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Dans la zone pastorale frontalière du Nord-ouest, des améliorations limitées sont à attendre compte tenu des prévisions tablant sur des pluies de Heys/Dada normales ou supérieures à la normale (Juillet-Septembre). A partir de Septembre, il est possible que le meilleur état du bétail dû à une plus grande disponibilité des pâturages et du brout améliore les termes de l’échange pastoral, bien que les tailles des troupeaux soient bien inférieures à la moyenne. En conséquence, les communautés de cette zone seront à des niveaux de Crise (IPC Phase 3) pendant la première partie de la période envisagée et seront en Stress (IPC Phase 2) durant la seconde partie, avec les bénéfices de la pluie.
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Dans la zone pastorale du Sud-est, on ne prévoit pas d'amélioration dans la disponibilité des pâturages et de l'eau pendant la période envisagée, dans la mesure où la longue saison sèche normale débute au mois d’octobre. De ce fait, la production animale ne suffit pas à nourrir les ménages et l'état corporel du bétail déjà mauvais continu à se détériorer encore. La sécurité alimentaire restera à des niveaux de Crise (IPC Phase 3) la première période du scenario et sera en situation de Stress (IPC Phase 2) à partir du mois d’Octobre.
Présentation générale du pays
Les éleveurs des zones pastorales du nord-ouest et du sud-est font face actuellement à des déficits importants de protection des moyens d'existence et de survie du fait de déficits pluviométriques importants au cours des deux dernières années et du prix élevé des denrées de base.
La sécurité alimentaire des populations rurales demeure très critique. D'après une évaluation réalisée par le PAM au mois de Mai 2012, les trois quarts des ménages ont une consommation alimentaire pauvre ou limite qui consiste principalement en des céréales, de l’huile et du sucre, complétés par un peu de légumes, légumineuses et du lait et de la viande (une fois par semaine) dans le cas des ménages avec une consommation limite.
Selon un rapport du ministère de l’agriculture, les taux de mortalité animale supérieurs à la moyenne ont réduit la taille des troupeaux et les sources de revenu et de nourriture provenant des animaux ont baissé de manière significative au cours de l'année de consommation. Les éleveurs ont épuisé les stratégies d'adaptation et dépendent fortement de l’aide alimentaire du PAM et des partenaires œuvrant dans la Sécurité Alimentaire.
Les pluies de Heys/Dadaa (Octobre/Mars) ont été un échec en étant faibles dans la plupart des régions. Les pluies de Karan/Karma (juillet-septembre) actuelles ont commencé avec un retard de deux semaines dans toutes les régions de l’Intérieur. Les perspectives du consensus régional du climat - ICPAC de Juin 2012 indiquent une probabilité accrue d’une saison des pluies avec des précipitations normales ou supérieures à la normale en raison du phénomène El Niño d'intensité modérée qui se développe dans la région.
Dans les zones urbaines, les ménages pauvres sont également confrontés à des déficits alimentaires importants dus aux prix élevés des denrées de base et du revenu limité du travail temporaire. Selon l’évaluation de la Sécurité Alimentaire en milieu rural de Mai 2012, les ménages consacrent une part très importante (73,6 pourcent) de leurs dépenses à l’alimentation. Le reste est consacré aux dépenses non alimentaires. Plus la situation des ménages est difficile, plus la part de leurs dépenses alimentaires dans le budget est importante. Ainsi les ménages en insécurité alimentaire (sévère et modérée) consacrent environ 75,5 pourcent de leurs dépenses à l’alimentation.
A travers une analyse des conditions actuelles, des évidences historiques, et des programmes des acteurs, FEWS NET justifie les suppositions suivantes comme fond du scénario le plus probable de juillet à décembre 2012:
- L'aide alimentaire du PAM est la principale assistance régulière en termes de vivres dans la plupart des localités rurales de cette zone. Cette assistance devra se poursuivre avec 81.5 pourcent de bénéficiaires jusqu’au mois de Septembre et être révisé a 55.4 pourcent de Septembre à Décembre au bénéfice du programme Vivres contre Travail (26.1 pourcent). Les programmes de nutrition et de cantines scolaires devront continuer à couvrir respectivement les enfants, femmes enceintes/ allaitantes, et les enfants scolarises, durant la période du scenario.
- Dépendance de sources non-durables : Les ménages dans le Nord-Ouest pastoral vivent essentiellement de la vente de leur bétail et de ses produits, du sel, des feuilles d’Onga. Cependant, les ménages les plus pauvres dépendent sans condition de source non-durable, l’assistance alimentaire. Environ 60,700 ménages bénéficient actuellement de l’assistance fournie aux sinistres de la sécheresse et il est prévu a partir du mois d’Aout que ce chiffre soit révisé a 67,000. Cette aide alimentaire est redistribuée par les communautés pour couvrir la totalité des ménages à l'intérieur de la zone de moyens d'existence. On estime donc que cette aide satisfait environ 50 pour cent des besoins alimentaires annuels des ménages.
- Aussi, l’accès aux vivres sera positivement impacté pour les ménages les plus vulnérables, avec le mois de Ramadan (Juillet/Aout) et pendant la zakat (Octobre à Novembre)- de l’Aïd el Adha.
- Performance des pluies de Juillet à octobre : Il est prévu que la saison des pluies Karan/Karma (juillet à octobre) soit normale à supérieure à la normale.
- Disponibilité du lait : Pour le Nord Ouest, la disponibilité du lait ne se fera sentir qu’à partir de mi-août. De Juillet à Septembre, la production du lait est moins disponible dans le Sud-est mais il y’a plus d’aide alimentaire. De Septembre à Décembre, il y a moins d’aide alimentaire avec le début des activités du programme Vivres contre Travail. En général, à partir d’Octobre, le lait est plus disponible même si il reste une ressource assez limitée.
- Prix : Les six prochains moins, les prix des denrées alimentaires et du pétrole resteront à des niveaux élevés avec l’impact de la hausse des prix du pétrole qui est de 26 pourcent plus élevé par rapport a l’année dernière. Un programme de coupons alimentaires visant les quartiers les plus vulnérables de Balbala (Hayabley, Warabaley et Moustiquaire) est mené par le gouvernement en partenariat avec le PAM avec 3,000 ménages bénéficiaires de Juillet à Septembre.
Il est attendu dans les prochains six mois que la situation ne se dégrade pas, mais qu’il n’y ait pas une amélioration significative avec les pluies Karan/Karma qui sont prévues a des niveaux normale a supérieures a la normale.
Depuis 2009, la sècheresse, la hausse des prix et la mort du bétail, sont les principaux chocs cites par les ménages comme étant les causes majeures de leur vulnérabilité face à l’insécurité alimentaire. Pour faire face au manque de nourriture et d’argent, les ménages utilisent des stratégies qui mettent en péril leurs moyens d’existence futurs. Ainsi selon l’évaluation de la Sécurité Alimentaire de Mai 2012, 25 pourcent d’entre eux ont vendu des biens productifs et/ou animaux pendant les sept jours précédents l’enquête. Enfin, l’aide (aide alimentaire, familiale et communautaire, dons) reste une source indispensable de revenus et la principale source d’aliments pour une proportion importante des ménages quelle que soit leur situation de sécurité alimentaire et leurs activités.
Dans la zone de mode de vie du Sud Est pastoral, la sécurité Alimentaire reste en situation de Crise pendant la première partie du scenario et à partir du mois d’Octobre avec les pluies côtières Heys/Dadaa, la situation s’améliorera et les populations se retrouveront en état de Stress. Seule la région d’Ali Sabieh qui est actuellement la plus vulnérable avec 77 pourcent de sa population ayant une consommation faible, selon l’évaluation de la Sécurité Alimentaire de Mai 2012, ne pourra se remettre avant Décembre et restera en Crise pendant toute la période du scenario. Cependant, pour le Nord Ouest pastoral, une amélioration est prévue avec les prévisions positives des pluies Karan/Karma qui commenceront à avoir des effets sur les populations à partir du mois de Septembre. Pour le reste du pays, la situation restera en Stress pendant toute la durée du scenario.
Nord-Ouest pastoral
Les ménages souffrent d’une pauvreté chronique exacerbée par le manque d’opportunités de travail, un niveau élevé des prix des produits alimentaires qui n’ont jamais retrouvé leur niveau d’avant la crise de 2008 et une sécheresse récurrente qui empêche le renouvellement des pâturages et qui a décimé les cheptels.
Les graves déficits pluviométriques dans le nord-ouest ces dernières années ont conduit à détériorer l’état du pâturage et à limiter la disponibilité des ressources en eau. En effet, l’année dernière, les pluies de Karma/Karan, qui constituent la principale saison des pluies pour cette zone, ont commencé un mois plus tard avec des précipitations sous la normale (50-75 pourcent) pour une partie de la zone de moyens d'existence. Les pluies Diraa/Soughoum commencent en Mars juste après la période sèche et sont de ce fait très important puisqu’ils contribuent fortement à régénérer le pâturage après la saison sèche.
Selon les informations collectées au niveau des ménages ces dernières années et qui restent toujours d’actualité, à travers les évaluations de la sécurité alimentaire en milieu rural, les principaux chocs reportes sont la sécheresse avec la perte du bétail (36 pourcent) suivi par le niveau toujours élevé des prix des denrées de base (pour 24 pourcent des ménages). Pour faire face à cette situation de sécheresse récurrente, les ménages pauvres de cette région migrent dans les centres urbains les plus proches (Dikhil et Tadjourah) ou même a la capitale pour recevoir l’assistance au niveau des familles urbaines.
La diète des ménages vulnérables est pauvre, c'est-à-dire que leur alimentation est basée essentiellement sur les céréales, l’huile et le sucre, avec une consommation du lait très limitée. Le lait est consommé seulement par les ménages qui ont une consommation adéquate (26 pourcent, selon le Mai 2012 EFSA). Pour la nutrition, les taux relevés à travers l’évaluation de la Sécurité Alimentaire menée par le PAM avec le gouvernement et les partenaires des Nations Unies avec l’utilisation du MUAC, se rapprochent des taux de l’enquête mise en œuvre avec la méthodologie SMART l’année dernière par l’UNICEF et le ministère de la sante- la Malnutrition Aigue Globale des enfants de moins de 5 ans est de 7 pourcent. Ce qui montre une situation nutritionnelle qui est plus chronique que sévère.
Les prix de la farine de blé et du riz se sont stabilisés au cours de la dernière année, en dessous des niveaux atteints en 2008-2009. L'augmentation dans le prix du carburant est conséquente avec 26% en plus par rapport a l’année dernière. Le prix de l’huile a augmenté de 8.7 pourcent en Mai dernier en passant à 6200 alors qu’il était à 5700 les mois précédents.
L'augmentation dans le prix du carburant qui est de 26 pourcent plus élevé par rapport a l’année dernière, va certainement contribuer dans les mois qui viennent à impacter les prix des denrées alimentaires de base déjà à des niveaux élevés, et contribuer à l'augmentation du coût de la vie. Pour les ménages les plus vulnérables, qui attribuent environ 75 pourcent de leurs dépenses à l’alimentation, le niveau de dépenses par habitant a baissé en passant de 80 à 57 DJF par rapport à 2011. Avec les niveaux des prix du carburant et des aliments, les dépenses liées à l’alimentation vont continuer à baisser les mois qui viennent.
Le bétail constitue le bien le plus précieux et le principal moyen de vie des pastoralistes et la dégradation de leur état physique contribue à baisser leur valeur en termes de prix ou encore de la production qu’il génère. A part le bétail, ces populations dépendent de l’aide alimentaire avec plus de 40 pourcent qui l’ont comme principale source d’alimentation. Cependant, les sècheresses consécutives ont entraîné une mortalité accrue du bétail et une baisse du revenu et des sources de nourriture provenant du bétail les années précédentes, et les bénéfices de la pluie ne se feront sentir qu’à partir du mois de Septembre.
De Juillet à Aout, et vers la fin du mois d’Octobre, l’accès aux vivres sera favorable avec l’augmentation de la Zakat durant le mois de Ramadan et pendant les fêtes de l’Aïd- Zakat.
Avec toutes ces activités prévues durant la période du scenario, les ménages seraient en mesure de couvrir leur déficit de survie, d’environ 80 pourcent. On définit le seuil de survie comme la satisfaction des besoins énergétiques minimaux moyens (2100 kcal/pppj) plus l'eau et l'énergie nécessaire à la préparation des repas. Le seuil de protection des moyens d'existence qui a un déficit d’environ 20 pourcent inclut le seuil de survie plus les besoins minimaux pour l'entretien des actifs de moyens d'existence.
Aussi, pour maintenir leur statut alimentaire, les ménages utiliseront de plus en plus les dons, assistance provenant des centres urbains et adopteront des stratégies de survies comme la consommation des produits moins préférés comme les légumineuses distribuées par le PAM ou encore le sous partage au niveau de la communauté. Malgré l’interdiction, la coupe des bois continuera et les gains contribueront modestement aux ressources du ménage.
Bien que ces programmes d’assistance contribuent à fournir en général des aliments, des déficits persistent dans certaines poches de la communauté de cette zone. Les pasteurs les plus vulnérables dans la zone des moyens de subsistance du Nord-Ouest pastorale sont actuellement en phase de Crise jusqu’au mois de Septembre.
La performance des pluies Karan / Karma prévue de Juillet à Septembre, devrait être bonne et l’amélioration des pâturages ne se feront voir qu’à partir du mois d’Octobre. Les conditions physiques du bétail et leurs prix sont susceptibles de s’améliorer, ce qui se traduira dans l'accroissement des termes d’échanges contre les céréales. La sécurité alimentaire des pastoralistes s’améliorera en franchissant la phase de Stress à partir d’octobre.
Sud-est pastoral
La vente des bois de chauffe constitue la source de revenus majeure dans cette zone et cette activité s’est vue limitée avec les restrictions sur la collecte des bois mise en place par le gouvernement depuis environ deux ans. Cependant comme les revenus tirés de cette activité représentaient une grande partie de leurs sources de revenus, ils n’arrivent toujours pas à développer d’autres stratégies de survies et continuent cette activité malgré l’interdiction.
Dans la région d’Ali Sabieh, particulièrement dans les localités frontalières avec la Somalie, Kabah-Kabah ou Dhone, on a signalé vers la première semaine du mois de Juillet, des ménages qui se sont déplacés de la Somalie. Ces populations très affectées par la sécheresse compteraient environ 100 ménages et seraient à la recherche d’eau et de pâturage. Des cas de fièvre dengue et de malnutrition ont également été reportés par le gouvernement et les partenaires qui ont dépêché des missions d’évaluation dans ces zones.
Malgré le fait que les pastoralistes du Sud-est disposent d’un nombre de biens important par rapport aux autres zones, leur possession de bétail en termes de quantité est insignifiante et ne pourrait suffire à combler les besoins d’un ménage type. En effet, selon l’évaluation de la sécurité alimentaire de Mai 2012, l’Unité de Bétail Tropical s’élève pour cette zone à 1.3 alors qu’il faut 3 ULT par personne à un ménage d’éleveurs pour assurer une sécurité alimentaire minimum.
Les pluies Karan/Karma n’auront pas d’impact significatif sur cette zone pas de juillet à Octobre. Les pluies côtières ne débuteront qu’en Octobre et leur impact commencera à se faire sentir à partir de Décembre. Les éleveurs de cette zone sont en situation de Crise et le resteront jusqu’au mois de Septembre et à partir d’Octobre ils reviendront a une situation de Stress.
La poche des pastoralistes de la région d’Ali Sabieh se trouve dans une situation très critique et présente les taux les plus élevés d’insécurité alimentaire avec 77 pourcent de la population en insécurité alimentaire sévère. Ils resteront donc dans une situation de Crise durant toute la période du scenario.
Djibouti-ville
Dans les zones urbaines, les ménages vulnérables qui sont entièrement dépendants du marché, sont également confrontés à des déficits alimentaires importants dus au prix élevé des denrées de base impactés par les prix du pétrole, et des revenus limités de ces populations. Cependant les interventions des partenaires et du gouvernement à travers des programmes de coupons alimentaire dans les zones les plus vulnérables de Balbala (périphérie) contribuent à mitiger l’impact des chocs. La zone urbaine de Djibouti devrait être un niveau de stress jusqu'à la fin Décembre 2012.
Tableau 1. Les événements moins probables qui pourraient changer le scénario dessus.
Area | Event | Impact on food security outcomes |
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Nord-ouest pastoral | Karan/Karma est en dessous de la moyenne | Parce que cette saison est la plus importante pour cette région, et surtout parce que les saisons précédentes ont été faibles, les ménages vulnérables ne pourront pas récupérer et se verront encore plus affaiblit avec la perte de leur bétail et des revenus qu’ils généraient. |
Sud-est pastoral | Beaucoup de déplacés de la Somalie/Ethiopie | Les populations du Sud Est pastoral qui se trouvent en situation de crise avec les sécheresses récurrentes et les pertes de bétail important, connaitront avec l’arrivée massive de communautés frontalières, plus de surpâturage et un plus grand partage de l’assistance ; ce qui va limiter leurs ressources. |
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.