Download the report
-
La réunion PREGEC de Mars 2023 évalue la production céréalière définitive 2022/23 au Sahel et de l’Afrique de l’Ouest à 77 millions de tonnes, soit une hausse de 8 et 6 pour cent par rapport à la campagne écoulée et à la moyenne des cinq dernières années, respectivement. Dans tous les pays du Sahel, cette production est supérieure aux deux périodes de références ci-dessus citées, excepté au Tchad où elle est en légère baisse de 1 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale. La campagne de saison se poursuit dans plusieurs zones de la bande sahélienne et se caractérisent par une bonne disponibilité des produits maraichers sur les marchés ruraux et urbains. Dans les pays du Golfe de Guinée, la période de fin février/début mars est marquée par le début de la saison des pluies dans la zone bimodale avec des faibles précipitations observées dans certaines zones du Nigeria et du Cameroun. Selon Les prévisions saisonnières 2023, élaborées par les centres régionaux (AGRHYMET, ACMAD) et nationaux pour les Pays du Golfe de Guinée, il y est attendu entre Mars et Juin, des quantités de pluies globalement moyennes, un démarrage normal, une fin normale à tardive, des séquences sèches moyennes à courtes et des écoulements globalement moyens à excédentaires dans les bassins côtiers. Les prévisions globales actuellement disponibles par la NOAA pour le Sahel, suggèrent des précipitations 2023 normales à supérieures à la normale. Ces conditions pluviométriques sont favorables pour une campagne agricole 2023/24 moyenne ou au-dessus de la moyenne.
-
Sur le plan pastoral, les conditions d’élevages restent globalement satisfaisantes grâce à la disponibilité des ressources fourragères et en eau. Au Niger cependant, la zone pastorale a enregistré une mauvaise production fourragère due à des ruptures de pluies en fin aout et courant septembre. Aussi, la persistance de l’insécurité dans les régions du Lac Tchad, du Liptako-Gourma, de l’Extrême Nord du Cameroun, du nord-ouest du Nigeria et dans la région du Tibesti au Tchad rend inaccessible certaines zones pastorales aux éleveurs. Cette situation pourrait entrainer une dégradation précoce des ressources dans les zones de concentration des troupeaux, particulièrement le long du Fleuve Niger au Mali et dans les zones du sud au Niger mieux fournies en pâturages constitués par les résidus agricoles et les fourrages dans les enclaves pastorales.
-
Les prix des céréales sont restés stables en février 2023 par rapport au mois précédent. Toutefois, des hausses de prix précoces ont été enregistrées au Tchad en raison de la réduction des approvisionnements, tandis que les hausses de prix se sont poursuivies dans des marchés du Liptako-Gourma touchées par l'insécurité. Par ailleurs, la pénurie de nouveaux billets de naira a entraîné une réduction des activités commerciales au Nigéria. Dans l'ensemble, les prix restent supérieurs à la moyenne quinquennale dans la région. Ces niveaux de prix élevés sont principalement dus à la faiblesse des stocks de report, aux restrictions sur les exportations de céréales dans certains pays, aux coûts de transport élevés et à l'insécurité au Sahel ; tandis que dans les pays côtiers du Golfe de Guinée, ils reflètent la forte demande, les prix élevés sur le marché international, les forts coûts de production et la baisse des taux de change. Les prix devraient rester supérieurs à la moyenne jusqu'à la fin de la campagne commerciale.
-
La majorité des zones restera en insécurité alimentaire Stress (Phase 2 de l’IPC) ou Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’en septembre 2023. Dans les zones affectées par l’insécurité civile, l’insécurité alimentaire Crise (Phase 3 de l’IPC) qui est en cours, notamment dans les provines du Kossi, Sourou, Séno, Yatenga, Bam, nord du Namentenga, Komondjari, Gourma au Burkina Faso, le Nord et l’ouest des régions de Tahoua at Tillabéry au Niger, les régions de Kanem, Bar el Gazel, nord du Guera au Tchad, La région de Ménaka, le sud de Gao, Mopti et Tombouctou au Mali, l’Etat de Borno, et des portions de Yobé, Sokoto, Zamfara, Katsina, Niger et Kaduna au Nigéria, et dans l’Extrême Nord du Cameroun persistera jusqu’en septembre 2023. De juin à Septembre, la Crise (Phase 3 de l’IPC) s’étendra à d’autres provinces au Burkina Faso (Sanmatenga, Gnagna, Tapoa, Kompienga), à la région du Lac au Tchad et à d’autres LGAs dans les Etats ci-dessus cités au Nigeria. Dans les régions du Nord-ouest et Sud-ouest au Cameroun l’insécurité alimentaire Crise (Phase 3 de l’IPC) connaitra une légère amélioration à partir de Juin/Juillet grâce aux nouvelles récoltes qui permettront aux ménages d’évoluer en Stress (Phase 2 de l’IPC).
-
Les niveaux d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) actuellement observés dans les provinces du Loroum, Soum, Oudalan et Yagha au Burkina Faso persistera jusqu’en septembre 2023. Dans la commune de Djibo où les PDIs et les ménages hôtes vivent une situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) prolongée, des populations seraient en Catastrophe (Phase 5 de l’IPC) sur toute la période. De juin à Septembre, les résultats d'urgence (Phase 4 de l'IPC) sont probables dans les LGA inaccessibles des Etats du Nord-est et du Nord-ouest du Nigeria, où les ménages devraient avoir des stocks alimentaires limités et un accès limité aux marchés et à l'aide humanitaire.
Burkina Faso
- L’Urgence (Phase 4 de l’IPC) devraient continuer de répandre dans la région du Sahel et à la région du Nord, où les groupes armés limitent l'accès des ménages aux sources typiques de nourriture et de revenu et à l'aide humanitaire. Dans les zones sous blocus, les contraints aux mouvements de population et à l’accès commercial et humanitaire ont provoqué des pénuries d’aliments, ont érodé les moyens d’existences et ont diminué la capacité d'adaptation des ménages. De nombreux ménages font recours à la mendicité et la consommation d’aliments sauvages, et il est probable qu’il y ait des ménages en situation de Catastrophe (Phase 5 de l'IPC) qui connaissent des déficits de consommation alimentaire extrêmes. La zone la plus préoccupante est la commune de Djibo, dans la province du Soum, qui est soumise à un blocus depuis un an. À Djibo, les ménages passent plus fréquemment des jours et des nuits sans manger, ce qui entraîne des signes visibles d'émaciation et des rapports de décès liés à la faim.
- Actuellement, au moins 10 communes sont sous blocus dans les régions du Nord, du Sahel et de l'Est. L'augmentation du nombre de localités sous blocus a entraîné une demande accrue d’escortes militaires pour approvisionner les marchés, mais les contraintes logistiques entraînent des délais plus longs entre les livraisons. À Djibo, le dernier approvisionnement du marché a eu lieu fin novembre. De plus, les humanitaires ne peuvent atteindre les zones sous blocus que par hélicoptère, et les faibles niveaux d'assistance sont insuffisants pour atténuer la gravité des déficits de consommation au sein de la population. En raison de l’absence d’un marché fonctionnel et des pénuries alimentaires, les prix des aliments de base ont atteint des niveaux record, en particulier à Djibo, Arbinda, Titao, Sebba, et dans les communes du nord de l'Oudalan.
- Dans le pays, l’offre des céréales sur les marchés reste moyenne à inférieur à la moyenne en raison des baisses localisées de production enregistrée par rapport à la moyenne et de l’insécurité le long des axes d’approvisionnement. Malgré la mesure d’interdiction en vigueur sur les exportations de céréales et de niébé, les prix enregistrent en janvier des hausses modérées entre 30 et 40 pour cent par rapport à l’année passée et des augmentations atypiques dépassant 75 pour cent comparativement à la moyenne quinquennale. Ces niveaux de prix vont probablement continuer d’évoluer au-dessus leurs moyennes saisonnières entre février et septembre et affecter négativement l’accès alimentaire pour les pauvres surtout dans les zones de forte présence de PDIs et dans les centres urbains.
- Bien qu'il ne s'agisse pas du scénario le plus probable, FEWS NET évalue qu'il existe un risque de Famine (Phase 5 de l’IPC) dans la commune de Djibo où les PDIs et les ménages hôtes vivent une situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) prolongé. Si les groupes armés devaient intensifier leurs attaques, ceci limiterait d’avantage les mouvements de la population, notamment sa capacité à s'adonner au maraîchage, de la cueillette d’aliments sauvages et de mener les activités agricoles pendant la saison des pluies. De plus, l'approvisionnement du marché et l'aide humanitaire deviendraient probablement encore plus irréguliers et inadéquats que ce qui est actuellement prévu. Si ces conditions se matérialisaient, la Famine (Phase 5 de l'IPC) se produirait probablement. Il est urgent d'augmenter considérablement le nombre de livraisons aériennes d'aide humanitaire, de prendre des mesures pour garantir un accès humanitaire totale, et de mettre fin au blocus de Djibo pour mettre fin au risque de Famine (Phase 5 de l'IPC).
Cameroun
- Les prix à la pompe à travers le pays ont augmenté pour la première fois depuis le début de la crise ukrainienne, un litre d'essence super et de diesel se vendant respectivement 16 et 25 % plus haut depuis le 1er février 2023. Le gouvernement envisage des mesures parallèles telles que le maintien du kérosène et les prix du gaz de cuisine et l'augmentation de la rémunération des employés de l'État de 5,2 % en moyenne pour protéger le pouvoir d'achat des ménages vulnérables. Cependant, la récente augmentation du prix du carburant entraîne déjà une augmentation correspondante des autres coûts, en particulier dans le secteur des transports, avec des impacts négatifs sur les ménages ruraux pauvres, urbains pauvres et déplacés internes, qui dépensent déjà une grande partie de leurs revenus en nourriture.
- L'inflation générale au Cameroun reste élevée, proche du taux de 6,3 % en 2022 Selon les données de suivi des prix de FEWS NET recueillies sur certains marchés à travers le pays, les prix des aliments de base importés et transformés continuent d'augmenter modérément à nettement au-dessus de la moyenne quinquennale et 2022 compte tenu de l'offre intérieure constante inférieure à la moyenne résultant des tendances mondiales élevées des prix et des coûts d'expédition dus à une guerre prolongée entre la Russie et l'Ukraine.
- Les prix des céréales produites localement telles que le maïs, le sorgho et le mil sont également en hausse, suivant la tendance saisonnière typique à l'approche de la période de soudure. Ils restent nettement supérieurs à la moyenne dans les zones touchées par le conflit en raison de saisons consécutives de récoltes inférieures à la moyenne et de faibles stocks de report. Les prix des céréales sont restés exceptionnellement élevés jusqu'en février 2023 sur tous les marchés surveillés par FEWS NET dans la région de l'Extrême-Nord, soutenus par des productions et une forte demande d'exportation. Cette situation est aggravée par l'insécurité et des perturbations supplémentaires de l'approvisionnement. Les prix du sorgho et du maïs ont augmenté d'un mois à l'autre jusqu'en 2022 et, en janvier 2023, ils étaient respectivement de 20 à 26 % supérieurs à la moyenne de 2022 et de 50 à 60 % supérieurs à la moyenne quinquennale.
- Dans l'ensemble, la forte inflation continue de limiter le pouvoir d'achat des ménages et leur accès à la nourriture, en particulier parmi les ménages urbains pauvres et ceux touchés par les conflits et l'insécurité. Ces ménages dépendent principalement des achats sur le marché en raison de l'absence de récoltes ou de stocks déjà épuisés en raison de leurs propres récoltes limitées. Dans les grandes villes de Yaoundé et de Douala, les ménages urbains pauvres déclarent réduire le nombre de repas et de portions alimentaires, épuiser leurs économies antérieures ou s'endetter pour survivre, ce qui entraîne des résultats de Stress (Phase 2 de l'IPC).
- Le pouvoir d'achat des ménages touchés par les conflits et les inondations dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l'Extrême-Nord continue d'être considérablement entravé par la baisse des revenus qui, avec la dépendance croissante du marché et les prix élevés des denrées alimentaires, entretient les écarts de consommation alimentaire et nécessite des stratégies d'adaptation négatives. Les résultats de la crise (Phase 3 de l'IPC) devraient persister jusqu'en juin, les besoins d'assistance devant culminer vers mai/juin. L'amélioration vers Stress (Phase 2 de l'IPC) est probable vers juillet/août dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en raison de l'amélioration de la consommation alimentaire des ménages et des revenus provenant de la disponibilité de leurs propres récoltes. Les résultats de la crise (Phase 3 de l'IPC) devraient persister jusqu'en septembre parmi les ménages touchés par l'insurrection dans la région de l'Extrême-Nord malgré le début des principales récoltes.
Mali
- L’insécurité en cours dans la région de Liptako Gourma continue de perturber ou d’empêcher les activités des moyens d’existence des ménages, le fonctionnement des marchés, ainsi que l’accès aux services sociaux de base et aux assistances humanitaires/ alimentaires. L'intensité de l’impact du conflit est la plus forte dans la région de Ménaka, où près de 40 pour cent de la population est déplacée et où l’accès aux sources de revenus et de nourritures voire l’accès aux assistances humanitaires est très limité. De février à mai, qui coïncide avec la période post-récolte, on s'attend à une situation de Stress (Phase 2 de l'IPC) à Crise (Phase 3 de l'IPC) dans le Liptako Gourma. De juin à septembre, qui coïncide avec la période de soudure (qui commencera tôt en mai), le nombre de zones en Crise (Phase 3 de l'IPC) devrait s'étendre, tandis que la situation à Ménaka devrait se détériorer à l’Urgence (Phase 4 de l’IPC). Ailleurs dans le pays, l’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) se poursuivra jusqu’en septembre grâce aux récoltes moyennes et aux revenus issus des activités habituelles.
- La tendance à l’aggravation de l’insécurité observée depuis l’an 2022 se poursuivra probablement dans le Liptako Gourma en dépit de la multiplication des offensives militaires ; cependant, dans certaines localités du centre du pays, on s’attend à une amélioration grâce aux négociations et aux opérations militaires en cours. Au niveau des ménages, l’insécurité continuera d’entraîner des déplacements, de limiter ou empêcher les activités agricoles, à occasionner des pertes de bétail et à réduire d'autres activités génératrices de revenus telle que la main-d’œuvre agricole. Bien que l'aide alimentaire augmente pendant la période de soudure, les livraisons seront probablement limitées aux zones accessibles. Les ménages des zones inaccessibles, en particulier à Ménaka, n'auront pas accès à l'aide humanitaire et devront faire face à d'importants déficits de consommation alimentaire ou adopter des stratégies d'urgence, y compris la migration de l’ensemble du ménage vers les zones plus sécures à la recherche d’une aide alimentaire.
- La tendance à l’aggravation de l’insécurité observée depuis l’an 2022 se poursuivra probablement dans le Liptako Gourma en dépit de la multiplication des offensives militaires ; cependant, dans certaines localités du centre du pays, on s’attend à une amélioration grâce aux négociations et aux opérations militaires en cours. Au niveau des ménages, l’insécurité continuera d’entraîner des déplacements, de limiter ou empêcher les activités agricoles, à occasionner des pertes de bétail et à réduire d'autres activités génératrices de revenus telle que la main-d’œuvre agricole. Bien que l'aide alimentaire augmente pendant la période de soudure, les livraisons seront probablement limitées aux zones accessibles. Les ménages des zones inaccessibles, en particulier à Ménaka, n'auront pas accès à l'aide humanitaire et devront faire face à d'importants déficits de consommation alimentaire ou adopter des stratégies d'urgence, y compris la migration de l’ensemble du ménage vers les zones plus sécures à la recherche d’une aide alimentaire.
- Dans les zones où l'élevage est une source essentielle de nourritures et de revenus, la disponibilité moyenne des pâturages et d’eau devrait rester normale comme d’habitude, y compris pendant la période de soudure pastorale dans le pays d’avril à juin. Toutefois, dans les zones d’insécurité du nord et du centre du pays, mais également au nord de la région de Ségou, les difficultés d’accès à certains pâturages et points d´eau, à cause de l’insécurité, affecteront négativement l’alimentation du bétail de façon précoce. La baisse des productions animales et la détérioration de l´état d’embonpoint qui en résulteront, réduiront le revenu des ménages éleveurs dans ces zones d’insécurité.
- La production de céréales et de cultures de contre-saison proche de la moyenne, ainsi que des revenus issus des activités habituelles, devraient soutenir la disponibilité et l’accès globalement moyen des ménages aux denrées alimentaires dans les zones agropastorales. Cependant, dans les zones d’insécurité du Liptako Gourma du centre et du nord du pays, l’épuisement précoce des stocks, les prix des céréales supérieurs à la moyenne, la baisse des revenus et des termes de l’échange bétail/céréales continueront de réduire l’accès des ménages pauvres aux denrées alimentaires, particulièrement dans les zones de Ménaka et d’Ansongo, où le fonctionnement des marchés est fortement perturbé.
Niger
- L’insécurité alimentaire Crise (Phase 3 de l’IPC) persiste dans les zones pastorale, agropastorale et agricole de Tillabéry et Tahoua où les opportunités d’accès aux revenus sont réduites et la majorité des ménages ont épuisé leurs stocks et n’ont pas accès aux assistances alimentaires suite aux perpétuelles attaques terroristes dans ces zones. Une situation similaire est observée dans la région de Diffa et dans le Sud-ouest de la région de Maradi où les ménages pauvres sont en Stress ! (Phase 2 ! de l’IPC) grâce à la sécurité sur les voies d’accès qui permet de distribuer l’assistance alimentaire aux populations.
- Les récoltes en céréales en 2022 estimées globalement à 5.8 millions de tonnes, soit près de 66 pour cent de plus que celle de 2021 et d’environ 10 pour cent par rapport à la moyenne des 5 dernières années améliorent les disponibilités alimentaires. A cela s’ajoutent les récoltes en cours des cultures de contre saison, qui permettent non seulement un accès alimentaire adéquat à travers le pays, mais aussi offrent des opportunités de main d'œuvre agricole aux ménages pauvres pendant ce mois de février 2023. Toutefois, le niveau actuel des stocks de céréales des ménages est bas, suite aux remboursements des dettes contractées pour faire face aux énormes besoins alimentaires de l’année dernière.
- Dans la zone pastorale, la production fourragère est plus élevée de 19 pour cent par rapport à celle de 2021 et moins que la moyenne quinquennale de 5 pour cent. La disponibilité fourragère est déficitaire de plus de 40 pour cent par rapport aux besoins en aliments du bétail, conduisant ainsi à un amenuisement précoce des disponibilités de pâturages et une descente anticipée en janvier 2023 des troupeaux dans la zone agricole du sud du pays pour profiter de la bonne disponibilité des résidus des cultures et des points d’eaux pour l’abreuvement. L’état d’embonpoint des animaux est encore globalement moyen et les revenus des ventes d’animaux, y compris des petits ruminants permettent aux ménages pauvres d’acheter des quantités de nourriture plus importantes que la moyenne.
- Les marchés sont bien approvisionnés en denrées alimentaires de base avec des offres locales qui dominent les flux pour le mil et les produits de rente. Les flux en provenance des pays voisins (Bénin, Nigeria et Burkina Faso) dominent pour le maïs et le sorgho, mais ceux du Burkina Faso, du Mali et du Nigéria sont irréguliers à cause du maintien des restrictions des sorties des céréales en vigueur au Burkina Faso et des effets des changements des billets de la Naira au Nigéria. Les prix à la consommation maintiennent la tendance à la hausse par rapport à l’année passée et davantage par rapport à la moyenne quinquennale.
Nigeria
- Les résultats de sécurité alimentaire pour des millions de ménages devraient se détériorer au cours des prochains mois, avec un démarrage anticipé de la période de soudure, dès le mois d'avril dans les zones touchées par le conflit du nord du Nigeria. Les besoins d'aide alimentaire culmineront au Nigéria au plus fort de la période de soudure, de juin à septembre. Au cours de cette période, les résultats de la Crise (Phase 3 de l'IPC) devraient être généralisés dans les zones les plus touchées par le conflit dans les États du nord-est, du nord-ouest et du centre-nord, car les ménages dépendent des achats alimentaires dans un contexte de flambée des prix alimentaires et de revenus inférieurs à la moyenne. Dans les régions du nord-est, les résultats d'urgence (Phase 4 de l'IPC) sont probables dans les LGA inaccessibles, où les ménages devraient avoir des stocks alimentaires limités et un accès limité aux marchés et à l'aide humanitaire.
- Dans le nord-est, le conflit continue de se concentrer dans l'État de Borno, où il y a eu une augmentation de l'utilisation de civils comme informateurs, ce qui a entraîné une augmentation des restrictions sur les mouvements de population et des enlèvements et meurtres de civils. Cela a détérioré la capacité des ménages à s'engager dans leurs activités de subsistance typiques pour gagner un revenu pour les achats alimentaires. Les résultats de crise (phase 3 de l'IPC) devraient s'étendre dans le nord-est pendant la récolte de la saison principale en octobre 2023. Les résultats d'urgence (phase 4 de l'IPC) devraient apparaître en mai ou juin dans les LGA d'Abadam, Bama, Guzamala et Marte, où on s'attend à des niveaux élevés de malnutrition aiguë.
- Dans les États du nord-ouest et du centre-nord, l'insécurité et les conflits ont augmenté tout au long de 2022 et jusqu'en 2023. Les États de Zamfara, Katsina, Kaduna, Sokoto, Niger, Plateau et Benue restent les plus touchés, connaissant un déplacement généralisé vers les zones urbaines. Les ménages dans les zones les plus touchées par le conflit ont des stocks alimentaires limités et dépendent d'un revenu minimal pour acheter de la nourriture. Comme les prix des denrées alimentaires sont déjà anormalement élevés et qu'ils devraient augmenter, et que les ménages continuent d'avoir un accès limité aux revenus, beaucoup devraient compenser leur consommation alimentaire avec des aliments sauvages disponibles. Les résultats de la crise (Phase 3 de l'IPC) sont attendus au moins jusqu'en septembre dans les zones où les déplacements et les conflits sont les plus élevés. Certains ménages dans les zones rurales seront probablement confrontés à des résultats d'urgence (Phase 4 de l'IPC) jusqu'en septembre car ils n'ont pas accès aux marchés, un accès très limité aux moyens de subsistance et des déplacements restreints.
- Les conditions macroéconomiques restent extrêmement mauvaises au Nigéria en raison de la combinaison de nouvelles politiques économiques et des complications liées à la refonte du naira nigérian (NGN), notamment des pénuries de devises, de faibles recettes publiques provenant d'une production de pétrole brut inférieure à la moyenne et de la diminution des réserves de change. Ces tendances contribuent à des coûts intérieurs de nourriture, de carburant et de transport supérieurs à la moyenne. Cela, dans un contexte de prix mondiaux élevés des matières premières, a poussé l'inflation globale à un niveau record depuis 2005 de 21,9 % en février, fortement tirée par l'inflation alimentaire, qui a atteint 24,4 % en février.
Tchad
- Une hausse atypique des prix est observée sur la plupart des marchés céréaliers comparée à la moyenne quinquennale. Les prix du sorgho se maintiennent environ 50 pour cent au-dessus de la moyenne au niveau national à cause de la pression atypique sur les marchés céréaliers due aux faibles niveaux de stocks des ménages très pauvres et pauvres, les baisses de flux entrants de produits alimentaires, et des coûts élevés de transport.
- Une érosion de la plupart des sources de revenus est observée dans de nombreuses localités suite à la baisse de production céréalière de l’année 2022/23 comparée à la moyenne quinquennale en zone soudanienne et à la raréfaction des opportunités d’emploi saisonnier. Les revenus des ménages de la zone sahélienne tirés principalement de la migration, de l’artisanat, de la main d’œuvre non agricole et de l’orpaillage au Tibesti sont en deçà de la normale à cause de l’inaccessibilité aux activités génératrices de revenus.
- Au Lac, la persistance de l’insécurité, couplée aux effets des inondations, accentuent la dégradation des moyens d’existence des ménages déplacés et hôtes. La consommation alimentaire des ménages est sévèrement impactée et ils font recours à des stratégies d’adaptation nuisibles pour satisfaire leurs besoins essentiels non alimentaires. Au Sahel Ouest (BEG et Kanem), les ménages pauvres sont en Crise (Phase 3 de l’IPC) du a l’accès limité aux marchés de produits alimentaires du fait des niveaux élevés de prix couplés à l’érosion de leurs principales sources de revenu (artisanat, auto-emploi et migration). Les ménages du bassin rizicole, du Sahel central et du Sahara, sont en Stress (Phase 2 de l’IPC) avec une consommation alimentaire minimalement adéquate et ils ne peuvent assumer certaines dépenses de base non-alimentaires sans s'engager dans des stratégies d'adaptation. Au Salamat et dans les provinces du sud est du pays, les apports des récoltes de contre-saison, en cours, renforceront les stocks certes faibles des ménages et ils restent en insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’en début d’hivernage.
Pays suivis à distance1
Mauritanie
- Au cours de cette période post récolte, la plupart de ménages ruraux des zones agricoles et agropastorales disposent encore de stocks suffisants pour couvrir leurs besoins, qui leur permet d’être une insécurité alimentaire de phase Minimale (Phase 1 de l’IPC). Cependant, les ménages pauvres des zones urbaines et du Centre-Nord de la zone agropastorale, dont les revenus sont en dessous de la moyenne à cause de l’environnement économique difficile, et qui font face à une flambée des prix, vivent une insécurité alimentaire de phase Stress (Phase 2 de l’IPC) et le demeureront jusqu’en septembre 2023.
- En février, le niveau d’approvisionnement des marchés en denrées alimentaires importées, tels que le sucre, le riz, le lait, l’huile et les pâtes, est majoritairement moyen, et reste relativement stable par rapport à celui de janvier. Toutefois, on note une baisse de la disponibilité en blé du fait des difficultés d’approvisionnements sur le marché international. Néanmoins, les prix restent dans une tendance haussière, liés aux prix mondiaux élevés. Dans le marché de Nouakchott, par exemple, les prix des denrées alimentaires de base sont en hausse de plus de 60 pourcents par rapport à la même période de 2022.
- En outre, les stocks commerçants locale du sorgho, du mil ainsi que du maïs, dont la plupart vient du Mali et Sénégal, sont, selon les acteurs du marché rencontrés au cours de la mission conjointe sur les marchés en février 2023, à leur plus bas niveau de ces trois dernières années. Cette situation est imputable à l’insécurité au Mali qui empêche les commerçants mauritaniens à s’y rendre. Face à la forte demande, les prix des céréales ont flambé et au marché de Boghé, par exemple, le prix détail du sac de 50 kg de sorgho a augmenté de plus de 35 pourcents par rapport à l’année passée.
République Centrafricaine
- Les ménages de l’extrême nord du pays, notamment dans les préfectures de la Vakaga et de l’Ouham, touchées par les inondations de l’hivernage dernier, ont perdu la quasi-totalité de leur production et de leurs biens. Compte tenu de leur accès limité à la nourriture et au revenu, ces ménages sont confrontés à une insécurité alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC). La sécurité alimentaire est également en Crise dans les régions de l’est du pays du fait des exactions des groupes armés sur les populations locales, qui les empêchent de vaquer à leurs occupations et d’accéder à leurs sources de revenu et de nourriture.
- Dans les zones du sud-ouest et du centre où la relative accalmie préserve la sécurité, on observe une production de la campagne agricole 2022/2023 généralement moyenne à supérieure à la moyenne, grâce à des précipitations favorables. Les ménages dans ces zones sont en Stress (Phase 2 de l’IPC) car malgré leurs stocks alimentaires qui leurs assurent une alimentation suffisante, leurs moyens d’existence restent profondément fragilisés par une décennie de conflits.
- Le climat d'insécurité découlant de la persistance de la présence des groupes armés à travers le pays depuis 2013 perpétue les impacts négatifs sur les moyens d'existence déjà précaires et un accès peu fiable à la nourriture pour des milliers de ménages affectés, déplacés internes et réfugiés. Malgré une tendance générale à la baisse du nombre d'incidents et de fatalités dans le pays de novembre 2021 à janvier 2023, selon l'ACLED, la situation demeure instable dans certains endroits. Dans le Nord-ouest, les Forces armées centrafricaines font face à une recrudescence des attaques de groupes armés depuis la mi-décembre 2022.
- Depuis le début de l’année 2023, la fin à la subvention sur la vente des hydrocarbures par le gouvernement a fait grimper des prix des produits pétroliers, augmentant immédiatement les tarifs de transport et des prix des denrées alimentaires importées. Le gouvernement a cherché à réglementer les tarifs de transport en consentant une hausse moyenne de 50 pour cent. Toutefois, les ménages pauvres des zones urbaines auront un accès limité à une alimentation adéquate car ils dépendent essentiellement du marché pour leurs alimentation et sources de revenus du secteur informel—le petit commerce, la main d’œuvre non agricole et les activités artisanales.
Citation recommandée : FEWS NET. Afrique de l'Ouest. Perspectives sur la sécurité alimentaire de février à septembre 2023 : Des niveaux d’insécurité alimentaires toujours élevés, particulièrement dans les zones de conflits, 2023
Avec le suivi à distance, un analyste travaille habituellement à partir d’un bureau régional proche, comptant sur un réseau de partenaires pour les données. Par rapport aux pays ci-dessus où FEWS NET dispose d’un bureau local, les rapports concernant les pays suivis à distance peuvent être moins détaillés.
Afin d’estimer les résultats de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois, FEWS NET développe les suppositions de base concernant les événements possible, leurs effets, et les réponses probables des divers acteurs. FEWS NET fait ses analyses basées sur ces suppositions dans le contexte des conditions actuelles et les moyens d’existence locaux pour développer des scénarios estimant les résultats de la sécurité alimentaire. D’habitude, FEWS NET prévient du scénario le plus probable. Pour en savoir plus, cliquez ici.