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Avec le bon déroulement de la saison agricole et la reprise des activités saisonnières économiques, la sécurité alimentaire est globalement en net amélioration dans la région. Toutefois les prix élevés et l’épuisement des stocks céréaliers des ménages pauvres maintiennent l’insécurité alimentaire à un niveau d’IPC Phase 2 : Stress en septembre dans toute la bande sahélienne, qui pourrait localement persister au-delà d’octobre notamment au Mali à l’ouest du Niger et en Mauritanie.
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La campagne agricole tire normalement à sa fin au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Les premières évaluations faites par le Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS) estime que les perspectives de productions céréalières pourraient atteindre entre 57 000 000MT et 64 000 000 MT soit 5% à 17% supérieure à l’année dernière. L’évaluation formelle de la production agricole régionale commencera en septembre pour se terminer en début novembre 2012.
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La confirmation des perspectives agricoles renforce le scenario le plus probable d’ici décembre avec le rétablissement des tendances saisonnières normales qui correspondra à l’atteinte d’IPC Phase 1 : Minimal insécurité alimentaire entre octobre et novembre dans la plupart de la région.
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Les perspectives régionales sont sujettes à une poursuite des pluies jusqu’en fin septembre et une maitrise de la menace des criquets pèlerins qui constituent une préoccupation majeure dans la région
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Les inondations localisées causées par les importante pluies ont détruit les stocks alimentaires des ménages, les cultures et ont favorisé l’apparition de maladies comme le paludisme, le choléra et autres maladies diarrhéiques qui peuvent être source d’aggravation de la malnutrition au Sahel.
Progression de la saison
La pluviométrie du mois d'août a été très bonne dans l'ensemble du pays, ce qui a permis aux cultures de continuer le bon développement. En général en ce qui concerne les pays Sahéliens et le nord des pays du Golfe de Guinée, les quantités pluviométriques reçues au mois d’août ont été adéquates, ce qui a permis un bon développement des cultures et des pâturages malgré les dégâts localisées causés par les inondations. La prévision indique des bonnes perspectives pour les activités pluvio-orageuses dans la région pour le mois de septembre. En d'autres termes, les quelques deux ou trois pluies requises pour satisfaire les besoins en eau des cultures et pâturages en zone Sahélienne sont très probables et les besoins en eau des cultures pourront être satisfaits pour tout le mois de septembre, ce qui permettra aux cultures qui sont pour la plupart en phase de maturation de boucler leur cycle mettant ainsi les bonnes perspectives de récolte dans l'ensemble de la région plus proches de la réalité.
Toutefois, les importantes quantités de pluies enregistrées ont provoqué des inondations dans la région notamment au Mali, Niger, au Nigéria, au Sénégal et au Tchad. Ces inondations ont engendré des problèmes de santé, des destructions d’infrastructures et des dégâts sur les superficies emblavées, notamment les périmètres rizicoles le long du Fleuve Niger, au Sénégal, au Tchad, au Bénin et au Nigéria. Avec les inondations, il est à craindre une augmentation des cas de diarrhée, de choléra et de paludisme ce qui pourrait entraîner une aggravation de la situation nutritionnelle dans les zones concernées notamment dans la région de Tillabéry au Niger, le long de la vallée du fleuve Niger.
Sur le plan pastoral, la situation se caractérise par un bon développement du tapis herbacé, un niveau satisfaisant de remplissage des points d’eau et une situation zoo sanitaire calme. Les seules zones où les indices de végétation sont peu performants (fin août 2012) sont dans la région de Matam au Sénégal, certaines zones du Sud Est mauritanien, la zone de Mopti au Mali, l'Est du Burkina, le Nord-Ouest du Nigéria, les régions de Tillabéri, Dosso et Tahoua au Niger.
La situation acridienne
La situation du criquet pèlerin est toujours préoccupante avec la reproduction d’une deuxième génération qui se poursuit dans le centre et le nord du Niger dans le BET, le Ouaddaï et le Batha au Tchad et en Mauritanie, où les conditions écologiques restent favorables. Des ailés immatures ont aussi été observés et risque de passer au stade de ponte à partir de la mi-septembre. Au Mali, malgré l’insécurité prévalant dans le Nord, une équipe a été mobilisée dans les aires grégarigènes dans la région de Kidal. Elle a constaté que les superficies infestées dans le Tamesna ont atteint le seuil de traitement, mais aucune opération de lutte n’est en ce moment envisageable dans la région de Kidal. Au Tchad, des informations rapportées par la mission terrain font état de la présence significative d’effectifs des ailés solitaires matures et immatures et des larves de tous les stades, ce, au niveau des biotopes très favorables pour le développement des acridiens. On peut s’attendre que la reproduction locale se poursuive entrainant une augmentation des effectifs acridiens. Avec la raréfaction progressive des pluies, le dessèchement de la végétation va bientôt commencer, ce qui pourrait engendrer la formation de petits groupes, bandes et essaims qui pourront s’organiser et attaquer les cultures. La situation est donc toujours préoccupante et nécessite un suivi permanent jusqu’à la fin de la saison en novembre.
Evolution de la situation alimentaire
Dans le cadre de l’animation du dispositif de veille régional, le Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS) a tenu à Dakar/Sénégal, du 04 au 06 septembre 2012, la concertation régionale annuelle sur les perspectives agricoles et alimentaires au Sahel et en Afrique l’Ouest. Au regard de l’évolution actuelle de la saison, selon les conclusions de la réunion régionale du CILSS, les perspectives des récoltes sont globalement bonnes dans la région. Le niveau estimé par les dispositifs nationaux d’alerte précoce de la production céréalière attendue dans la région Sahel et Afrique de l’Ouest pour la campagne agricole 2012-2013 se situerait entre 57 000 000 T et 64 000 000 T, ce qui correspondrait à un accroissement de production de 5 à 17% par rapport à 2011. Pourtant, il est important de noter que ces estimations préliminaires et qualitatives ne sont pas encore validées. Même si ces chiffres sont indicatifs et doivent être confirmés par les résultats des enquêtes agricoles qui seront disponibles en octobre 2012, ils renforcent les perspectives du scénario le plus probable de la sécurité alimentaire de juillet à décembre (Figures 1 et 2). Toutefois, les risques de perte de la production demeurent toujours en cas d’arrêt général ou localisé des pluies en septembre et les attaques des ennemies des cultures. Les pluies seront déterminantes pour obtenir les niveaux de récoltes ci-dessus mentionnés au regard du démarrage tardif de la campagne agro pastorale à l’Ouest du Niger, au sud-est du Burkina Faso, à l’Ouest du Mali, en Mauritanie, au centre et nord du Sénégal. La menace du criquet pèlerin qui persiste est un autre facteur de perte importante des récoltes pour toute la région. Ainsi, la situation alimentaire dans les prochains mois dépendra des facteurs suivants : la poursuite des pluies au-delà de la mi-septembre; la maitrise de la situation acridienne et des infestations parasitaires qui se multiplient actuellement localement avec la diminution du régime pluviométrique, et l’évolution de la situation sécuritaire au Mali en Libye et au Nigeria.
Pour le moment, la sécurité alimentaire continue à s’améliorer dans la région à la faveur du rétablissement total des productions pastorales, des récoltes qui ont localement débuté et du maintien des opportunités de travail pour les ménages pauvres. Actuellement, le niveau d’approvisionnement des marchés est bon mais les prix sont en général très élevés malgré les baisses localement observées, même si stables dans la plupart des marchés. Ainsi, les prix moyens des céréales entre juillet et août sont restés plus élevés que la moyenne des cinq dernières années à la même période excepté le riz qui est en baisse de 2 pourcent à Parakou (Benin), 7 pourcent à Kaolack (Sénégal) et 1 pourcent à Ndjamena (Tchad) et le maïs dans les zones de production où les récoltes ont débuté telles que Parakou et Bohicon (Benin) avec respectivement 34 et 3 pourcent de baisse par rapport aux moyennes saisonnières. Il en est de même sur certains marchés de gros comme Malanville (Benin) avec 30 pourcent de baisse, Bouake (Cote d’Ivoire) et Sikasso (Mali) avec 20 pourcent, Dawanu (Nigeria) et Tamale (Ghana) avec 3 pourcent, et Bol (Tchad) avec 23 pourcent. Cependant, des hausses de 1 et 10 pourcent continuent à être observées sur d’autres marchés comme Bobo Dioulasso (Burkina) et Ziguinchor (Sénégal).
En ce qui concerne le mil, le niveau des prix de juillet à aout est également en baisse là où la progression de la campagne est satisfaisante. C’est le cas de Dawanu (Nigeria) avec 17 pourcent de baisse, 6 pourcent à Saint Louis (Sénégal), 1 pourcent à Maradi (Niger) et Ndjamena (Tchad). Par contre, dans les localités qui n’ont pas encore connu de récoltes pour le mil, les prix sont modérément en hausse en fin aout 2012. C’est le cas de Tambacounda et Kaolack (Sénégal) pour 6 et 5 pourcent respectivement.
Le niveau général élevé des prix constitue un facteur limitant de la sécurité alimentaire des ménages ce qui empêche jusqu’à présent un retour à une situation d’insécurité alimentaire minimale (IPC phase 1) dans toute la région. Par ailleurs, du fait de la limitation de l’accès alimentaire diversifié, ces prix élevés contribuent au maintien d’une situation nutritionnelle toujours préoccupante, notamment au Sahel malgré les efforts d’assistance déployée par les gouvernements, les donateurs et les ONGs. Toutefois, avec la généralisation prochaine des récoltes dans les semaines à venir, les prix pourraient connaître des baisses comme déjà relevées dans la partie Est du Sahel, notamment au Tchad, au Nigeria et au Niger. Ces baisses des prix pourraient se poursuivre d’Est en Ouest au fur et à mesure que l’hivernage s’achève, ce qui va progressivement ramener l’insécurité alimentaire à un niveau minimal dans la plus part des régions du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest.
Source : FEWS NET
Source : FEWS NET/USGS
Cette mise à jour des perspectives sur la sécurité alimentaire présente une analyse des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée au cours des six prochains mois. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.