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- Le présent rapport sur les fondamentaux du marché de FEWS NET présente des conclusions qui visent à éclairer le suivi et l’analyse réguliers du marché à Haïti. Les informations présentées dans ce rapport peuvent être utilisées, entre autres, pour soutenir la conception de programmes de sécurité alimentaire, notamment pour éclairer une analyse de détermination Bellmon de USAID concernant les programmes d’aide alimentaire à Haïti.
- La présente étude repose sur une recherche documentaire, un travail de terrain réalisé dans l’ensemble des 10 départements du pays à l’aide de techniques d’évaluation rurale rapide et un atelier de consultation des parties prenantes de trois jours organisé dans la capitale Port-au-Prince en février 2017.
- Les principales denrées alimentaires du pays sont le riz, le maïs, la farine de blé, le sorgho, les légumineuses (haricots et pois), les tubercules (igname, manioc ou yuca, patate douce), les bananes (en particulier les bananes plantains) et l’huile alimentaire. Leur consommation est variable à l’échelle du territoire, en fonction des dynamiques de l’offre et de la demande. Globalement, la dépendance à l’égard des marchés est forte. Les ménages les plus pauvres satisfont ainsi jusqu’à 85 % de leurs besoins en denrées alimentaires de base sur les marchés.
- De manière générale, l’approvisionnement alimentaire d’Haïti repose sur la production nationale et sur les importations en provenance du marché mondial (y compris les importations transfrontalières depuis la République dominicaine voisine). Le degré d’autosuffisance varie en fonction des denrées mais Haïti est structurellement déficitaire en riz, le produit alimentaire de base le plus important du pays. Par ailleurs, en l’absence de production locale, le pays est entièrement dépendant des importations pour le blé et l’huile alimentaire.
- L’agriculture haïtienne est essentiellement pluviale, ce qui la rend très vulnérable aux conditions climatiques défavorables (précipitations irrégulières ou insuffisantes, tempêtes/ouragans, inondations et sécheresses). La production agricole est soumise à plusieurs contraintes comme l’accès limité aux intrants de production (y compris en matière de financement) et leur faible utilisation, l’incidence des nuisibles et des maladies, la dégradation des sols et la mise en œuvre de pratiques culturales non améliorées. Les pertes après récolte sont importantes du fait de l’absence d’infrastructures de manutention et de stockage adéquates.
- S’agissant des importations alimentaires, les principaux partenaires commerciaux d’Haïti sont les États-Unis et la République dominicaine pour les céréales et les légumineuses, et la Malaisie pour l’huile alimentaire. Les importations formelles sont concentrées au sein d’un petit groupe d’entreprises, ce qui conduit à des relations de pouvoir asymétriques tout au long de la chaîne. Les grandes installations de transformation modernes sont exploitées par certains des principaux importateurs. Des activités de transformation à petite échelle, faisant principalement appel à du matériel obsolète, se déroulent dans tout le pays. Les importations informelles en provenance de République dominicaine sont importantes mais difficiles à quantifier.
- Le réseau des négociants (« Madame Sara », petits négociants et détaillants) qui collectent les produits auprès des producteurs pour ensuite les distribuer/les vendre au détail aux consommateurs finals sur tout le territoire comprend un grand nombre d’opérateurs, sans barrières manifestes à l’entrée. L’accessibilité physique et les possibilités en matière de transport sont des facteurs déterminants de la disponibilité des denrées alimentaires dans les zones reculées. Les transactions ont habituellement lieu sur place, les producteurs étant des preneurs de prix et la demande des consommateurs migrant vers d’autres denrées en fonction des fluctuations des prix. Les chaînes de commercialisation des denrées de base tendent à être fragmentées et reflètent un faible niveau d’organisation parmi les acteurs du marché. Les réseaux « Madame Sara » sont des acteurs clés de la chaîne qui facilitent le transfert des denrées produites localement depuis les sites de production vers les lieux de consommation. De manière générale, les informations sur les marchés circulent entre les acteurs via les réseaux commerciaux privés.
- Les principaux marchés de consommation au niveau national se trouvent à Jérémie, Les Cayes, Gonaïves, Port-de-Paix, Cap-Haïtien et dans l’agglomération de Port-au-Prince qui englobe les marchés de Pétion Ville, Carrefour, Delmas, Cité Soleil, Croix des Bouquets et la Croix des Bossales. Pour l’ensemble des produits analysés, les flux les plus importants de denrées de base produites localement sont orientés vers la zone marchande de l’agglomération de Port-au-Prince. Les flux de produits importés sont orientés dans l’autre direction, partant principalement de Port-au-Prince en direction du reste du pays. Les coûts de transport représentent une part importante des coûts de transaction le long de la chaîne.
- La saisonnalité des récoltes entraîne des variations du prix des denrées de base produites localement au cours de l’année. Les prix varient entre les marchés, mais c’est à Port-au-Prince que les prix tendent à être parmi les plus bas, quelles que soient les denrées. Les prix des produits importés varient moins au cours du temps.
- De manière générale, on observe une corrélation des prix sur les marchés haïtiens. Dans la majorité des cas, des corrélations de prix modérées à fortes sont observées entre les marchés. Les marchés septentrionaux affichent en général de plus fortes corrélations entre eux tandis que les marchés méridionaux présentent des corrélations plus faibles. On observe une corrélation entre les prix à Port-au-Prince et les prix de la plupart des autres marchés, avec des degrés variables selon les produits considérés. Au niveau international, Haïti est globalement intégré aux marchés mondiaux et les tendances des prix à Port-au-Prince reflètent celles observées sur les principaux marchés internationaux.
- Plusieurs initiatives locales favorisent la conduite d’activités de suivi des marchés sur l’ensemble du territoire. Pour le secteur public, le Ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR) et la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) effectuent le suivi des prix, le premier sur les principaux marchés de collecte et la seconde sur les principaux marchés de consommation. FEWS NET recueille les prix de détail de plusieurs denrées sur les principaux marchés de consommation du pays. Les organismes axés sur le développement comme le Programme alimentaire mondiale (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) procèdent également au recueil des prix de détail à un rythme régulier.

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Source: FEWS NET