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L’insécurité alimentaire aiguë s’étend de plus en plus à travers le pays. Un épuisement précoce des stocks alimentaires dû à la faiblesse des dernières récoltes, une plus grande dépendance des ménages pauvres du marché, et une réduction des opportunités d’emploi agricole sont à la base de cette situation. De nombreuses communes sont actuellement en Crise (Phase 3 IPC 2.0).
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La surface totale cultivée au cours de cette campagne sera significativement réduite. Car, outre le retard des pluies, les agriculteurs se trouvent confrontés à une rareté de semences dont les prix atteignent 20 à 30 pour cent la moyenne des cinq dernières années. Les plantations précoces effectuées en février dans certaines zones dans le sud-est se rabougrissent. Cette situation réduira sans doute le rendement des cultures.
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Les ménages pauvres du milieu rural étant à la fois producteurs et salariés agricoles sont les plus durement frappés par le démarrage tardif de la campagne. Leur situation devient d’autant plus précaire que les prix des produits alimentaires continuent de croître sur la plupart des marchés. Ils se voient contraints d’intensifier ou de recourir à des stratégies de survie irréversibles et les prêts usuraires qui ne leur permettent même pas de satisfaire leurs besoins alimentaires de base.
Situation actuelle
Toutes les zones du pays sont actuellement en période de soudure qui se prolongera jusqu’au mois de juin. Les récoltes des haricots et des cultures maraichères dans les zones irriguées n’ont pas eu beaucoup d’impact sur l’évolution de la sécurité alimentaire. La production était trop faible pour satisfaire à la fois les besoins en aliments et en semences nécessaires à la campagne agricole du printemps. Le pays continuera à subir les effets des mauvaises récoltes de l’année 2012 jusqu’à la fin de la présente campagne agricole en juillet. Toutefois, de la patate douce est en récolte dans la plaine du nord. La cueillette de riz dans la Vallée de l’Artibonite vient de commencer et se poursuivra pendant tout le mois d’avril. Mais, vu le faible volume qui sera disponible, cette production n’aura un impact qu’au niveau local.
Le démarrage de la saison pluvieuse s’est produit avec beaucoup de retard cette saison. Le mois de mars généralement très humide était marqué par un déficit hydrique assez prononcé. D’après les rapports basés sur les données de télédétection produits par NOAA, on accuse dans la plupart des zones du pays des déficits hydriques équivalant à une accumulation de 100 mm sur une période d’environ 30 jours. Le niveau des rivières et des lacs est anormalement faible particulièrement dans le Plateau Central où est construit le barrage hydro-électrique de Péligre qui alimente la zone métropolitaine de Port-au-Prince en électricité tout en fournissant l’eau d’irrigation aux rizières de l’Artibonite. Dans certaines communes, comme Thomassique dans le Plateau Central ou Roche-à-Bateau dans le sud, l’eau de boisson devient rare, suite au tarissement ou au faible niveau des sources.
Ce déficit hydrique se traduit par un retard dans les semis dans beaucoup de zones dans l’ouest, le bas Artibonite, la péninsule du sud, le nord-est et le nord du pays. Dans certaines communes dans les départements du sud-est et du sud où des semis précoces ont eu lieu en février à la faveur des premières chutes de pluies, les agriculteurs ont tout perdu suite à la sécheresse persistante des mois de mars et d’avril. Certains ont ressemé du maïs, mais estiment qu’il est trop tard pour les semailles des haricots. Dans de nombreuses localités dans la péninsule du sud, aucun semis n’a pu avoir lieu jusqu’en avril faute de pluie. Les cultivateurs de ces localités pensent qu’ils ont perdu la campagne agricole du printemps. La carte ci-contre montre l’impact de la sécheresse sur la végétation à travers le pays.
Par contre, dans d’autres zones comme Cap-Rouge (Jacmel) et Mare-Rouge (Mole-St Nicolas), des récoltes de haricots auront lieu dès le mois de mai, suite aux semis précoces et à la réception d’une bonne pluviométrie. Cependant, des pluies faibles à modérées sont reçues dans de nombreuses zones à la fin du mois d’avril, ce qui accélère les travaux de préparation de sol et le semis là où les retards s’étaient accumulés. Comme conséquence de ce retard, il est probable que les ménages pauvres du milieu rural voient la période de soudure se prolonger cette année jusqu’au mois de juin. Les récoltes débuteront un peu plus tard qu’habituellement. La production de la campagne agricole du printemps sera plus faible par rapport à une année typique. Ce qui entrainera une baisse de revenus et de disponibilité alimentaire au niveau des ménages pauvres dans les zones concernées.
Outre le manque de pluies, les agriculteurs ont eu à faire face également à la rareté et à la cherté des semences. Variant d’une zone à l’autre, les prix des semences de maïs et des haricots, les principales cultures du printemps, atteignent jusqu’à 70 pour cent leur niveau de mars 2012. Dans certaines zones comme la pointe occidentale du Nord-ouest, certaines communes du sud-est et du sud, des organisations non-gouvernementales ont organisé des distributions ou des foires aux semences au bénéfice des différentes catégories d’agriculteurs. Toutefois, ces interventions ne sont pas très significatives, ne couvrant environ qu’entre 5 à 20 pour cent des besoins.
Le Ministère de l’Agriculture et la FAO qui fournissent habituellement aux agriculteurs des zones défavorisées des quantités appréciables (plus de 5 kg) de semences n’en ont distribué qu’une quantité négligeable cette saison. En revanche, le Ministère continue à subventionner l’achat des engrais chimiques jusqu’à 50 pourcent de leur valeur marchande. Ce qui encouragera l’application de cet intrant dans les périmètres irrigués de la Plaine des Cayes, de Maribaroux, de St Raphael, de la Vallée de l’Artibonite et dans les montagnes humides à Forêt des Pins et Kenscoff. Ces zones sont également plus proches des grands marchés de consommation et permettent aux agriculteurs de tirer des bénéfices plus intéressants qu’ailleurs.
Sur le plan de l’accessibilité, les ménages pauvres font face à la cherté des produits alimentaires. Les denrées produites localement ont connu une tendance haussière depuis août 2012 suite à la faible production agricole résultant des aléas climatiques. Des produits comme le maïs moulu, les haricots, les bananes, les tubercules et les légumes ne cessent de s’apprécier. Les prix des produits importés sont stables sur certains marchés comme celui de Port-au-Prince et marquent même une tendance baissière dans le cas de la farine et du sucre. Sur d’autres marchés, comme ceux de Hinche et du Cap-Haitien, le riz a enclenché depuis mars une tendance haussière (Figure 5). En vue d’enrayer la hausse des prix du riz qui constitue jusqu’à 21 pour cent du panier de la ménagère dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, le Gouvernement consent à importer 15 000 tonnes métriques de riz à un prix compétitif. Le produit commandé n’a encore, toutefois, aucun impact sur les marchés; le volume introduit jusqu’à présent semble ne pas pouvoir influencer le prix.
De plus les activités de relance agricoles et la création d’activités génératrices de revenus annoncées par le Gouvernement tardent encore à se concrétiser. Parallèlement, on a remarqué un ralentissement des actions des ONG dans le pays, contrairement à la période suivant le séisme de janvier 2010 où un nombre assez élevé d’organisations humanitaires fournissaient des services de toutes sortes à la population. Cependant, dans certaines zones dans l’ouest, la péninsule du sud et le Plateau Central, des ménages reçoivent une assistance alimentaire telle que ration sèche, cantines scolaires, bons alimentaires ou emploi dans des travaux de traitement de ravines et curages de rivières. Le nombre de bénéficiaires de ces activités demeure minime par rapport aux besoins entrainant la mise en place ou l’intensification des stratégies de survie. C’est ainsi que d’après des témoignages obtenus des habitants des communes comme Thomassique et Cerca-Cavajal, de nombreux jeunes enfants ont abandonné l’école pour émigrer en République Dominicaine parce que les parents n’ont plus les moyens pour payer l’écolage. Dans d’autres cas ce sont les adultes, les apporteurs de ressources qui ont migré vers les pays de l’Amérique latine après avoir vendu leurs biens ou emprunté de l’argent à des taux usuraires. D’autres, par contre, ont vendu ce qu’il leur reste comme bétail pour acheter des semences et nourrir leur famille. Toutefois, on peut s’attendre à une légère amélioration de la situation dès la fin du mois de mai avec la récolte des noix de cajou, des mangues, et du tamarin dans certaines communes du haut Plateau Central.
Suppositions
Suite à ce constat, on est amené à émettre les hypothèses générales que voici :
- La production de la campagne de printemps sera 10 à 15 pour cent inférieure par rapport à une année typique;
- Le prix des denrées alimentaires produites localement continuera sinon à grimper du moins à se maintenir à un niveau supérieur à la normale;
- Une augmentation de l’importation des produits alimentaires comme le riz, le maïs, et la farine de blé aura lieu pendant toute la période de la perspective pour compenser les déficits de production;
- La gourde continuera à se déprécier par rapport au dollar américain résultant de la spéculation des acteurs économiques;
- plus que normal A l’approche des élections législatives et locales, d’éventuelles manifestations populaires pourront ralentir les activités économiques à travers le pays;
- L’aide directe à Haiti continuera à s’afficher à la baisse ralentissant ainsi la mise en chantier des programmes de relance de l’agriculture;
- La campagne de riz dans l’Artibonite et des haricots dans les montagnes humides entre juillet et octobre sera l’occasion pour les ménages pauvres de trouver des emplois dans les champs;
- Des inondations en mai, août et septembre dans l’ouest, le sud, l’Artibonite et le nord provoqueront une recrudescence de l’épidémie du cholera.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
Face aux prix de plus en élevés des produits alimentaires, les ménages pauvres voient leur pouvoir d’achat s’éroder. En outre, les opportunités d’emploi dans les champs ont diminué conduisant à des pertes de revenu. Beaucoup de ménages pauvres ont dû vendre tout leur bétail pour se nourrir ou pour acheter des semences et dans certains cas retirer leurs enfants de l’école pour défaut de paiement des frais scolaires. De nombreux ménages dans le nord, l’Artibonite, le Nord-Ouest, le sud, le sud-est et le Plateau Central, ses niveaux d’insécurité alimentaire aigüe sont actuellement en Crise (Phase 3, IPC 2.0). Cette situation pourrait se maintenir jusqu’en juin. Cependant, une amélioration devrait avoir lieu à la faveur des récoltes de la campagne agricole du printemps en juillet pour se maintenir jusqu´à la fin des perspectives en septembre. Ces ménages passeront en situation de Stress (Phase 2, IPC 2.0).
Outre les facteurs susmentionnés, la saison cyclonique qui débute le 1er juin pourrait avoir de sérieux impacts sur la sécurité alimentaire en Haïti. En effet, compte tenu du niveau de dégradation accélérée de l’environnement, une forte averse suffit pour endommager les cultures et détruire les infrastructures agricoles. La saison qui s’en vient s’annonce plus active en comparaison à la moyenne des cyclones nommés pendant la période 1981-2010. Cette moyenne est de 12 cyclones nommés contre 18 en 2013 dans le bassin de l’Atlantique d’après les prévisions d’avril 2013 de l’Université de Colorado. Les deux ouragans Isaac et Sandy qui ont frappé le pays en 2012 ont causé des pertes agricoles qui ont entrainé des zones entières en insécurité alimentaire dans la péninsule du sud.
Zone sèche d’agriculture et de pêche : Anse-à-Pitres, Belle-Anse, Grand-Gosier Côtes de Fer, et Marigot
Situation actuelle
Jusqu’au 15 avril, les pluies étaient très faibles atteignant à peine le quart de la quantité reçue en 2012 au cours de la même période. En février 2012, la moyenne des pluies reçues était de 60 mm contre une moyenne de 15 en février 2013 dans le sud-est. Près de 40 pour cent des agriculteurs dans cette zone ont ensemencé leurs champs après les premières pluies de février. Les semis de maïs et de haricots effectués dans le sud-est souffrent de carence hydrique. Ce qui ralentit leur croissance. La rareté de semences à laquelle font face les agriculteurs causera une réduction de la surface plantée au cours de cette saison en comparaison à une année typique.
La récolte des haricots en mars montre que la production est sensiblement inférieure à celle de 2012, considérée comme normale. Cependant, dans les aires irriguées des Côtes de Fer, la production est meilleure à celle de mars 2012.
Bien que des récoltes ont eu lieu entre janvier et février, le prix des haricots a subi une hausse de 22 pour cent entre janvier et avril 2013 et de 40 pour cent pour la même période en 2012. Tous les produits locaux sont à la hausse à l’exception du sorgho dont le prix a enregistré une baisse de 5 pour cent. Le maïs, par exemple, s’est apprécié d’environ 11 pour cent entre janvier et février. Les produits importés continuent à être stables avec une légère tendance à la baisse.
Dans les communes du Sud-est, le Ministère de l’Agriculture et ses partenaires mettent en œuvre des activités de Cash For Work qui génèrent des emplois au profit des pauvres. Des ONG et des agences internationales apportent également une assistance alimentaire aux personnes démunies des communes d’Anse-à-Pitre, Thiotte, et des Côtes de Fer. Des élèves de plus de 50 pour cent des écoles bénéficient d’un plat chaud pendant les jours ouvrables.
On observe une augmentation du nombre de têtes de bétail dans les marchés et une baisse du prix moyen par rapport à 2012 à la même période. L’épuisement des stocks alimentaires, les besoins en semences poussent de nombreux ménages à vendre leurs animaux pour se procurer du cash nécessaire à l’acquisition de ces produits.
Le sorgho, les bananes, les tubercules et les racines constituent en temps normal la base de l’alimentation des ménages pauvres en cette période de l’année. Le marché dont dépendent habituellement les pauvres à plus de 90% en avril représente maintenant près de 100% de leur source de nourriture, conséquence des pertes des récoltes et de l’épuisement des réserves alimentaires. Vu la cherté des produits alimentaires et des intrants agricoles nécessaires à la conduite de la campagne du printemps amorcée depuis février, il devient de plus en plus difficile aux ménages pauvres de satisfaire leurs besoins alimentaires. La satisfaction de ces besoins est d’autant plus difficile que la principale source de revenus, la main-d’œuvre agricole est à la baisse. Les mieux lotis, décapitalisés sous l’effet des derniers chocs, peinent à entamer la campagne du printemps. Face à cet état de fait, les ménages pauvres ont recours à d’autres aliments, beaucoup moins chers, comme la brisure de riz, ou de qualité inférieure. , De manière générale ils réduisent la quantité ingérée par rapport à une année normale.
Suppositions
- Les marchés continueront à être alimentés en produits alimentaires importés, ce qui entrainera une stabilité des prix de ces produits;
- La récolte du maïs, de la patate et de l’arachide aura lieu en juin et juillet. La disponibilité alimentaire sera sensiblement en-dessous de son niveau habituel mais elle permettra quand même aux ménages pauvres d’améliorer leur accès;
- Les mangues arriveront à maturité en mai et juin. Une bonne récolte est en vue. De nombreux ménages pauvres en profiteront pour améliorer leur revenu en se convertissant en vendeur de mangues;
- Le petit commerce, la main-d’œuvre agricole constituent la principale source de revenu particulièrement entre avril et juin et en aout;
- Les ménages pauvres intensifieront la vente du bétail et la coupe des arbres pour la fabrication du charbon de bois en septembre à la veille de la rentrée scolaire;
- Selon les prévisions pluviométriques effectuées par IRI les pluies seront entre normale ou en dessous de la normale jusqu’au mois de Juin. On a reçu à date des précipitations faibles à modérées. En cas de déficit de pluies, on peut s’attendre à une réduction relative de la production de la campagne du printemps qui représente 60 pour cent de la production annuelle;
- Les surfaces emblavées seront inférieures à la normale à cause de la rareté en semences/grains;
- Des excès de pluie en mai et en septembre sont susceptibles d’affecter la production des haricots tout en coupant les routes à Belle-Anse, Côtes-de-Fer et Marigot;
- Une recrudescence de l’épidémie du choléra dans la zone en mai, en août et en septembre à cause de fortes averses peut réduire le potentiel productif des apporteurs de ressources particulièrement chez les pauvres;
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
Les ménages pauvres se trouvent actuellement dans une situation très difficile. La vente de leur force de travail qui constitue la principale source de revenu en cette période n’a pas pu être pleinement valorisée. La saison pluvieuse commence timidement et les agriculteurs tendent à ensemencer moins de terres à cause de la rareté et de la cherté des semences. Les pauvres s’engagent pour la plupart dans des stratégies de survie irréversible. Ils ont dû vendre du bétail ou couper des arbres pour fabriquer du charbon de bois. De plus, le prix élevé des aliments et la baisse de leur revenu ont réduit de façon significative leur pouvoir d’achat. Ils souffriront de déficit alimentaire élevé entre avril et juin, période pendant laquelle ils dépendront presqu’entièrement du marché comme source de nourriture. Ils seront par conséquent en Crise (Phase 3 IPC 2.0). Leur situation alimentaire s’améliorera à partir de juin avec les récoltes des cultures du printemps jusqu’à la fin de la période du scénario.
Zone Sèche agropastorale semi-humide (Tiburon, Les Irois, Anse-d’Hailnaut, Dame-Marie)
Situation actuelle
Dans la Grande Anse, les récoltes d’igname sont en cours mais le niveau de la production est en dessous de la normale et ne peuvent pas compenser le déficit des céréales. Les ménages pauvres s’approvisionnent surtout au marché, leurs réserves de céréales s’étant complètement épuisées. Par contre, la récolte du haricot noir a démarré au niveau de Les Anglais en avril, mais à un niveau sensiblement inférieur par rapport à une année normale.
Les précipitations moyennes accumulées durant les trois derniers mois varient entre 120 et 150 mm, ce qui a favorisé le démarrage, mais timide des activités de préparation des sols et de semis dans les communes ci-dessus mentionnées. Cependant, les précipitations reçues sont trop faibles pour permettre l’humidification nécessaire aux activités de semis à grande échelle, d’où un retard du début de la campagne agricole de façon générale. De plus, la rareté des semences risque de diminuer les superficies habituellement emblavées.
Toutefois, la présence dans la zone d’organisations humanitaires permet à de nombreux ménages de bénéficier de rations alimentaires, de cantines scolaires ou d’activités à haute intensité de main-d’œuvre. La reprise des activités agricoles offre des opportunités d’emplois, mais la demande de main d’œuvre reste en dessous de la moyenne du fait que les demandeurs de main-d’œuvre sont décapitalisés.
Les marchés sont bien approvisionnés en produits importés mais ils restent très inaccessibles car les prix sont généralement très élevés. Les produits locaux sont très rares et aussi se vendent à des prix très forts. Le maïs et le haricot noir se vendent actuellement entre 20 et 25 pour cent plus cher par rapport au premier trimestre de l’année 2012.
Des stratégies de survie comme la fabrication du charbon de bois et la vente du bétail sont employées par les ménages pauvres, mais en quantité dépassant la normale.
La rareté des produits locaux tels que la patate douce, les igname, le sorgho, le petit mil, le pois congo, la banane et l’arbre véritable, habituellement disponibles et accessibles à pareille époque et la cherté des produits disponibles poussent les ménages pauvres à surtout modifier leur habitude alimentaire en consommant du riz et de la farine de blé. Parallèlement, le manque de moyens financiers, dû à la reprise partielle des activités agricoles, empêche aux ménages pauvres de s’en approvisionner en quantité suffisante pour satisfaire leurs besoins alimentaires et nutritionnels.
En conséquence pour compenser ce manque de revenus, les ménages pauvres sont contraints à intensifier la vente de leurs menus bétails et abattre des arbres dont les manguiers pour en faire du charbon. L’achat à crédit ou la recherche d’un emploi dans des activités de Cash For Work constituent également des atouts pour un nombre appréciable de ménages.
Suppositions
- Les marchés seront bien pourvus en produits alimentaires importés pendant toute la période des perspectives et à partir de juillet ils seront bien achalandés en produits locaux résultant des récoltes de la campagne du printemps;
- Dès le mois de juin des récoltes de bananes, de fruits d’arbres véritables et de légumes seront effectuées à travers toute la Grand ‘Anse augmentant la disponibilité des produits alimentaires;
- Selon les prévisions pluviométriques faites par IRI, les précipitations seront normales ou en dessous de la normale jusqu’au mois de Juin. En cas de déficit de pluies on peut s’attendre à une réduction relative des productions de la campagne du printemps qui représente 60 pourcent de la production annuelle;
- Les surfaces emblavées seront inférieures à la normale à cause de la rareté en semences/graines. Une telle situation aura des impacts sur la demande de la main-d’œuvre agricole dont dépendent dans une grande proportion les ménages pauvres pour leur source de revenu;
- L’ouverture des classes en septembre réduira la disponibilité financière des ménages pauvres.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire
Durant la période d’avril à juin et particulièrement pendant les deux premiers mois de la période, les ménages pauvres éprouveront des difficultés pour satisfaire leurs besoins alimentaires. La période de soudure a commencé un mois plus tôt cette année ce qui a accru davantage leur dépendance du marché. Cependant, les produits ont affiché des prix beaucoup plus élevés qu’en une année normale alors que les activités génératrices de revenus ont diminué. Ils seront contraints à diminuer leur consommation alimentaire ou à acheter de produits substitutifs de qualité nutritive inférieure.
En guise de stratégie de survie, les ménages pauvres intensifient la coupe des arbres pour la fabrication du charbon. D’autres achètent à crédit ou font des prêts à des taux usuraires. Ces stratégies conduiront à un épuisement des ressources naturelles. Ils chercheront également à obtenir des emplois dans des activités de Cash for Work ou l’aide alimentaire. En dépit de ces stratégies, les ménages pauvres auront un déficit alimentaire significatif qui les maintiendra en Crise à la phase 3 selon l’échelle IPC 2.0 en avril et mai. Il faudra toutefois s’attendre à une amélioration de leur situation alimentaire qui passera de la Crise au Stress dès le mois de juin jusqu’à la fin des perspectives à la faveur des récoltes de fruits d’arbres véritables, des haricots, des bananes, des légumes et du maïs.
Zone | Evénement | Impact sur les conditions de la sécurité alimentaire |
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Haiti | Passage d’un ouragan | Destruction des plantations, des infrastructures, perturbant la circulation des biens et des services au sein des communautés. Une telle situation compromettra la capacité des ménages pauvres à s’assurer de façon stable d’une source de revenu et de nourriture. |
Haiti | Augmentation du coût du carburant et l’appréciation du dollar américain | Ce qui entrainerait une augmentation des couts du transport et une éventuelle hausse des prix des produits alimentaires. |
Artibonite | Disponibilité en eau d’irrigation et en intrants agricoles | Une bonne production de riz serait possible et contribuerait à une baisse du prix du riz local. |
Plateau Central | Bonne réception et distribution de pluies
| De bonnes récoltes et un dégagement de surplus permettant de reconstituer les actifs perdus au cours des derniers mois. |
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET
Source : USGS
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.