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Une récente évaluation conjointe réalisée par FEWS NET, OCHA, PAM, CILSS, et NEMA a révélé que les dégâts causés suite aux inondations de 2012, sont plus graves que prévus. Par conséquent, la production 2012/13 des denrées de base au Nigeria pourrait être en baisse de 12 pourcent par rapport aux estimations de novembre 2012. La disponibilité des denrées de base est par ailleurs réduite par l'augmentation du nombre de contrôles de sécurité sur les principaux axes commerciaux, les restrictions sur les importations en provenance des marchés internationaux par le port de Lagos, et la hausse du prix du carburant. Etant le plus grand pays producteur de denrées de base de la région, une baisse de production au Nigeria devrait affecter les marchés tant locaux que régionaux. Par exemple, les prix des produits alimentaires en l’Afrique de l’Ouest sont susceptibles d’être plus élevés que prévu contrairement à ce qui était attendu suite à la production céréalière supérieure à la moyenne du Sahel cette année. Les besoins alimentaires d'urgence pourraient être plus importants que prévu dans les zones structurellement déficitaires et dans quelques régions localisées qui ont connu des baisses de production, particulièrement pendant la période de soudure de juillet à septembre 2013.
La mission conjointe d’évaluation conduite par FEWS NET et ses partenaires a séjourné en Janvier 2013 dans les états du Niger, Kebbi, Kano et Jigawa, au Nigeria. Elle a constaté d'importantes pertes de récolte liées aux inondations, les dommages sur les infrastructures, y compris les barrages et les systèmes d'irrigation, et des flux commerciaux atypiques. Les pertes sur les tubercules (manioc, igname), maïs, et sorgho ont été les plus élevées. En plus, les récoltes de tubercules restantes pourraient ne pas être bien conservées due à la perte de qualité à cause de l'humidité excessive du sol. Les informations détaillées sur les résultats de cette évaluation sont disponibles dans le rapport de FEWS NET sur les Perspectives de la sécurité alimentaire au Nigeria.
Selon la plupart des estimations, la campagne agricole 2012/13 a été moyenne à supérieure à la moyenne en Afrique de l'Ouest. Selon l’AGRHYMET, la production totale de céréales et tubercules dans les pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) a dépassé la moyenne quinquennale de plus de 16 pourcent. Les premières estimations de la production du Nigeria, qui assure les deux tiers à trois quarts de l'offre alimentaire locale en Afrique de l'Ouest, indiquent que la production serait deux pourcent supérieure à celle de 2011 (une année exceptionnelle) et six pourcent supérieure à la moyenne sur cinq ans. Cependant, une fois que ces chiffres sont ajustés avec les pertes dues aux inondations observées ces dernières semaines, la disponibilité régionale des denrées de base sera probablement sous pression pour le reste de la campagne de commercialisation en cours. Par conséquent, malgré une certaine incertitude sur les statistiques de production agricole nigériane en 2012/13, FEWS NET estime que l'ampleur des pertes de la récolte nigériane en 2012 (par rapport à la moyenne quinquennale) est presque équivalente aux gains de production connue dans l’ensemble des pays de l’UEMOA (Figure 1). Les conditions de commercialisation des denrées de base au Nigeria sont actuellement marquées par une grande incertitude du fait des grandes inondations, des restrictions sur la commercialisation dues à l’insécurité mais aussi les tarifs prohibitifs pratiqués, et des politiques en matière de prix des carburants qui pourraient changer radicalement dans les prochains mois.
Jusqu'au mois de décembre 2012, FEWS NET prévoyait que les prix des céréales resteraient élevés comparés à leurs niveaux moyens quinquennaux, mais suivraient généralement leurs tendances saisonnières respectives, avec des hausses de un à quatre pourcent par mois d’ici le mois de Septembre 2013. Toutefois, les conditions de commercialisation actuelles au Nigeria devraient peser sur l'approvisionnement en aliments de base dans l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest, particulièrement pour le maïs, le mil, et les tubercules entre le mois de mars et la fin de la période de soudure 2013. Les facteurs qui pourront aggraver la situation incluent : une augmentation de la demande céréalière des populations qui dépendent généralement sur les tubercules; une demande croissante pour le maïs par le secteur industriel nigérian et de la volaille (même si cette demande n'est pas susceptible les niveaux élevés de 2005) et le prix du mil structurellement élevés dans toute la région, probablement en raison de la baisse significative de la production de mil du Nigeria depuis 2007/08. Les marchés qui dépendent fortement du commerce transfrontalier en provenance du Nigeria, comme ceux dans le sud-est du Niger et l’ouest du Tchad, peuvent-être les plus touchés.
Les analyses préliminaires signalent que ces hausses de prix pourront pousser l’insécurité alimentaire au niveau stress (IPC Phase 2) dans les zones structurellement déficitaires de la région qui sont majoritairement approvisionnées à partir du Nigéria, ainsi qu’au niveau crise (IPC Phase 3) de manière localisée dans les zones ayant connu les pertes de production, particulièrement pendant la période de soudure de Juillet à Septembre 2013. FEWS NET ne prévoit pas actuellement une situation généralisée de Crise (IPC Phase 3) ou un niveau d’Urgence (IPC Phase 4) comme les niveaux des stocks de ménages sont plus élevés que d’habitude, les conditions de production et de commercialisation des cultures de rente sont favorables et les diverses formes d'assistance humanitaire qui ont continué pendant la période post-récolte compenseront en partie les hausses de prix attendues.
Cependant, les besoins d'urgence pourraient être supérieurs aux prévisions antérieures. Les gouvernements et les agences humanitaires devront se préparer en conséquence face à cette possibilité, particulièrement dans les zones structurellement déficitaires des zones pastorales et agro-pastorales où les ménages dépendent largement des marchés dès le mois de mars et dans les régions où la campagne n’a pas bien réussie. La possibilité d'un approvisionnement en céréales beaucoup plus limité dans tout le Sahel indique que les institutions devraient faire preuve de prudence lorsqu'elles font des achats locaux de céréales, en particulier pour le mil et le maïs en Chad, Benin, Nigeria, et Niger.