015, le prix du maïs a accusé des hausses de 33, 31 et de 21 pour cent respectivement sur les marchés de Jérémie, de Hinche et de Jacmel. Pour certaines espèces comme la patate douce, les ignames et le manioc, les boutures sont difficiles à obtenir. Dans certaines localités du Sud et du Sud-est plus fortement touchées par la sécheresse en 2014, les boutures de patate sont très peu disponibles. Une telle situation pourrait compromettre le niveau de sécurité alimentaire des populations de ces zones pour lesquelles la patate douce est à la fois source de nourriture et de revenu.

    De plus, les engrais chimiques, prisés surtout dans les zones rizicoles et maraîchères comme la Vallée de l’Artibonite, la Plaine des Cayes, St Raphael et Kenscoff, se trouvent en très faible quantité sur le marché national. Des 20 000 à 30 000 tonnes métriques d’engrais chimiques généralement disponibles sur le marché à cette époque de l’année on n’attend que 8 000 cette saison. Il est donc probable que les prix atteignent des niveaux très élevés, comme c’était le cas en 2014 où les engrais se vendaient de 800 à près de 2000 gourdes le sac de 100 livres en dépit de la subvention octroyée par l’Etat haïtien.

    Dans la Vallée de l’Artibonite où est produit plus de 75 pour cent du riz national, l’eau est disponible pour l’irrigation, mais les infrastructures d’irrigation doivent être entretenues. Par exemple, environ 70 km de berges sont à réparer tandis que les canaux de drainage ont besoin d’être curés. Le nombre de tracteurs qui étaient déjà insuffisants est passé maintenant à 12. Si ces problèmes ne sont pas résolus dans l’immédiat, on devra s’attendre à une diminution sensible de la production du riz dans la Vallée de l’Artibonite surtout dans les zones en aval comme Grande-Saline, Desdunes et l’Estère.

    Apport attendu du Ministère de l’Agriculture et des partenaires. Le Ministère de l’Agriculture, la FAO et certaines ONG apportent depuis des années un appui non négligeable aux agriculteurs pour leur permettre de réussir les campagnes agricoles. Dans le domaine des fertilisants, le Ministère de l’Agriculture investira  90 millions de gourdes dans l’achat des engrais chimiques.  L’agriculteur ne paiera que 50 pour cent du coût réel de cet intrant sur le marché local. Cependant, la quantité offerte cette année passera de 50 000 tonnes en 2009, à 20 000 tonnes en 2014 et à 8000 tonnes en 2015. Quant aux semences, le Ministère apportera 410 tonnes de haricots qui sont déjà en distribution dans la Grand’Anse et l’Artibonite. Les besoins en semences sont estimés à 11 000 tonnes de légumineuses et 12 000 tonnes de céréales. La FAO apportera environ 56 tonnes de légumineuses à 7421 planteurs du Nord-ouest.  

    Production animale. A l’exception de certaines zones dans le Sud-est et le Nord-ouest où le bétail a beaucoup souffert de la période sèche entre novembre et avril, les informations reçues des autres zones montrent que leur état d’embonpoint est stable. Par ailleurs, les prix ont légèrement baissé dans la Grand‘Anse où des éleveurs étaient contraints de vendre du bétail pour l’achat de semences. Par contre, dans le Sud-est, les caprins ont vu leur prix passer à la hausse suite à une augmentation de la demande venant de la République Dominicaine.

    Assistance Humanitaire. Cinq ans après le séisme du 12 janvier, le nombre d’organisations non gouvernementales octroyant des services à la population a grandement diminué. Les plus connues sont encore présentes sur le terrain, mais leur intervention a de beaucoup diminué par rapport à ce qu’elle était avant le séisme. Toutefois, de nouveaux projets sont en cours d’exécution dans de nombreuses zones telles le haut Plateau Central, le Nord-Ouest, la Gonâve, certaines communes du Sud-est où des ménages pauvres bénéficient de bons alimentaires mensuels. Les projets AVANSE et PTTA dans le Nord et le Nord-est sont toujours présents. Le projet WINNER 2 de USAID devra démarrer très bientôt dans le département de l’Ouest. Le PAM fournit un plat chaud à plus de 400 000 élèves des écoles publiques du Nord, Nord-est, de l’Artibonite, du Centre et de l’Ouest. OCHA, appuyé par le Gouvernement et des agences du système des Nations Unies ont lancé un appel de transition (TAP) « requérant un financement de 401 millions de dollars pour la période 2015-2016. Le TAP va adresser les besoins humanitaires résiduels tels ceux liés au déplacement interne, à l’épidémie de choléra, à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle… ». Par contre, les programmes de filet de sécurité mis en place par le gouvernement haïtien a cessé depuis décembre 2014. 

    Prix des produits alimentaires. Des périodes sèches successives enregistrées à partir de mai 2014 ont beaucoup affecté la production agricole à travers presque tout le pays. Des estimations de récolte effectuées par la CNSA et ses partenaires ont montré des baisses de rendement supérieures ou égales à 50 pour cent suivant la culture. Il s’ensuit un déséquilibre très significatif en termes de l’offre et de la demande des aliments produits localement.

    Le haricot noir, l’une des légumineuses les plus consommées et la principale source de protéines des ménages pauvres, a accusé des hausses de prix assez significatives même dans les zones de grande production. Ces augmentations sont encore plus considérables par rapport à la moyenne quinquennale (2010-2014). Par exemple, sur les marchés de Jacmel, de Jérémie et de Hinche, les variations enregistrées en mars par rapport à février 2015 sont respectivement de l’ordre de 7 pour cent, 33 pour cent et 7 pour cent. Par rapport à la période quinquennale (2010-2014), les variations pour ces mêmes marchés sont comprises entre 31, 43, et 33 pour cent respectivement. La probabilité que les prix de cette denrée continue à grimper pendant le mois d’avril jusqu’à mi-mai est très élevée, vu que la demande est à la hausse avec les semis en cours. La prochaine récolte commencera vers la fin du mois de mai.

    Quant à la semoule de maïs, produit de forte consommation, le prix fluctue d’un marché à l’autre. Entre février et mars, il est stable sur le marché de Port-au-Prince, de Ouanaminthe et du Cap-Haitien. Au cours de la même période, il enregistre des hausses de 40 et 10 pour cent respectivement sur les marchés de Jérémie et de Hinche.

    Les prix des produits importés sont plus stables que ceux des produits locaux. Le riz, les huiles végétales, le sucre et la farine de blé sont très stables pendant tout le premier trimestre 2015. Par contre, les prix des produits tels que l'huile végétale, le sucre, et la farine de blé fluctuent d’un marché à l’autre par rapport à mars 2014. Sur le marché de Port-au-Prince, les prix de l'huile végétale accusent une baisse d’environ 8 pour cent similaire à celui de Jacmel pendant cette même période. Sur le marché du Cap-Haitien par contre, ils ont augmenté de 8 pour cent par rapport à mars 2014. Pour sa part, le prix de la farine de blé a connu des hausses de 11, 6, et 12 pour cent respectivement sur les marchés de Port-au-Prince, Hinche et de Jérémie par rapport à mars 2014.

    Cette situation semble refléter les tendances des prix sur le marché mondial. En effet, l’Indice de la FAO des prix des produits alimentaires indique une légère tendance à la baisse pour les céréales, les huiles végétales et une chute particulièrement forte du prix du sucre. Des stocks déjà élevés et une bonne production en 2014 au niveau mondial ont entrainé une augmentation de l’offre alimentaire et une baisse des prix. Les hausses des prix de certains produits importés par rapport à mars 2014 peuvent être expliquées par la forte dépréciation de la gourde face au dollar américain, qui est passé d’environ 45 gourdes en mars 2014 à près de 48 gourdes en mars 2015.  

    Suppositions

    Suite aux constats ci-dessus, on est amené à émettre les hypothèses générales suivantes:

    • Un démarrage erratique des précipitations est prévu et surtout renforcé par des conditions d'El Nino dont la probabilité d’occurrence est de 80 pour cent pendant les mois d’avril, de mai et de juin. La manifestation de telles conditions induira des conséquences fâcheuses sur le développement des cultures du printemps avec des baisses de production agricole pouvant aller jusqu’à 50 pour cent.
    • La période cyclonique qui s’étend de juin à septembre s’annonce très peu active cette année avec la probabilité de l’occurrence de trois ouragans dont un majeur. La probabilité qu’un cyclone touche le pays au cours de cette saison se révèle plutôt faible. Toutefois, tenant compte du niveau de vulnérabilité des zones à risque, le passage d’un cyclone, aussi faible soit-il, provoque des pertes élevées même au niveau de vies humaines.
    • Baisse des superficies cultivées. Les périodes sèches récurrentes qui ont provoqué la baisse de la production agricole ces dernières années sont susceptibles d’entrainer une réduction des superficies habituellement cultivées par les agriculteurs. Le coût élevé des intrants agricoles tels que semences et fertilisants associé à un désengagement de plus en plus marqué des acteurs qui apportaient des intrants et d’autres formes d’accompagnement technique pourraient exacerber la baisse des superficies cultivées et par ricochet la production nationale.
    • Abondance de la cueillette à partir de juin. La période sèche en cours depuis décembre a favorisé la floraison des manguiers. Entre mai et juin on peut s’attendre à des récoltes abondantes qui seront à la fois sources de revenu et de nourriture pour les ménages y compris les très pauvres.
    • Arrêt de financement de certains projets gouvernementaux. La faible croissance de l’économie prévue pour 2015 (environ 2.50 pour cent), les dépenses élevées pour l’organisation des élections, l’incertitude politique entrainant de faibles investissements, des recettes publiques en-deçà des prévisions, font croire que de nombreux projets en cours qui génèrent des emplois à travers le pays risquent de discontinuer. Les projets sociaux comme le transfert direct de cash aux ménages pauvres qui se sont déjà arrêtés pourraient l’être pendant toute la période couverte par ce scénario.
    • Instabilité de la monnaie nationale. Vu les mesures prises par la BRH pour renforcer la gourde, il est fort probable que les dépréciations n’atteignent pas un niveau qui pourrait avoir des retombées négatives sur les prix des produits alimentaires importés.
    • Augmentation des prix des produits locaux. Après la baisse des prix des produits locaux tels les haricots et le maïs enregistrés jusqu’en décembre/janvier, ces derniers sont affichés à la hausse depuis février. Vu le faible niveau de l’offre des produits locaux, conséquence des pertes élevées de production en 2014, les prix de ces produits vont continuer à grimper jusqu’aux prochaines récoltes en mai pour les haricots et en juillet pour le maïs. Il est probable que ces augmentations atteignent des niveaux allant jusqu’à 10 pour cent en juin par rapport à mars.
    • Assistance humanitaire. Le monde humanitaire bien que beaucoup moins visible sur le terrain depuis plus de deux ans maintient sa présence dans certaines zones comme dans le Nord-ouest, le Plateau Central, La Gonâve et le Sud-est, mais les bénéficiaire restent très faibles, ne dépassant pas généralement 5000 ménages par département. L’exécution en cours du projet Development Food Assistance Program (DFAP) connu sous l’appellation de Kore Lavi et financé par l’USAID, à côté d’autres projets dans le Nord et le Nord-est contribueront à atténuer la dégradation des conditions de sécurité alimentaire des ménages pauvres dans les zones concernées sans pour autant influencer les phases de classification de l’insécurité alimentaire.
    • 2015 c'est l'année des élections générales à travers tout le pays. Ces événements provoquent des troubles qui perturbent la libre circulation des biens et des services. Il en résultera, toutes choses restant égales par ailleurs, un manque à gagner pour des ménages pauvres pour qui une journée sans besogne se traduit par une journée sans nourriture, particulièrement pendant la période de soudure (avril-juin) où le marché devient presque l’unique source de nourriture.
    Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

    Depuis mars, des pluies arrosent presque toute la péninsule du sud, une bonne partie du département de l’ouest, du bas Artibonite, du bas Plateau Central et du Nord. Les activités agricoles sont en cours dans ces zones et génèrent des emplois qui permettent aux ménages très pauvres de faire face à la période de soudure. Si beaucoup d’entre eux sont en Stress (Phase 2 IPC) et y resteront jusqu’en juin, il est probable que leur situation alimentaire s’améliore entre juillet et septembre.

    Les agriculteurs des autres zones abordent la saison agricole du printemps dans une atmosphère très peu rassurante. Le démarrage erratique des pluies et les faibles investissements des acteurs traditionnels sont préoccupants. Jusqu’à la mi-avril, les semailles n’ont pas pu commencer dans certaines zones dans le Nord-est, le Plateau Central, le Sud-est, le haut Artibonite et le haut Plateau Central. Cette situation est d’autant plus inquiétante que les pluies ont tendance à s’arrêter dès le début du mois de juin ces dernières années. Les travailleurs agricoles recrutés surtout parmi les ménages très pauvres n’ont pas beaucoup d’alternatives. La vente de main-d’œuvre agricole qui constitue plus de 50 pour cent des sources de revenus annuels des ménages très pauvres dans la plupart de ces zones du pays devrait s’approcher de son pic entre avril et mai. En outre, ces ménages affrontent depuis mars une période de soudure précoce qui les fait dépendre à près de 100 pour cent du marché comme source de nourriture. Plus d'un seront contraints de vendre du bétail, tandis que d’autres s’adonneront à l’abattage des arbres (en provoquant l’épuisement des ressources sols et eau) ou à la migration à la recherche d’un revenu. Ces démarches pourraient se révéler contre-productives en conduisant à une décapitalisation à court ou à moyen terme sans permettre à ces ménages de couvrir les 2100 kilocalories nécessaires à leur survie. La grande majorité de ces ménages très pauvres qui font plus de 40 pour cent des populations de ces zones sont maintenant en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC).

    La situation ne devrait pas s’améliorer dans les prochains mois dans les zones frappées encore par une longue période sèche, même si les précipitations créent des conditions nécessaires à la reprise des activités agricoles. Les très pauvres, décapitalisés, devront consacrer une portion de leur revenu à l’achat des intrants agricoles. Leur situation alimentaire pourrait même se détériorer particulièrement ceux vivant dans les zones semi-arides qui ont perdu leur production en 2014 dans le sud-est, le Nord-est, l’Artibonite, le Nord et le Nord-ouest. Il est probable qu’ils soient en Crise (Phase 3 de l’IPC) en mai et juin.

    Dès la mi-juin avec la cueillette qui commencera (mangues, fruits d’arbres véritables et autres fruits tels que grenadia), couplée aux récoltes en juillet, la production propre et la baisse des prix des produits alimentaires sur les marchés augmenteront l’accès aux aliments des très pauvres. Ils seront à nouveau en situation de Stress jusqu’en septembre 2015.

     

    Pour plus d'informations sur les perspectives des zones de préoccupation, veuillez, s'il vous plaît, cliquer en haut de la page pour télécharger le rapport complet.

     

    Figures Carte des résultats actuels de la sécurité alimentaire, avril 2015 Carte des résultats actuels de la sécurité alimentaire, avril 2015

    Source : FEWS NET

    Calendrier saisonnier pour une année typique Calendrier saisonnier pour une année typique

    Source : FEWS NET

    Figure 1. Normalized Difference Vegetation Index (NDVI) Anomaly, April 16-25, 2015 Figure 1. Normalized Difference Vegetation Index (NDVI) Anomaly, April 16-25, 2015

    Source : FEWS NET/USGS

    Figure 2. Trends in black bean prices on the Les Cayes, Jérémie, and Port-au-Prince markets, compared with the five-year average and 2014 (as of March 2015). Figure 2. Trends in black bean prices on the Les Cayes, Jérémie, and Port-au-Prince markets, compared with the five-year aver

    Source : FEWS NET

    Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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