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- Les pluies modérées enregistrées en mars dans la zone bimodale du Golfe de Guinée ont connu un ralentissement. Les quantités de pluies ont toutefois permis la poursuite des semis. Les prévisions saisonnières 2024 , élaborées au cours de ce mois d’Avril par les centres régionaux (AGRHYMET, ACMAD) et nationaux indiquent pour les pays du Sahel, une saison des pluies globalement humide avec des dates de démarrage tardives à normales dans le Sahel Central et précoces à moyennes dans le Sahel Ouest et Est, des dates de fin de saison tardives à moyennes, des séquences sèches courtes en début de saison dans le Sahel Ouest et moyennes à longues dans le Sahel Est, et globalement longues vers la fin de la saison sur toute la bande sahélienne. Les écoulements des principaux bassins fluviaux seront globalement supérieurs aux moyennes dans le Sahel, pouvant entrainer des inondations localisées.
- La préparation des sols est en cours dans les zones soudaniennes des pas du Sahel et les semis pourraient débuter dès ce mois de mai. Sur le plan pastoral, les conditions d’élevage connaissent une détérioration saisonnière avec l’amenuisement des pâturages, la baisse du niveau d’eau au niveau de certains fleuves et points d’eau, voire leur tarissement. Cette situation est davantage préoccupante dans les zones pastorales du Niger, Tchad, Mauritanie, Mali et Sénégal qui ont enregistré de très faibles productions de pâturages. Il en résulte une dégradation de l’état corporel du bétail et une baisse des prix, surtout pour les petits ruminants. L’accroissement de la demande pour la Tabaski en Juin pourra rehausser les prix mais cela ne sera pas profitable aux ménages pauvres dans les zones en proie à l’insécurité du fait des faibles effectifs.
- La crise sécuritaire persiste au Sahel et continue d’entrainer des mouvements des populations, même si des retours de déplacés sont de plus en plus enregistrés par endroits. En mars 2024, 3 046 874 personnes déplacées sont enregistrées dans le Sahel central et le Liptako-Gourma, dont 69% pour cent au Burkina Faso, et 6 041 927 personnes déplacées dans le bassin du Lac Tchad dont 74 pourcents au Nigeria (IOM). Les moyens d’existence, les activités en lien avec les marchés, le commerce, les mouvements de transhumance ainsi que l’accès aux services sociaux de base sont fortement perturbés dans ces zones. On observe de plus en plus un déversement de cette crise sécuritaire vers les pays côtiers (Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin) qui font face à un nombre croissant de personnes réfugiées arrivant du Sahel. En mars 2024, ces derniers ont accueilli un total de 118 249 personnes.
- Les prix des céréales sont restés stables ou en hausse de février à mars 2024, sous l’effet de l’épuisement saisonnier des stocks des ménages et de l’augmentation de la demande qui en a résulté, surtout avec le mois de Ramadan. Les prix sont restés nettement supérieurs à leurs moyennes quinquennales en raison de facteurs tels que des approvisionnements inférieurs à la moyenne, l’augmentation des coûts de production et de transport, l’insécurité et la persistance des restrictions commerciales. Les déficits de production et les effets persistants des sanctions récemment levées par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont également maintenu les prix à la hausse au Niger ; tandis que l'augmentation des coûts de transport et l'afflux de réfugiés en provenance du Soudan voisin ont exacerbé les niveaux de prix au Tchad. Au Nigéria, la hausse des prix des aliments de base s’est poursuivie dans un contexte d’inflation annuelle de 33,2 pour cent, la plus élevée depuis près de 30 ans, enregistrée en mars 2024, due aux pertes de change et à la suppression des subventions sur les carburants. Les prix devraient rester supérieurs à la moyenne dans toute la région jusqu’à la fin de la soudure.
- La majorité des zones restera en insécurité alimentaire Stress (Phase 2 de l’IPC) ou Minimale (Phase 1 de l’IPC) jusqu’en septembre 2024. Dans les zones affectées par l’insécurité civile, l’insécurité alimentaire Crise (Phase 3 de l’IPC) qui est en cours, notamment dans les provines du Kossi, Sourou, Yatenga, Séno, Sanmatenga, nord du Bam, nord du Namentenga, Komondjari, Gourma Tapoa et Kompienga au Burkina Faso, le Nord et l’ouest des régions de Tahoua at Tillabéry au Niger, les régions de Kanem, Bar el Gazel, Borkou, Tibesti, Ennedi Est et Ouest, Wadi Fira, Ouaddaî et Sila au Tchad, le Sud de la région de Gao au Mali, l’Etat de Borno, et des portions de Yobé, Sokoto, Zamfara, Katsina, Kaduna et Plateau au Nigéria, et dans l’Extrême Nord du Cameroun persistera jusqu’en mai 2024. De juin à septembre, la Crise (Phase 3 de l’IPC) s’étendra à d’autres provinces au Burkina Faso (Bam, Gnagna, Koulpelogo), à la région de Hadjer Lamis au Tchad et à d’autres LGAs dans les Etats ci-dessus cités et celui du Niger au Nigeria. Dans les régions du Nord-ouest et Sud-ouest au Cameroun l’insécurité alimentaire Crise (Phase 3 de l’IPC) connaitra une légère amélioration à partir de Juin/Juillet grâce aux nouvelles récoltes qui permettront aux ménages d’évoluer en Stress (Phase 2 de l’IPC).
- Le niveau d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) actuellement observé dans les provinces du Lorum, Soum, Oudalan et Yagha au Burkina Faso, a Menaka au Mali, et dans les LGA inaccessibles des Etats du nord-est du Nigeria (Abadam, Guzamala, Marte, Bama) au Nigeria se maintiendra jusqu’en septembre du fait des stocks alimentaires limités des ménages, et leur accès limité aux marchés et à l'aide humanitaire. A partir de juin, ce niveau d’insécurité alimentaire gagnera la province du Séno actuellement en Crise (Phase 3 de l’IPC), dans la région du Sahel au Burkina Faso. Quant à la commune de Djibo au Burkina Faso sous blocus depuis près de deux ans, FEWS NET estime en mars 2024 que le risque de Famine (Phase 5 de l'IPC) pendant cette période de projection (février à septembre 2024) est faible, au regard de la production maraichère autour du barrage de Djibo supérieure à celle de l’an dernier, de l'augmentation du rayon de sécurité autour de la ville permettant aux ménages de collecter plus d'aliments sauvages, de la création de petits circuits d’approvisionnement de la ville par les commerçants, et de l'augmentation des flux de transferts de fonds vers Djibo. Toutefois, l’insécurité alimentaire d’Urgence (Phase 4 de l’IPC) demeure le plus probable, compte tenu de l’épuisement de la plupart des sources de revenus et des gaps persistants de consommation. Ces résultats s’aggraveront pendant la soudure, avec une expansion de zones en Urgence (Phase 4 de l’IPC) à travers le nord du pays, ainsi qu’une augmentation de populations en Catastrophe (Phase 5 de l’IPC) dans les zones les plus inaccessibles.
Citation recommandée: FEWS NET. Afrique de l'Ouest Mise à jour des messages clés Mars 2024: La persistance de l’insécurité et la hausse des prix continuent de limiter l’accès alimentaire des ménages dans les zones de conflits, 2024.
Cette mise à jour des des messages clés présente une analyse succincte des conditions actuelles d'insécurité alimentaire aiguë et de toute évolution de la dernière projection de FEWS NET concernant les résultats de l'insécurité alimentaire aiguë dans la géographie spécifiée. Pour en savoir plus sur le travail, cliquez ici.