Malgré les récoltes attendues en juin, l’insécurité alimentaire persistera en raison de la hausse des prix des produits de base

En dépit des pluies inférieures à la moyenne observées à partir d’avril, le niveau de développement des cultures restent globalement normale, ceci particulièrement dans la presqu’île du Sud, où la campagne s’est démarrée un peu tôt. Quelques récoltes de maïs et de haricot y sont même déjà recensées, outre les activités de cueillette (arbre véritable, racines et tubercules, banane et surtout de la mangue). Parallèlement, le Nord et le Nord-est tentent de se remettre des effets néfastes des inondations d’avril.

Malgré un répit, ces deux dernières semaines, le climat sociopolitique et sécuritaire reste instable, alors que le président avance dans son agenda politique (référendum, élections), contesté par la population. Des manifestations prévues pour le mois de juin pourrait avoir des conséquences néfastes sur les activités informelles, l’approvisionnement des marchés de Port-au-Prince, et surtout le revenu des ménages urbains pauvres et très pauvres.

Bien qu’en dessous du niveau de mai 2020 (107.3 gourdes pour un dollar américain au 20 mai 2020), le taux de change officiel est de 88.85 gourdes pour un dollar américain au 20 mai 2021. Les prix des produits alimentaires importés, fortement corrélés au taux de change du marché informel, qui avoisine les 115 gourdes, maintiennent leur tendance à la hausse. Ainsi, en pleine période de soudure, les ménages pauvres et très pauvres continueront d'adopter des stratégies de crise (consommation des récoltes précoces ou des semences, vente de bois, réduction de la qualité des repas, etc.) et de stress (achats à crédit, vente de bétail, etc.) pour maintenir leur consommation alimentaire actuelle. Une insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l'IPC) et de Stress (Phase 2 de l'IPC) s’observe donc dans le pays.