Un retard de la saison des pluies dans certaines zones d'Afrique de l'Ouest

La saison des pluies a déjà accusé un retard de plusieurs semaines localement au Burkina Faso, Chad, Mali, Sénégal, au nord du Ghana, Togo, Bénin, Nigeria, et Cameroun. Pour la période juillet-septembre, les prévisions saisonnières demeurent incertaines avec des modèles (NOAA/CPC, ECMWF, IRI, UK MET, PRESAO) montrant des résultats divergents, allant d'une probabilité accrue de précipitations inferieures à supérieures à la moyenne. La mise à jour du PRESAO par AGRHYMET indique aussi une fin précoce de la saison un peu partout au Sahel.

Toutefois, les disponibilités de céréales sèches sont suffisantes pour couvrir les besoins jusqu’aux prochaines récoltes 2015 vu le bon niveau de stocks observés sur les marchés. Les conflits, le retard d’installation de la saison, couplés avec les mauvaises productions et conditions pastorales localisées de 2014 et les effets récurrents de l’épidémie à virus Ebola, sont les principaux facteurs directeurs de l’insécurité alimentaire dans la région.

Dans les zones affectées par Boko Haram, l’évaluation rapide conduite en mai par FEWS NET au nord du Nigeria, confirme qu'il y aura une Urgence de la sécurité alimentaire (Phase 4 de l’IPC) dans les zones les plus touchées entre juillet et septembre. En l'absence d'augmentation de l'assistance humanitaire bien ciblée, environ 3,5 millions de personnes dans le nord du Nigeria, ainsi que 400 000 personnes au Niger, au Tchad et au Cameroun voisin, devront faire face à la l’insécurité alimentaire aigue de type crise (Phase 3 de l’IPC) ou pire.

En Mauritanie et Sénégal, la soudure continue est atypiquement difficile à cause des effets des déficits de productions agricoles et pastorales de 2014/15. Les ménages pauvres feront face à des déficits de consommation alimentaire tout en s’adonnant à des stratégies d'adaptation atypiques. L’insécurité alimentaire de type Crise (Phase 3 de l’IPC) actuellement installée, sera prolongée jusqu’à septembre en zones agro-pastorales.

En Guinée, Libéria et Sierra Leone, des revenus inférieurs à la moyenne dus au ralentissement économique général limitent l'accès à la nourriture pour certains ménages pauvres. Malgré le démarrage des activités agricoles et une évolution favorable de la campagne actuelle, une insécurité alimentaire de type Stress (IPC Phase 2) ou Crise (IPC Phase 3) est toujours probable dans les zones les plus touchées jusqu’en septembre 2015.

Dans le reste de la région, des stocks alimentaires supérieurs à la moyenne, des niveaux revenus typiques et un fonctionnement normal du marché permettent aux ménages de satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires de base sans stratégies d'adaptation inhabituelles. L’insécurité alimentaire Minimale (Phase 1 de l’IPC) est prévue jusqu’en septembre 2015 malgré le retard dans l’installation de la saison et ses conséquences.