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- L’insécurité alimentaire aiguë continue de se détériorer dans le pays, en particulier dans les quartiers marginalisés de la Zone Métropolitaine de Port-au-Prince (ZMPP), dans les départements de l’Ouest, du Nord-Ouest, et de la Grand’Anse. Les ménages pauvres de ces zones et les personnes déplacés internes (PDIs) dans la capitale sont les plus touchés. Les PDIs ont perdu leurs biens essentiels de subsistance et sont confrontés à des risques physiques et financiers croissants pour entretenir leurs activités génératrices de revenus et accéder à la nourriture, en raison des extorsions des gangs et de prix élevés de produits alimentaires de base. Entre août 2025 et janvier 2026, l’insécurité alimentaire pourrait se détériorer davantage en absence d’actions concrètes visant à stabiliser le pays et surtout à rétablir l’autorité de l’état dans la capitale haïtienne, sous l’emprise des gangs armés.
- La violence alimentée par les gangs s'est poursuivie dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et les départements de l'Artibonite et du Centre, perturbant les moyens de subsistance, les marchés et le commerce, et provoquant des déplacements de population. Bien que depuis mai 2025, l’intensité de la violence à Port-au-Prince ait légèrement diminué, probablement due en partie à l'utilisation de systèmes aériens sans pilote (UAS), dits des drones, et au soutien fourni par des entreprises de sécurité privées, les gangs contrôlent toujours environ 90 pour cent de la capitale. En effet, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), 2 680 personnes ont été tuées entre le 1er janvier et le 30 mai 2025, 957 blessées, et 316 enlevées. Comparé aux moyennes mensuelles de 2024, cela représente une augmentation de 15 pour cent des décès, de 4 pour cent des blessures et une diminution de 49 pour cent des enlèvements. Les homicides et les attaques contre les civils et les forces de sécurité devraient se poursuivre aux niveaux actuels à très court terme, puis augmenter à nouveau au moins jusqu’en février 2026.
- Le nombre total de déplacés internes, dû à la violence des gangs armés, suivant les dernières estimations, est d’environ 1,3 million de personnes. La zone métropolitaine de Port-au-Prince demeure l’épicentre de la violence, où la plupart des PDIs habitent dans des sites de fortune, exposés à des conditions de vie alarmantes telles manque de nourriture, d’opportunités de revenus, épuisement des moyens d’existence, entre autres. Parallèlement, les déportations massives d’Haïtiens ont atteint près de 168 700 personnes de janvier au 17 août 2025, dont plus de 98 pour cent proviennent de la République Dominicaine. Ces migrants déportés sont susceptibles d’accentuer la pression sur les communautés locales, lesquelles sont de plus en plus confrontées au défi des moyens de subsistance limités.
- Les récoltes de printemps, entamées depuis juillet, sont estimées en-dessous de la moyenne, malgré des précipitations supérieures ou égales à la normale entre mars et juin, en raison de la diminution des surfaces emblavées causée par l’insécurité et les difficultés d’accès aux engrais et semences. En outre, les activités de préparation de sols et de semis pour les cultures d’automne sont en cours, notamment au niveau des montagnes humides, semi-humides et dans les périmètres irrigués. Cependant, des précipitations inférieures à la moyenne affecteraient ces cultures (maïs et haricot) et probablement le lancement de la campagne agricole d’hiver, car des conditions sèches sont prévues jusqu'en novembre 2025, outre des températures supérieures à la moyenne, susceptibles d’affecter le développement normal des cultures. Les prévisions climatiques pour la saison d’automne laissent présager encore des récoltes en-dessous de la moyenne. En effet, selon les estimations annuelles préliminaires de FEWS NET pour l’année de commercialisation 2025-2026, les productions globales de céréales, en particulier le maïs, le riz et le sorgho, devraient encore chuter par rapport à l’année précédente, se situant en-dessous de leurs moyennes quinquennales dans des proportions respectives de 35, 15 et 13 pour cent. Le maïs, l’une des principales cultures de la saison printanière, accuserait des pertes dans toutes les régions du pays.
- L’approvisionnement des marchés ruraux et urbains des zones comme le Sud, le Nord-Est, les Nippes, la Grand’Anse et l’Ouest est estimé proche de la moyenne, grâce aux récoltes de printemps. Cependant, les marchés dans les zones affectées par la violence des gangs, notamment le ZMPP, l’Ouest, l’Artibonite et le Centre, demeurent perturbés. Bien que légèrement inférieurs par rapport à l’année dernière, les prix des denrées alimentaires de base, en particulier le riz importé, le haricot et le maïs locaux, restent très élevés par rapport à la moyenne quinquennale, sous l’effet combiné de l’insécurité, de la rareté relative des produits locaux et du niveau de la dépréciation de la gourde, qui s’échange au prix de 131,75 gourdes pour un dollar américain. En outre, l’inflation des produits alimentaires s’est maintenue à un niveau supérieur à 31 pour cent en glissement annuel au premier semestre 2025, dépassant l’inflation globale qui oscille entre 20 et 30 pour cent. En outre, à cause de la paralysie des activités informelles, les revenus des ménages urbains pauvres et très pauvres sont significativement en-dessous de la moyenne. Il en résulte une réduction du pouvoir d’achat de ces ménages, dont le marché demeure la principale source de nourriture, compromettant donc leur accès économique à la nourriture. Les zones les plus touchées sont celles paralysées par les violences, comme la ZMPP (Croix-des-Bouquets, Carrefour, Matissant, Centre-Ville de Port-au-Prince, Delmas) et les communes rurales dont les circuits de commercialisation sont sous contrôle des gangs armés.
- Entre août et janvier 2026, une détérioration de la sécurité alimentaire est encore anticipée. En effet, il est probable que les gangs continueront de tenter d'étendre leur contrôle sur de plus grandes parties des départements du Centre et de l'Artibonite, provoquant ainsi la persistance des violences et de nouveaux déplacements. Ainsi, les contraintes d'accès anticipées sur les axes nord, ouest et sud de la capitale devraient persister d’ici à janvier 2026, voire au-delà. Cela risque d'entraver les flux commerciaux entre la capitale et les départements du Sud, du Nord et du Plateau central, entraînant d'importantes perturbations. En outre, l’intensification de la violence des gangs continue d’avoir des répercussions sur les activités génératrices de revenus formelles et informelles, sur l’approvisionnement en nourriture et le fonctionnement des marchés. L’insécurité alimentaire serait plus prononcée pour les personnes déplacées internes vivant dans les sites d’accueil dans la ZMPP, les ménages très pauvres du Nord-Ouest et de la Grand’Anse, qui constituent les groupes de populations les plus préoccupants.
Citation recommandée: FEWS NET. Haïti Mise à jour des messages clés Août 2025: Les personnes déplacées internes de Port-au-Prince sont les plus affectées par l’insécurité alimentaire aiguë, 2025.
Cette mise à jour des des messages clés présente une analyse succincte des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.