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Les diminutions de récoltes et les perturbations des moyens d’existence dues au passage de l’ouragan Irma et aux récentes averses maintiennent une bonne partie de la zone HT02 (Nord et Nord-Est) en phase 3, les autres régions étant en stress ou en situation minimale jusqu’en mai 2018, avec des zones spécifiques de la côte Sud en phase de crise durant la période de soudure.
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Dans le Nord-Est, les averses d’octobre et de novembre ont affecté les rendements du haricot et du riz en phase de récolte, surtout dans les plaines. Les dernières pluies favorisent les préparatifs pour la saison d'hiver, mais les agriculteurs font face à des difficultés d’approvisionnement en semences et en intrants. Dans la plaine de Maribaroux, la préparation des sols est retardée, en raison d’un excès d’eau dans le sol.
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Les précipitations de novembre favorisent néanmoins les cultures comme la banane, le pois Congo, les racines et tubercules, même au niveau de la côte Sud qui a fait face à des épisodes de sécheresse en septembre-octobre. Ces cultures ont produit des récoltes supérieures ou égales à la moyenne, particulièrement dans la Grande-Anse.
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Les prix nominaux des produits alimentaires locaux (le maïs et le haricot noir), et des produits importés (le riz), sont en hausse. Ce dernier affiche une croissance moyenne de 11 pourcent, entre septembre et octobre. La tendance est maintenue en novembre mais de manière moins prononcée.
Les conditions météorologiques : les précipitations se sont avérées très favorables, d'octobre à novembre, avec des pluies normales ou supérieures à la normale. Même le Sud, particulièrement au niveau des plaines côtières en proie à une grande sécheresse de juillet à octobre, a reçu des averses régulières en novembre. Cependant, les analyses à long terme des déficits hydriques suggèrent que l’ile de la Gonâve et les départements de l’Ouest et des Nippes ont reçu seulement 50 à 80 pourcent des pluies moyennes.
La situation agricole : Selon une mission conjointe conduite par FEWS NET, le PAM, la CNSA et la FAO, les cultures de printemps dans le Nord-Est, qui devaient arriver à maturité en septembre, ont été perturbées par les précipitations produites par les ouragans Irma et Maria et par des insectes ravageurs, générant ainsi des récoltes en dessous de la normale.
Certaines cultures auparavant en stress hydrique, dont le maïs, ont finalement développé de bonnes récoltes issues de la campagne d'été/automne, semées en août ou septembre. Dans le Plateau Central, cette saison a coïncidé avec les récoltes de haricot, d'arachide et de pois Congo. Si les plantations de haricot ont été perdues en raison d'un excès d'humidité entrainant le pourrissement des racines, les récoltes d'arachide et de pois Congo ont été bonnes. Dans le Nord-Est, les agriculteurs ont pu lancer la campagne d'été/automne, notamment à Fort-Liberté, mais cette campagne a été affectée par les pluies entre septembre et novembre et les récoltes de maïs, de riz, de pois inconnu, d’arachide ont été faibles, à l’exception de quelques localités au sud du département. Ainsi, la campagne d'automne n'a pas eu lieu dans certaines régions, en raison d'une part, du manque de moyens et de l’indisponibilité des intrants et, d'autre part, de la saturation du sol résultant des fortes pluies et de l’obstruction des canaux d'irrigation par les alluvions.
En raison du niveau d'humidité du sol dans le Nord-Est, les agriculteurs n'ont pas pu établir de nouvelles plantations et les préparatifs pour la saison d’hiver n'ont toujours pas commencé. Présentement, des plantations de riz sont réhabilitées, contrairement à la situation observée à Ouanaminthe et à Ferrier (Nord-Est). Toutefois, elles sont menacées par la présence de certains ravageurs, en particulier des punaises. Malgré des conditions pluviométriques favorables dans d’autres zones, la disponibilité et l'accès aux semences représentent des contraintes à la pleine réussite de la campagne d’hiver.
Disponibilité alimentaire : Les cultures dont la banane, le pois Congo, les racines et les tubercules ont produit des récoltes supérieures ou égales à la moyenne, particulièrement dans la Grande-Anse, malgré les épisodes de sécheresse de septembre-octobre, ce qui a augmenté leur disponibilité sur les marchés régionaux. Dans le Plateau Central, contrairement aux haricots dont les récoltes ont été faibles à cause d’un excès d’humidité, celles de pois Congo et d’arachide approvisionnent présentement non seulement le marché régional (Hinche), mais aussi les marchés secondaires du département et de manière significative celui de la Croix-des-Bossales à Port-au-Prince. En revanche, certains marchés, (Fond des Nègres et Port-de-Paix) ont été perturbés par les pluies intenses du mois de novembre, ce qui a entrainé des délais d’approvisionnement. De plus, sur les marchés des Cayes et des Gonaïves, un accroissement de la demande de haricot a été observé au cours de cette période en raison des semis d'hiver. Par ailleurs, les marchés continuent d’être approvisionnés en produits importés.
Main d’œuvre agricole : Les préparatifs des semis d'hiver vont globalement bon train, même dans le Nord-Est (surtout dans les zones montagneuses : Mont-Organisé, Carice, Sainte Suzanne, etc.). Ces activités sont une source d’emploi importante pour les ménages pauvres qui peuvent vendre des journées de travail, dans des activités de préparation du sol et de semis. Cette source de revenu leur permettrait de se procurer des semences et d’autres intrants en préparation de la campagne de printemps 2018. Cependant, le ralentissement des travaux de préparation du sol dans certaines zones et les pertes de récoltes dans d’autres ont occasionné une diminution des revenus pour les travailleurs agricoles. Cette situation génère un exode massif de ces travailleurs vers la République Dominicaine.
Les prix des produits alimentaires : Entre octobre et en novembre, les prix des produits alimentaires, en particulier le riz importé, maintiennent leur tendance à la hausse initiée depuis le mois de septembre (11 pourcent en moyenne), tandis que celui du maïs local s'est modérément contracté. Le prix moyen du haricot noir est passé de 116,8 gourdes/kilo à près de 120 gourdes, affichant une croissance de 2,5 pourcent par rapport au mois précédent. L'augmentation du prix du haricot a été observée sur sept des dix marchés, dont celui de Hinche (8.3 pourcent), alors que le prix était relativement stable sur les marchés de Jacmel et de Ouanaminthe et a baissé de plus de 2 pourcent sur celui du Cap Haïtien.
Le développement de la situation reflétant en majeure partie les suppositions émises dans les perspectives d’octobre 2017 à mai 2018, les mêmes hypothèses peuvent être maintenues pour cette mise à jour. Cependant, le prix du riz importé a augmenté de manière substantielle et si cette tendance est maintenue, l’accès alimentaire de certains groupes de la population pourrait se détériorer. Il en est de même pour le prix du haricot dont la consommation augmente généralement au cours de la période des fêtes de fin d’année.
Une diminution partielle de l'offre alimentaire pourrait maintenir les prix de certains produits locaux à la hausse, ceci jusqu'aux prochaines récoltes des semis d'hiver en février. En ce qui concerne les produits importés, notamment le riz, la tendance à la hausse observée depuis environ trois mois pourrait se poursuivre mais a néanmoins tendance à se stabiliser. L’accès aux aliments pourrait devenir difficile pour certains ménages, en raison des débours liés aux semis de printemps et la subséquente période de soudure, ce jusqu'au mois de juin 2018. Cependant, une demande élevée de main d’œuvre est probable avec cette campagne, ce qui permettrait aux travailleurs agricoles d’augmenter leurs revenus. La majeure partie du pays devrait être en phase minimale d’insécurité alimentaire (phase 1 de l’IPC) avec des poches en stress (phase 2 de l’IPC). Cependant, les diminutions de récoltes et les perturbations des moyens d’existence dues à l’ouragan Irma et aux récentes averses portent à maintenir certaines régions de la zone HT02 (Nord, Nord-Est) en phase 3 ainsi que des zones spécifiques de la côte Sud, une configuration qui pourrait demeurer jusqu’en mai 2018.
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.