La recrudescence de l’insécurité réduit l’impact des récoltes de printemps sur la consommation alimentaire des plus pauvres

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Les résultats généralisés de Crise (Phase 3 de l’IPC) persistent en raison de la détérioration continue de la situation sécuritaire en Haïti, où les activités des gangs armés perturbent gravement les moyens d’existence des ménages et l’approvisionnement des marchés. Cette insécurité persistante entraîne des difficultés majeures pour les agriculteurs, dont les revenus sont inférieurs à la normale, ce qui limite leur capacité à consommer des aliments de base. La situation est particulièrement préoccupante dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite, où la violence et les déplacements internes sont les plus concentrés. Cité Soleil est actuellement confrontée à une insécurité alimentaire aiguë d’Urgence (Phase 4 de l’IPC), tandis que Croix-des-Bouquets et des communes dans le bas Nord-Ouest (Bombardopolis, Baie de Henne, Mole Saint Nicolas) se trouvent en Crise (Phase 3 de l’IPC), avec des poches de ménages en Phase 4. Ces conditions résultent de la violence et des déplacements massifs qui ont perturbé les moyens de subsistance et les chaînes d'approvisionnement alimentaire dans ces régions.
La situation sécuritaire s’est considérablement détériorée en juillet. Selon ACLED, le nombre d’événements violents (batailles, explosions, violences contre les civils) a plus que doublé entre juin et juillet 2024 à l’échelle nationale, et a presque triplé dans le département de l’Ouest, où plus de 75 pour cent des incidents ont été enregistrés. En outre, tout au long du mois d’août, sur la route nationale numéro 2, où environ 12 postes de péage ont été installés par les gangs armés, les affrontements entre ces derniers et les forces de l’ordre perturbent le transport public sur ce tronçon, particulièrement les flux de produits locaux en provenance du Grand Sud vers la capitale et vice versa dans le cas des produits importés. Par ailleurs, les décès liés à cette violence ont également suivi une tendance alarmante, augmentant de 45 pour cent en glissement annuel et de plus de 90 pour cent en glissement mensuel, passant de 80 en juillet 2023 à 60 en juin 2024, puis à 116 en juillet 2024. La situation dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite demeure particulièrement critique, avec plus de 90 pour cent des événements violents et des décès recensés dans ces zones. La Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité est en cours de déploiement, mais son efficacité n’est pas encore visible. Les gangs suivent de près son évolution et sont prêts à exploiter ses faiblesses potentielles, ce qui fait craindre une escalade future.
L’insécurité a également entraîné une augmentation du nombre de personnes déplacées internes (PDI). L'occupation progressive des territoires par les gangs et l’intensification de la violence dans certaines zones ont forcé des milliers de personnes à quitter leur domicile au cours du mois de juillet. Selon l’OIM, 5 951 personnes, représentant 1 551 ménages, ont été déplacées à la mi-juillet (ce sont les données disponibles les plus récentes), à la suite d’attaques dans la commune de Ganthier dans le département Ouest. Les déplacés ont trouvé refuge chez des proches ou en familles d’accueil dans la même commune. Ce déplacement massif ajoute une pression considérable sur les ressources limitées des ménages hôtes, exacerbant ainsi les vulnérabilités existantes.
Parallèlement, les récoltes de printemps n'ont pas permis d’améliorer de manière significative la consommation alimentaire des ménages. En dépit d’une légère amélioration de la disponibilité des produits alimentaires locaux, la production agricole reste inférieure à la moyenne saisonnière en raison de divers facteurs, dont l’érraticité des précipitations, la rareté des semences, la diminution des terres cultivées et les coûts élevés de la main-d'œuvre, exacerbés par l'insécurité généralisée. Cette amélioration marginale de la disponibilité alimentaire provenant des récoltes de printemps de maïs et de haricots, n'a pas été en mesure d’influencer les prix élevés des produits de base à la baisse et la diminution des sources de revenus pour les ménages pauvres, ainsi que la pression continue exercée par les personnes déplacées sur les ressources des ménages d'accueil.
Le marché des denrées alimentaires a par ailleurs montré des variations de prix dispersées d’un marché à l’autre, entre juin et juillet 2024. Le prix du riz importé (4 % brisure) est resté stable dans certains marchés tels que Cap-Haïtien, Gonaïves, Hinche, et Ouanaminthe, tandis que d'autres marchés ont enregistré des baisses significatives, notamment à Port-de-Paix (-20 %), Jacmel (-12 %), et Les Cayes (-9,4 %). En moyenne, le prix du riz a baissé d'environ 5 pour cent en glissement mensuel, mais il a augmenté de 15 pour cent en glissement annuel et de 68 pour cent par rapport à la moyenne triennale. En revanche, le maïs a enregistré une baisse de 7 pour cent en glissement mensuel et de 15 pour cent en glissement annuel, bien que son prix demeure 57,6 pour cent plus élevé que la moyenne quinquennale. Ces fluctuations révèlent une baisse saisonnière et à court terme des prix, mais des augmentations significatives sur le long terme, soulignant une pression continue sur les marchés agricoles en raison de l'insécurité, des perturbations logistiques, et des impacts climatiques. Ces éléments soulignent la complexité de la situation actuelle en Haïti, où les améliorations temporaires sont rapidement annulées par les crises profondes et persistantes.

Citation recommandée: FEWS NET. Haïti Mise à jour des messages clés Août 2024: La recrudescence de l’insécurité réduit l’impact des récoltes de printemps sur la consommation alimentaire des plus pauvres, 2024.

Cette mise à jour des des messages clés présente une analyse succincte des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.